hard science

Publié le 20 Mai 2019

LES SABLES DE MARS d'Arthur C. Clarke

Voici le tout premier roman d’Arthur C. Clarke, daté du début des fifties et originellement publié au Fleuve Noir. Nous sommes aux prémices de cette science-fiction spéculative et anticipative basée sur un scientisme rigoureux qui sera, par la suite, appelée la « hard science ». Clarke offre donc la description relativement minutieuse et précise d’un voyage spatial et d’une possible terraformation de la planète rouge. Idée reprise par la suite par plusieurs épigones de Clarke, notamment Kim Stanley Robinson, Ben Nova ou Stephen Baxter.

Alors qu’il n’est que débutant, l’auteur s’invite pratiquement dans son œuvre sous l’apparence de Gibson, écrivain ayant beaucoup traité de Mars dans des romans à présents dépassés d’un point de vue scientifique comme son célèbre « Poussière martienne ». Il est autorisé à se rendre sur la planète afin d’en rapporter un compte rendu de ses voyages.

Dans le vaisseau, Gibson a une intéressante discussion concernant les romans de Verne ou Wells s qui, 70 ans plus tard, s’applique également à ces SABLES DE MARS : pourquoi lire encore de la science-fiction lorsque les postulats des romans se révèlent périmés ? La SF d’anticipation proche est-elle condamnée à une rapide obsolescence et faut-il que les écrivains se tournent vers le futur le plus lointain ou la Fantasy la plus débridée? Autrement dit LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE ou LA GUERRE DES MONDES doivent-ils être oubliés au seul profit de LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS pas encore dépassé par les avancées scientifiques ? On laissera les personnages (et le lecteur) en débattre. LES SABLES DE MARS lui aussi apparait anachronique (toutefois Clarke fut parfois visionnaire en datant vers 1970 l’alunissage) et l’auteur se trompa aussi lourdement, notamment sur tout ce qui concerne l’informatique quasi inexistante dans son livre. Néanmoins, malgré ses approximations scientifiques, l’histoire reste suffisamment intéressante pour que le lecteur oublie ses incohérences. Nous rencontrerons même des plantes martiennes et de petites créatures proches des marsupiaux terrestres qui aideront finalement les humains dans leur grande entreprise de terraformation de Mars. Le roman n’en aborde que les premières phases (avec, entre autres, la transformation du satellite Phobos en un second soleil capable de hâter la production d’oxygène).

Clarke maitrise sa narration et alterne grand spectacle (voyage spatial, création d’un second soleil…annonçant 2010 ODYSSEE 2), péripéties (le périple des héros dans les sables martiens et leur découvertes des natifs de la planète rouge) et discussions quasi philosophiques sur le devenir de l’humanité. Clarke y ajoute les relations compliquées entre le héros et un jeune homme, en réalité son fils (bien qu’il l’ignore). Le style, comme toujours chez l’écrivain, se montre précis, relativement simple sans verser dans le simpliste, le vocabulaire bien choisi et le métier est déjà là dans la construction de l’intrigue, les dialogues et les descriptions réussies sans devenir encombrantes (un travers qui empoisonne bien des livres hard science récents).

Roman de jeunesse de Clarke (précédé, dans l’édition ressortie chez Milady, d’une intéressante préface le remettant en perspective), LES SABLES DE MARS n’est pas le meilleur bouquin de l’auteur mais, pour un coup d’essai, on peut dire – sans parler de coup de maître - qu’il reste sacrément efficace et divertissant près de 70 ans après sa première publication.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Arthur C. Clarke, #Hard Science, #anticipation, #science-fiction

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Publié le 16 Avril 2019

RETOUR SUR TITAN de Stephen Baxter

Ce roman court (cela change des récents pavés de l’auteur) s’inscrit évidemment dans le courant hard-science en suivant une expédition lancée vers Titan. A bord du vaisseau d’exploration Bernard-l’ermite, en route vers le satellite de Saturne, se trouve Jovik Emry, spécialiste de la sentience. Son rôle consiste à empêcher l’exploration des mondes abritant la vie. De son côté, le capitaine du Bernard-l’ermite, Michael Poole, désire explorer Titan et tirer parti de ses richesses. Il a donc besoin de l’aval de Jovik, chargé de confirmer l’absence de sentience. L’idée de Poole est, en effet, de rentabiliser un trou de vers proche de Saturne qui permettrait de visiter la galaxie. Mais l’exploration de Titan va réserver bien des surprises à l’équipage.

