space opera

Publié le 19 Mars 2020

STAR TREK: LE RETOUR de William Shatner et Judith et Garfield Reeves-Stevens

Attribué à William Shatner mais sans aucun doute écrit par ses « collaborateurs » Judith et Garfield Reeves-Stevens (prolifiques auteurs de la franchise ayant notamment offert l’excellent PRIME DIRECTIVE), LE RETOUR constitue un excellent roman « Star Trek », les auteurs effectuant le lien entre les différentes séries, que ce soit « Star Trek The Original Serie », « Star Trek The Next Generation » et « Deep Space Nine ». L’intrigue se veut la suite du film « Star Trek Generations » qui confrontait déjà la vieille garde (Kirk) à la nouvelle génération (Picard). Ici, l’histoire, certes alambiquée, n’en est pas moins très efficace puisqu’elle implique une nouvelle résurrection de Kirk par l’improbable alliance des Romuliens et des Borgs en vue d’assassiner Picard, bien proche pour sa part de retrouver son côté obscur et de redevenir Locutus.

Juste après « Star Trek Generation », en 1994, Shatner envisage une nouvelle aventure de Kirk sur les grands écrans, intitulées « Fires of Olympus ». La Paramount se montre intéressée, notamment par l’utilisation des Borgs, mais estime qu’il est temps de passer le relai à la Nouvelle Génération. Shatner publie finalement le roman qui crée une « timeline » alternative à la saga cinématographique (dénommée affectueusement « Shatnerverse »).

Le roman aurait certainement donné un excellent film (bon, on a eut à la place « Star Trek First Contact » qui reste le meilleur long-métrage de la saga donc ça passe), il permet de retrouver tous les personnages préférés des fans : Kirk (le livre est, on s’en doute, entièrement construit à sa gloire), Spock, McCoy, Picard, Riker, Beverly Crusher, Deanna Troy, Julian Bashir, Worf, Data, les Borg et même V’Ger, sans oublier un nouvel et improbable Enterprise.

Est-ce de la grande littérature ? Non ! Est-ce de la grande science-fiction spéculative ? Non plus ! Est-ce de la sci-fi pure et dure, pleine d’action, de rebondissements, de combats spatiaux, de voyages temporels, de personnages iconiques et d’aventures échevelées ? Oui ! 100 fois oui ! STAR TREK LE RETOUR est simplement de l’excellent divertissement et de l’excellent « Star Trek ». Parfois, on n’en demande pas plus. Sauf de poursuivre la lecture du « Shatnerverse » avec les cinq autres volumes disponibles en français (sur les neuf édités en anglais).

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Rédigé par hellrick

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Publié le 11 Février 2020

100% STAR WARS - TOME 8: MUTINERIE SUR MON CALA de Kieron Gillen

Contient Star Wars (2015) #44-49.

Et revoici la princesse Leia qui, au nom de l’Alliance, part demander aux Mom Calamari de lui fournir une nouvelle flotte de combat capable de vaincre l’Empire. Or, la planète à déjà subi le poing impérial (comme vu précédemment dans la série DARK VADOR) et le régent Urtyas refuse de rejoindre la rébellion. Pour sauver la situation, Leia décide de remettre sur le trône le roi déchu Lee-Char, retenu prisonnier depuis une vingtaine d’années.

Continuation de la vaste fresque de Kieron Gillen entamée avec le tome précédent (LES CENDRES DE JEDHA) et prolongement des événements de « Rogue One » (qui semble inspiré les scénaristes de BD par son ton sombre et son côté course désespérée contre des méchants bien trop puissants).

L’ensemble se suit donc plaisamment mais souffre de défauts évidents. On peut également considérer que cette interprétation très « la fin justifie les moyens » de Leia n’est pas flatteuse puisque la princesse n’hésite pas à déposséder un dirigeant pour en remettre un sur le trône afin qu’il serve davantage ses intérêts et ce aux risques de voir une planète entière mise en danger, voire détruite, par l’Empire.

