aventures

Publié le 21 Août 2017

BOB MORANE - KROUIC de Henri Vernes

Publié en 1972, voici la 113ème aventure de Bob Morane. Ce-dernier se promène dans un champ de foire en compagnie d’un Bill Ballantine très impatient d’assister à une démonstration de catch. Mais les deux amis sont abordés par un étrange nain, Krouic, qui les invite à assister à un spectacle plus intéressant. Peu après Morane se retrouve prisonnier d’une énorme bouteille en verre. Il parvient à s’en libérer et sauve une jeune fille également captive, Violette, pour découvrir qu’il se trouve au main d’un mystérieux collectionneur. Le couple va devoir échapper à de nombreux périls.

KROUIC appartient pleinement au fantastique (et plus encore à la fantasy), un genre souvent présent en filigrane dans les romans de Bob Morane grâce à des personnages surnaturels ou à des inventions délirantes. Ici, l’aventurier se retrouve coincé dans un monde qu’il ne comprend pas et se voit forcé d’avancer sans autre but qu’espérer s’en échapper. Aidé par une demoiselle, Bob parcourt cet univers mystérieux et y rencontre divers périls : une araignée gigantesque, une tribu aux intentions équivoques, un étrange chasseur mécanique, un robot, etc.

On retrouve là le schéma classique de la quête, typique de la fantasy, et que magnifiera le fameux « cycle d’Ananké » (sans doute le sommet de la série) avec ses rencontres toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Ainsi, après avoir tué un immense arachnide en brulant sa toile à l’aide de son briquet, Bob, rebaptisé le Tueur d’Araignée, est accueilli par une tribu primitive dont le chef lui demande de supprimer le redoutable Ruicko le Chasseur. Si Bob échoue, Violette lui sera sacrifiée. Mais le chasseur en question se révèle un piège mécanique. Par la suite, Bob doit encore combattre le robot Rokuci.

Voici un bon moyen d’occuper deux heures de son temps en arpentant en compagnie de l’infatigable aventurier un monde étranger et dangereux. Bien sûr, le roman n’échappe pas à certains tics comme cette manie de Bob, décidément pratiquement aussi asexué que Tintin, d’appeler sa compagne « petite fille » ou, pire, « Violette des bois ». On constate tout le chemin parcouru par la littérature jeunesse dans le domaine amoureux, les auteurs actuels n’hésitant plus à aborder de front la question de l’attirance sexuelle. Néanmoins, ce KROUIC demeure plaisant et rondement mené, les différentes péripéties s’enchainant de belle manière sans laisser au lecteur le temps de souffler et en dépit d’une fin quelque peu décevante ce petit bouquin reste l’assurance d’un bon moment de divertissement.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Jeunesse, #Bob Morane

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Publié le 7 Août 2017

L'IMPLACABLE: MARCHE OU CREVE de Richard Sapir & Warren Murphy

Dans ce onzième roman de l’interminable série consacrée à Remo Williams (surnommé en anglais The Destroyer et en français L’implacable) l’organisation gouvernementale secrète Cure, dirigée par Harold Smith, voit son existence menacée. Ses secrets risquent d’être révélés, ce qui compromettrait l’intégrité politique des Etats-Unis et même l’autorité du président en personne. Par conséquent, pour éviter le désastre, Smith doit démanteler l’organisation et rompre tous les liens l’unissant à Chiun, le Maître du Sinanju, et son disciple Remo. Ce-dernier se montre d’abord ravi d’être ainsi forcé à la retraite anticipée. Mais, très vite, il culpabilise et décide d’aider un Smith au bord du suicide. Sans ressources, isolé et contraint à agir rapidement, Remo se lance dans la politique pour redresser une situation désespérée. Son idée consiste à faire élire à la mairie de Miami un doux rêveur inoffensif, Mac Polaney, sorte de baba cool quinquagénaire qui aime la pêche, s’est déjà présenté (sans succès) plus de quarante fois aux élections et ne vote pour personne, pas même pour lui. L’Implacable et Chiun vont user de toutes les méthodes pour persuader les électeurs du bien-fondé de leur projet saugrenu.

Quoique la recette générale soit à présent connue, MARCHE OU CREVE s’éloigne des standards habituels de la série pour proposer un récit moins porté sur l’action et davantage orienté vers la satire politique. L’humour, comme toujours, se montre donc bien présent et réserve son lot de scènes amusantes. Ainsi, Chiun aime se déplacer avec des dizaines de bagages tout en se donnant l’apparence d’un frêle vieillard peu aidé par son ingrat de fils adoptif. D’où les réactions outragées d’une bande de femmes mûres voyant Remo refuser de lui porter ses valises. Par la suite, l’Oriental, toujours aussi friand de feuilletons télévisés à l’eau de rose, découvre, estomaqué, la médiocrité d’une série martiale qui, sacrilège, donne une bonne image des moines Shaolin.

