space opera

Publié le 18 Mars 2019

CHANSON POUR LYA de George R.R. Martin

Pour beaucoup, Martin fut découvert avec sa monumentale (ou interminable, rayez les mentions inutiles) saga du TRONE DE FER. Pourtant l’écrivain possédait déjà un solide métier avant d’aller s’égarer dans les terres de Westeros. Ce recueil de 1976, récompensé par un Nebula, le prouve avec neufs récits (dix pour la réédition qui y ajouter « Le run des étoiles ») de taille variable qui débute par le très réussi « Chanson pour Lya » d’ailleurs primé par le Hugo du meilleur roman court. En une petite centaine de pages, l’auteur illustre la rencontre de deux télépathes amoureux avec un culte religieux en apparence délirant qui pousse ses adeptes (soit la totalité des habitants d’une planète puisqu’ils sont tous croyants) à se laisser dévorer par un parasite afin d’atteindre la plénitude de l’Union. Une excellente novella…on peut même parler, osons le dire, de chef d’œuvre ! On la retrouve d’ailleurs régulièrement dans les listes des meilleurs récits de SF et c’est pleinement mérité.

Relativement classique dans leur thème et leur narration (Martin semble admirer les « grands anciens » de la SF et ne guère s’intéresser aux novateurs pressés de ruer dans les brancards), toutes ces nouvelles brillent par leur grande qualité de maitrise, leurs dialogues ciselés, la qualité des personnages brossés et leur efficacité indéniable qui ne néglige jamais une solide dose de « sense of wonder ».

« Au Matin tombe la brume » constitue d’ailleurs une bonne illustration de ce besoin de merveilleux. Sur une planète isolée des témoignages mentionnent l’existence de spectres hantant la brume. Un passionné y a même construit un hôtel aujourd’hui très prisé. Mais un scientifique débarque avec tous ses instruments afin de prouver leur inexistence. Ce très bon récit rappelle que, pour l’Humanité, le mystère et les questions posées sont bien souvent plus intéressantes que les réponses obtenues. « Il y a solitude et solitude » traite pour sa part d’un astronaute en exil. Loin de la terre depuis quatre ans, il attend l’arrivée imminente de son remplaçant. Ce texte étouffant se conclut par une chute bien amenée à l’efficacité redoutable.

« Pour une poignée de volutoines » s’avère lui aussi classique et relativement linéaire mais ne manque pas d’attrait pour autant. Le thème, lui, est original : des cadavres réanimés à la manière de marionnettes zombies pour effectuer des travaux répétitifs comme l’extraction d’un métal précieux sur une lointaine planète.

« Le héros », une des premières nouvelles publiées de Martin date d’un demi-siècle (elle fut écrite en 1969) mais en dépit de son classicisme et d’une chute prévisible, elle garde un intérêt certain pour les amateurs de science-fiction à l’ancienne.

« La sortie de San Breta » se situe dans un monde futuriste dans lequel les progrès des moyens de transports volants ont rendu les automobiles obsolètes. Seuls quelques fanatiques utilisent encore leur voiture. Sur une autoroute abandonnée et déserte, un de ces nostalgiques percute un étrange véhicule spectral. Ce conte fantastique revisite le thème de la « voiture fantôme » en le transposant dans un contexte science-fictionnel. Bien vu !

Autre récit mélangeant fantastique horrifique et science-fiction post-apocalyptique, « L’éclaireur » se révèle lui aussi réussi et très crédible dans son déroulement et ses dialogues.

La très courte « VSL » traite, elle, de la vitesse supra luminique et fonctionne sur une chute là aussi un peu attendue mais amusante. De par sa brièveté on passe un bon moment.

Plus réflexive, « Diaporama » s’articule sur une thématique et un questionnement revenant régulièrement lorsqu’on discute de conquête de l’espace : ne vaudrait-il pas mieux investir cet argent dans des causes jugées plus valables comme la lutte contre la famine ? Un astronaute mélancolique après avoir été renvoyé du programme d’exploration spatiale et un médecin s’affrontent sur ce sujet, le premier défendant le point de vue du rêveur les yeux rivés sur les étoiles.

