humour

Publié le 10 Août 2021

LE MONSTRE DU LOCH NESS de Christian Jacq

Christian Jacq emmène son inspecteur intemporel, Higgins, en Ecosse pour une nouvelle enquête dont le principal suspect n’est autre que Nessie, le fameux monstre du Loch Ness. Deux corps ont en effet été découverts, étrangement mutilés. Très vite, la rumeur enfle, les médias s’emparent de l’affaire et les touristes affluent. Higgins, lui, reste pragmatique et méthodique, interrogeant divers suspects et adoptant une attitude plus terre à terre. L’inspecteur flaire l’entourloupe. Mais si le meurtrier n’est pas Nessie, qui peut-il être ?

La saga des « Enquêtes de l’inspecteur Higgins » s’inscrit dans une tradition de whodunit à l’ancienne, gentiment surannée et souvent teintée d’un climat empreint de fantastique, de mystère ou d’étrange. L’auteur se lance donc fréquemment sur les traces de John Dickson Carr ou de Conan Doyle. Quoique située à note époque, l’enquête aurait pu se dérouler voici un siècle sans qu’elle nécessite de réelle réécriture. L’essentiel du roman propose donc différentes rencontres avec des personnages pittoresques : le chef de clan des Highlands qui rêve d’un soulèvement contre l’Anglais, la responsable d’un petit musée local dédié à Nessie, le vieux libraire bougon, la nymphette virginale un brin foldingue, le paléontologue qui veut prouver l’existence du monstre, une sorcière locale escortée de son chien nommé Lucifer, etc.

Christian Jacq (précédemment dissimulé sous le pseudo de J.B. Livingstone lorsque le bouquin s’intitulait LES DISPARUS DU LOCH NESS) soigne son atmosphère écossaise sans lésiner sur les clichés : plats bizarres, dégustation de whisky à la chaine, châteaux, légendes et hantises,…Les Ecossais y sont décrits de manière caricaturale mais avec un côté chaleureux qui fait pardonner les outrances de l’auteur. De toutes manières, l’ensemble vise surtout à amuser et à donner le sourire. L’enquête en elle-même s’avère par contre moins palpitante : elle se contente d’aligner les entrevues des différents suspects jusqu’à ce que l’inspecteur énonce la solution (un brin décevante) dans le dernier chapitre. Un épilogue légèrement attendu mais plaisant achève toutefois sur une note positive ce petit roman plus agréable que passionnant, suffisamment rythmé et court pour assurer au lecteur un bon moment de détente, que ce soit à la plage ou au coin du feu.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Policier, #Whodunit

Repost0

Publié le 14 Juin 2021

LA RAIDE MORTE d'Eric Verteuil

Duo d’auteurs dissimulés sous le pseudo collectif d’Eric Verteuil, voici des vétérans du roman populaire ayant signé de nombreux bouquins dans les collections phares du Fleuve Noir. On les a croisé chez Angoisse, Special Police et enfin Gore où ils se signalèrent par des titres à la fois très sanglants, très sexe et très drôles (pour ne pas dire parodiques). Dans ce polar humoristique fort bien torché, le duo nous présente une mère de (bonne) famille, jadis riche mais aujourd’hui plutôt désargentée, du genre à devoir se restreindre sur le caviar et à ne plus pouvoir garder de domestiques. Bref, c’est la dèche, ou presque. Heureusement, la dame dispose d’un dernier atout mais important : une fille, pas vraiment futée mais très séduisante et pas vraiment timide. Du coup, un beau mariage arrangerait la situation et justement un riche propriétaire terrien ne semble pas insensible aux charmes de la nymphette. Bon, petit problème, le bonhomme a déjà fait un mariage, certes pas très heureux, mais dans ce genre de milieu le divorce est irréalisable. Le meurtre, par contre, n’est pas impossible. Evidemment, comme on dit un meurtre ça va mais plusieurs bonjour les problèmes. Et dans les petites villes de province en apparence bien tranquille les langues se délient un peu vite, entre femme de chambre trop prompte à bavarder, gigolo un peu trop sollicité, belle sœur trop portée sur la bagatelle et autres secrets cachés qui pourraient facilement dégénérer en scandale. Car tuer, passe encore, mais ruiner sa réputation pas question !