Se déroulant en 3685, soit juste avant SINGULARITE, RETOUR SUR TITAN appartient au vaste cycle des Xeelee mais peut sans difficulté se lire de manière indépendante. A noter également qu’en dépit d’un titre français un rien trompeur il ne s’agit aucunement d’une suite à l’épais TITAN du même auteur. Avec RETOUR SUR TITAN nous retrouvons un Baxter classique, qui ne brille guère par son intrigue (il s’agit, ici, d’une « simple » exploration spatiale, quelque part entre les récits de monde inconnu et le « catastrophe ») ni par des personnages très fouillés ou attachants. Par contre, comme toujours, l’écrivain prend son temps pour les descriptions complexes, les environnements dépaysant, les notations scientifiques rigoureuses. Il s’agit de hard science pure et dure, certes abordable, mais cependant exigeante. Autrement dit, le roman demande un petit bagage science-fictionnelle, une certaine familiarité avec les concepts coutumiers du genre, quelques connaissances en astronomie, en chimie, en biologie et une attention soutenue. Heureusement tout cela est plus facile sur 160 pages que sur 600 et RETOUR SUR TITAN demeure, par conséquent, très digeste et intéressant avec un minimum de bonne volonté. Si certains éléments restent nébuleux (voire, pourquoi pas, peu compréhensibles), RETOUR SUR TITAN possède suffisamment d’attraits pour maintenir l’attention,  notamment par son utilisation certes un brin mécanique mais cependant appréciable du sense of wonder.

Au final, une très honnête novella et un bon moyen d’aborder cet auteur phare de la science-fiction exigeante sans plonger dans ses romans les plus longs et les plus ardus.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Roman court (novella), #science-fiction

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Publié le 3 Avril 2019

FAIRE DES SCIENCES AVEC STAR WARS de Roland Lehoucq

Dans ce petit bouquin érudit, complexe mais globalement abordable, Roland Lehoucq, collaborateur régulier de Bifrost, retrouve le plaisir quelque peu oublié de la vulgarisation scientifique. Autrement dit il aborde des thématiques complexes de manière ludique en prenant pour base un socle commun à tout amateur de science-fiction qui se respecte : l’univers de « Star Wars ».

L’auteur aborde ainsi ce qui relève de la pure imagination, ce qui sera peut-être possible et ce qui restera probablement à jamais un mythe. Tous les grands thèmes de « Star Wars » sont passés au crible de manière scientifique mais avec un ton décontracté et suffisamment d’humour pour rendre tout ça digeste (plus que bien des romans hard science)

Roland Lehoucq s’interroge tout d’abord sur la force : que peut-elle être et comment les Jedi peuvent il la manipuler ?

Ensuite nous passons à l’Etoile Noire et comment déplacer un engin d’une telle taille…d’ailleurs quelle est sa taille et qu’elle peut bien être sa source d’énergie ? Apparemment la seule solution serait de la puiser directement dans un trou noir. Ne reste plus qu’à en trouver un et à parvenir à le « dompter ».

Les sabre-lasers, ces armes si plaisantes à l’œil mais si improbables scientifiquement parlant, sont ensuite décortiquées. A moins d’envisager des sabres au plasma, ce qui est astucieux pour la démonstration et plus plausibles scientifiquement mais pose d’autres problèmes techniques, notamment d’alimentation en énergie.

Tout est-il donc farfelu et improbable ? Non, les petits chasseurs à propulsions ioniques (les fameux Tie) utilisent, eux, une technologie déjà existante (mais rudimentaire).

Se pose ensuite la question des gros vaisseaux capables de dépasser la vitesse de la lumière et, plus généralement, le problème du franchissement de très grande distance dans l’espace.

