Publié le 13 Avril 2020

2061 - ODYSSEE III d'Arthur C. Clarke

Clarke semble inspiré par le passage de la comète de Halley qui était le grand événement astronomique du milieu des années ’80. Il se transporte donc près d’un siècle dans le futur pour une aventure spatiale qui rappelle le côté à la fois naïf et didactique de ses premiers romans dits de « la trilogie de l’espace ». Nous sommes donc en 2061 mais Heywood Floyd, maintenant centenaire, est toujours vivant. Un demi-siècle auparavant le Monolithe a transformé Jupiter en un second soleil, rebaptisé Lucifer. Les Hommes ont accès à tous les mondes à l’exception de la lune Europe, territoire décrété interdit par le Monolithe. Evidemment, un vaisseau finit par s’y poser à la suite d’un détournement…

Après une entrée en matière effectuant le lien avec les deux précédents tome, 2061 s’éloigne des aspects métaphysiques et de la recherche d’une Intelligence extra-terrestre pour se recentrer plus classiquement sur un récit d’aventures spatiales agréables mais au fil conducteur des plus ténus. Tout tourne autour d’une véritable montagne de diamants et de ses applications possibles, notamment pour la construction d’un ascenseur spatial. Si le récit s’avère agréable il se montre également un peu trop convenu pour susciter une véritable passion, nous sommes vraiment dans les histoires typiques d’explorations du système solaire saupoudrées de considérations scientifiques, bref une sorte de space opéra teinté de hard science (hard mais très abordable) fort proche des premiers bouquins de Clarke comme LES SABLES DE MARS ou ÎLES DE L’ESPACE.

Les derniers chapitres, repris quasiment sans modification de 2010 (Clarke assume cet auto plagiat dans la postface) font la jonction avec les deux précédentes « Odyssées de l’espace » et les deux ultimes pages nous projettent en 3001 pour un final qui annonce 3001 ODYSSEE FINALE via un cliffhanger réussi et intrigant.

En résumé, 2061 ODYSSEE III constitue un bouquin globalement plaisant, d’une lecture assez facile et agréable mais dont seul une trentaine de pages paraissent réellement connectées aux trois autres volumes de la tétralogie. Les deux cents et quelques pages restantes formant une histoire divertissante mais également un brin décevante.

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Publié le 10 Avril 2020

LE MARI de Dean Koontz

Dean Koontz possède un métier solide, ayant débuté sa carrière littéraire à la fin des années ’60 et ayant multiplié les romans sous d’innombrables pseudonymes. Forcément, après quarante ans d’écriture, la formule est impeccablement rôdée bien qu’il n’échappe pas, parfois, à certains tics et facilités (tout comme son rival Graham Masterton à qui on le rapprochera davantage, pour son côté parfois jusqu’au-boutiste, que de King).

Koontz débute directement dans l’intrigue, sans perdre de temps à présenter ses personnages (ils le seront par la suite) ou à laisser souffler le lecteur. Pendant 400 pages qui se lisent très vite et très facilement (chapitres très courts, retournements de situation nombreux, cliffhangers quasi systématiques), le romancier mène son histoire à cent à l’heure, quitte à sacrifier la crédibilité générale (certains passages apparaissent ainsi assez peu vraisemblables), passant d’une première partie (la plus efficace) toute en mystère et suspense à une seconde plus portée sur l’action avec fusillades et courses poursuites. Le tout après un très gros « twist » à mi-parcours que le lecteur ne verra surement pas venir (quitte, ensuite, à se demander si tout cela est vraiment crédible).

La personnalité du personnage principal et les caractéristiques de son enfance sous l’autorité paternelle tyrannique (Koontz a vécu une enfance également problématique) viennent conférer l’originalité nécessaire à un récit sinon classique (le sujet a beaucoup inspiré le cinéma, encore dernièrement avec la saga « Taken ») qui souffre parfois de quelques digressions et descriptions inutiles. Mais c’est la loi du genre et d’une écriture parfois exagérément « feuilletonnesque ».

Bien sûr, il faut souligner certains bémols : un simple jardinier qui ne connait la violence « que par Hollywood » se transforme en simili John Matrix (celui de « Commando ») pour sauver son épouse, laquelle passe un temps fou à préparer son évasion à l’aide d’un clou qu’elle utilisera avec la dextérité d’un ninja,…La suspension d’incrédulité est requise, tout comme le coté très bras cassés des méchants, lesquels anticipent un peu sur une série comme « Fargo », ce qui donne parfois à l’ensemble un second degré plus ou moins volontaire. Par contre les élucubrations mystiques du chef des criminels se révèlent assez intéressantes et justifient sa réaction lors d’un final sachant ménager quelques surprises. On reste plus circonspect sur le personnage pourtant intéressant du flic fin limier dont Koontz ne semble finalement avoir que faire…dommage.