Les Verteuil livre ici un polar rondement mené, qui se lit rapidement, fertile en rebondissements pas toujours surprenants mais néanmoins amené avec professionnalisme. Le roman se montre donc solidement charpenté et l’intrigue possède un côté à la fois implacable et déconnant de bon aloi. Tandis que les crimes se multiplient chacun tente de résoudre l’énigme mais les policiers sont complètement à côté de la plaque et c’est un pauvre gigolo trop crédule qui sera finalement accusé de tous les maux.

LA RAIDE MORTE constitue donc une bonne surprise : c’est rythmé, enlevé, plein de bons mots et de considérations amusantes…l’assurance d’une soirée réussie et un roman qui donne le sourire tout en ne se fichant pas de construire une intrigue bien ficelée.

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Polar, #Policier

Repost0

Publié le 28 Mai 2021

DEMON SLAVE TOME 1 de Takahiro & Takemura

Premier tome d’une nouvelle saga, ce manga séduit immédiatement par son scénario déjanté. Un fruit, la Pêche, donne des pouvoirs aux femmes qui le mange, les transformants en défenseurs de la planète contre des hordes de démons. Comme tous les hommes, le jeune, timide et un brin pervers Yûki Wakura n’a pas accès aux super-pouvoirs et doit donc se contenter d’un rôle subalterne dans cette nouvelle société séparée entre les sexes. Agressé par des démons dans la dimension après avoir plongé dans le monde parallèle démoniaque de Mato, Yûki est sauvé par Kyoka, une jeune fille membre d’une escouade anti-démon. Il se transforme alors en un être très puissant mais à l’unique condition de devenir esclave de la demoiselle. Celle-ci va donc l’utiliser dans sa croisade vengeresse (elle est l’unique survivante de son village et a jurer de détruire les démons) mais, en échange, elle doit exhausser les désirs de Yûki et lui offrir une récompense chaque fois qu’il l’aide.

DEMON SLAVE constitue une bonne surprise : un monde de fantasy urbaine, des créatures démoniaques, un côté comédie / romance adolescente plaisante, de l’humour un peu gras, une louche d’érotisme,…C’est original, fun, divertissant et bien rythmé. Cependant, en dépit du sujet, ce tome reste timoré, on aurait aimé que le scénariste aille plus loin dans les scènes de récompenses : celles-ci sont néanmoins sympathique, Kyoka étant contrainte par son système de pouvoir à s’offrir contre son gré à son esclave. L’idée est amusante mais assez peu exploitée, espérons que les volumes suivants développent tout ça de manière plus perverse et que notre timide adolescent exige des récompenses plus exotiques de sa maitresse.

Voici donc une lecture satisfaisante et rondement menée : l’univers est riche, l’auteur le met en place de manière fluide au fil des pages, les personnages se dévoilent peu à peu (au propre comme au figuré), l’action prend de l’ampleur dans le dernier chapitre qui se conclut par un cliffhanger intéressant laissant la porte ouverte pour une suite qu’on imagine encore plus énergique. Belle découverte !

DEMON SLAVE TOME 1 de Takahiro & Takemura

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantasy, #Fantastique, #Humour, #Manga

Repost0

Publié le 20 Mai 2021

QUI A PEUR D'ED GARPO? de Fred Kassak

Sous ce titre en forme de clin d’œil à l’inventeur du roman policier se cache une série de dix nouvelles de longueur variée, certaine étant vraiment très courtes (3 ou 4 pages pour « Dédicace » et « L’âge des problèmes » qui misent tout sur leur chute), caractérisée par un humour noir prononcé, une ambiance macabre et une chute finale inattendue. Les sujets sont, eux, variés, et n’hésitent pas à plonger dans le fantastique afin de rendre davantage hommage à Edgar Poe. La nouvelle titre, en particuliers, s’inspire du « Cœur révélateur » de l’écrivain américain et suit un romancier français apprécié de la critique (mais guère lu) qui donne un petit coup de main à son neveu pour que celui-ci puisse publier une bande dessinée (horreur !) illustrant Poe (re-horreur !). Evidemment le jeune prodige reçoit tous les honneurs tandis que le grincheux écrivain sombre dans l’oubli. Jusque la chute.

On apprécie aussi « le bon motif » dans laquelle des agents d’assurances cherchent la petite bête afin, à chaque fois, de trouver une faille dans les contrats signés par leurs clients. Le but étant bien sûr de ne jamais payer les indemnités mais, à la manière des TALES FROM THE CRYPT, tel sera pris qui croyait prendre.