Pour les vaisseaux terrestres, là aussi, l’ingénieur chargeait de les construire se heurterait à d’énormes difficultés, que ce soit pour construire les dispositifs antigravités permettant de faire léviter le landspeeder ou pour équilibrer la masse énorme des peu maniables quadripodes impériaux AT-AT.

Et les planètes dans tout ça ? Roland Lehoucq s’interroge sur les deux soleils de Tatouine (et ironise sur le fait que les personnages n’ont qu’une seule ombre) et sur l’orbite possible de la planète. Il dissèque aussi la faune de la planète glaciaire Hoth et les énigmatiques boucliers du peuple Gungans (Alerte ! Jar Jar !!) sur Naboo, puis effectue un parallèle entre les anneaux de Geonosis et ceux de Saturne. Il apparait que les anneaux constitués de gros rochers de Geonosis ne peuvent dater que d’un mois ou deux mais, cette fois, la science s’appuie sur les événements pour suggérer que les ingénieurs de l’Etoile Noire ont testé leur turbo laser sur une lune de la planète dont la destruction a créé les fameux anneaux ! CQFD. Kamino la planète océanique et Mustafar la planète volcanique termine ce tour d’horizon des mondes imaginés par George Lucas.

En résumé, un petit livre amusant et bien fichu, agréable et abordable, pour découvrir différentes innovations et théories scientifiques sans se prendre la tête.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Star Wars, #science-fiction, #Essai, #Cinéma

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Publié le 18 Janvier 2019

DANS LA GUEULE DU DRAGON de Laurent Genefort

Publié au Fleuve Noir, voici un plaisant space opéra de la part d’un Genefort encore relativement débutant (ayant début fort jeune il avait déjà du métier) qui propose un mélange de hard science et de sense of wonder bien équilibré.

Nous suivons un enquêteur d’élite, Jarid Moray, au service d’une gigantesque entreprise, la Semeru. Jarid doit rétablir l’ordre lorsque les troubles menacent et, justement, la situation se détériore sur Muspellsheim, une planète de lave, véritable enfer en fusion. Celui-ci abrite pourtant une colonie humaine établie sur l’île artificielle d’Ymir qui navigue, telle un navire, sur les flots bouillonnants. Deux gouverneurs ont déjà été assassinés et Jarid doit résoudre ce mystère afin d’éviter le pire.

A la manière de certains Brussolo, DANS LA GUEULE DU DRAGON part d’une idée en apparence délirante (une colonie humaine qui vit – ou survit – sur une boule de lave inhospitalière à l’extrême) mais Genefort, contrairement à son confrère aimant s’enfoncer dans l’excès, parvient au contraire à la crédibiliser.

Déjà solidement rôdé et conseillé par des experts (d’ailleurs remerciés en fin de volume) scientifiques, l’auteur s’appuie sur des données scientifiques vraisemblables. Il rend ainsi son récit intéressant et crédible en lui conférant un background rigoureux qui plonge volontiers dans une hard science efficace sans devenir inutilement pesante ou exagérément didactique. Limité par les contraintes du Fleuve Noir, l’écrivain ne peut sans doute pas s’appesantir autant que souhaité sur son univers mais cela lui permet de garder un rythme soutenu et d’éviter les disgressions qui rendent certains romanciers de hard-science parfois peu digeste pour quiconque ne possède pas un doctorat en physique. Genefrot adopte ici une construction façon polar qui maintient l’intérêt du lecteur et soigne la caractérisation de ses protagonistes et les implications géopolitiques. Cependant ce sont surtout les descriptions, assez incroyables et vertigineuses, de cet environnement brûlant qui concourent à l’originalité et à la réussite du livre.

Si Genefort n’avait pas encore donné sa pleine mesure, il prouvait déjà avec ce DANS LA GUEULE DU DRAGON sa maitrise des codes du space opera, du polar science-fictionnel et de la hard science, faisant de lui, à moins de 30 ans, un des grands espoirs de la SF française. Un bon divertissement intelligent et un bon « Fleuve Noir »… même si on n’aurait pas craché sur une version plus longue (pour une fois !) d’une centaine  de pages afin d’explorer davantage ce « dragon ».