Une intrigue un peu longuette, de belles scènes d’action, des passages réussis, d’autres moins convaincants, quelques notes d’humour, des références (obligées ?) à l’univers cinématographiques avec des ponts tendus vers « Rogue One » et même « Solo ». Sympathique mais sans être transcendant.

Le dessin de Larroca est fidèle à lui-même : très réussi sur les décors et les vaisseaux, globalement raté sur les visages qui, la plupart du temps, sont maladroitement décalqués.

Ce huitième tome s’inscrit dans la droite ligne des précédents : un divertissement plutôt plaisant mais rien qui donne vraiment envie de dire « ouah ». On ajoute un côté finalement anecdotique dans l’esprit des préhistoriques BD « Star Wars » Marvel des années 70/80 : des péripéties certes agréables mais tellement engoncées dans une période figée (« A New Hope » à « L’empire contre-attaque ») qu’aucune véritable surprise n’est possible.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Comic Book, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

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Publié le 7 Février 2020

STAR WARS TOME 7: LES CENDRES DE JEDHA

Star Wars (2015) #38-43

Après DARK VADOR et DOCTOR APHRA, Kieron Gillen prend les rênes de la série phare STAR WARS avec cet arc narratif fort réussi en lien avec les événements racontés dans « Rogue One ». Le récit se déroule ainsi sur Jedha, ravagée par les essais de l’Etoile de la Mort. L’Empire continue d’exploiter la planète afin d’en extraire les derniers cristaux Kyber qui alimentent les sabre-lasers. Mais les rebelles décident de venir défendre les derniers partisans de Saw Guerrero et d’en apprendre davantage sur le sacrifice de l’équipe Rogue One.

Contrairement aux épisodes précédents, LES CENDRES DE JEDHA parait faire avancer l’intrigue au-delà des escarmouches lassantes entre l’Empire et les héros de la rébellion. Le scénario se montre donc cohérent, efficace, parfois surprenant avec un gros twist bien amené et crédible. Du bon boulot assorti d’une belle caractérisation des différents personnages quoiqu’on ait encore droit à quelques envolées mystiques sur la Force et les Jedi pas vraiment nécessaires à l’intrigue principale. Mais ce n’est qu’un détail et un menu bémol pour cette une séquelle convaincante de « Rogue One ».

Le tome réutilise également le personnage toujours aussi cynique de la reine Trios dont les actes auront, dans les épisodes suivants, des conséquences dramatiques. Bref, un scénario intéressant et l’impression de voir, enfin, la « grande histoire » de STAR WARS se dessiner sous nos yeux.

Bien évidemment le gros point noir reste encore une fois les dessins de Larroca avec ses décalques grossiers des acteurs des films. Le bonhomme maitrise les armures, les décors, les vaisseaux, les corps mais s’avère absolument incapable de dessiner un visage correct. A ce niveau et sur une série aussi prestigieuse que STAR WARS sa prestation reste sidérante : neuf fois sur dix le résultat de son copié-collé se révèle tout simplement immonde.

Dans l’ensemble et en dépit de dessins trop inégaux pour convaincre, LES CENDRES DE JEDHA reste une réussite et un des meilleurs arcs du nouvel univers étendu.

STAR WARS TOME 7: LES CENDRES DE JEDHA

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Rédigé par hellrick

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Publié le 3 Février 2020

BINTI de Nnedi Okorafor

BINTI, une novella de science-fiction plutôt destinée aux jeunes adultes, fut lauréate des prestigieux prix Hugo et Nebula. L’autrice, d’origine Nigérienne, nous avertit qu’elle traite des « social issues” et notamment des “racial and gender inequality”. Elle s’est également fait connaitre pour son opposition à l’attribution d’un prix basé sur une représentation de Lovecraft (le World Fantasy) et sa demande pour qu’il soit remplacé par une autre statuette basée cette fois sur Octavia Butler. Du pain béni pour les « social justice warriors » et autres hystériques 2.0. Bref, en ouvrant BINTI, on commence à craindre le pensum politiquement correct si prisé des prix en science-fiction récents mais, au final, le court roman de Nnedi Okorafor s’avère plutôt plaisant.