Les considérations politiques occupent ici l’essentiel d’une intrigue franchement pauvre en action selon les standards de la série. On peut juger la charge sans finesse mais, pourtant, elle semble plus que jamais d’actualité et, dans l’ensemble, pertinente. « Les trois éléments les plus importants d’une élection sont le candidat, le candidat et le candidat » annonce-t-on à Remo qui rétorque « bien sûr que non, c’est l’argent, l’argent et l’argent ». Et voilà les deux plus grands assassins du monde, escorté d’une myriade de « femmes d’un certain âge » en campagne pour conduire à la mairie un anarchiste sur le retour. Son unique slogan, rapidement adopté par la foule conquise, est « le soleil c’est bien plus beau, les fleurs c’est bien plus doux » tandis que ses meetings politiques consistent en des démonstrations de ses (lamentables) talents à la scie musicale. Mais, quoiqu’il arrive, nul ne le fera taire !

Ces événements permettent à Chiun de s’étonner de la stupidité du processus démocratique : l’accession au pouvoir d’un candidat est déterminée par la beauté de son badge de campagne ou par l’avis d’une célébrité quelconque invitée à s’exprimer sur le sujet. Lorsque le vieil Oriental suggère d’engager un expert, son émule lui répond que « nul ne s’y connait en politique, les experts encore moins que les autres. Tout le système est tellement dingue que n’importe quel fou a une chance de gagner ». La suite du roman prouvera à Remo la justesse de cette assertion et, de toute façon, l’Histoire a prouvé à maintes reprises que les gens votent souvent « pour quelqu’un qui a sa tête à la place de son cul ». Bien évidemment en soudoyant quelques personnalités haut placées, en menaçant quelques criminels influents et en s’assurant le soutien d’une centaine de femmes âgées qui trouvent leur candidat « tellement gentil » Remo et Chiun finissent par s’assurer de son élection. Et à sauver la mise (et la tête) de leur Empereur Smith.

Sans doute pas le plus représentatif ni le plus mouvementé des romans consacrés à l’Implacable, MARCHE OU CREVE demeure un divertissement rondement mené riche en passages fort drôles et en dialogues efficaces. Très sympathique à condition de ne pas en attendre l’action échevelée et délirante des autres tomes de la série.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Gérard de Villiers, #Implacable

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Publié le 2 Août 2017

TITANIC 2012 de Christophe Lambert

Publié à la fin du XXème siècle puis réédité en 2012 (l’auteur s’en amuse d’ailleurs : d’anticipatif le roman devient le récit d’une Histoire parallèle avant que le temps ne le transforme inévitablement en uchronie), TITANIC 2012 constitue un récit très divertissant inspiré (surprise ?) par la tragédie du Titanic. Cette dernière a nourri bien des œuvres de fiction : en littérature citons l’excellent policier de John Dickson Carr, LE NAUFRAGE DU TITANIC et le « blockbuster » de Clive Cussler RENFLOUEZ LE TITANIC (malheureusement très médiocrement adapté à l’écran). Profitons de cette chronique pour signaler également LES MEURTRES DU TITANIC de Max Allan Collins donnant la vedette à Jacques Futrelle, écrivain américain créateur d’un émule de Sherlock Holmes surnommé « La machine à penser » menant l’enquête sur le Titanic, navire sur lequel Futrelle trouva réellement la mort. Au cinéma, la superproduction de James Cameron et le plus ancien mais minutieux « Atlantique Latitude 41° » de Roy Ward Baker demeurent les longs-métrages de référence.

De son côté, Christophe Lambert imagine un complexe hôtelier construit au fond des eaux, Le Cœur de l’Océan, projet mégalomane du milliardaire Murray Hamilton. Celui-ci a, en partie, restauré l’épave du Titanic et, pour le centenaire du naufrage, convie de nombreux invités dont quelques célébrités comme Leonardo DiCaprio, Stephen King et Stirling Silliphant, âgé de 109 ans et dernier survivant du désastre. Les mesures de sécurité sont, normalement, parfaites et doivent empêcher tout problème lors de l’inauguration. Seule l’océanographe Katherine Wells ne partage pas l’enthousiasme général et soupçonne les responsables de la sécurité d’avoir quelque peu rogné sur le budget, ce qui pourrait entrainer de terribles conséquences lors du passage prochain d’un puissant cyclone. Elle tente de convaincre un agent d’assurance, Paul Lomat, du danger. Mais un tueur à gages est envoyé sur leurs traces. Tout ce petit monde se retrouve au Cœur de l’océan pour la grande soirée d’inauguration…