Loin des auteurs « new wave » (ou « new world ») qui dynamitaient la science-fiction pour le meilleur (parfois) ou pour le pire (combien de textes pseudo originaux et expérimentaux aujourd’hui illisibles et plus datés que les pulps de l’âge d’or ?), Martin montrait dans ce recueil son attachement à une SF à l’ancienne, un mélange d’idées, de dépaysement et de sense of wonder qui l’inscrivait dans la tradition des écrivains néo-classiques. Avec trois réussites incontestables (les trois premières nouvelles), deux excellents textes (« La sortie de San Breta » et « Diaporama ») et quatre nouvelles moins marquantes mais tout à fait honorables, CHANSON POUR LYA mérite à coup sûr la découverte pour les admirateurs de l’écrivain ou ceux qui souhaitent aborder, par la bande, son imposante production pré-célébrité.

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Publié le 18 Janvier 2019

DANS LA GUEULE DU DRAGON de Laurent Genefort

Publié au Fleuve Noir, voici un plaisant space opéra de la part d’un Genefort encore relativement débutant (ayant début fort jeune il avait déjà du métier) qui propose un mélange de hard science et de sense of wonder bien équilibré.

Nous suivons un enquêteur d’élite, Jarid Moray, au service d’une gigantesque entreprise, la Semeru. Jarid doit rétablir l’ordre lorsque les troubles menacent et, justement, la situation se détériore sur Muspellsheim, une planète de lave, véritable enfer en fusion. Celui-ci abrite pourtant une colonie humaine établie sur l’île artificielle d’Ymir qui navigue, telle un navire, sur les flots bouillonnants. Deux gouverneurs ont déjà été assassinés et Jarid doit résoudre ce mystère afin d’éviter le pire.

A la manière de certains Brussolo, DANS LA GUEULE DU DRAGON part d’une idée en apparence délirante (une colonie humaine qui vit – ou survit – sur une boule de lave inhospitalière à l’extrême) mais Genefort, contrairement à son confrère aimant s’enfoncer dans l’excès, parvient au contraire à la crédibiliser.

Déjà solidement rôdé et conseillé par des experts (d’ailleurs remerciés en fin de volume) scientifiques, l’auteur s’appuie sur des données scientifiques vraisemblables. Il rend ainsi son récit intéressant et crédible en lui conférant un background rigoureux qui plonge volontiers dans une hard science efficace sans devenir inutilement pesante ou exagérément didactique. Limité par les contraintes du Fleuve Noir, l’écrivain ne peut sans doute pas s’appesantir autant que souhaité sur son univers mais cela lui permet de garder un rythme soutenu et d’éviter les disgressions qui rendent certains romanciers de hard-science parfois peu digeste pour quiconque ne possède pas un doctorat en physique. Genefrot adopte ici une construction façon polar qui maintient l’intérêt du lecteur et soigne la caractérisation de ses protagonistes et les implications géopolitiques. Cependant ce sont surtout les descriptions, assez incroyables et vertigineuses, de cet environnement brûlant qui concourent à l’originalité et à la réussite du livre.

Si Genefort n’avait pas encore donné sa pleine mesure, il prouvait déjà avec ce DANS LA GUEULE DU DRAGON sa maitrise des codes du space opera, du polar science-fictionnel et de la hard science, faisant de lui, à moins de 30 ans, un des grands espoirs de la SF française. Un bon divertissement intelligent et un bon « Fleuve Noir »… même si on n’aurait pas craché sur une version plus longue (pour une fois !) d’une centaine  de pages afin d’explorer davantage ce « dragon ».

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Publié le 4 Décembre 2018

SINGULARITE de Stephen Baxter

Ce roman de Stephen Baxter, écrit en 1992, s’inscrit dans sa vaste histoire du futur, le cycle des Xeelees. Il s’agit d’un neo space opéra mêlant l’aventure spatiale à des considérations philosophiques et scientifiques ardues héritées de la hard science et empruntant également aux interrogations technologiques sur le devenir de l’homme souvent évoqué dans le cyberpunk. On y retrouve donc logiquement la notion de « singularité » théorisée par Vernon Vinge qui veut (en résumé et en gros traits) que l’intelligence artificielle entraine un emballement des progrès techniques et une déshumanisation progressive de l’Homme. L’évolution technique deviendrait si rapique que l’humanité, en très peu de temps, serait incapable de la maitriser voir même de la comprendre.

