impossible crime

Publié le 31 Août 2017

L'ASSASSIN DE SHERWOOD de Paul Doherty

Né en 1946, Paul Doherty est un des spécialistes incontestés du roman policier historique, auteur de nombreuses séries de qualités, parfois signées de ses pseudonymes (C.L. Grace, Paul Harding, etc.).

La saga de Hugh Corbett, située sous le règne d’Edward 1er d’Angleterre (au XIIIème siècle), reste sans doute sa plus célèbre : débutée en 1986 avec le très bon SATAN A SAINTE MARY-LE-BOW, elle compte à présent, trente ans plus tard, pas moins de dix-huit romans. Datant de 1993, L’ASSASSIN DE SHERWOOD, septième ouvrage de la série, se consacre à un personnage légendaire : Robin des Bois.

Lorsque débute le roman, en 1302, le Shérif de Nottingham est assassiné : il meurt empoisonné dans sa chambre (forcément close comme souvent chez Doherty grand amateur de ce type de problème) alors que tout ce qu’il a bu ou mangé a précédemment été goûté. Si la méthode est mystérieuse, l’identité de l’assassin semble, pour tout le monde, évidente : il s’agit du célèbre hors-la-loi Robin des Bois lequel tire, tous les 13 du mois, trois flèches enflammées en direction du château de Nottingham. Jadis admiré de la population pour redistribuer ses richesses aux plus démunis, Robin a dernièrement changé d’attitude : devenu bien plus cruel il n’hésite pas à massacrer des collecteurs d’impôts et se comporte en véritable brigand sanguinaire. Ces violences attirent l’attention du roi Edward qui dépêche à Nottingham son fidèle limier Sir Hugh Corbett pour mener l’enquête et trainer Robin devant la justice.

Comme souvent, Doherty mêle la petite histoire (l’assassinat impossible du Shérif) à la grande (un code secret français qui permettrait à Philippe le Bel de lancer une invasion contre l’Angleterre) et à la légende (ici, celle de Robin des Bois, personnage dont l’existence réelle reste sujette à caution).

En dépit d’une intrigue complexe, Doherty confère un bon rythme à l’ensemble, ramassé sur 250 pages, et lance de nombreuses pistes qui convergent avec fluidité vers une conclusion très satisfaisante. La méthode employée pour l’empoisonnement se révèle ingénieuse et crédible (loin des mises en scènes abracadabrantes de John Dickson Carr) et la solution du mystère incluant Robin des Bois fonctionne elle aussi de belle manière quoique la solution soit prévisible. Cela pourrait s’avérer un bémol mais cela prouve sans doute l’honnêteté d’un Doherty qui joue fair-play avec son lecteur sans lui cacher d’informations importantes. Les relations entre l’Angleterre et la France offrent, pour leur part, un tableau intéressant qui permet une sous-intrigue réussie à base de code secret, proche de l’espionnage.

Comme souvent avec l’auteur, le style est agréable et précis, les annotations historiques et les considérations socio-politiques concernant la période envisagée sont adroitement intégrées à l’intrigue, apportant au lecteur de nombreuses informations sur cette époque sans la moindre lourdeur. Du bon boulot pour ce véritable maître du roman policier médiéval. Vivement conseillé.

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Publié le 28 Juillet 2017

ILS ETAIENT QUATRE A TABLE de John Dickson Carr

Ils étaient quatre à table…sauf que l’un d’entre eux est à présent décédé. Tout avait pourtant commencé par une bonne soirée entre amis désirant discuter et partager quelques cocktails. Blystone le chirurgien, la critique d’art Bonita Sinclair, l’égyptologue Bernard Schumann et le businnesman Felix Haye ont pourtant été empoisonnés à l’atropine. Si les trois premiers se réveillent simplement intoxiqués, Haye, lui, a été en outre poignardé. Qui a pu vouloir l’assassiner ? Serait-ce lié à ces cinq petites boites contenant des révélations apparemment importantes déposées par Haye chez son avocat peu avant son décès ? Des boites qui, d’ailleurs, ont-elles-aussi disparus, l’étude ayant été cambriolée la nuit où le crime fut commis. Les deux affaires sont forcément liées. Le célèbre Henry Merrivale va mener l’enquête et tenter, tout d’abord, de comprendre comment les quatre invités ont pu être empoisonnés alors que les rescapés affirment que nul n’a pu verser le poison dans leur verre.