Génie des mathématiques, Binti est la première femme issue du peuple Himba à accéder à l’université intergalactique Oomza Uni. A l’intérieur d’un vaisseau spatial, Binti fait connaissance des autres passagers. Malheureusement, le transporteur est arraisonné par une race extraterrestre, les Méduses, et toutes les personnes à bord sont massacrées, à l’exception de Binti elle-même. Binti se réfugie dans sa cabine puis commence à communiquer avec les Méduses par l’entremise de son « Edan », un artefact trouvé dans le désert.

Avec ce petit roman, Nnedi Okorafor s’éloigne radicalement de la hard-science actuellement en vogue pour un récit à l’ancienne, sorte de space-opéra confiné doublé du thème classique de la rencontre avec « l’autre ». Le tout additionné d’un parfum de « récit d’apprentissage ». La postface nous révèle que cette histoire a été inspirée à l’écrivaine par sa fille de 11 ans et dont l’univers ne semble ici qu’esquisser (on rencontre plusieurs ethnies, des objets bizarres comme les astrolables ou les Edan, le peuple extraterrestre des Méduses, etc.). Les prochains récits dans le même univers (BINTI 2 : HOME et BINTI : THE NIGHT MASQUERADE) développeront probablement une partie de ce vaste monde.

Sans être un chef d’œuvre (les deux récompenses récoltées laissent quand même songeurs et mettent probablement les attentes beaucoup trop haut), BINTI s’impose comme un court roman divertissant, de lecture aisée (y compris en anglais), marqué (mais sans excès) par les racines africaines de l’autrice, plein de bons sentiments et de naïveté mais quelque part agréable en ces temps de SF marquée par la sinistrose dystopique généralisée. Nous avons même droit à un happy end pacifique façon « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, même ceux que l’on considérait comme des ennemis. Pas indispensable mais pas déplaisant.

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Publié le 29 Janvier 2020

STAR WARS: L'ULTIME COMMANDEMENT (LA CROISADE NOIRE DU JEDI FOU 3) de Timothy Zahn

Et voici le dernier volet de la célèbre « Croisade noire du Jedi fou », le livre événement qui lança l’univers étendu de Star Wars et qui demeure, pour bien des fans, la meilleure œuvre littéraire basée sur la saga de George Lucas.

Après L’HERITIER DE L’EMPIRE et LA BATAILLE DES JEDI, voici donc L’ULTIME COMMANDEMENT dans lequel on retrouve le Grand Amiral Thrawn aux commandes de la flotte Katana, prêt à lancer le dernier assaut contre les forces de la Nouvelle République. De leur côté Luke et Leia doivent détruire les usines de clones impériaux sur Wayland et combattre le Jedi fou Joruus C'baoth.

Célébré par les fans, L’ULTIME COMMANDEMENT constitue pour beaucoup la culmination du “Star Wars” post trilogie…oui à l’époque – le début des années 90 - on parlait de trilogie et nul n’imaginait que l’univers serait enrichi (ou pas, pas de polémique) d’une dizaine de films supplémentaires, de séries télés, etc. Bref, la saga était canonique, c’était la véritable suite des aventures de Luke, Leia, Han et les autres et le lecteur frustré de ne plus les voir au cinéma (« Le retour du Jedi » datait déjà de dix ans !) se délectaient de nouveaux personnages comme l’ambigüe Mara Jade, le contrebandier Talon Karrde, le dément Joruus C'baoth et le redoutable mais finalement honorable Thrawn, sorte de Rommell de l’espace qui insiste sur son éloignement du fou furieux que fut Dark Vador.

Vu le nombre de critiques positives, voire dithyrambique, on se permettra quelques petites réserves : le roman, comme les précédents, alterne adroitement action à grand spectacle et scènes intimistes, manigances tordues et stratégie militaire, mais souffre parfois d’un rythme en dent de scie. Parfois l’histoire semble patiner ou se perdre dans les détails, parfois les choses s’emballent et la résolution finale, par exemple, parait expédiée avec un goût de « tout ça pour ça » quelque peu regrettable.

