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Publié le 7 Mai 2021

STAR TREK: EARLY VOYAGES (book 1) de Ian Edginton, Dan Abnett, Patrick Zircher, Michael Collins, Javier Pulido, Greg Adams, Steve Moncuse, Len Wein, Alberto Giolitti

Avant Picard, avant Kirk,…Pike avait les commandes de l’Enterprise. Pour ceux qui l’ignorent, Pike était le capitaine prévu par la production, comme on peut le découvrir dans le pilote (refusé mais depuis largement diffusé) « The Cage ». Dix ans avant les aventures de Kirk, Pike apparait donc aux côtés de Spock, pour un run publié de manière mensuelle par Marvel entre février 1997 et juin 1998. Au terme de 17 épisodes la série fut annulée (et le dernier arc resta, par conséquent, inachevé). Ce recueil reprend les quatre premiers épisodes du comics et débute avec « Flesh of my flesh », un long récit (40 pages) envoyant l’Enterprise investiguer une série de disparition de vaisseaux. L’Enterprise agit comme un appât et tombe sur un vaisseau organique. Différents flashbacks vont en parallèle illustrer plusieurs événements importants de la vie de Pike, notamment sa rencontre avec le jeune cadet Spock. Ce-dernier mène ensuite la contre-attaque contre la forme de vie extraterrestre et un virus qui a infecté l’Enterprise. Dans « The Fires of Pharos », Pike combat le Klingon Kaaj. Ensuite, dans « Our dearest blood », l’équipage observe le festival de la lumière sur la planète Rigel IV, un monde qui s’apprête à sortir d’une longue période d’isolationnisme grâce à diverses réformes. La planète doit ainsi rejoindre la Fédération. La suite traite des coutumes considérées comme barbares de Rigel IV et de l’opportunité de les transformer. « No Iron bars a cage » s’intéresse, enfin, à J.M. Colt, laquelle a été kidnappée par des extraterrestres dès ses débuts sur l’Enterprise.

Le recueil est complété par un épisode des comics « Gold Key » de 1971 montrant l’Enterprise découvrir une planète peuplée par des figures historiques célèbres de la Terre. Un bonus amusant mais qui souffre d’un développement expédié, caractéristique de nombreux comics de cette époque.

Quoiqu’il en soit les différentes histoires s’avèrent plaisantes. Elles fonctionnent agréablement sans nécessiter une connaissance approfondie de l’univers pour être appréciées, un plus toujours appréciable. Autre réussite : le tout bénéficie de dessins très corrects (certes un peu rétro mais agréables à l’œil) et les intrigues sont divertissantes, retrouvant le côté divertissant et parfois légèrement kitsch de « Star Trek TOS ». Bref, nous sommes dans des récits courts et non des arcs très développés alors la complexité des histoires reste réduite et la résolution emballée en  une vingtaine de pages. Cependant, le recueil reste fun : les auteurs privilégient le plaisir immédiat au détriment de trop longues circonvolutions et le plaisir de lecture s’avère, par conséquent, bien présent. Une bonne série détente.

STAR TREK: EARLY VOYAGES (book 1) de Ian Edginton, Dan Abnett, Patrick Zircher, Michael Collins, Javier Pulido, Greg Adams, Steve Moncuse, Len Wein, Alberto Giolitti

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Publié le 13 Avril 2021

LA NUIT DU FORAIN de Dean Koontz

Etrange roman, signé Dean Koontz, qui constitue la novélisation de l’excellent slasher « Massacres dans le train fantôme » de Tobe Hooper. Quiconque a visionné le long-métrage a cependant pu se rendre compte qu’il brillait davantage par son sens visuel, sa photographie réussie et son ambiance de fête sinistre, que par son scénario disons…basique. Comment Koontz allait-il pouvoir en tirer un roman de près de 300 pages ? La réponse est simple : la véritable adaptation ne débute qu’après plus de 200 pages. Autrement dit, tout ce qui précède a été créé spécialement pour la version romanesque. Ce qui permet un livre aux personnages nettement plus travaillés que le film et confère également tout son intérêt au roman, y compris pour ceux qui connaissent bien « Massacres dans le train fantôme ». Koontz utilisa le pseudonyme d’Owen West pour ce travail et le bouquin fut disponible avant la sortie du film, laissant le public pensait que l’œuvre de Hooper adapter en réalité le livre.