Dans SINGULARITE, le roman, Baxter imagine des trous noirs envoyé dans l’avenir pour créer des passages temporels mais tombant dans un futur où l’humanité vit sous la coupe des Qax. Un autre vaisseau, celui des Amis de Wigner, plonge dans le passé pour transformer Jupiter et frapper les Qax dans ce passé tandis qu’un Qax venu d’un futur où l’humanité a triomphé de l’envahisseur grâce à un certain Bolder vient compliquer la situation…

Paradoxes temporels, univers potentiels ou alternatifs, singularités diverses,…Pas de doute, Baxter joue dans la cour des férus d’hard-science et ceux qui se sont senti perdus devant des films comme « Looper », « L’armée des 12 singes » ou « Retour vers le futur » risquent de devoir consommer un tube entier d’aspirines pour arriver au terme de ce roman pourtant relativement (relativement est important car la lecture s’avère ici quelque peu ardue sans toutefois être indigeste) court.

Par sa longueur acceptable (300 pages) et son mélange de passages hard-sciences pas toujours aisés d’accès et de science-fiction plus « grand public », SINGULARITE demeure une porte d’entrée conseillée dans l’univers d’un des auteurs majeurs de la SF contemporaine. On peut buter sur des descriptions ou des séquences rébarbatives pour le non scientifique tout en se laissant prendre à la vision véritablement cosmique et grandiose du romancier qui apporte, en dépit de son aspect complexe, un véritable plaisir à l’amateur de science-fiction ambitieuse non dénuée d’un réel « sense of wonder ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 22 Novembre 2018

STAR WARS - LA CITADELLE HURLANTE

Second cross over dans l’univers STAR WARS, cette fois entre la série mère et la petite nouvelle, DOCTOR APHRA. Pour ceux qui ne suivent pas cette dernière, Aphra est un peu l’équivalent d’Indiana Jones version féminine (et lesbienne) accompagnée de deux droïdes psychopathes (décalques évidents de C3PO et R2D2), Triple 0 et BT. Un peu à l’image de Han Solo, Aphra est une racaille sympa : elle trahit tout le monde, s’attire toujours les pires ennuis mais, finalement, on l’aime bien quand même. Même Luke l’apprécie et pourtant elle l’expédie toutes les vingt pages dans les griffes d’une reine complètement cinglée. Le fermier s’en offusque t’il ? A peine puisqu’il insiste « c’est mon amie ». Avec des amis comme ça…

Bref, Aphra possède un cristal dans lequel est enfermé « l’âme » d’un Jedi et Luke, toujours aussi naïf, accepte de l’aider en se rendant sur une planète perdue où vit la reine Ktath’atn, laquelle offre une forte récompense, chaque année, à qui lui apportera une « curiosité ». Bien sûr, un fermier pouvant manipuler la force se révèle un bon candidat.

A partir de ces prémices déjà zarbies, l’intrigue part dans tous les sens : des symbiotes extraterrestres vaguement inspirés d’Alien prennent possession d’Han et de Luke pour les transformer en zombies agressifs, un wookie retourné à l’état bestial dévaste une citadelle (hurlante donc) et une méchante reine fume du Jedi (si, si ! prends c’est de la bonne !) pour aspirer la force vitale de Luke à la manière d’un vampire, le récit n’étant pas avare de références au cinéma d’épouvante gothique rétro.

STAR WARS - LA CITADELLE HURLANTE

Ni très cohérent ni très vraisemblable (les réactions des personnages paraissent souvent forcées ou peu crédibles mais nécessaires à l’avancée d’une histoire bien… fumeuse), LA CITADELLE HURLANTE multiplie les coups tordus, les rebondissements incroyables de fin de chapitres et les trahisons. Quelques bons passages, des scènes « WTF » rigolotes et les considérations humoristiques (qui n’évoluent guère mais restent amusante) de nos droïdes meurtriers occupent ces 120 pages d’un intérêt discutable mais globalement divertissantes.

Au niveau des dessins, l’album se montre, là aussi, fort inégal : on apprécie le très beau travail de Marco Checchetto qui propose une ambiance futuriste pluvieuse avant d’alterner entre le photo réalisme de Salvador Larocca (avec ces visages douteux) et le trait beaucoup moins précis, proche du cartoon, d’Andréa Broccardo. 