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Publié le 4 Décembre 2018

SINGULARITE de Stephen Baxter

Ce roman de Stephen Baxter, écrit en 1992, s’inscrit dans sa vaste histoire du futur, le cycle des Xeelees. Il s’agit d’un neo space opéra mêlant l’aventure spatiale à des considérations philosophiques et scientifiques ardues héritées de la hard science et empruntant également aux interrogations technologiques sur le devenir de l’homme souvent évoqué dans le cyberpunk. On y retrouve donc logiquement la notion de « singularité » théorisée par Vernon Vinge qui veut (en résumé et en gros traits) que l’intelligence artificielle entraine un emballement des progrès techniques et une déshumanisation progressive de l’Homme. L’évolution technique deviendrait si rapique que l’humanité, en très peu de temps, serait incapable de la maitriser voir même de la comprendre.

Dans SINGULARITE, le roman, Baxter imagine des trous noirs envoyé dans l’avenir pour créer des passages temporels mais tombant dans un futur où l’humanité vit sous la coupe des Qax. Un autre vaisseau, celui des Amis de Wigner, plonge dans le passé pour transformer Jupiter et frapper les Qax dans ce passé tandis qu’un Qax venu d’un futur où l’humanité a triomphé de l’envahisseur grâce à un certain Bolder vient compliquer la situation…

Paradoxes temporels, univers potentiels ou alternatifs, singularités diverses,…Pas de doute, Baxter joue dans la cour des férus d’hard-science et ceux qui se sont senti perdus devant des films comme « Looper », « L’armée des 12 singes » ou « Retour vers le futur » risquent de devoir consommer un tube entier d’aspirines pour arriver au terme de ce roman pourtant relativement (relativement est important car la lecture s’avère ici quelque peu ardue sans toutefois être indigeste) court.

Par sa longueur acceptable (300 pages) et son mélange de passages hard-sciences pas toujours aisés d’accès et de science-fiction plus « grand public », SINGULARITE demeure une porte d’entrée conseillée dans l’univers d’un des auteurs majeurs de la SF contemporaine. On peut buter sur des descriptions ou des séquences rébarbatives pour le non scientifique tout en se laissant prendre à la vision véritablement cosmique et grandiose du romancier qui apporte, en dépit de son aspect complexe, un véritable plaisir à l’amateur de science-fiction ambitieuse non dénuée d’un réel « sense of wonder ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #Space Opera, #science-fiction

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Publié le 23 Novembre 2018

ANTi-GLACE de Stephen Baxter

Roman steampunk et uchronique, ANTI-GLACE débute de belle manière : en pleine guerre de Crimée les Anglais utilisent une nouvelle arme de destruction massive, l’anti-glace, laquelle met un terme brutal au conflit à la manière d’Hiroshima un siècle plus tard. Après cette démonstration dévastatrice, le fabuleux matériau n’a plus connu d’utilisation militaire mais suffit à assurer la suprématie de l’Angleterre sur le reste du monde. Cependant, d’autres conflits ne peuvent être évités. La Prusse s’apprête ainsi à entrer en guerre contre la France. De son côté, Ned Vickars, jeune diplomate anglais, se voit chargé de couvrir l’exposition universelle de Manchester, en 1870. Il y rencontre Françoise, une jeune Française dont il tombe amoureux, puis part pour la Belgique où il fait la connaissance de Sir Traveller, grand spécialiste de l’anti-glace et inventeur de génié. Hélas un attentat mené par un révolutionnaire franc-tireur le précipite aux côtés de l’inventeur, dans un vaisseau spatial, vers la lune et sans espoir de retour.

Délaissant (en partie) la hard-science, Stephen Baxter se lance dans l’aventure uchronique mais sans se départir de tous ses tics. Ainsi, il explique de manière scientifique (ou du moins plausible) une rocambolesque intrigue rendant un hommage appuyé à Jules Verne et H.G. Wells, là où les auteurs précités restaient flous sur les moyens d’atteindre la lune (le célèbre boulet de canon de Verne), Baxter tente de crédibiliser son récit.  Malheureusement, tout cela n’est pas toujours très passionnant : les discussions pseudo savantes alourdissent cet ANTI-GLACE qui eut gagné à verser plus volontiers dans le merveilleux.