Dans ce recueil de 150 pages le lecteur croisera encore un homme capable de voir à travers les corps et découvrant donc les gens sous forme de squelettes en mouvement, un espion russe qui fait échouer le plan parfait d’une criminelle ayant apparemment pensé à tout, un spécialiste de l’envoutement, une femme qui fait un faux numéros et tombe à plusieurs reprises sur le même correspondant… et bien d’autres personnages originaux et bien brossés.

Les récits combinent donc joyeusement polar, fantastique, humour noir et comédie grinçante avec une prédilection pour les « bons moments » et les répliques qui fusent, sans s’interdire de verser dans l’absurde et en portant toujours un regard décalé sur des protagonistes le plus souvent malheureux voire pathétique. Kassak rappelle ici les maitres de la nouvelle très courte comme Robert Bloch ou Fredric Brown qui, eux aussi, donnaient volontiers dans un mélange d’ambiance « noire », de fantastique décalé et de comique acide. Un recueil très divertissant qui se déguste rapidement !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Humour, #Policier, #Recueil de nouvelles

Repost0

Publié le 7 Avril 2021

FLETCH ET LES FEMMES MORTES de Gregory McDonald

Dans cette nouvelle aventure, Fletch s’invite dans une campagne politique. Une femme est tombée d’un immeuble où se trouvait Caxton Wheeler, candidat à la présidence des Etats-Unis. Fletch devient donc organisateur de campagne pour le compte de Wheeler tout en essayant de résoudre une série de meurtres. En effet, le détective découvre rapidement que l’équipe politique, en allant de villes en villes, laisse derrière elle une série de femmes mortes. Mais une équipe de campagne compte une bonne centaine de membres et la plupart paraissent suspects alors comment résoudre l’énigme sans compromettre les chances d’élections de Wheeler ?

Avec ce roman l’auteur nous plonge dans une campagne politique à l’ancienne mais déjà marquée par les travers qui deviendront de plus en plus prégnants, à savoir les coups bas des candidats pour détruire la réputation de leurs adversaires. Engagements et convictions n’ont, dès lors, que peu d’importance et McDonald décrit avec humour le cirque politique qui s’apparente à une sorte de show rock & roll démesuré…on trouve même des groupies de politiciens ! Les considérations sur la manière dont vont se gagner les élections futures et l’importance croissante de la technologie (le roman date de 1983) paraissent assez pertinentes et prémonitoires.

Et l’intrigue policière ? Disons qu’elle n’est pas la priorité de l’auteur. Cependant, elle reste satisfaisante et quoique menée en dilettante n’est pas traitée par-dessus la jambe. La recherche du coupable parait néanmoins presque superflue et McDonald prend surtout le temps de démonter les mécanismes politiques. Comme dans les précédentes aventures de Fletch, il use de bons mots, de situations amusantes et d’un humour volontiers caustique. Ceux qui recherchent uniquement le « whodunit » pourraient se sentir un brin floué mais les lecteurs désireux de lire une satire socio-politique enlevée et bien menée, additionnée d’une intrigue policière correcte rendue très vivante par la personnalité bien trempée des protagonistes, passeront un bon moment. Un divertissement intelligent, comme on dit.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Policier, #Whodunit

Repost0

Publié le 31 Janvier 2021

CULTE SANGLANT - L'IMPLACCABLE de Richard Sapir & Warren Murphy

Lancé en 1971, la saga de L’IMPLACABLE est à l’origine aux mains de Richard Sapir et Warren Murphy. Par la suite, comme la plupart des grandes séries de littérature de gare, divers « ghost writers » continuèrent les aventures de Remo, jeune policier laissé pour mort et engager dans l’organisation secrète Cure afin de débarrasser officieusement les Etats-Unis des menaces. Pour cela, Remo subit l’entrainement strict de Chiun, dernier maitre de Sinanju, art martial coréen ultime. Au fil du temps, la saga verse de plus en plus dans l’outrance et l’auto-parodie, prenant sa distance avec des personnages plus conventionnels comme L’Exécuteur ou SAS. Nos héros combattent ainsi des cyborgs, des mutants, des vampires, des change-formes, des monstres, des mutants, des pyrokinésistes, etc. Plus de 150 bouquins sont disponibles, CULTE SANGLANT étant le 29ème.