Originellement publié sous le pseudonyme de Carter Dickson voici un roman policier très classique mais plaisant qui ajouter au traditionnel « whodunit » un problème de « howdunit », le crime impossible étant la spécialité de John Dickson Carr. Ici nous avons affaire à un empoisonnement qui laisse perplexe les enquêteurs. Une variante assez rare du problème de la chambre close dont, plus récemment, Doherty avait offert une variation avec son très plaisant L’ASSASSIN DE SHERWOOD.

Comme souvent avec Carr, l’intrigue est tortueuse, les fausses pistes nombreuses et les retournements de situation, proposés à intervalles réguliers pour relancer l’intérêt, efficaces. Le roman ne sombre pas, cependant, dans l’extrême complexité d’autres œuvres de Carr (pas toujours très digestes avec leurs digressions nombreuses) et le procédé utilisé par le meurtrier se révèle finalement fort simple (mais, comme toujours, il fallait y penser !). Néanmoins, on retrouve les scories coutumières du romancier, en particulier ce Merrivale quelque peu insupportable et toujours très satisfait de son intelligence : il connait dès le départ la solution mais refuse de la donner et invite les enquêteurs à réfléchir au problème.

L’humour, fort présent, rend heureusement le bouquin agréable et lui évite l’austérité de certains Carr qui tiennent davantage du problème intellectuel insoluble que du divertissement. Les dialogues bien troussés confèrent à l’ensemble un rythme soutenu et la galerie de protagonistes (et donc de suspects) restreintes transforme le tout en un véritable jeu à la Cluedo des plus sympathique. On peut rapprocher le livre du similaire CARTES SUR TABLE d’Agatha Christie publié l’année suivante où, là aussi, quatre personnes sont réunies autour d’une table (pour jouer aux cartes) et l’une d’elles est mystérieusement assassinée.

S’il n’est pas le meilleur ou le plus élaboré des problèmes conçus par Carter Dickson / John Dickson Carr ILS ETAIENT QUATRE A TABLE assure au lecteur un bon moment de détente et, par sa relative simplicité, peut même être conseillé aux novices du romancier qui souhaiteraient faire plus amples connaissances avec le maitre incontesté (du moins avant la naissance de Paul Halter) du crime impossible.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Impossible Crime, #John Dickson Carr

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Publié le 16 Juillet 2017

NOEL TRAGIQUE A LEXHAM MANOR de Georgette Heyer

L’Anglaise Georgette Heyer (1902 – 1976) fut une prolifique auteure de romans historiques. Elle débute très jeune dans l’écriture puisqu’elle publie son premier livre, THE GREAT ROXHYTHE, en 1923.  Par la suite, Heyer devient une spécialiste de la romance historique située, généralement, durant la période de la Régence. Beaucoup furent publiés chez nous par Harlequin (ou Milady). Heyer écrit également de nombreux romans policiers, lesquels se vendent nettement moins que ses romances (en moyenne  16 000 exemplaires pour les premiers,  plus de 100 000 pour les seconds). La romancière considérait d’ailleurs ses œuvres policières comme « une diversion intellectuelle proche des mots croisés ». Elle écrira une douzaine de romans d’énigme avec l’aide de son mari qui, souvent, fourni les bases des intrigues et des personnages.