Ce bon thriller maritime reprend le schéma éprouvé du « cinéma catastrophe » des années ’70 (« L’aventure du Poséidon » vient immédiatement à l’esprit) en débutant par une rapide présentation des protagonistes suivi de leurs vaines tentatives pour éviter le désastre. Le dernier tiers du roman, consacré à la catastrophe proprement dite, accélère le rythme déjà soutenu (une alternance de chapitres courts fort efficaces) jusqu’au final quelque peu inattendu (on eut aimé le voir plus développé) et la confrontation entre les « bons » et les « méchants ». Si le récit est forcément prévisible (une fois encore l’auteur en est pleinement conscient et s’en amuse : pourquoi allez voir un film comme « Titanic » dont tout le monde connait la fin ?), il évite l’écueil de la linéarité en multipliant les points de vue et les personnages. Ces derniers sont intéressants quoique les héros (l’océanographe et l’agent d’assurance auquel on ajoutera le fils du concepteur du complexe aquatique) se révèlent moins intéressants que le tueur à gage fatigué engagé pour les supprimer et tenté par l’accomplissement d’une bonne action susceptible d’effacer sa lourde ardoise. Enfin, le personnage de Silliphant, dernier survivant de la catastrophe pressentant un nouvel accident mais acceptant de participer à cette « mascarade » pour aider son petit-fils, s’avère, lui-aussi, joliment brossé. Là encore on eut apprécié davantage de développement mais cela aurait peut-être nuit à l’implacable avancée d’une intrigue qui ne laisse guère au lecteur le temps de souffler.

De manière ludique, Christophe Lambert ajoute à son roman quelques clins d’œil à destination des initiés. Ainsi un groupe musical se nomme IG 88 and the Assassination Droids et deux de ses membres, cinéphiles avertis, discutent des mérites respectifs de « Meteor » et « Tremblement de terre » ou de l’implication réelle d’Irwin Allen dans la réussite de « La Tour infernale ». L’auteur énonce également les trois principales règles pour survivre à une catastrophe, la plus importante étant évidemment de rester près du chien (à défaut un chat ou, éventuellement, un enfant peuvent s’y substituer) puisqu’il est bien connu que les canidés s’en sortent toujours. Le romancier nomme également l’unique survivant du Titanic Stirling Silliphant en référence au célèbre scénariste responsable de quelques classiques comme « La tour infernale », « L’aventure du Poséidon » ou « L’inévitable catastrophe ». Dans le même esprit le milliardaire entêté ayant bâti le Cœur de l’Océan se nomme Murray Hamilton, tout comme l’acteur qui joue le maire obstiné refusant la fermeture des plages des « Dents de la mer ». De petits clins d’œil sympathiques qui rendent très divertissant ce bouquin rondement mené sur 250 pages bien tassées auxquels Christophe Lambert ajoute quelques notes, références et pistes de réflexion pour son public, jeune et moins jeune.

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Publié le 13 Juillet 2017

LE SURVIVANT - GUERRE TOTALE de Jerry Ahern

Expert en arme et écrivain prolifique, Jerry Ahern (1946 – 2012) reste essentiellement connu pour sa longue saga littéraire consacré à l’agent de la CIA John Thomas Rourke, alias « Le Survivant ». Sous le formidable pseudonyme d’Axel Kilgore on lui doit également la série du « Mercenaire », elle aussi publiée en France chez Gerard De Villiers. En tout, Ahern écrivit plus de 80 bouquins dont 29 appartiennent à la saga du « Survivant » débutée en 1981 avec ce premier tome, GUERRE TOTALE.

Dans ce roman nous faisons la connaissance de notre valeureux héros, John Thomas Rourke, un as de la CIA revenant d’une mission au Moyen-Orient. Persuadé que le monde court à sa perte, Rourke s’est familiarisé avec les techniques de survie et a construit un abri antiatomique pour sa famille. La situation au Pakistan semble donner raison à Rourke et la tension s’accroit entre les Etats-Unis et la Russie. Malgré les efforts de paix des deux nations, l’escalade militariste conduit à un holocauste nucléaire qui dévaste la quasi-totalité de la planète. Lorsque les missiles frappent le sol américain, Rourke est à bord d’un avion. Les pilotes sont aveuglés par la déflagration mais l’agent de la CIA parvient à poser l’appareil tant bien que mal. Avec un autre survivant, Paul Rubinstein, il se dirige vers la ville la plus proche, Albuquerque, où il espère trouver un soutien. Pendant ce temps, son épouse Sarah emmène ses enfants vers ce qu’elle espère être la sécurité…

Lançant la mode fructueuse (en particuliers au cinéma) du « post nuke », LE SURVIVANT – GUERRE TOTALE n’est, bien sûr, pas le premier roman à traiter du thème de la survie après une guerre nucléaire mais il est sans doute responsable des nombreuses imitations ultérieures qui allaient encombrer les halls de gare durant les années ’80, en particulier la série « Doomsday Warrior ».