Comme souvent avec L’IMPLACABLE, l’intrigue part dans tous les sens et échappe rapidement à toute vraisemblance, ce qui n’empêche pas l’ensemble de demeurer divertissant. Le bouquin tire à boulet rouge sur les vegans anti-viande (et ça, ça n’a pas de prix !), se moque plus gentiment des Trekkies via une séduisante fan de la série en uniforme seyant et convoque des vampires chinois pour faire bonne mesure. Chiun, une fois de plus, offre les meilleurs passages du roman puisque, déçu par l’évolution prise par ses feuilletons télévisés préférés, il ambitionne à présent d’écrire son propre soap et envisage de transformer Remo en agent (payé 5%) pour promotionner ses chefs d’œuvres ! On retrouve aussi la mauvaise foi légendaire du vieux maitre et sa complète xénophobie pour tout ce qui n’est pas coréen. Bref, rien de neuf mais on s’amuse beaucoup. Cependant, au fil des pages, avouons que l’intérêt se dilue et la traduction calamiteuse n’aide guère à apprécier le rythme enlevé et les nombreuses touches d’humour.

Trop dispersé, CULTE SANGLANT n’est qu’à demi convaincant (en tout cas dans sa traduction disponible) mais reste un plaisant bouquin de gare qui ne lésine pas sur les personnages outranciers, l’humour absurde et les idées foldingues pour maintenir l’intérêt. Si ce pas le meilleur roman de la série, on ne s’ennuie pas à la lecture de ce livre suffisamment inventif et déjanté pour maintenir l’intérêt.

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Humour, #Polar, #Implacable, #Roman de gare

Repost0

Publié le 6 Janvier 2021

LES TERRES CREUSES (LES DANSEURS DE LA FIN DES TEMPS 2) de Michael Moorcock

La saga des « Danseurs de la fin des temps » de Michael Moorcock s’intéresse à une poignée d’hommes vivant à… « la fin des temps » (c’était facile à deviner !). Devenus pratiquement immortels, décadents et uniquement préoccupés de leurs plaisirs et de leurs divertissements, nos arrière-arrière-arrière-etc. descendants oisifs s’ennuient car, comme disait l’autre, « l’éternité c’est long, surtout vers la fin ». L’un d’entre eux, Jherek Carnelian, nouveau J.C. comme on en rencontre beaucoup chez Moorcock (Jerry Cornelius, Corum Jhaelen et, forcément, Jésus-Christ) décide donc de tomber amoureux. Il choisit comme élue Amelia Underwood, prude jeune femme de la fin du XIXème siècle et, bien sûr, tout ne sera pas simple. Après UNE CHALEUR VENUE D’AILLEURS, ce deuxième tome poursuit la série avec un retour de Jherek dans le Londres victorien où il retrouve sa promise. Il y rencontre également H.G. Wells, très intéressé par ce personnage semblant tout droit sorti de son roman LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, des pirates extraterrestres et des guerrières nues venues du futur. Bref, c’est la pagaille !

Datant du milieu des 70’s, LES TERRES CREUSES anticipe joyeusement le courant steampunk (dont la naissance « officielle » date du début des années 80). Notons cependant que les premiers exemples de ce sous-genre littéraire sont contemporains de la saga de Moorcock et s’inspirent tous de Wells : MORLOCK NIGHT de K.W. Jeter et LA MACHINE A EXPLORER L’ESPACE de Christopher Priest. Le roman de Moorcock inaugure aussi la tradition du clin d’œil, le mélange de faits et fictions et les rencontres entre personnages historiques et protagonistes imaginaires qui seront, par la suite, indissociables du steampunk.

LES TERRES CREUSES témoigne aussi d’un esprit libertaire, baba cool et hippie de la SF dans ses thématiques mais aussi dans sa manière de bousculer les conventions sans se prendre au sérieux. Car le roman reste essentiellement une comédie, avec ces scènes / gags variablement inspirés (une des réussites nous montre le héros confondant une bicyclette avec une machine temporelle) et même sa grosse bagarre finale complètement loufoque où ne manquent que les tartes à la crème.