L’auteur y ajoute en outre des palabres politiques, notamment des considérations sociales ou des discours sur l’anarchisme, qui paraissent tomber comme des cheveux dans une soupe parfois indigeste. Le rythme reste cependant soutenu (le bouquin fait moins de 300 pages) mais ne parvient pas toujours à maintenir l’intérêt…Paradoxalement, le cœur du livre (le voyage spatial qui en occupe une bonne moitié des pages) s’avère beaucoup moins intéressant que l’introduction et la conclusion, lesquelles possèdent une ampleur plus importante et se montrent plus imaginative dans leur recréation uchronique.

Au final, cette anti-glace s’avère un simple prétexte pour permettre un voyage vers la lune alors qu’on eut aimé voir Baxter développer davantage le côté uchronique et les avancées technologiques rendues possibles par ce nouveau matériau fabuleux.

Un titre relativement divertissant et facile d’accès (loin des gros pavé hard SF ultérieurs de Baxter) mais malheureusement seulement à demi convaincant.

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Publié le 5 Octobre 2018

STARPLEX de Robert J. Sawyer

A la lecture de la quatrième de couverture (et, a fortiori, du titre) on pense immédiatement à « Star Trek ». Et, effectivement, on retrouve dans ce roman quelques thématiques proches des voyages de l’Enterprise. On y trouve également des dauphins intelligents devenus auxiliaires des humains dans l’exploration spatiale ce qui rappelle, évidemment, la saga de l’ELEVATION de David Brin. Le thème des portes spatiales créées par une race disparue et permettant de voyager d’un point à l’autre de l’univers évoquera, de son côté, LA GRANDE PORTE de F. Pohl ou pour les plus jeunes (mais plus tant que ça) le film et la série « Stargate ».

L’intrigue générale, pour sa part, navigue entre space opera et hard science sans négliger des passages plus ardus imprégnés d’un mélange de philosophie et d’extrapolations scientifiques pas toujours aisé à digérer. L’aventure, néanmoins, est présente et, une fois encore, rappelle « Star Trek » puisque le vaisseau spatial, censé maintenir la paix, va se trouver malgré lui au cœur d’un conflit. L’auteur décrit également une foultitude de créatures bizarres forcées de cohabiter dans le Starplex.

Au cours du XXIème siècle l’humanité a découvert un réseau de trous de vers, dénommés transchangeurs, qui permettent de voyager à travers les étoiles. Une base terrienne a été construite près du transchangeur le plus proche, à proximité de l’étoile Tau Ceti. Cela a permis à l’humanité de découvrir deux espèces extra-terrestres, les Walahulds et les Ebis. En 2094, le Starplex, dirigé par le commandant Lansing découvre d’immenses sphères constituées de matière noire capables de passer à travers les transchangeurs. Peu après des vaisseaux waldahuds attaquent le starplex.

Du bon et du moins bon dans ce roman : le capitaine Lansing est plutôt sympathique et joue le mimétisme avec James T. Kirk : un quadragénaire en pleine « midlife crisis » à la libido développée. L’intrigue, pour sa part, fonctionne agréablement mais hésite entre une SF « sérieuse » et une SF plus légère, le tout donnant souvent l’impression (voulue ?) d’un épisode de « Star Trek » revisité façon hard science. Ou, pour les moins réceptifs, d’un space opéra plaisant mais encombré d’explications scientifiques pesantes et incompréhensibles aux non-initiés. Le lecteur se permettra donc de survoler certaines scènes pour apprécier davantage un roman intéressant mais rarement passionnant que l’on qualifiera donc de « moyen ». Comme hommage à Gene Roddenberry STARPLEX reste cependant largement plus réussi que l’imbuvable RED SHIRTS.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Space Opera, #Hard Science, #Star Trek

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Publié le 5 Juillet 2018

2010 - ODYSSEE 2 d'Arthur C. Clarke

Avec cette suite tardive (près de vingt ans se sont écoulés) au roman (et surtout au film puisque l’auteur se base – étonnamment - sur ce-dernier et non pas sur sa version littéraire légèrement différente et surtout fort occultée), Arthur C. Clarke nous ramène dans les étoiles pour un nouveau contact avec les extra-terrestres.