NOEL TRAGIQUE A LEXHAM MANOR constitue un bel exemple de whodunit à l’ancienne dont le classicisme se voit tempéré par une dose humour et un rythme bien géré. La romancière ne perd pas de temps pour introduire ses protagonistes et évoquer leur aménité. Car, quoi de mieux qu’une réunion  de famille un soir de Noël pour cultiver les rancœurs, lesquelles mèneront forcément au crime de l’instigateur de la fête,  Nathaniel Herriard, retrouvé poignardé dans son bureau fermé à clé. L’inspecteur Hemingway de Scotland Yard se voit chargé de l’enquête et les suspects, probablement motivés par l’héritage, ne manquent pas. Mais comment expliquer ce crime en apparence impossible ? 

La Nativité inspira fréquemment les auteurs de l’Age d’or puisque ces réunions de famille fournissaient l’occasion de dévoiler des secrets enfouis et de supprimer quelques tyrans familiaux. LE NOEL D’HERCULE POIROT d’Agatha Christie vient immédiatement à l’esprit mais on peut aussi citer le MEURTRE A L’ANGLAISE de Cyril Hare, LE CERCUEIL DE NOEL de Ngaio Marsh, le AU DOUZIEME COUP DE MINUIT de Patricia Wentworth, LES NEUF TAILLEURS de Dorothy Sayers ou encore LE MYSTERE DES TROIS CROIX d’Ellery Queen. Un véritable sous-genre du roman d’énigme, ici joliment illustré par une Georgette Heyer menant adroitement sa barque en présentant une  belle brochette de suspects : le frère de la victime (Joseph), son neveu (Stephen), sa nièce (Paula), leur compagne et compagnon respectifs (l’auteur dramatique en devenir Roydon, la volage et futile actrice Valerie Dean), sans oublier la cousine Mathilda, l’associé de la victime, et les domestique.

Archétype du whodunit (et du howdunit), NOEL TRAGIQUE A LEXHAM MANOR joue à ce point des clichés et conventions du genre que le roman verse pratiquement dans l’auto parodie pince sans rire : rien ne manque au catalogue, de la femme fatale ultra vénale et stupide à la jeune fille intelligente et effacée en passant par un maitre d’hôtel caricatural. Ne manque qu’un crime en chambre close inexplicable et la disparition mystérieuse d’un apparemment anodin bouquin historique pour couronner un récit légèrement prévisible. L’identité de l’assassin semble en effet évidente à mi-parcours et la méthode utilisée – inspirée par l’assassinat de l’impératrice Elizabeth d’Autriche – n’est pas vraiment originale et a déjà été employée à maintes reprises (on en trouve d’ailleurs une variante récente dans le troisième épisode de la sixième saison de « Meurtre au paradis » d’ailleurs intitulé « The Impossible Murder »).

En dépit de ces bémols, NOEL TRAGIQUE A LEXHAM MANOR se lit avec plaisir : c’est (relativement) court, rythmé, efficace et les dialogues bien écrits, très vivants et souvent amusants rendent le roman fort plaisant.  Conseillé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age, #Impossible Crime, #Georgette Heyer

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Publié le 26 Mai 2017

QUANTUM de Peter Hamilton

L’Anglais Peter Hamilton (né en 1960) s’est fait le spécialiste des space-opéras gigantesques et des récits s’étendant sur des centaines, voire des milliers de pages, comme en témoigne son magnum opus, L’AUBE DE LA NUIT, œuvre fleuve (de plus de six mille pages) divisée en six tomes bien épais et qui serait, de fait, le plus long roman de SF jamais écrit. Hamilton aime les séries et celle de Greg Mandell en constitue une autre, trilogie cyberpunk mêlant science-fiction réaliste, politique fiction et énigme policière. Le premier tome, MINDSTAR, pose les bases d’un univers encore développé dans ce second opus, QUANTUM, situé dans un XXIème siècle dévasté par le réchauffement climatique.