Qu’apporte les 200 premières pages ? Un contexte fort différent. Le personnage du forain, Conrad, est présenté comme un adorateur de Satan persuadé d’être destiné à engendrer l’Anté-Christ. Son épouse, Ellen, soupçonne le côté maléfique de son enfant difforme, Victor, qu’elle tue avant de fuir loin de son mari. Ce-dernier jure de la retrouver afin de supprimer sa future progéniture. Amy et Joey, coincés dans l’attraction foraine dans le dernier acte, ne sont donc plus des victimes prises au hasard par un maniaque mais bien des cibles choisies par Conrad pour exercer sa vengeance.

Koontz n’hésite pas à charger ses personnages : la mère d’Amy, devenu alcoolique et terriblement bigote, rappelle celle de Carrie. Amy aimerait bien être aussi salope que sa meilleure copine Liz, laquelle change de mecs tous les soirs et voudraient bien organiser une petite partouze afin de bisouter Amy. Conrad est un illuminé sataniste. Et Joey un geek blagueur fasciné par les monstres, fidèle en cela à sa présentation dans le film de Hooper.

Les premiers chapitres montrent ainsi les personnages confrontés à différentes situations de crise, en particulier la grossesse non désirée d’Amy. Celle-ci décide d’avorter et se voit lâcher par son petit copain pas vraiment convaincu par la paternité. Le roman, plutôt orienté vers la chronique sociale teintée d’un soupçon de thriller, se dirige finalement, dans ses 80 dernières pages, vers l’épouvante plus classique. Le jeu du chat et de la souris dans le train fantôme se conforme alors, globalement, au long-métrage de Tobe Hooper.

Ceux qui apprécient « Massacres dans le train fantôme » seront sans doute intéressé par cet approfondissement de l’intrigue et des protagonistes, les autres, ne connaissant pas la source d’inspiration cinématographique, passeront néanmoins un bon moment étant donné la science coutumière de Koontz pour le « page turning ». Plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Fantastique, #Horreur, #Thriller

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Publié le 23 Mars 2021

RETOUR A PHILADELPHIE de Quentin Victory-Leydier

Voici un bel essai qui vient nous parler, avec érudition mais sans pesanteur, de Sylvester Stallone et de « Rocky ». L’auteur aime le personnage, qu’il s’amuse d’ailleurs à faussement interviewer pour l’entretenir, notamment, de la vision très partiale, pour ne pas dire obtuse, d’une grande partie de la critique française à son encontre. Car, cette « promenade amoureuse » s’éloigne de la critique au sens propre (de toutes manière que pourrait on critiquer concernant une des meilleures sagas du 7ème art ?) pour privilégier la réhabilitation. Comme le dit l’auteur « on ne devrait parler que de ce qu’on aime » mais, malheureusement, les chroniqueurs préfèrent souvent tirer à bouler rouge sur Stallone, identifié à sa marionnette popularisée par les Guignols et archétype de l’Américain (très) moyen forcément bellicistes, matérialiste et un brin raciste sur les bords.

Rocky n’a pas échappé à l’entreprise de démolition (bien que le premier film ait été généralement bien accueilli et que « Creed » ait contenté les progressistes) mais le cœur de la saga, à savoir les épisodes II, III et surtout IV, furent trainés dans la boue et accusés de tous les maux : Reaganien (alors que les premiers épisodes furent tournés avant l’accession de Reagan à la présidence comme le précise avec humour l’auteur), xénophobe, anti-Russe (en dépit du discours de réunification final trop souvent vu de façon amusée alors qu’il se montre sincère dans sa tentative de rapprochement Est / Ouest à une époque où le cinéma populaire américain était bien moins nuancé), glorifiant l’argent et la réussite personnelle (ce qui, selon nos chantres du bon goût constitue forcément une faute !).