En 2010, le docteur Heywood Floyd, à bord du vaisseau spatial russe Leonov, file vers Jupiter dans le but de rejoindre le Discovery afin de remettre en état l’ordinateur Hal 9000, responsable de l’échec de la mission précédente. Floyd et ses collègues doivent également étudier un immense artefact alien, réplique gigantesque du fameux monolithe noir découvert sur la lune neuf ans auparavant. Mais un événement cosmique d’une ampleur sans précédent s’apprête à avoir lieu…

Plus classique, plus linéaire et conforme aux attentes des lecteurs férus d’explorations spatiales que le précédent volet, 2010 ODYSSEE 2 se montre également – et logiquement – plus explicatif sur les événements décrits. Au risque, parfois, de se montrer ennuyeux, notamment lors du très descriptif chapitre consacré au retour de l’enfant des étoiles Dave Bowman. Clarke reprend également des théories classiques (celle, par exemple, des « Ingénieurs » venus ensemencer la Terre, idée reprise ensuite dans le film « Prometheus ») et les développe avec une certaine lourdeur.

Le premier roman apparaissait déjà plus explicatif que sa version cinématographique aussi n’était-il sans doute pas nécessaire d’en reprendre de longs passages et d’y ajouter encore une nouvelle couche d’éclaircissements. Le lecteur est ainsi pris par la main, comme si Clarke craignait de le désorienter…étrange tant la lecture de 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE rendait déjà limpide les passages les plus abscons du film de Kubrick. Bref, cette deuxième odyssée n’apporte finalement pas grand-chose à la mythologie établie par Clarke. Toutefois, le tout se lit sans ennui : reste, heureusement, de jolies scènes qui plongent le lecteur dans l’immensité spatiale et lui offrent l’émerveillement souhaité. Reste aussi un final intéressant où l’humanité – minuscule en regard de l’immensité de l’univers – se confronte à une puissance si étrangère qu’elle apparait forcément comme divine et omnipotente.

Une adaptation cinématographique très réussie et sous-estimée (car sans cesse comparée au Kubrick) vit le jour en 1984, ajoutant un élément important de tension, à savoir la menace d’une guerre nucléaire mondiale entre la Russie et les Etats-Unis. Par contre, les tentatives chinoises pour prendre de vitesse les deux super puissances en envoyant vers la planète géante leur propre vaisseau seront, elles, élaguées. De plus, le long-métrage supprimera les problèmes conjugaux d’Heywood et sa rupture avec son épouse restée sur Terre, rendant l’ensemble plus tendu tout en proposant, en outre, de fabuleuses scènes spatiales aux effets spéciaux encore magnifiques après plus de trois décennies. Bref, le scénario de 2001 se reproduit avec cette séquelle : un roman honnête et plaisant transcendé par son adaptation pour les salles obscures.

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Publié le 27 Mars 2018

RENDEZ-VOUS AVEC MEDUSE d'Arthur C. Clarke

Cette novella d’Artur C. Clarke, originellement publiée dans Playboy, remporta en 1972 le Nebula Award. Bien plus tard, en 2016, Alastair Reynolds et Stephen Baxter lui donnèrent une suite, sous forme de roman, avec THE MEDUSA CHRONICLES.

Howard Falcon est le capitaine d’un nouveau dirigeable expérimental, le Queen Elizabeth IV, qui, tel le Hindenburg un siècle et demi plus tôt, s’écrase lors de son vol d’essai au-dessus du Grand Canyon. Falcon, grièvement blessé, demande, quelques années plus tard, à explorer l’atmosphère de Jupiter. L’expédition découvre ainsi l’existence d’étranges formes de vie, des sortes de raies-mantas et une gigantesque créature ressemblant à une méduse.

Clarke joue ici la carte du mystère et de l’étrangeté : comment aborder l’atmosphère jovienne qui semble, par essence, impossible à explorer de manière conventionnelle ? Le romancier plonge le lecteur dans les nuages chargés de gaz, au cœur des tempêtes électriques, et le guide vers la découverte d’une forme de vie radicalement différente, tout comme il le fera plus tard dans son classique RENDEZ VOUS AVEC RAMA.