Ce crossover s’est attiré bien des critiques pour son intrigue déjantée qui s’éloignerait trop du « canon » STAR WAR. Personnellement je trouve qu’il s’agit plutôt d’une qualité avec son mélange d’aventures pulp, de science-fiction déjantée et de passages horrifiques. Quoique le récit n’aura aucune véritable conséquence (à la manière des vieux STAR WARS CLASSICS jadis publiés dans Titan) sur l’intrigue globale développée par ce nouvel univers étendu il n’est pas déplaisant pour autant avec ses références diverses (ALIEN, DRACULA,…), ses dialogues souvent amusant et son rythme soutenu. On a lu bien pire dans les comics récents (LA GUERRE SECRETE DE YODA par exemple) et l’ensemble, certes vite lu et vite oublié, reste donc distrayant et plaisant en dépit de ses défauts. Pas si mal !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction, #Comic Book

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Publié le 29 Octobre 2018

LA LEGION DE L'ESPACE - CEUX DE LA LEGION TOME 1 de Jack Williamson

Décédé quasiment centenaire, Jack Williamson (1908 – 2006) a donc parcouru, la plume à la main, un siècle de science-fiction, puisqu’il débute sa carrière à la glorieuse époque du pulp, fin des années ’20. En 1934 il publie CEUX DE LA LEGION, premier tome d’une saga amenée à définir le space opera avec les œuvres d’Hamilton (CAPITAINE FUTUR / FLAM) et Doc Smith (le FULGUR).

Nous sommes au XXXème siècle et la Légion (pas celle de DC comics) protège la galaxie. Le cadet John Star doit protéger une jeune femme noble, Aladoree, seule détentrice du secret de l’Akka, une arme fabuleuse capable d’arrêter la progression des Méduses, des envahisseurs belliqueux. Mais l’oncle de Star trahit l’humanité et s’associe aux extra-terrestres, enlevant également Aladoree. Star, aidé de trois légionnaires, part à sa rescousse.

Reprenant des éléments des 3 MOUSQUETAIRES (inspiration revendiquée par Williamson) dans un contexte science-fictionnel assez proche des œuvres spatiales d’un Burrough, ce premier tome a plutôt bien vieilli en dépit de sa naïveté. Certes, certains éléments semblent indiscutablement datés mais l’ensemble tient bien la route après plus de 80 ans. Pas sûr que beaucoup de bouquins SF récents encensés par la critique supportent aussi bien le poids des ans.

Une belle princesse en péril, des légionnaires impitoyables mais respectant le code de l’honneur, des vaisseaux qui sillonnent l’espace, des combats spatiaux, des aliens belliqueux, des planètes étranges et hostiles,…nous sommes en plein space opéra militariste à l’ancienne et le tout se révèle rafraichissant, d’autant que, pulp oblige, l’ennui ne pointe jamais son nez. Williamson case un maximum de péripéties sur un minimum de pages et délivre une fresque spatiale épique alors que certains de ses épigones récents présentent encore leur univers à la cinq-centième pages de leur récit en dix tomes. Bref, autre temps, autre méthode de narration ! CEUX DE LA LEGION n’est pas de la hard science ni de la SF complexe, plutôt de l’imaginaire en roue libre avec des personnages attachants, à l’exception d’un Gilles Habibula irritant par son ivrognerie et ses monologues…

Malgré ses défauts, CEUX DE LA LEGION demeure une lecture plaisante, enlevée et globalement divertissante quoique l’on regrette une conclusion bâclée. Après avoir présenté les Méduses comme des ennemis tout puissants et quasiment invincibles toute leur flotte se voit, en effet, balayée par l’invention (littéralement fabriquée avec un bout de ferraille et de la ficelle) d’une jeune fille…Une fin trop facile et expédiée pour que le lecteur ne se sente pas floué mais ce bémol n’affecte pas trop le jugement sur ce space opéra distrayant et relaxant à conseiller en priorité aux plus jeunes ou aux nostalgiques de la SF de grand papa.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Golden Age, #Jeunesse, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 5 Octobre 2018

STARPLEX de Robert J. Sawyer

A la lecture de la quatrième de couverture (et, a fortiori, du titre) on pense immédiatement à « Star Trek ». Et, effectivement, on retrouve dans ce roman quelques thématiques proches des voyages de l’Enterprise. On y trouve également des dauphins intelligents devenus auxiliaires des humains dans l’exploration spatiale ce qui rappelle, évidemment, la saga de l’ELEVATION de David Brin. Le thème des portes spatiales créées par une race disparue et permettant de voyager d’un point à l’autre de l’univers évoquera, de son côté, LA GRANDE PORTE de F. Pohl ou pour les plus jeunes (mais plus tant que ça) le film et la série « Stargate ».