Souvent, ces critiques n’ont fait que survoler les films et y ont appliqués leur grille de lecture forcément biaisée, gauchisante et limitative (car, en se mettant les bonnes œillères il est en effet possible, avec un brin de mauvaise foi, de faire dire à une œuvre tout et même son contraire) et de répéter en boucle l’avis d’un Télérama (horreur !) qui n’y voit que « nanar », le vilain mot que l’on emploie lorsqu’on n’aime pas quelque chose sans vraiment pouvoir le définir. Car aujourd’hui, tout est nanar, pour peu que ça ait plus de 5 ans d’âge : le cinéma d’horreur des années 80 ? Nanar ! Le kung fu ? Nanar ! La comédie estudiantine ? Nanar ! Le film d’action ? Nanar ! Alors forcément, un Rocky parfois simple mais toujours premier degré ne peut qu’être nanar pour les chantres du bon goût, toujours si sûr d’eux qu’ils ne peuvent imaginer un « film de genre » sans (au mieux) dérision et (au pire) mépris.

Après le très réussi SYLVESTER STALLONE, HEROS DE LA CLASSE OUVRIERE et le Mad Movies consacré à Rocky, ce nouveau livre vient remettre les pendules à l’heure : Stallone est attachant, « Rocky » est un chef d’œuvre et ses suites dessinent une formidable chronique de l’Amérique de ces quarante dernière années. Et l’acteur aurait bien mérité son Oscar. Mais qu’importe, Rocky a sans doute fait plus pour bien des gens que la plupart des vainqueurs de récompenses. Un round à la fois, un pas après l’autre, les amateurs finiront bien par convaincre les indécis ou les sceptiques.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai

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Publié le 20 Décembre 2020

NOUS ALLONS TOUS TRES BIEN, MERCI de Daryl Gregory

Jan Sayer forme un groupe de paroles à visées thérapeutiques, un peu sur le modèle des Alcoolique Anonymes, pour une poignée de personnes traumatisées par des événements horrifiques ou paranormaux. Le court roman va nous détailler leur rencontre avec des êtres maléfiques, des tueurs en série, des monstres indicibles, etc.

Encensé par de nombreux critiques, NOUS ALLONS TOUS TRES BIEN MERCI constitue une œuvre assez déstabilisante, sorte d’hommage / réinvention à l’épouvante moderne. Un entretien avec l’auteur nous éclaire d’ailleurs sur son objectif : proposer un roman consacré non pas à l’horreur mais plutôt à son « après ». Bref, que se passe-t-il vraiment pour, par exemple, les survivants d’un slasher : lorsque la Final Girl a défait le tueur fou va-t-elle pour autant retrouver sa vie d’avant ? Sans doute pas et pourtant cette partie de l’histoire n’est jamais abordée. Ce court roman se veut donc, entre guillemet, celui du « post-générique ». Nous allons suivre, au cours de leurs discussions (mais aussi de leurs silences et hésitations), Harrison, victime adolescent de monstruosités cosmiques lovecraftiennes devenu principal protagoniste de comics. Et Martin qui ne quitte jamais des lunettes de réalité virtuelle lui révélant le monde « réel ». Ou Stan, réduit à un homme-tronc après que tous ses amis aient été découpés par une famille de bouchers cannibales. Sans oublier Barbara et ses os sur lesquels un tueur en série a gravé ses secrets et prophéties. Et enfin la trop belle Greta complètement scarifiée par une secte…

NOUS ALLONS TOUS TRES BIEN MERCI débute de belle manière, en présentant les personnages et les raisons de leur présence dans ce groupe de parole, lequel rappelle celui de films comme « Freddy 3 » ou « Bad Dreams ». A cela s’ajoute les références plus ou moins évidentes : « Massacre à la tronçonneuse », « Se7en », « La colline a des yeux », « Invasion Los Angeles » et puis, de façon plus générale Lovecraft, le slasher, les zombies, etc. De bonnes intentions !

La première partie du bouquin (qui ne compte que 180 pages en tout) se montre très réussie et intrigante. Mais la suite ne se montre pas vraiment à la hauteur de cette originalité : le dernier acte fonctionne nettement moins bien et se montre beaucoup plus classique. Après une centaine de pages d’angoisse, de suspense psychologique et d’horreur en mode « less is more », les cinquante dernières pages reviennent à un récit plus balisé…et moins convaincant.