Certains passages de la nouvelle annonce aussi les différentes séquelles données par Clarke à son fameux 2001 et, en particulier, l’excellent 2010 écrit une dizaine d’années après ce RENDEZ VOUS AVEC MEDUSE.

Le récit mélange avec un certain bonheur hard science (Clarke décrit avec soin l’équipement nécessaire à ce voyage vers Jupiter) et sense of wonder (les extra-terrestres sont très originaux) tout en y ajoutant quelques touches plus spéculatives sur le devenir de l’homme lors d’une conclusion surprenante empreinte de questionnement un brin philosophique.

Récompensée par le Nebula, voici donc un court roman (également connu sous le titre FACE A FACE AVEC MEDUSE) de belle tenue qui se lit avec beaucoup de plaisir et d’émerveillement. Une réussite supplémentaire pour celui qui fut, sans contestation possible, un des plus grands auteurs de science-fiction du XXème siècle.  

 

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

Publiée dans de nombreuses anthologies, la novella se retrouve forcément dans la très copieuse INTEGRALE DES NOUVELLES dont nous reparlerons ultérieurement.

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Publié le 1 Mars 2018

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge
COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

Vernor Vinge a déjà reçu deux fois le prix Hugo pour ses monumentaux space opéra UN FEU SUR L’ABIME et AUX TREFONDS DU CIEL. En 2004, il obtient à nouveau la récompense enviée du meilleur roman mais, cette fois, dans la catégorie du « roman court ». COOKIE MONSTER, en une centaine de pages, s’avère donc une belle manière de découvrir cet auteur phare de la science-fiction contemporaine.

Nous suivons la vie, pas toujours folichonne, de Dixie Mae, laquelle vient d’être engagée au service-client de la plus grosse compagnie de nouvelles technologies de la Silicon Valley, Lotsa Tech. Cependant, rapidement, elle reçoit un courriel agressif contenant de nombreux détails intimes qu’elle seule peut, en théorie, connaitre. En compagnie de son collègue Victor, la jeune femme part à la recherche de l’auteur du mystérieux message et découvre une réalité incroyable.

Récit hard science mâtiné de cyber punk (ou vice-versa), COOKIE MONSTER s’avère étonnamment abordable et digeste en dépit des thématiques scientifiques ardues abordées. Revisitant les contes de fées (ALICE AU PAYS DES MERVEILLES et LE MAGICIEN D’OZ en particulier) en les plongeant dans un bain de technologies, d’anticipation et d’intelligence artificielle, Vinge offre un tableau très crédible et prophétique d’un futur déshumanisé qui semble, plus que jamais, terriblement proche.

L’auteur jongle ainsi avec divers concepts et ouvre des perspectives philosophiques certes classiques (un amusant dialogue – à coup de référence à des textes science-fictionnels antérieurs plus ou moins célèbres - démontre d’ailleurs que l’idée n’est pas neuve) mais toujours pertinentes qui visent, au final, à définir l’humain.

La question éternelle du cyberpunk (y a-t-il un ghost in the machine ?) sous-tend ce texte à la fois rythmé, divertissant et profond qui rappelle à la fois l’excellent roman SIMULACRON 3 et la trilogie « The Matrix », pour ne citer que deux références bien connues des amateurs. Mais Vinge aborde aussi les thèses transhumaniques ou se réfère à la théorie de Moore (laquelle postule un doublement de la puissance des ordinateurs tous les 18 mois) qui conduisent certains à penser que, dans moins de 20 ans, l’intelligence artificielle aura définitivement pris le pas sur l’Homme.

En dire davantage ruinerait une partie des surprises proposées par ce récit court mais diablement intelligent et ponctué de diverses révélations jusqu’à une fin à la fois ouverte et vertigineuse. Ajoutons que Vinge donne plus de profondeur à son intrigue et de consistance à ses personnages en 100 pages que certains romanciers en plusieurs centaines. Bref, COOKIE MONSTER est hautement conseillé pour deux heures de grande science-fiction ! Un prix Hugo (pour une fois !) incontestablement mérité.

COOKIE MONSTER de Vernor Vinge

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