L’écriture, très professionnelle, manque aussi un peu de souffle épique en dépit de l’accumulation de batailles spatiales colossales. Néanmoins, L’ULTIME COMMANDEMENT reste dans le haut du panier des romans adaptés de licence connue. Pour les fans de « Star Wars », la trilogie du Jedi Fou demeure un incontournable qui offre une continuation très travaillée (on mesure l’écart entre les personnages complexes proposés ici et les protagonistes tout lisses de la troisième trilogie cinématographique) aux aventures de Luke et ses amis. Bref, des bémols mais un réel plaisir de lecture et une bonne dose de nostalgie sont au programme de ce grand space opéra.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

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Publié le 9 Janvier 2020

ACADIE de Dave Hutchinson

Dave Hutchinson, né en 1960, a déjà quatre recueils de nouvelles et plusieurs romans (dont la tétralogie « Fractured Europe ») sous le coude mais ACADIE, nommé au Locus, est son premier texte publié en français. Comme tous les titres de la collection « Une heure lumière » il s’agit d’un roman court (compter environ 80 minutes de lectures).

Depuis cinq siècles la légendaire et apparemment immortelle généticienne Isabel Potter a quitté la Terre et continue ses travaux sur une Colonie située dans un lointain système solaire. Mais les Terriens, rancuniers, continuent de traquer Potter et envoient des sondes explorer l’espace pour la retrouver. Or, une de ses sondes vient de pénétrer dans le système de la Colonie, ce qui nécessite l’intervention de John Wayne Farrady, dit Duke, président essentiellement honorifique.

Voici une novella fort bien ficelé qui embarque le lecteur dans un monde très convaincant, une sorte d’utopie futuriste hippie peuplée, notamment, de personnages de STAR TREK ou du SEIGNEUR DES ANNEAUX et ce par un mélange bien dosé de manipulations génétiques et de technologies. Bref, une ambiance quelque peu cyberpunk pour un planet / space opera qui ne néglige pas d’injecter une bonne dose de sense of wonder dans son univers hard-science.

Hutchinson déroule son intrigue à cent à l’heure et sans temps morts là où beaucoup d’auteurs auraient allongé la sauce sur un épais roman. Le lecteur doit donc s’accrocher pour assimiler tout cet univers fort bien construit et une narration habile avec des flashbacks bien amenés. Bref, c’est un court roman parfaitement réussi qui conduit à un twist vertigineux à la Philip K. Dick, cerise sur le gâteau d’une œuvre magistrale à découvrir toutes affaires cessantes.

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Publié le 1 Janvier 2020

LE CHANT DU BARDE de Poul Anderson

Ce recueil paru au Belial en 2010 (puis réédité au Livre de Poche deux ans plus tard) rassemble neufs récits non inédits (mais souvent remaniés et retraduits) qui composent un véritable « best of » science-fictionnel de Poul Anderson, notamment inventeur de la célèbre Patrouille du temps. Des récits souvent primés, voire multiprimés et qui sont, pour la plupart, relativement longs pour des nouvelles jusqu’à atteindre ce que les Américains désignent comme des romans courts ou des novellas. Anderson fut d’ailleurs récompensé à sept reprises par un Hugo (six des titres récompensés sont inclus dans ce recueil) et trois fois par le Nebula, sans oublier un Locus. Lauréat de ce triplé parfait « La reine de l’air et des ténèbres » est évidement reprise ici et constitue peut-être le chef d’œuvre de son auteur.

L’anthologie débute avec « Sam Hall » dans lequel un employé modèle du système informatique d’un univers futuriste totalitaire introduit, presque par jeu, un bug dans la machine en créant de toutes pièces un révolutionnaire mystérieux nommé Sam Hall. Un nom puisé dans une vieille chanson populaire  anglaise. A force manipulations, Sam Hall acquiert une sorte de pseudo-existence : tous les crimes sont imputés à ce criminel insaisissable et les membres d’un réseau de résistance clandestin se l’approprient pour signer leurs méfaits. Quoique la technologie ait évolué, la nouvelle qui date de 1953 (et fait écho à la Guerre de Corée et au Maccarthysme) reste étonnamment moderne plus de soixante ans après sa rédaction et son sujet (manipulations gouvernementales, falsification de l’information, oubli numérique, etc.) demeure toujours d’actualité. Un classique de la dystopie.