Par rapport aux critiques élogieuses, voire dithyrambiques, lues un peu partout, NOUS ALLONS TOUS TRES BIEN MERCI reste donc une déception, certes intéressante et souvent plaisante mais une déception malgré tout. Entre un début fracassant et une conclusion tout juste passable se cache donc un roman moyen. Dommage.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Horreur, #Lovecraft, #Fantastique

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Publié le 30 Novembre 2020

C'EST PRESQUE PAREIL! de Claude Gaillard

Claude Gaillard nous revient avec un nouveau livre sur le cinéma. Mais là où les chroniqueurs s’épanchent le plus souvent sur des chefs d’œuvres reconnus du 7ème art ou pondent 300 pages pour approfondir le véritable sens d’un plan d’une demi-seconde dans un David Lynch, le Gaillard préfère le cinéma bis et les productions oubliées. Après s’être penché sur les hommes machines (CYBORGS vs ANDROIDES), les clones de Rambo (DANS L’ENFER VERT DE LA RAMBOSPLOITATION), les détournements pornos (LES PIRES PARODIES X SONT SOUVENT LES MEILLEURES) et les émules de Mad Max (RETOUR VERS LES FUTURS), l’auteur tourne son regard et sa plume ironique vers les plagiats, les fausses suites, les déclinaisons flagrantes et les décalques honteux. Bref, ces longs-métrages au rabais et les blockbusters hollywoodiens, C’EST PRESQUE PAREIL au niveau des intentions…sauf que ça n’a souvent rien à voir une fois le résultat visionné.

En 200 pages, Claude Gaillard nous ballade autour du monde et en particulier dans les contrées les plus friandes de ce genre de détournements : l’Italie, les pays asiatiques, la Turquie, le Nigéria, l’Inde,…Tout y passe en une série de courts  « chapitres » et c’est bien là le seul véritable regret : on eut aimé approfondir le voyage mais il eut fallu, pour cela, une véritable encyclopédie de la contrefaçon cinéphilique. Les faux « Emmanuelle » (voire les faux « faux Emmanuelle » !), les bruceploitations tournées après la mort de Bruce Lee, les succédanés de James Bond plus portés sur le zéro que sur le sept ou les copies foireuses turques auraient pu occuper des livres entiers.

Mais bon, on se contentera de courts chapitres car le livre est foisonnant : l’amateur curieux découvrira ainsi l’existence d’un « Jaws 5 » italien, de nombreux ersatz d’ « Alien » ou de « Terminator », de versions remaniées style Moyen Orient de « l’Exorciste », d’une saga « Vice Academy » encore plus pouet pouet que les « Police Academy » (et récemment éditée en bluray par Pulse…boite où l’on retrouve, évidemment, notre Claude Gaillard !). Les super zéros italiens ou mexicains, les dessins animés reproduisant les succès de Walt Disney avec un centième de leurs moyens, les « mockbusters » du studio spécialisé Asylum, les sosies autoproclamés de Sinatra ou même la version porno de E.T. au merveilleux poster (celui qui orne la couverture du bouquin) sont ainsi évoqués.

Partagé entre consternation, humour complice, second degré « nanar » ou facepalm généralisé, le lecteur se laisserait bien tenté au visionnage de quelques-unes des productions évoquées…Le cinéma n’est pas mort et quiconque ne frétille pas à l’idée de découvrir « 007 ½ rien n’est impossible », « Lady Terminator », « Robotrix », « Pour Pâques ou à la Trinita », « Mega Piranha », « Vicieuse et manuelle » ou « Bruce contre-attaque » n’est pas un vrai cinéphage !

Bref, un joli petit guide nullement dupe du niveau qualitatif de 90% des titres évoqués mais qui transpire cependant l’amour sincère pour tout un univers bricolé et déjanté. On en redemande !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai, #Humour

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Publié le 22 Septembre 2020

LE GUIDE ALAN MOORE de Laurent Queyssi & Nicolas Trespallé

Les éditions ActuSF poursuivent leur collection consacrée à des personnalités « cultes » de l’imaginaire et, après Dick, Lovecraft et Howard, voici à présent un autre personnage haut en couleurs et parfois controversé, encore un réputé « reclus » d’ailleurs, Alan Moore. Comme tout guide qui se respecte celui-ci débute par une importante et complète biographie qui aide à cerner l’auteur. Ensuite, la plupart de ses œuvres (dont certaines inédites en français) sont disséquées sur 4 ou 5 pages. L’occasion d’analyser des classiques comme WATCHMEN, V POUR VENDETTA, LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES, FROM HELL ou encore le célèbre BATMAN – THE KILLING JOKE. Mais on reparle également d’autres titres moins connus comme son pavé pornographique FILLES PERDUES, sa formidable reprise de SWAMP THING ou sa vision des derniers jours de SUPERMAN.

