LES MECANOS DE VENUS de Joe Lansdale
Publié le 1 Février 2022
Publiée en 1990, voici la première aventure de Hap Collins et Leonard Pine. Le premier est un blanc tranquille, ancien hippie ayant purgé quelques mois de prison pour avoir refusé d’aller au Vietnam. Le second est un Noir musclé, vétéran de cette même guerre et homo. Ils vivotent au Texas en acceptant des petits boulots mal payés. Mais lorsque débarque Trudy, l’ex-femme de Hap, la situation se complique. Sexy, manipulatrice, voulant ressusciter l’esprit des sixties, elle affirme connaitre la planque d’une grosse somme d’argent, cachée dans une voiture échouée au fond des marécages. En dépit des avertissements de Léonard, Hap, complètement mené par le bout de la queue, accepte de l’aider. Peu après, Trudy revient avec son nouveau mari et une petite bande de révolutionnaires d’opérettes qui croient encore aux conneries babacool, aux idéaux révolutionnaires et au triomphe du gauchisme. C’est dire si ça va mal dans leur tête. Bref, notre troupe de ringards se voit bien acheter des armes une fois le pognon planqué retrouvé. Eh oui, ils espèrent encore qu’arrive enfin le matin du grand soir ! Mais devant autant d’argent chacun tire la couverture à lui et les notions d’amitié n’ont pas plus d’importance que la parole donnée. Hap et Leonard auront bien du mal à sortir de ce guépier et à rester en vie.
Polar classique mais adroitement ficelé, emballé dans un esprit très « nouveau western », LES MECANOS DE VENUS, première de la quinzaine d’aventures de Hap et Leonard (qui connurent également trois saisons de série télé), se base surtout sur des dialogues précis, tour à tour drôles et grossiers, bien enlevés et pertinents. Une suite de répliques façon Tarantino dirait-on, tant l’amitié bourrue et virile entre les deux héros anime une intrigue certes conventionnelle mais fort plaisante. Les amitiés mises à mal par un gros paquet de pognon et une femme fatale, ça reste quand même l’ingrédient principal du polar. Mais lorsque le cuisinier est doué, comme c’est le cas ici, le plat se montre nourrissant et le lecteur en ressort satisfait.
Quelque part, Joe R. Lansdale affirme aussi la mort de l’utopie sixties et les efforts complètement vains de ranimer, vingt ans plus tard, cette pensée révolutionnaire gaucho bobo (beurk !) totalement à la ramasse à la charnière des années ’80 et ’90. Comme disait l’autre devant cette bande de branquignols en quête d’argent pour financer une révolution dans un quelconque pays pourri d’Amérique du Sud, « un bon hippie est un hippie mort ».
En résumé voici un roman rythmé, avec de l’action, des péripéties, des retournements de situation, des bagarres, des fusillades et des « punchlines » qui fusent dans la joie et la bonne humeur. Très distrayant ! On en redemande !