Le court roman « Jupiter et les centaures », précédemment publié dans la collection « Etoile Double» aux côtés d’une novella de Sheckley  décrit la manière d’explorer Jupiter en utilisant des avatars (la référence à un « classique » récent de la SF cinématographique n’est point innocente tant les intrigues sont similaires).

« Long cours » valu à son auteur un de ses nombreux prix Hugo: un récit d’exploration maritime dans un monde dans lequel on se souvient encore, mais à peine, de la Terre, planète-mère. Le capitaine d’un navire découvre un astronef en partance menaçant, par sa seule existence, le futur de ce monde. Comment réagir ? De la SF intelligente et efficace.

Autre gros morceau, « Pas de trêve avec les rois », obtient lui aussi le Hugo : cette longue nouvelle (90 pages) précédemment publiée en français dans l’anthologie HISTOIRES DE GUERRES FUTURES raconte un affrontement entre deux camps, façon Guerre de Sécession, dont l’un bénéficie d’un appui extraterrestre.

Récit de vengeance très efficace tempéré par la découverte des rites étranges d’une planète étrangère (dont du cannibalisme rituel), l’excellent « le partage de la chair » n’a pas volé son prix Hugo et demeure un des meilleurs récits d’Anderson.

Mi sérieux, mi humoristique, en tout cas toujours sarcastique (pour ne pas dire grinçant), « Destins en chaîne » projette son héros, Bailey, dans une série de réalités alternatives dans lesquelles il se débat jusqu’à la mort. Dans l’un de ces univers parallèle, la simple expression artistique peut vous conduire en prison, dans un autre l’Etat a consacré les inadaptés de tous poils au point qu’ils peuvent revendiquer ce statut et vivre une existence oisive. Mais les simulateurs se multiplient, se prétendant eux aussi malades mentaux afin de bénéficier de l’Etat providence. Les homosexuels ayant déjà réussi à obtenir cette reconnaissance, les Noirs envisagent de s’associer aux Juifs souffrant de discrimination tandis que les prophètes de religion folklorique prêchent à tout va…et pas question d’y trouver à redire car ces religieux risqueraient, sinon, des dégâts psychiques irréparables. Une plongée pas toujours très politiquement correcte (et c’est tant mieux) dans une poignée de sociétés utopiques (ou dystopiques selon les sensibilités) qui se termine dans un monde post-apocalyptique d’apparence paradisiaque après l’anéantissement, par une épidémie, de 95% de l’Humanité. Un excellent texte peut-être encore davantage actuel aujourd’hui qu’à l’époque de sa rédaction.

Autre novella illustre, « La reine de l’air et des ténèbres » a récolté le plus prestigieux des triplets de la SF : Hugo, Nebula et Locus. Nous sommes sur Roland, une planète lointaine colonisée par l’Homme. Un seul détective y exerce, Eric Sherrinford, contacté par une mère afin de retrouver son enfant enlevé par ce qui pourrait être des représentants du Vieux Peuple. Mais Sherrinford refuse d’accorder foi à ces anciennes superstitions celtiques…Une œuvre très efficace, sorte de transposition science-fictionnelle des légendes jadis contées par Arthur Machen.

Plus court, « Le chant du barde » obtint également le Hugo et le Nebula, finissant à la troisième place du Locus. Inspiré par les nouveautés science-fictionnelles lancées par Harlan Ellison, Anderson décrit un monde sous la domination d’un ordinateur omniscient, SUM, lequel enregistre les vies de tous les Humains et leur promet la résurrection un jour prochain. Mais un harpiste se confronte à l’avatar humain de SUM, la Reine Noire et cesse de croire en ses promesses. Une nouvelle dans laquelle Anderson démontre son originalité tout en s’inspirant de nombreux mythes antérieurs et en truffant son texte de citations littéraires. Très réussi.

Le recueil se termine par le court roman « Le jeu de Saturne », sorte de critique assez virulente des jeux de rôles et autres psychodrames auquel je n’ai personnellement pas accroché. Ce n’est pas grave, le reste était très bien.