L’essentiel repose donc sur le comique de situation et les dialogues décalés, parfois théâtraux, l’intrigue n’étant, évidemment, pas prioritaire quoique le romancier soigne sa romance par-delà les millénaires, seul point véritablement traité avec sérieux dans ce déluge de situations cocasses. Si le lecteur peut parfois penser que Moorcock tire sur la ficelle en se disant que les plus courtes sont les meilleurs, l’ensemble reste divertissant et offre 200 pages plaisantes et souvent amusantes, à déguster entre deux lectures plus exigeantes.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #science-fiction

Repost0

Publié le 22 Décembre 2020

A CHRISTMAS CAROL de Jacques Sadoul

Revoici Carol Evans, ex-agent des services spéciaux, reconvertie, surtout par ennui, détective. Lorsque Dyan Marley est retrouvée étranglée dans sa chambre new-yorkaise, Carol Evans se lance sur la piste du meurtrier, un tueur en série surnommé le Lady Killer. Mais Carol rencontrera sur sa route des flics pas toujours très honnête, des criminels de Harlem, la Mafia et, également, une mannequin noire, Sharon Clarke, qui ne laisse pas indifférente Carol.

Avec la série des « Carol », Jacques Sadoul nous offre un beau personnage de détective bad-ass, sorte de version féminine (et lesbienne) de Mike Hammer. Autrement dit, la demoiselle utilise aussi bien son cerveau que ses poings et, accessoirement, le reste de son corps, d’ailleurs fort attrayant. Raconté à la première personne, le récit ne lésine pas sur un certain humour pas toujours politiquement correct (une autre époque) car Carol n’aime pas grand monde : ni les Noirs, ni les Hispaniques, ni les « gouines non maquillées », ni les communistes. D’ailleurs elle ressasse régulièrement la décadence de l’Amérique, tombée sous l’emprise de l’immonde pensée Rouge et se désole de la nullité de tous ses présidents de gauche, « excepté Reagan qui était correct ».

L’intrigue, pour sa part, se montre bien construite et complexe, à mi-chemin entre le polar hard-boiled et le policier d’énigme plus classique, dans la tradition des grands anciens à la Chandler ou Spillane. Le lecteur peut d’ailleurs se perdre dans un dédale qui mêle trafic de drogue, serial killer, guerre des gangs, etc. Sadoul, grand seigneur, récapitule heureusement les faits à deux reprises pour permettre à chacun d’emboiter les pièces. En parlant d’emboitage, Carol, pourtant ouvertement raciste, tente durant tout le roman de gagner les faveurs d’un mannequin noire au vocabulaire des plus fleuris. Ce qui donne de nombreuses scènes savoureuses entre séduction et disputes façon « comédie de mariage » (ou plutôt de couchage !). L’atmosphère de Noel et les excès de la période sont également bien rendus, ce qui offre une toile de fond plaisante qui justifie le titre en forme de calembour.

Enlevé, divertissant et bien mené, A CHRISTMAS CAROL constitue donc le polar idéal pour accompagner des fêtes de fins d’années confinées. A déguster sans modération.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Jacques Sadoul, #Polar, #Policier

Repost0

Publié le 30 Novembre 2020

C'EST PRESQUE PAREIL! de Claude Gaillard

Claude Gaillard nous revient avec un nouveau livre sur le cinéma. Mais là où les chroniqueurs s’épanchent le plus souvent sur des chefs d’œuvres reconnus du 7ème art ou pondent 300 pages pour approfondir le véritable sens d’un plan d’une demi-seconde dans un David Lynch, le Gaillard préfère le cinéma bis et les productions oubliées. Après s’être penché sur les hommes machines (CYBORGS vs ANDROIDES), les clones de Rambo (DANS L’ENFER VERT DE LA RAMBOSPLOITATION), les détournements pornos (LES PIRES PARODIES X SONT SOUVENT LES MEILLEURES) et les émules de Mad Max (RETOUR VERS LES FUTURS), l’auteur tourne son regard et sa plume ironique vers les plagiats, les fausses suites, les déclinaisons flagrantes et les décalques honteux. Bref, ces longs-métrages au rabais et les blockbusters hollywoodiens, C’EST PRESQUE PAREIL au niveau des intentions…sauf que ça n’a souvent rien à voir une fois le résultat visionné.