Ancien militaire ayant combattu les djihadistes durant la guerre de Turquie, Greg Mandel travaillait pour la Mindstar, une branche des forces armées britanniques dont les agents disposent de pouvoirs psychiques (empathie, télépathie, préscience, intuition, etc.) augmentés par divers implants neuronaux. L’Angleterre se reconstruit après la période la plus sombre de son histoire : en effet, durant dix ans, le président Armstrong a imposé une infâme dictature socialiste sous l’égide du Parti Socialiste Populaire. Heureusement, aujourd’hui, le parti est tombé suite à un attentat ayant couté la vie à Armstrong. La chute des gauchistes a permis la seconde restauration et l’accession au pouvoir d’un gouvernement capitaliste néo conservateur bien plus apprécié du peuple qui chasse et extermine les derniers sympathisants socialistes. Directrice de la compagnie Event Horizon, la milliardaire Julia Evans fait appel aux services de Mandel pour élucider la mort d’un spécialiste de la physique quantique, Edward Kitchener, vénéré par ses élèves et disciples tel un véritable gourou. Mandel enquête, découvre l’attraction physique exercée par le défunt sur ses étudiantes mais également l’impossibilité apparente de ce crime : personne n’a pu venir de l’extérieur mais tous les suspects semblent innocents, ce que confirment les dons psychiques de Mandel.

QUANTUM est un roman touffu qui brasse de nombreux thèmes (physique quantique, voyages dans le temps, voyages interstellaires, problématique du réchauffement climatique, pouvoirs psy amplifiés par des implants,…) typiques du cyberpunk et qui, associés au contexte politique développé avec une réelle originalité (la suprématie conservatrice et libérale, associé à la toute-puissance des mégacorporations, comme solution après dix ans de tyrannie socialiste), offrent un background fouillé et intéressant à une énigme policière assez classique dans l’esprit des romans de l’âge d’or. Nous ne sommes pas loin des « cosy murder » et des « country house mystery » avec cette investigation menée par un enquêteur perspicace devant élucider le meurtre impossible d’un savant retranché dans un lieu isolé. Pour coller à son époque, l’auteur recourt néanmoins à la technologie et ajoute à son énigme une bonne rasade d’action, en particuliers durant les cent dernières pages, créant ainsi un hybride, ma foi fort efficace, entre le policier d’énigme, le polar hard boiled et la science-fiction politisée.

Certes, on peut regretter quelques longueurs (le bouquin fait quand même 540 pages, à peine une nouvelle selon les standards de son auteur mais un pavé pour la plupart des écrivains de SF), des digressions parfois un brin ennuyeuses ou exagérément étirées (était-il nécessaire de consacrer autant de pages à l’opposition entre la milliardaire Julia Evans et la présentatrice télé qui se moque de ses tenues ?) mais, dans l’ensemble, QUANTUM reste un divertissement bien mené, prenant et réussi dans lequel on ne s’ennuie pas.

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Publié le 24 Mai 2017

DETECTIVE CONAN TOME 11 de Gosho Aoyama

Gosho Aoyama crée en 1994 le personnage du détective lycéen Shinichi Kudo qui, âgé de 17 ans, aide la police. Alors qu’il visite un parc d’attraction avec sa petite amie, Ran Mouri, il est repéré par de mystérieux « hommes en noir » membres d’une organisation criminelle et forcé d’absorber un poison expérimental. Au lieu de le tuer, le produit le fait régresser physiquement et lui donne l’apparence d’un petit garçon de sept ans. Dès lors, Shinichi adopte le pseudonyme de Conan Edogawa (double hommage à Conan Doyle et Edogawa Rampo) et parvient à être placé sous la garde de Kogoro Mouri, le père détective privé de Ran qu’il va aider secrètement dans ses enquêtes.

Après avoir bouclé l’enquête entamée dans le tome précédent, ce onzième volume se consacre à trois enquêtes indépendantes de haute volée basées sur d’habiles stratagèmes permettant de perpétrer des crimes impossibles.