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Publié le 18 Octobre 2019

DOCTOR APHRA TOME 2: L'ENORME MAGOT

De toutes les créations du nouvel univers étendu, le Docteur Aphra reste la plus originale et intéressante, bien qu’elle s’apparente parfois à une sorte de mélange entre Han Solo et Indiana Jones version féminine (et lesbienne) en plus racaille avec son code moral fluctuent. Les Jedi, l’Empire, les bons, les méchants,…pour Aphra qu’importe du moment qu’on puisse gagner du pognon…

Créée par Kieron Gillen, Aphra tente ici de vendre un artefact renfermant l’essence d’un Jedi mais ce-dernier, bien que mort, ne semble pas décidé à reposer en paix. On retrouve la magouilleuse en pleine tentative d’arnaquer tout le monde, les droïdes psychopathes BT et Triple Zero toujours décidé à se libérer de leurs blocages « mentaux » pour, eux, exterminer tout ceux qu’ils rencontrent, des personnages secondaires truculents,…Dans ce micmac, Aphra tente de survivre. Evidemment, il n’est pas toujours facile de se sortir des embrouilles dans lesquelles elle s’est fourrée quelques minutes auparavant par appât du gain. La seule solution consiste à recourir à la bonne vieille méthode qui consiste à monter l’une contre l’autre les diverses factions rivales ou à nouer des alliances parfois très éphémères avec les uns ou les autres.

Servi par des dessins très corrects (quelques passages un peu bâclés mais globalement les graphismes se montrent très réussis), une narration intéressante avec du rythme, de l’humour et des rebondissements, ce deuxième tome confirme la réussite d’une série enthousiasmante, bien ficelée et agréable. En s’éloignant quelque peu des fondamentaux de Star Wars et de ses principaux protagonistes, le lecteur s’aventure sur des terres neuves avec le sourire. Sans doute la série la plus plaisante et rafraichissante que l’on puisse lire actuellement dans l’univers Star Wars. Conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Marvel Comics, #Space Opera, #Star Wars, #Comic Book

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Publié le 13 Septembre 2019

X MEN - INTEGRALE 1982 de Chris Claremont

Cette nouvelle intégrale des Etranges X Men (Uncanny X-Men 153 à 164) comprend, en guise de plat principal, la célèbre saga des Broods, typique de son époque et fortement influencée par les sagas cinématographiques de l’époque. En effet, il s’agit d’une sorte de space-opéra horrifique comprenant une touche de « Star Wars » et une grosse louche d’« Alien ». L’ensemble joue donc la carte du soap stellaire : Cyclope y retrouve son père, Corsaire, que l’on pensait décédé, devenu une sorte de pirate de l’espace au grand cœur façon Han Solo. Confronté aux méchants alien, Wolverine se montre partisan de l’extermination des extraterrestres mais le reste de l’équipe demeure fidèle au crédo « X men don’t kill » (ce qui s’avère un poil stupide pour le coup)

Si ces épisodes ont quelque peu vieilli ils restent très plaisants et demeurent fort sympathiques à lire. Parmi les bémols citons les couleurs criardes, les costumes un brin ridicules (la bande à Corsaire) et l’influence souvent trop prégnante du long-métrage de Scott (les Broods placent eux aussi des œufs dans les corps de leurs victimes transformées en « mère porteuse »). Cependant, la présence de Caroll Danvers, ex Miss Marvel devenue Binary, s’avère un petit « plus » appréciable qui égalise les forces en présence tant les Broods paraissent puissants.

Aujourd’hui, les nouveaux lecteurs prendront sans doute tout cela avec du recul en se disant que les comics ont beaucoup changés (en bien ou en pire, le débat reste ouvert) mais les anciens, nostalgiques des années Strange et des albums X Men grand format des années ’80 (BELASCO et LA SAGA DES BROODS), devraient apprécier ce voyage cosmique. Toutefois, ils devront attendre l’intégrale suivante pour en connaitre le dénouement.

