time opera

Publié le 14 Avril 2019

UN COUP DE TONNERRE ET AUTRES RECITS SUR LE TEMPS de Ray Bradbury, Octave Beliard et Poul Anderson

Voici un petit recueil facile à lire destiné aux plus jeunes mais également à ceux qui désirent parfaire leurs connaissances de la science-fiction. Trois nouvelles, quelques articles annexes, 150 pages de pur plaisir puisqu’on y trouve deux récits aujourd’hui considérés comme des chefs d’œuvres absolus de la SF. Que demandez de plus ?

Classique du récit de voyage dans le temps et d’Histoire alternée, « Un coup de tonnerre » illustre la fameuse théorie voulant que le battement d’aile d’un papillon puisse déclencher un ouragan. Sauf qu’ici le papillon en question a été écrasé par un voyageur temporel imprudent et les conséquences ne se feront sentir que plusieurs millions d’années plus tard.

« Un passé merveilleux » constitue une véritable curiosité, sorte d’hommage explicite à LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS écrit en 1909 par le Français Octave Beliard et précédemment publié sous le titre des « Aventures d’un voyageur qui explora le temps ». C’est une plaisante nouvelle d’une trentaine de pages, encore très sympathique à lire plus d’un siècle après sa rédaction en dépit d’une chute qui semble à présent convenue. N’empêche, à l’époque, elle devait produire son petit effet et reste suffisamment bien amenée et maitrisée pour fonctionner.

« La patrouille du temps » termine ce petit recueil de 150 pages. C’est évidemment un immense classique, publié et republié maintes et maintes fois dont, dernièrement, dans deux copieux Omnibus qui, en deux tomes, compilent tous les récits (romans et nouvelles) de Poul Anderson consacrés à ces gardiens temporels. La longue nouvelle incluse ici nous montre la première apparition de cette patrouille du temps chargée de veiller à ce que l’Histoire reste sur ses rails. Un thème à présent éculé mais Anderson fut un des premiers à en codifier tous les aspects et à en explorer tous les paradoxes. Notons d’ailleurs qu’Anderson s’oppose à Bradbury (du moins sur le papier) : là où le second défend la thèse du battement d’aile du papillon pouvant infléchir le continuum, le premier professe la relative malléabilité du temps : supprimer une seule personne, y compris un homme politique, ne provoquerait pas de grands remous temporels puisque le continuum rétablirait de lui-même l’équilibre. Néanmoins il est parfois nécessaire d’agir pour éviter des changements trop importants ou imprévus et c’est là qu’apparait la fameuse patrouille. Un récit aujourd’hui très classique (de Bob Morane à « Timecop » en passant par des séries comme « Au cœur du temps », « Continuum » ou « Doctor Who » le sujet a souvent resservi) mais toujours très plaisant et plein de rebondissements.

Ce petit recueil agréable et équilibré (les trois textes sont réussis et adoptent un point de vue différent sur les possibles manipulations temporelles) se complète d’une série de courts articles sur le sujet. Recommandé !

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Publié le 7 Janvier 2019

LE GRAND JEU DU TEMPS de Fritz Leiber

Pas toujours évident d’avouer que l’on est resté de marbre face à un classique. Et LE GRAND JEU DU TEMPS peut prétendre à ce titre puisqu’il est sans doute un des premiers romans à avoir abordé le thème de la « guerre modificatrice ». Autrement dit un combat que se livrent différentes factions à travers les âges afin de modifier l’Histoire. Pourquoi combattre une armée lorsque l’on peut tuer son général au berceau ? Un concept fascinant, par la suite souvent repris en science-fiction, que ce soit en roman ou en série télévisée (Star Trek, Doctor Who, etc.). Leiber semble avoir été le premier à y penser à travers ce roman, d’ailleurs récompensé par un Hugo, et sa « suite », le recueil de nouvelles LES RACINES DU PASSE. Cela parait grandiose. Cela ne l’est pas.

L’intrigue s’intéresse à deux races extra-terrestres dont le lecteur ne saura pas grand-chose. L’humanité les surnomme les Araignées et les Serpents. Ces créatures s’affrontent à travers le temps, au risque de détruire peu à peu le continuum. Ils ramènent différentes personnes à la vie et en font des pions dans ce grand jeu cosmique. Une poignée de soldats se retrouve, entre deux combats, dans une station hors du temps. L’Histoire a déjà subi bien des manipulations mais combien de fois pourra-t-elle encore être altérée ?

LE GRAND JEU DU TEMPS de Fritz Leiber

 

LE GRAND JEU DU TEMPS part de prémices passionnantes et énumère quelques interrogations tout aussi intéressantes sur les paradoxes mais le roman échoue complètement à susciter l’intérêt. Une première lecture fort peu convaincante et une seconde, une trentaine d’années plus tard (!), tout aussi décevante, ne change guère mon opinion : c’est incroyablement ennuyeux.

Le récit ne génère aucun sense of wonder, aucun mystère, aucun suspense. Tout se résume à des dialogues dans une étrange station hors du temps. Le roman est donc statique et théâtral au possible, un peu comme un épisode de Doctor Who des sixties. Sauf que les personnages ne sont aucunement intéressants. Et qu’ils discutent interminablement. Le lecteur éprouve dès lors les pires difficultés à s’intéresser à l’action (ou plutôt à la « non action ») en dépit d’un background des plus prometteurs : les guerriers du temps kidnappent Einstein, anéantissent la philosophie grecque, empoisonnent Cléopâtre. Mais rien de tout ça n’est évoqué autrement que par des lignes de dialogues échangées entre les intervenants, qui comprennent une jeune femme, un nazi, des aliens,…Tout ça parait prometteur, une fois de plus. Mais Leiber n’en fait rien, ou si peu. Tout comme de son histoire, difficile à suivre et qui semble n’aller nulle part. Ou alors droit dans le mur. Et le roman a beau être court, il faut batailler pour en venir à bout. Autant se replonger dans les grandes réussites de l’auteur comme son cycle des Epées ou ses nombreuses nouvelles de qualité.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Hugo, #Roman court (novella), #science-fiction, #Time Opera

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