Comme tous les auteurs de la collection, Moore apparait également comme un être complexe, pas toujours facile à cerner, adepte (mesuré) des drogues, converti à la magie, érudit, excessif sans doute comme en témoigne ses prises de positions tranchées, ses polémiques vis-à-vis de DC Comics, sa rivalité avec Grant Morrison, son envie de voir la BD reconnue à sa juste valeur et sa désillusion par rapport à l’industrie du comics.

Différentes entrées thématiques abordent ces questions avant une longue entrevue où Moore revient sur sa carrière.

Véritable œuvre de fan à laquelle on n’est pas toujours obligé d’adhérer (on peut, par exemple, considérer les adaptations de WATCHMEN, FROM HELL ou V COMME VENDETTA comme de belles réussites) mais ouvrage de lecture aisée et instructif, LE GUIDE ALAN MOORE réussit son pari : donner envie de se replonger dans ses classiques du « graphic novel » qui ont, avec ceux de Frank Miller, véritablement transformer, pour le meilleur (traitement plus adulte) et le pire (perte du sense of wonder, complexité parfois factice des épigones, violence décomplexée comme fin et non comme moyen), la BD américaine de ces dernières décennies.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Comic Book, #DC, #Essai, #Superhéros

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Publié le 9 Août 2020

L'EXORCISTE, LA SUITE de William Peter Blatty

Bien qu’il ait écrit une douzaine de romans, William Peter Blatty reste essentiellement connu pour L’EXORCISTE, publié en 1971 et adapté à l’écran deux ans plus tard. En France, excepté L’EXORCISTE, le seul autre de ses livres a avoir été traduit est « L’esprit du mal », écrit en 1983 et ensuite ressorti sous le titre de L’EXORCISTE LA SUITE. Il s’agit effectivement d’une continuation des événements du roman de 1971 (qui ignore totalement le film « L’exorciste 2 ») dans lequel le principal protagoniste est, cette fois, le lieutenant Kinderman. En 1990, Blatty l’adapta d’ailleurs pour le cinéma sous le titre « L’exorciste 3 ».

A mi-chemin du fantastique et du thriller policier, le roman suit l’enquête de Kinderman sur les pas d’un mystérieux sérial killer, le Gémeau (inspiré par le véritable Zodiac), abattu par la police voici une douzaine d’années mais dont le corps n’a jamais été retrouvé. De nouveaux meurtres semblent l’œuvre d’un imitateur mais Kinderman croit qu’il s’agit du véritable Gémeau : en effet, certains indices jamais dévoilés à la presse laissent penser que le tueur est toujours vivant. Les différentes victimes (un jeune garçon crucifié, un prêtre décapité,…) laissent penser à des crimes inspirés par la religion, ce qui teste les croyances de Kinderman. Ce-dernier finit par aboutir dans un asile psychiatrique où est enfermé, depuis douze ans, un individu ressemblant trait pour trait à Damien Karras, le prêtre supposé mort lors de l’exorcisme de Regan McNeil.

Roman étrange, L’EXORCISTE LA SUITE permet à Blatty de revisiter son oeuvre la plus célèbre en truffant le récit de considérations philosophiques, psychologiques ou théologiques. Son héros, Kinderman, doute et s’exprime sur la religion (chrétienne et juive), sur la psychiatrie, sur les croyances et théories énoncées au fil des siècles. Cet emballage peut rebuter et n’est pas toujours aisé à aborder, certains passages sont mêmes difficiles à lire et s’élèvent largement au-dessus de la « simple » littérature d’épouvante : Blatty livre une sorte d’essai sur la nature du Bien et du Mal, sur la place de l’Homme, sur Dieu et la religion mais, au lieu de proposer ses idées dans un bouquin hermétique, il développe une intrigue à mi-chemin du thriller de « serial killer » et du fantastique. Au final, de façon assez inattendue mais habile, il réussit à connecter cette « suite » avec le final de L’EXORCISTE et la mort (supposée ?) de Karras.