L’intrigue générale, pour sa part, navigue entre space opera et hard science sans négliger des passages plus ardus imprégnés d’un mélange de philosophie et d’extrapolations scientifiques pas toujours aisé à digérer. L’aventure, néanmoins, est présente et, une fois encore, rappelle « Star Trek » puisque le vaisseau spatial, censé maintenir la paix, va se trouver malgré lui au cœur d’un conflit. L’auteur décrit également une foultitude de créatures bizarres forcées de cohabiter dans le Starplex.

Au cours du XXIème siècle l’humanité a découvert un réseau de trous de vers, dénommés transchangeurs, qui permettent de voyager à travers les étoiles. Une base terrienne a été construite près du transchangeur le plus proche, à proximité de l’étoile Tau Ceti. Cela a permis à l’humanité de découvrir deux espèces extra-terrestres, les Walahulds et les Ebis. En 2094, le Starplex, dirigé par le commandant Lansing découvre d’immenses sphères constituées de matière noire capables de passer à travers les transchangeurs. Peu après des vaisseaux waldahuds attaquent le starplex.

Du bon et du moins bon dans ce roman : le capitaine Lansing est plutôt sympathique et joue le mimétisme avec James T. Kirk : un quadragénaire en pleine « midlife crisis » à la libido développée. L’intrigue, pour sa part, fonctionne agréablement mais hésite entre une SF « sérieuse » et une SF plus légère, le tout donnant souvent l’impression (voulue ?) d’un épisode de « Star Trek » revisité façon hard science. Ou, pour les moins réceptifs, d’un space opéra plaisant mais encombré d’explications scientifiques pesantes et incompréhensibles aux non-initiés. Le lecteur se permettra donc de survoler certaines scènes pour apprécier davantage un roman intéressant mais rarement passionnant que l’on qualifiera donc de « moyen ». Comme hommage à Gene Roddenberry STARPLEX reste cependant largement plus réussi que l’imbuvable RED SHIRTS.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera, #Hard Science, #Star Trek

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Publié le 10 Septembre 2018

ALASTOR 2262: TRULLION de Jack Vance

L’amas d’Alastor compte des milliers de monde. Jack Vance se propose de nous en faire explorer trois au travers d’autant de romans.

Le premier que nous découvrons, Trullion, abrite le peuple des Trills, à la vie simple. Leurs principaux ennemis sont le peuple aquatique des Merlings, les nomades Trevanys et les pirates de l’espace, surnommés les Etoiliers, qui enlèvent régulièrement quelques notables pour demander des rançons. On note aussi les exactions d’une étrange tribu, le Peuple Laid, et les attentats commis par les fanatiques religieux de la Fanscherade.

La passion des Trills reste la Hussade, un sport assez étrange (compromis entre le football américain et le rugby) où la victoire s’acquiert en dénudant complètement la mascotte virginale de l’équipe adverse. Glinnes va devenir un joueur de Hussade afin de récupérer son domaine familial, vendu par son frère Glay qui a rejoint les rangs de la Fanscherade.

Comme souvent avec la science-fiction des seventies, le roman reste sous la barre des 250 pages, ce qui n’empêche pas Vance de déployer son imagination afin de créer un monde riche et cohérent. Nous sommes en plein « Planet Opera » avec différents peuples, des ennemis mystérieux, des alliances et des trahisons, des combines, etc. L’auteur décrit également différents fanatismes, des cultes religieux et même, comme ici, un sport aux règles bizarres, la Hussade. On peut d’ailleurs regretter le nombre trop important de pages consacré aux parties de cette compétition saugrenue où il s’agit avant tout de dénuder la vierge de l’équipe adverse. Néanmoins, la seconde partie du récit, davantage portée sur l’aventure, fonctionne mieux et multiplie les révélations, retournements de situations et autres coups de théâtres pour maintenir l’intérêt du lecteur.