En 200 pages, Claude Gaillard nous ballade autour du monde et en particulier dans les contrées les plus friandes de ce genre de détournements : l’Italie, les pays asiatiques, la Turquie, le Nigéria, l’Inde,…Tout y passe en une série de courts  « chapitres » et c’est bien là le seul véritable regret : on eut aimé approfondir le voyage mais il eut fallu, pour cela, une véritable encyclopédie de la contrefaçon cinéphilique. Les faux « Emmanuelle » (voire les faux « faux Emmanuelle » !), les bruceploitations tournées après la mort de Bruce Lee, les succédanés de James Bond plus portés sur le zéro que sur le sept ou les copies foireuses turques auraient pu occuper des livres entiers.

Mais bon, on se contentera de courts chapitres car le livre est foisonnant : l’amateur curieux découvrira ainsi l’existence d’un « Jaws 5 » italien, de nombreux ersatz d’ « Alien » ou de « Terminator », de versions remaniées style Moyen Orient de « l’Exorciste », d’une saga « Vice Academy » encore plus pouet pouet que les « Police Academy » (et récemment éditée en bluray par Pulse…boite où l’on retrouve, évidemment, notre Claude Gaillard !). Les super zéros italiens ou mexicains, les dessins animés reproduisant les succès de Walt Disney avec un centième de leurs moyens, les « mockbusters » du studio spécialisé Asylum, les sosies autoproclamés de Sinatra ou même la version porno de E.T. au merveilleux poster (celui qui orne la couverture du bouquin) sont ainsi évoqués.

Partagé entre consternation, humour complice, second degré « nanar » ou facepalm généralisé, le lecteur se laisserait bien tenté au visionnage de quelques-unes des productions évoquées…Le cinéma n’est pas mort et quiconque ne frétille pas à l’idée de découvrir « 007 ½ rien n’est impossible », « Lady Terminator », « Robotrix », « Pour Pâques ou à la Trinita », « Mega Piranha », « Vicieuse et manuelle » ou « Bruce contre-attaque » n’est pas un vrai cinéphage !

Bref, un joli petit guide nullement dupe du niveau qualitatif de 90% des titres évoqués mais qui transpire cependant l’amour sincère pour tout un univers bricolé et déjanté. On en redemande !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai, #Humour

Repost0

Publié le 30 Juillet 2020

ZIGZAG MOVIE d'Elmore Leonard

Elmore Leonard propose ici une comédie policière réjouissante centrée sur un producteur de films d’horreur, Harry Zimm, traqué par Chili Palmer, le genre de gros bras qui casse les jambes des mauvais payeurs. Or Zimm en est un et il a donc logiquement les chocotes. Cependant c’est également un malin et un beau parleur. Avec l’aide de son ex, Karen, comédienne plus réputée pour sa poitrine que pour son talent, Zimm va donner des idées à Chili Palmer, lequel se verrait bien scénariste et producteur de films à succès. Mais pour ça il faut des histoires ? Pas de problème, en utilisant son expérience personnelle pour nourrir ses scripts Palmer est sûr de réussir. Ne reste plus qu’à trouver le gros paquet de pognon nécessaire, quitte à ne pas tout à fait respecter les lois…

ZIGZAG MOVIE constitue un très plaisant roman, mi polar mi comédie, situé dans le cinéma hollywoodien où, selon l’auteur, règnent des règles similaires à celles ayant cours dans la pègre. Bref, le romancier brosse une série de portraits acides du monde du cinéma : producteur de séries Z en quête de reconnaissance critique, actrice dont le seul talent réside dans son tour de poitrine, escrocs divers, etc.

Le genre de roman qui se lit comme on regarde un Tarantino, d’ailleurs ce-dernier eut certainement aimé le réaliser si Barry Sonnenfeld ne l’avait pas devancé en rassemblant, en 1995, une distribution prestigieuse : John Travolta, Gene Hackman, Danny DeVito, Rene Russo, etc.

Le bouquin se déguste donc avec plaisir : on y retrouve des personnages déjantés, une intrigue tarabiscotée mais aisée à suivre, des rebondissements, une bonne ambiance, un humour efficace dans un style semi-parodique et distancé qui ne sombre pas dans la gaudriole. Elmore Leonard démontre son métier et livre un récit alerte qui ne traine jamais en longueurs.

Bref, un bon moment.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Polar, #Policier, #Humour, #Thriller

Repost0