Dans le premier récit, Kogoro, devenu un détective très populaire, participe à un talk-show du présentateur Matsuo. Or, le producteur de l’émission, Suwa, souhaite évincer Matsuo au profit d’une nouvelle présentatrice plus avenante, ce qui évidemment n’est pas du goût de Matsuo. Durant l’émission, Suwa est assassiné et, bien sûr, les soupçons de Conan se porte immédiatement sur Matsuo, lequel fanfaronne et promet d’arrêter le coupable. En tout cas, précise t’il, ça ne peut être lui puisqu’il lui était matériellement impossible de supprimer son ami dans le peu de temps dont il disposait. Mais, pour Conan, les meurtres impossibles ne le sont jamais longtemps et le détective miniature comprendra l’astuce très ingénieuse employée par le criminel.

Par la suite, Ran se rend à un rendez-vous, et Conan, jaloux, la suit. Or, alors qu’il attend tranquillement dans un café, le « petit garçon » découvre qu’une jeune fille vient d’être assassinée dans les toilettes : son corps bloque la porte et le meurtrier n’a pu s’enfuir que par une fenêtre ouverte. Mais Conan comprend, une fois encore, les limites de ce raisonnement trop simple : pour lui l’assassin est un des clients du café. Mais comment a t’il put commettre ce véritable crime en chambre close…dans des toilettes à la fenêtre ouverte ?

Enfin, suite à une panne de voiture, Conan, Ran et Kogoro échoue dans un monastère à la sinistre réputation. Accueilli par le bonze, nos trois amis apprennent qu’un jeune moine s’est pendu, deux ans auparavant, dans une très haute pièce, dite de l’ascète, destinée aux punitions. Depuis, on murmure que le temple est hanté par le tengu (« démon ») de la brume. Durant la nuit, le bonze est à son tour victime de la malédiction et découvert pendu de la même manière. Pour le commissaire Maigret il ne peut s’agir que d’un suicide mais Conan soupçonne un meurtre habilement orchestré.

Trois enquêtes, trois énigmes, trois belles réussites qui brodent avec les conventions du « crime impossible » et du « meurtre en chambre close ». Comme souvent, on peut chipoter sur la plausibilité des moyens employés par les criminels (en particulier pour l’affaire du bonze pendu) mais on salue l’imagination de Gosho Aoyama pour élaborer des stratagèmes aussi complexes n’ayant rien à envier aux grands spécialistes d’antan comme John Dickson Carr. Les déductions de Conan sont claires, le rappel des protagonistes impliqués, sous forme de case donnant leur identité, âge et fonction, rend la progression de l’enquête aisée à suivre et les indices placés à bon escient orientent le lecteur dans la bonne direction…quoique la résolution complète du mystère se révèle, à chaque fois, surprenante.

De plus, l’humour est toujours de la partie et Kogoro se montre de plus en plus délirant dans son numéro de détective infaillible et satisfait quoiqu’incapable de répondre à la moindre question sur les énigmes qu’il est censé avoir débroussaillées. En réalité tout le travail est effectué par Conan, obligé d’endormir le stupide limier et d’expliquer à sa place, en modifiant sa voix, le modus operandi des criminels.

En résumé, trois enquêtes (d’excellent niveau) agrémentées de nouvelles pistes permettant d’enrichir l’univers général de la saga, notamment grâce à l’arrivée, dans la deuxième histoire, d’un nouveau personnage dont l’identité surprendra positivement les admirateurs du détective lycéen.

Peu importe que l’on aime ou pas le manga : si on apprécie les enquêtes policières tordues, les machinations machiavéliques et les crimes impossibles, la lecture de DETECTIVE CONAN s’impose comme un incontournable et ce tome constitue une excellente entrée en matière pour aborder cette série fleuve.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Impossible Crime, #Detective Conan, #Manga

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Publié le 25 Avril 2017

VOUS PERDEZ LA TETE de Christianna Brand

Christianna Brand (1907 – 1988) débute sa carrière au début des années ’40 avec LA MORT EN TALONS HAUTS. Peu après, elle publie son deuxième roman dans lequel elle crée son enquêteur récurent, l’inspecteur de police Cockrill. Après cette première apparition dans ce classique whodunit (assorti d’un apparent crime impossible) datant de 1941 l’inspecteur reviendra dans six autres romans (dont cinq furent traduits en français) et plusieurs nouvelles. Par la suite, Christianna Brand se spécialisa dans la littérature jeunesse, concevant notamment le personnage de Nanny McPhee (campée par Emma Thompson dans les deux adaptations cinématographiques tournées en 2005 et 2010).