Ce premier roman de la trilogie « Alastor », joliment écrit avec un style enlevé et imagé, constitue donc un honnête divertissement mais ne peut prétendre rivaliser avec les plus belles réussites de Vance.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera, #Jack Vance

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Publié le 29 Août 2018

AUX ARMES D'ORTOG de Kurt Steiner

Originellement publié au Fleuve Noir (en 1960) et maintes fois réédité depuis, AUX ARMES D’ORTOG s’est imposé comme un classique de la science-fiction française. Soixante ans plus tard, le bouquin tient encore joliment la route par son mélange de SF, de planet opéra et de space opéra teinté de Fantasy.

Nous sommes au XXXème siècle, dans une galaxie dévastée par une Guerre Bleue ayant fait trente milliards de victimes. Sur une Terre ravagée, un nouveau mal frappe l’humanité dont l’espérance de vie se réduit chaque année davantage. Après la mort de son père, le berge Dal Ortog se rebelle et décide ni plus ni moins d’œuvrer pour sauver les Hommes. Pour cela il doit subir diverses épreuves et devenir Chevaliers-Nautes…

Kurt Steiner propose un roman très enlevé, ramassé en 160 pages, ce qui l’oblige à maintenir un rythme rapide et à ne jamais trainé en route. Animaux fabuleux, extraterrestres variés, rayons mortels, combats, chevaliers futuristes,…l’auteur mélange le décorum néo féodal de la Fantasy avec la technologie avancée de la science-fiction, aboutissant à une décoction très plaisante. On note aussi une belle idée avec cette opposition entre les défaitistes (pour la plupart des prêtres) qui veulent laisser l’humanité s’éteindre et les optimistes soucieux de sauver, coûte que coûte, les Hommes.

Alors, évidemment, AUX ARMES D’ORTOG semblera un peu daté aujourd’hui et certaines péripéties risque de paraitre clichées mais, dans l’ensemble, le tout demeure divertissement et offre même, en prime, une pointe de réflexion quelque peu philosophique ce qui n’est pas si mal pour un petit bouquin publié au Fleuve Noir voici six décennies.

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Publié le 5 Juillet 2018

2010 - ODYSSEE 2 d'Arthur C. Clarke

Avec cette suite tardive (près de vingt ans se sont écoulés) au roman (et surtout au film puisque l’auteur se base – étonnamment - sur ce-dernier et non pas sur sa version littéraire légèrement différente et surtout fort occultée), Arthur C. Clarke nous ramène dans les étoiles pour un nouveau contact avec les extra-terrestres.

En 2010, le docteur Heywood Floyd, à bord du vaisseau spatial russe Leonov, file vers Jupiter dans le but de rejoindre le Discovery afin de remettre en état l’ordinateur Hal 9000, responsable de l’échec de la mission précédente. Floyd et ses collègues doivent également étudier un immense artefact alien, réplique gigantesque du fameux monolithe noir découvert sur la lune neuf ans auparavant. Mais un événement cosmique d’une ampleur sans précédent s’apprête à avoir lieu…

Plus classique, plus linéaire et conforme aux attentes des lecteurs férus d’explorations spatiales que le précédent volet, 2010 ODYSSEE 2 se montre également – et logiquement – plus explicatif sur les événements décrits. Au risque, parfois, de se montrer ennuyeux, notamment lors du très descriptif chapitre consacré au retour de l’enfant des étoiles Dave Bowman. Clarke reprend également des théories classiques (celle, par exemple, des « Ingénieurs » venus ensemencer la Terre, idée reprise ensuite dans le film « Prometheus ») et les développe avec une certaine lourdeur.

Le premier roman apparaissait déjà plus explicatif que sa version cinématographique aussi n’était-il sans doute pas nécessaire d’en reprendre de longs passages et d’y ajouter encore une nouvelle couche d’éclaircissements. Le lecteur est ainsi pris par la main, comme si Clarke craignait de le désorienter…étrange tant la lecture de 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE rendait déjà limpide les passages les plus abscons du film de Kubrick. Bref, cette deuxième odyssée n’apporte finalement pas grand-chose à la mythologie établie par Clarke. Toutefois, le tout se lit sans ennui : reste, heureusement, de jolies scènes qui plongent le lecteur dans l’immensité spatiale et lui offrent l’émerveillement souhaité. Reste aussi un final intéressant où l’humanité – minuscule en regard de l’immensité de l’univers – se confronte à une puissance si étrangère qu’elle apparait forcément comme divine et omnipotente.