A côté de cette saga principale, on redécouvre aussi l’épisode qui voit la jeune sœur de Colossus, Magyk, kidnappée aux Enfers et un affrontement plutôt plaisant (mais un peu anecdotique) entre Tornade et Dracula, à l’époque intronisé parmi les grands méchants de l’univers Marvel. Parmi les autres épisodes marquants citons un très réussi flashback qui confrontent Xavier et Magnéto.

En résumé, une Intégrale tout à fait satisfaisante qui se lit (ou se relit) avec bonheur.

X MEN - INTEGRALE 1982 de Chris Claremont

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Publié le 8 Septembre 2019

AU FIL DU TEMPS de George R.R. Martin

Enième recueil de nouvelles de George R.R. Martin, celui-ci comprend sept textes dont quatre figurent au sommaire du monumental R.R.RETROSPECTIVE : « la forteresse », « Et la mort est son héritage », « variantes douteuses » et « assiégés ». On retrouve également « Week-end en zone de guerre » dans un recueil ultérieur, publié en 2018, NIGHTFLYERS ET AUTRES RECITS.

Les textes les plus intéressants pour le fan sont donc « Une affaire périphérique » et « Vaisseau de guerre » puisqu’il fallait, pour les lire, se plonger dans deux n° de « Fiction » paru au début des années ’80. Autant dire que cette republication tombe à pic pour les amateurs de Martin.

« Une affaire périphérique », écrite en 1971 dans le but de donner lieu à une série de nouvelles (seule une deuxième sera finalement écrite) raconte le réchauffement des hostilités entre la Terre et les KwanDelliens après une paix de 50 ans. Mais ce qui paraissait au départ une attaque des KwanDelliens envers un vaisseau d’exploration terrien va rapidement prendre une tournure plus étrange.

Nous sommes en plein space opéra à l’ancienne, le genre de nouvelles qui valut à Martin sa réputation d’auteur néo-classique pas vraiment en phase avec les bouleversements post-soixante-huitard de la new wave. Une nouvelle distrayante assortie d’une petite énigme (comment prouver qu’un Terrien s’est emparé d’un vaisseau spatial pour son propre usage ?) résolue dans les dernières lignes de manière humoristique. Un demi-siècle plus tard, la prose de Martin reste bien plus plaisante et lisible qu’une bonne partie de la SF « new wave » précitée, y compris dans ce texte pourtant mineur.

Quarante-deux ! Quarante -deux c’est quoi à part la réponse à la question ultime ? C’est le nombre de refus cumulés pour « Vaisseaux de guerre » avant son acceptation…comme quoi il faut parfois persévérer quoiqu’il s’agisse d’une nouvelle assez moyenne.

« Variantes douteuses » est le texte le plus long, quasiment un roman court (oui la phrase semble paradoxale). Une des passions de Martin a toujours été les échecs et il souhaitait publier une anthologie sur le sujet. Il contacta divers auteurs dont Fred Saberhagen, lequel avait eu la même idée…Finalement Martin écrira pour son collègue cette novella incluse dans le recueil « Pawn to Infinity ».

Le recueil se clôt sur « Assiégés », une véritable curiosité puisqu’il s’agit d’une nouvelle version, entièrement réécrite quinze ans plus tard et sous forme science-fictionnelle de la nouvelle historique « Forteresse ». Un cas sans doute pas unique mais cependant suffisamment rare pour mériter le coup d’œil d’autan qu’AU FIL DU TEMPS (le titre est donc bien trouvé) nous présente les deux versions afin de faciliter les comparaisons. Le récit n’est pas le meilleur de Martin mais les interactions entre les personnages sont adroitement gérées et l’intrigue, proche du cycle de LA GUERRE MODIFICATRICE de Fritz Leiber, fonctionne bien avec ses protagonistes qui, en cas de réussite de leur mission d’altération temporelle, cesseront tout simplement d’exister.

Une série de récits plaisants qui permettent de mesurer l’évolution de l’auteur quoiqu’aucun ne soient au niveau des « rois des sables » ou de « Une Chanson pour Lya ». Néanmoins agréable et globalement réussi.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Recueil de nouvelles, #science-fiction, #Space Opera

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