L’EXORCISTE LA SUITE constitue donc un roman déstabilisant mais riche et intéressant, que l’on peut relire avec plaisir en dépit de certains passages un brin ardus : la première moitié s’avère intrigante et la seconde, plus proche de L’EXORCISTE, cultive un climat de fantastique et d’épouvante bien rendu. Une réussite pour cette suite atypique !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Fantastique, #Horreur, #Thriller

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Publié le 30 Juillet 2020

ZIGZAG MOVIE d'Elmore Leonard

Elmore Leonard propose ici une comédie policière réjouissante centrée sur un producteur de films d’horreur, Harry Zimm, traqué par Chili Palmer, le genre de gros bras qui casse les jambes des mauvais payeurs. Or Zimm en est un et il a donc logiquement les chocotes. Cependant c’est également un malin et un beau parleur. Avec l’aide de son ex, Karen, comédienne plus réputée pour sa poitrine que pour son talent, Zimm va donner des idées à Chili Palmer, lequel se verrait bien scénariste et producteur de films à succès. Mais pour ça il faut des histoires ? Pas de problème, en utilisant son expérience personnelle pour nourrir ses scripts Palmer est sûr de réussir. Ne reste plus qu’à trouver le gros paquet de pognon nécessaire, quitte à ne pas tout à fait respecter les lois…

ZIGZAG MOVIE constitue un très plaisant roman, mi polar mi comédie, situé dans le cinéma hollywoodien où, selon l’auteur, règnent des règles similaires à celles ayant cours dans la pègre. Bref, le romancier brosse une série de portraits acides du monde du cinéma : producteur de séries Z en quête de reconnaissance critique, actrice dont le seul talent réside dans son tour de poitrine, escrocs divers, etc.

Le genre de roman qui se lit comme on regarde un Tarantino, d’ailleurs ce-dernier eut certainement aimé le réaliser si Barry Sonnenfeld ne l’avait pas devancé en rassemblant, en 1995, une distribution prestigieuse : John Travolta, Gene Hackman, Danny DeVito, Rene Russo, etc.

Le bouquin se déguste donc avec plaisir : on y retrouve des personnages déjantés, une intrigue tarabiscotée mais aisée à suivre, des rebondissements, une bonne ambiance, un humour efficace dans un style semi-parodique et distancé qui ne sombre pas dans la gaudriole. Elmore Leonard démontre son métier et livre un récit alerte qui ne traine jamais en longueurs.

Bref, un bon moment.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Polar, #Policier, #Humour, #Thriller

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Publié le 27 Avril 2020

JAMES BOND: MISSION PARTICULIERE de John Gardner

Pour son deuxième « James Bond », John Gardner ressuscite un des plus célèbres ennemis de 007 : Blofeld, toujours à la tête de l’organisation secrète Spectre visant, cette fois, à s’emparer des codes du programme de défense spatiale américain.

Gardner livre ici un pur roman de gare (ce qui n’est pas péjoratif mais quelque peu décevant pour un Bond) en reprenant le personnage sous sa forme plus cinématographique que littéraire. Tombeur séducteur, Bond endosse l’identité d’un expert en gravures rares afin d’infiltrer le quartier général d’un méchant mégalomane…Bien sûr Bond est aussitôt démasqué mais continue de converser en gentleman avec le criminel qui, de son côté, tente de le tuer à plusieurs reprises. Fourmis mangeuses d’homme, course de voiture,…Bond échappe à toutes les manigances du vilain qui aime également donner ses victimes à manger à ses pythons géants. Pour conquérir le Norad, les méchants élaborent d’ailleurs un plan complètement folklorique visant à transformer (par la drogue !) Bond en général destiné à s’infiltrer dans la base puis à trahir ses alliés américains… eux-mêmes sous l’emprise d’un psychotrope répandu par de la crème glacée ! Difficile d’en dire plus ou d’expliquer de manière plus claire ce stratagème aberrant mais, au final, plutôt amusant. Là encore nous sommes totalement dans le bis outrancier, entre les épisodes les plus déjantés des « Agents très spéciaux » et les romans d’espionnage de gare qui pullulaient dans les années ’70 façon Coplan, OSS 117 et autres.