Une adaptation cinématographique très réussie et sous-estimée (car sans cesse comparée au Kubrick) vit le jour en 1984, ajoutant un élément important de tension, à savoir la menace d’une guerre nucléaire mondiale entre la Russie et les Etats-Unis. Par contre, les tentatives chinoises pour prendre de vitesse les deux super puissances en envoyant vers la planète géante leur propre vaisseau seront, elles, élaguées. De plus, le long-métrage supprimera les problèmes conjugaux d’Heywood et sa rupture avec son épouse restée sur Terre, rendant l’ensemble plus tendu tout en proposant, en outre, de fabuleuses scènes spatiales aux effets spéciaux encore magnifiques après plus de trois décennies. Bref, le scénario de 2001 se reproduit avec cette séquelle : un roman honnête et plaisant transcendé par son adaptation pour les salles obscures.

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Publié le 3 Juillet 2018

CAPITAINE FUTUR: L'EMPEREUR DE L'ESPACE d'Edmond Hamilton

Père fondateur du space opéra, Edmond Hamilton (1904 - 1977) s’est fait connaitre avec diverses sagas cosmiques comme LES LOUPS DES ETOILES ou LES ROIS DES ETOILES. Il travailla également pour DC Comics, écrivant pour Superman, ce qui se ressent dans sa création la plus fameuse, le Capitaine Future, lequel s’inspire à la fois de l’Homme d’Acier (et de Batman) et des héros pulp comme Doc Savage.

Nous sommes dans un lointain avenir (1990 !) et un couple de scientifiques, les Newton, s’établit sur la lune pour éviter que leurs inventions ne tombent entre de mauvaises mains. Malheureusement, les savants sont assassinés par un politicien corrompu. Leur unique enfant, Curt Newton, sera élevé sur la lune par le robot Grag, l’androïde Otho et le Cerveau vivant Simon Wright. Développant ses capacités, le jeune homme décide de lutter contre le crime et prend le pseudonyme de Capitaine Future. Chez nous il sera davantage connu sous le sobriquet de Capitaine Flam popularisé par les dessins animés des années ’70.

 « Tous les habitants du système solaire connaissaient le nom du Capitaine Futur, l’ennemi déclaré du mal et des malfaiteurs ».

Voici un justicier inflexible et incorruptible typique du pulp, avec toutes les qualités requises pour protéger la terre de ses ennemis. En effet, le dernier souhait de sa mère était qu’il « combatte ceux qui utilisent les pouvoirs de la science à des fins maléfiques ». Cependant, Capitaine Future garde le choix : « défendre l’humanité contre les exploiteurs ou chercher le bonheur au gré d’une vie paisible ». Bien évidemment Curt Newton choisit « d’écraser les criminels et de préserver la civilisation des neuf mondes ».

Se voulant « scientifiquement crédible » à l’époque, CAPITAINE FUTUR fera aujourd’hui sourire avec ses dispositifs anti gravité, ses rayons fulgurants, ses gadgets qui rendent invisibles ou immatériels, sans oublier ses descriptions très fantaisistes des neuf planètes du système solaire. Pourtant, tout cela reste très plaisant et divertissant. C’est écrit de manière simple mais cela fonctionne à la manière d’un serial, avec une action échevelée qui ne s’embarrasse pas de subtilité ou de descriptions laborieuses : priorité à l’aventure et au merveilleux.

En dépit de son incroyable naïveté, de son manichéisme suranné (le héros n’a pas le moindre défaut, ses ennemis doivent être anéanti sans la moindre hésitation), ce premier volume (une quinzaine suivront) procure beaucoup de plaisir aux nostalgiques. Du space opéra divertissant, sans le côté parfois pesant des grandes sagas actuelles (qui, en dépit de leurs qualités littéraires plus évidentes et de leurs personnages plus travaillés reposent sur des schémas narratifs similaires). Bref, un bon moment.

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