Enlevé, bien rythmé, tout à fait conforme aux standards du page turner à l’américaine, LE MARI constitue un bon thriller « à la Koontz » avec tous les défauts et qualités d’un bouquin que l’on peut qualifier, sans être le moins du monde péjoratif, de pur « pulp violence ». Pas le meilleur roman de l’auteur mais une très plaisante lecture si on accepte d’enclencher à plusieurs reprises la suspension d’incrédulité nécessaire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Polar, #Policier, #Thriller, #Dean Koontz

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Publié le 8 Avril 2020

LE DEMON DU VENT de Brian Lumley

Quatrième volume de la vaste saga de Titus Crow écrite par Brian Lumley dans les années ’70 pour revisiter à sa manière les mythes de Lovecraft (avant que ceux-ci ne soient cuisinés à toutes les sauces). Depuis célébré pour sa grande série du NECROSCOPE, Lumley, alors relativement débutant, transformait le Mythe en récit de Fantasy et d’aventures, affaiblissant certes les concepts de Lovecraft mais sans négliger un réel potentiel divertissant. La première partie du roman montre ainsi nos héros échoués sur Borée et luttant contre les séides d’Ithaqua qui chevauchent des loups en compagnie de guerriers et de leurs ours dressés.

Si les puristes n’ont, à l’époque, gouté à cette saga que du bout des lèvres (voire en dissimulant mal leur dégoût), relire aujourd’hui ces romans s’avère franchement divertissant à l’heure où le Mythe se décline de toutes les manières possibles (jusqu’au Monopoly Cthulhu !).

Considérés comme de simples « romans populaires » loin des horreurs cosmiques imaginés par Lovecraft, les bouquins de Lumley n’en sont pas moins efficaces et ont le mérite d’une réelle originalité. Bien sûr ils se rapprochent souvent davantage de John Carter ou Conan que de HPL lui-même. Qu’importe, c’est bien l’âge d’or de la « science fantasy » à l’ancienne que convoque ce DEMON DU VENT qui aurait très bien pu se voir publié par Weird Tales voici 80 ans ! Rien ne manque, en effet, à l’appel : la poignée de héros exilés sur un monde désolé et hostile, la femme déesse super sexy (fille d’Ithaqua mais ça ne se voit pas), les pierres magiques permettant de se protéger des forces du mal, les pouvoirs télépathiques, les armées ennemies accompagnées de loups et d’ours dressés, les pouvoirs divinatoires, le traitre qui en veut à notre valeureux héros terrien, les vaisseaux de guerre qui filent sur la neige, les combats nombreux et le rythme haletant. Car LE DEMON DU VENT ne perd pas de temps et ne traine jamais en route, à l’image des romans d’Edgar Rice Burroughs il boucle son récit en 220 pages hautement distrayantes et plaisantes. Alors bien sûr, le livre n’a pas l’ambition de L’ABOMINATION D’INNSMOUTH ou de L’APPEL DE CTHULHU mais, pris pour un pur plaisir de fantasy old school, il n’en reste pas moins fort recommandable et appréciable. Bon, allez, la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Lovecraft, #science-fiction

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Publié le 6 Avril 2020

FLETCH (FLETCH AUX TROUSSES) de Gregory McDonald

Second roman de Gregory McDonald (publié dix ans après son premier, RUNNING SCARED), FLETCH (ou FLETCH AUX TROUSSES) devint aussitôt un succès qui amena l’auteur a lui donner de nombreuses suites et dérivés (SON OF FLETCH et les « Flynn »).

Journaliste iconoclaste et très peace & love, Irwin Maurice Fletcher, dit Fletch, déjà deux fois divorcés à 30 ans, ne porte jamais de chaussures et boit beaucoup lorsqu’il ne fume pas des joints. Il est donc le candidat idéal pour une infiltration dans le milieu des drogués vivotant sur les plages américaines. Plus vrai que nature, Fletch se voit abordé par le millionnaire Alan Stanwyck qui le prend pour un vagabond sans le sou et, se disant atteint d’un cancer incurable, lui offre 50 000 dollars pour l’assassiner, ce qui permettrait à son épouse de toucher la prime d’assurances de trois millions de dollars. Mais Fletch soupçonne le coup fourré et décide d’enquêter sur Stanwyck.

Lauréat du Prix Edgar Poe du meilleur roman (tout comme sa suite), FLETCH AUX TROUSSES s’avère une excellente réussite, offrant un enquêteur particulièrement original évoluant dans un monde bien typé, celui du début des années ’70 aux Etats-Unis. L’auteur alterne donc la description du milieu bohème des drogués et autres prostituées bloqués sur les plages depuis la fin du rêve hippie avec l’exploration du monde des ultra-riches qui passent leur temps en mondanité, cocktails après le tennis et coucheries diverses. Etonnamment, Fletch parvient à se montrer aussi à l’aise dans les deux univers, deux enquêtes apparemment indépendantes (qui fournit la drogue sur la plage ? Que veut vraiment le supposé agonisant millionnaire ?) mais qui, bien sûr, se rejoindront pour une conclusion cynique et amorale typique de l’époque.