Au cours de son enquête, Bond (qui, bien évidemment, n’a pas vieilli alors qu’il devrait approche des soixante ans bien sonnés !) fait équipe avec Sandra, la fille de son ami Felix Leiter (dont personne n’avait eu connaissance jusque-là). Sandra ne rêve évidemment que d’une chose : mettre l’agent secret dans son lit mais Bond s’y refuse par égard pour Felix, trouvant l’épouse du méchant plus à son goût. Bref, nous sommes en plein soap et les révélations finales peu crédibles, sans oublier la lettre de Leiter autorisant Bond à traiter sa fille comme bon lui semble, rapproche encore une fois toute l’histoire du plus pur roman de gare.

Evidemment, MISSION PARTICULIERE a le cul entre deux chaises, comme la plupart des romans post-Fleming, en essayant de combiner le Bond originel des bouquins et sa déclinaison des grands écrans, beaucoup plus aseptisée et codifiée : en gros, l’agent pas du tout secret (tout le monde semble le connaitre) boit comme un trou et drague tout ce qui bouge, confiant dans sa voiture ultra sophistiquée et sa valise bourrée de gadgets pour se tirer de toutes les situations dangereuses.

Le roman se termine par un « twist » qui réussit à être à la fois hautement prévisible et complètement improbable avant que le méchant (dont nous tairons l’identité même si elle semble évidente) ne périsse de manière bien horrible et excessive. Encore une fois, Gardner patauge dans le bis mais ce n’est pas désagréable, surtout que le roman est court et relativement rythmé par ses nombreux courts chapitres.

Nous sommes très loin de Fleming mais, pour les amateurs d’espionite rythmée et déjantée, avec méchant mégalomane décidé à conquérir le monde et demoiselle trop sexy pour être honnête, la lecture de MISSION PARTICULIERE reste plaisante et fun. Sans plus ni moins.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Cinéma, #Espionnage, #James Bond, #Thriller

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Publié le 13 Avril 2020

2061 - ODYSSEE III d'Arthur C. Clarke

Clarke semble inspiré par le passage de la comète de Halley qui était le grand événement astronomique du milieu des années ’80. Il se transporte donc près d’un siècle dans le futur pour une aventure spatiale qui rappelle le côté à la fois naïf et didactique de ses premiers romans dits de « la trilogie de l’espace ». Nous sommes donc en 2061 mais Heywood Floyd, maintenant centenaire, est toujours vivant. Un demi-siècle auparavant le Monolithe a transformé Jupiter en un second soleil, rebaptisé Lucifer. Les Hommes ont accès à tous les mondes à l’exception de la lune Europe, territoire décrété interdit par le Monolithe. Evidemment, un vaisseau finit par s’y poser à la suite d’un détournement…

Après une entrée en matière effectuant le lien avec les deux précédents tome, 2061 s’éloigne des aspects métaphysiques et de la recherche d’une Intelligence extra-terrestre pour se recentrer plus classiquement sur un récit d’aventures spatiales agréables mais au fil conducteur des plus ténus. Tout tourne autour d’une véritable montagne de diamants et de ses applications possibles, notamment pour la construction d’un ascenseur spatial. Si le récit s’avère agréable il se montre également un peu trop convenu pour susciter une véritable passion, nous sommes vraiment dans les histoires typiques d’explorations du système solaire saupoudrées de considérations scientifiques, bref une sorte de space opéra teinté de hard science (hard mais très abordable) fort proche des premiers bouquins de Clarke comme LES SABLES DE MARS ou ÎLES DE L’ESPACE.

Les derniers chapitres, repris quasiment sans modification de 2010 (Clarke assume cet auto plagiat dans la postface) font la jonction avec les deux précédentes « Odyssées de l’espace » et les deux ultimes pages nous projettent en 3001 pour un final qui annonce 3001 ODYSSEE FINALE via un cliffhanger réussi et intrigant.

En résumé, 2061 ODYSSEE III constitue un bouquin globalement plaisant, d’une lecture assez facile et agréable mais dont seul une trentaine de pages paraissent réellement connectées aux trois autres volumes de la tétralogie. Les deux cents et quelques pages restantes formant une histoire divertissante mais également un brin décevante.

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