Publié le 8 Juillet 2017
Publié en 1939 et porté à l’écran trois ans plus tard, L’ASSASSIN HABITE AU 21 demeure le classique incontournable de Stanislas André-Steeman, auteur liégeois d’excellents romans d’énigme. Fréquemment adapté au cinéma dans les années 40 et 50, Steeman est, aujourd’hui, oublié des scénaristes et quelque peu négligé. Un tort vu la qualité de ses intrigues, souvent ramassées (moins de 200 pages pour la plupart) et rythmées.
L’ASSASSIN HABITE AU 21 se déroule à Londres durant les années ’30. La ville, plongée dans le brouillard, est terrorisée par un assassin cupide qui tue ses victimes à l’aide d’un sac de sable pour les dépouiller de leurs parfois très maigres économies. La police n’arrive pas à coincer le meurtrier qui signe ses méfaits en laissant sa carte de visite : Mr Smith. Toutefois, un tuyau conduit la police vers la pension de famille du 21 Russell Square. Cependant, qui, parmi les occupants, peut être le coupable ? Les policiers demandent à un nouvel arrivant, le professeur Julie, de leur servir d’espion mais, dès la première nuit qu’il passe au 21, Mr Julie est assassiné. Il ne laisse qu’un message énigmatique : il b… Dès lors le coupable est-il Mr Collins, le bègue, le docteur Hyde, le boiteux, Boris Andreyew, passionné de broderie ou bien le prestidigitateur hindou Lalla-Poor. A moins qu’ilne s’agisse du major Fairchild, retraité de l’armée des Indes ou encore d’Ernest Crabtree, complètement dominé par son épouse ? Mr Collins est finalement arrêté mais, durant son emprisonnement, Mr Smith commet un nouveau crime.
Contrairement à son adaptation cinématographique, le roman ne met pas en scène Monsieur Wens, le détective récurrent de Steeman. Mais l’énigme ne manque cependant pas d’attrait (peut être la solution apparaitra t’elle légèrement attendue pour les afficionados du whodunit ?) et évolue sur un rythme soutenu, présentant tour à tour les différents suspects. Inculpés puis disculpés lorsque Mr Smith commet un nouveau crime, ils finissent d’ailleurs par attendre tranquillement, sans même chercher à nier leur culpabilité, qu’un meurtre soit commis. D’où une ambiance particulière, une sorte d’angoisse flegmatique alimentée par la brume noyant la capitale anglaise. L’humour, très présent, fonctionne agréablement et l’auteur joue fair-play avec le lecteur en lui proposant, en référence directe à Ellery Queen, un défi à deux reprises.
Servi par une écriture classique, au vocabulaire à la fois simple et précis, le roman est très vivant, avec des dialogues bien écrits qui donnent beaucoup de charme aux différents interrogatoires menés par les policiers. Inscrit dans le cadre temporel (les années ’30) et géographique (l’Angleterre, mais ici confinée dans une pension de famille qui tient du véritable microcosme sociétal) typique des classiques du roman policier de l’Age d’Or, L’ASSASSIN HABITE AU 21 n’a pas volé sa réputation de classique du whodunit toujours aussi agréable à lire ou à relire.