Truffé de moments décalés et humoristiques qui en font une plaisante comédie policière, le roman s’appuie cependant sur une énigme fort bien construite, à mi-chemin entre le « policier » classique et le polar « rentre-dedans ». Le meilleur des deux mondes ? Assurément ! Bref, vite…la suite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Humour, #Polar, #Policier, #Whodunit

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Publié le 3 Avril 2020

LE TUEUR DE DIEUX de Simon R. Green

Troisième tome des aventures de Hawk & Fisher, membres de la garde de Haven, ville imaginaire dans un univers de fantasy médiéval. Nous faisons cette fois davantage connaissance avec la mystérieuse « rue des dieux » où se développent les cultes les plus saugrenus. Sauf que trois Êtres tout puissants (appelons les des dieux pour simplifier) viennent d’être tués. Et voici nos gardes sans peur et sans reproches (et surtout incorruptibles) lancés sur la pistes de cet assassin après avoir été rattachés à la Brigades des Dieux dont la principale mission est d’assurer un status quo entre les différentes croyances afin d’éviter l’apocalypse divine. Hawk & Fisher rejoignent donc les rangs d’un petit groupe composé du sorcier Tombe (!), de la voyante Rowan et du combattant émérite Buchnan. Qui peut être l’assassin ? Avec ce troisième tome Simon Green poursuit dans la veine des deux précédents, entre roman d’énigme façon whodunit, polar plus hard-boiled / noir au cœur des bas-fonds et, bien sûr, Fantasy avec tous les ingrédients attendus, voire détournés (les sorciers légistes remplacent les médecins légistes et les sortilèges sont utilisés pour avancer dans la résolution du mystère bien que celui-ci respectent les règles de l’énigme classique). Simon Green y ajoute une bonne pincée d’humour, de dérision et de critiques acerbes (une fois de plus la Haute Société médiévale en prend pour son grade, tout comme les religions saugrenues) à la manière d’un Pratchett qui revisiterait joyeusement le flegme british à la « Chapeau Melon ». Le cocktail reste donc tout aussi savoureusement réussi et efficace que dans les volumes précédents et le rythme nerveux fonctionne par une pagination restreinte.

Ecrivain populaire dans le bon sens du terme, Simon R. Green soigne son récit et réussit à ne jamais ennuyer le lecteur, LE TUEUR DE DIEUX montre, une nouvelle fois, l’étendue de son talent pour une aventure de Fantasy policière aussi distrayante qu’efficace.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Policier, #Whodunit

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Publié le 1 Avril 2020

LA MOISSON ROUGE de Dashiell Hammett

Grand classique du roman policier « noir » tendance « gangsters », LA MOISSON ROUGE fait aujourd’hui figure d’incontournable largement apprécié. On peut donc se permettre quelques critiques en guise de bémol. Tout d’abord l’intrigue est fort complexe et tortueuse avec un grand nombre de personnages qui se croisent, se recroisent, s’associent, se trahissent, s’entretuent, etc. Pas évident de s’y retrouver, seul le héros parait capable de suivre les méandres d’une enquête alambiquée à souhait, l’énigme reste d’ailleurs réduite et on devine que Hammett, sans doute en réaction au whodunit alors en vogue dans le policier, ne se soucie guère de préciser « qui a fait quoi » ou même « qui a tué qui ».

Autre bémol, peut-être dû à la traduction : le vocabulaire argotique et les tournures de phrases très « old school » rend la lecture un brin fastidieuse aujourd’hui. Il aurait sans doute fallu opter pour une traduction révisée et moins marquée par les ans, telle celle proposée en 2008…Tant pis, j’ai opté pour la version « historique » du bouquin, certes charmante par ses termes rétro mais cependant fatigante sur la longueur.

Enfin, le roman semble moins intéressant dans son dernier tiers, normalement l’apothéose en policier  / polar avec une multiplication des tueries et autres guerres de gangs un brin lassantes (le héros comptabilise 16 meurtres à quelques chapitres de la fin !) qui finit par diluer la réussite de la première moitié.

Cependant, LA MOISSON ROUGE demeure un roman intéressant et plutôt plaisant par sa simplicité même qui deviendra archétypale dans le polar « hard boiled » : un détective anonyme narrant l’intrigue entre deux rencontres avec une femme fatale et quelques verres d’alcool, un refus du manichéisme (en fait tout le monde est pourri, le héros y compris), une suite d’entourloupes plus ou moins farfelues (le passage où le héros démonte la combine d’un match de boxe truqué s’avère savoureux) et une volonté de notre personnage principal de nettoyer (par le vide et à la sulfateuse) cette petite ville crasseuse et corrompue dans une véritable « moisson de sang ».

Malgré son âge et les bémols précédemment cités, une lecture instructive et quasiment nécessaire pour les amateurs de romans « noirs ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Polar

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