VOUS PERDEZ LA TETE se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale alors que les Londoniens se sont réfugiés à la campagne pour échapper aux bombardements. A Pigeonsford Manor, par exemple, quelques personnes sont réunies, dont Grace Morland, une vieille fille tombée amoureuse du forcément séduisant quinquagénaire Stephen Pendock, dit Pen, lequel semble davantage attiré par la jeune nymphette Francesca, une fille « exquise et si jolie qu’on en était mal à l’aise ». Cette dernière exhibe son nouveau cadeau, un chapeau, qui attise la jalousie de Grace, laquelle déclare avec dédain, en référence à un précédent meurtre ayant ensanglanté la région, qu’elle n’aimerait pas mourir avec un tel couvre-chef sur la tête. Or, peu après, Grace est découverte décapitée…avec le chapeau en question sur sa tête tranchée. L’inspecteur Cockrill vient investiguer le crime et établit rapidement que le meurtrier appartient à la maison et n’a pu provenir de l’extérieur, ce qui limite à six le nombre de suspects. Par la suite, un nouveau meurtre survient : là encore la victime est retrouvée décapitée mais, cette fois, le crime semble impossible puisque aucune empreinte n’apparait sur la neige entourant le corps. 

Avec ce whodunit typique, Christianna Brand se lance dans le « country house mystery » si cher aux auteurs de l’Age d’Or du roman policier et il ne lui faudra que 185 pages pour résoudre l’énigme pourtant complexe proposée. En effet, en comptant un précédent meurtre commis un an avant les évènements relatés, la romancière donne à son inspecteur la lourde tâche de résoudre trois crimes. Mais Cokrill se montrera à la hauteur et l’assassin sera, logiquement et classiquement, dévoilé lors du dernier chapitre.

Si le roman ne se montre pas très original, le style est très agréable et l’écriture fluide, plaisante, sans les scories de certains auteurs du Golden Age. Brand propose des descriptions vivantes, des dialogues ciselés et confère un bon rythme à son récit empreint d’un certain humour noir et d’un côté macabre, voire grand-guignolesque, appréciable.

Le principal bémol réside dans la conclusion : contrairement à la tradition du whodunit, le plus suspect s’avère être le coupable. Si on peut saluer le réalisme d’une telle fin (à l’opposé des retournements de situations peu crédibles de nombreux romans d’énigme), le lecteur peut se sentir quelque peu floué. Plus embêtant, le mobile de l’assassin se base sur des données médicales erronées et pas vraiment convaincantes. Le processus, qui a été ultérieurement repris plusieurs fois dans la littérature policière, devait cependant être original au début des années ’40. Enfin, l’énigme de l’absence d’empreintes sur la neige se voit évacuée avec une désinvolture déstabilisante (après que plusieurs hypothèses plausibles aient été avancées) et n’a finalement aucune importance. Frustrant.

Malgré ces défauts, VOUS PERDEZ LA TÊTE constitue un bon début pour l’inspecteur Cockrill, personnage intéressant même si pas encore pleinement développé. Le roman se lit en tout cas avec plaisir et reste suffisamment moderne dans son écriture pour ne pas rebuter le lecteur. Le tout donne envie de poursuivre les aventures de Cockrill qui allait résoudre pas moins de trois « crimes impossibles » (dans LA MORT DE JEZABEL, SUBITEMENT DECEDEE et TOUR DE FORCE). Conseillé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Christianna Brand, #Whodunit, #Impossible Crime

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