Ce premier tome se veut réaliste et se consacre, durant une centaine de pages, à la situation géopolitique en passe de se dégrader irrémédiablement. Les efforts de la Russie pour stopper l’expansion du fondamentalisme islamiste conduisent à une riposte américaine menant elle-même à la guerre totale. Les temps ont changés… Ou pas ? Moins manichéen que la plupart de ses collègues œuvrant dans le roman de gare, Aherm présente des personnages certes stéréotypés mais néanmoins intéressants. Bien sûr, Rourke constitue le parfait exemple d’invincible héros du roman de gare, un mercenaire capable d’affronter à lui seul 40 bikers sans subir la moindre  égratignure. Précurseur  des combattants inflexibles du cinéma musclé, défenseur émérite des valeurs américaines menacées par la pourriture communiste, Rourke combine Mad Max, John Rambo et le Chuck Norris d’ « Invasion USA » afin de protéger sa famille et ce qu’il reste du monde libre. Alternant de manière classique mais toujours aussi efficace les différents points de vue des protagonistes, GUERRE TOTALE avance à un rythme ultra soutenu qui ne laisse aucunement le temps de souffler au lecteur. Les dernières pages, encore plus imprégnées d’action, annoncent les outrances à venir et anticipent largement sur « Mad Max 2 » et le cinéma post-nuke de  cette époque puisque Rourke se venge d’une horde de sanguinaires hell’s angels auxquels il tient tête avec sa bite, son couteau et ses pistolets automatiques.

Comme souvent avec ce genre de série paralittéraire, les tomes ultérieurs s’éloigneront progressivement de ces bases réalistes pour verser plus frontalement dans une science-fiction débridée incluant cryogénie, mutants et autres cannibales. En France, seuls les premiers tomes eurent droit à des traductions respectueuses du matériel originel, les bouquins furent, par la suite, écrits par d’illustres inconnus qui étirèrent la saga jusqu’au tome 51.

Pour les nostalgiques de la Guerre Froide, les fans de post-nuke ou les simples amateurs de bouquins d’action vite écrits et vite lus, GUERRE TOTALE s’impose comme une réussite étonnamment plaisante et d’une rare efficacité que l’on n’a pas envie de lâcher avant la fin (provisoire évidemment). Rondement mené et vivement conseillé !

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Publié le 19 Juin 2017

SHERLOCK HOLMES ET LE MYSTERE DU HAUT KOENIGSBOURG de Jacques Fortier

Les pastiches littéraires de Sherlock Holmes sont aujourd’hui innombrables à tel point que le « canon » légué par Conan Doyle parait bien mince face à ces dizaines (centaines ?) d’imitations plus ou moins inspirées.

Cette nouvelle enquête se situe en 1909 alors que l’Alsace-Lorraine est retourné dans le giron allemand et que Guillaume II s’est mis en tête de restaurer le château du Haut-Koenigsbourg alors en ruines. Détective à la retraite, Sherlock Holmes, sollicité par son frère Mycroft, mène l’enquête, sous couvert d’écrire un guide des forteresses médiévales, en compagnie de l’indispensable Watson. Un trésor inestimable serait, en effet, enfoui au cœur du château. Mais il pourrait s’agir d’une bien plus redoutable arme qui pourrait s’avérer décisive dans la Grande Guerre annoncée…

Ecrit pour célébrer le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Doyle, ce roman fut un joli succès de librairie qui eut même droit à son adaptation en bande dessinée. Mérité car l’auteur, le journaliste alsacien Jacques Fortier, connait bien la région décrite et le roman se veut, en quelque sorte, un guide de voyage destiné à faire découvrir au lecteur les richesses de l’Alsace, tant architecturales que culturelles, historiques et culinaires. Le tout débute ainsi en 1190, à la mort de l’empereur Barberousse, avant de voyager à travers les siècles jusque 1909, année où se déroule l’affaire que Watson relatera bien des années plus tard, ce qui permet de visiter non seulement le Haut-Koenigsbourg mais également Strasbourg, sans oublier un détour par Pierrefonds.

Nous sommes en présence d’un pastiche enlevé, court (192 pages) et donc rythmé en dépit de quelques descriptions informatives qui ralentissent la lecture en particulier durant les premiers chapitres parfois très (trop ?) proches de celles du « guide du routard ». L’enquête en elle-même manque peut-être un peu de tonus mais se suit sans déplaisir et Holmes préfigure parfois Indiana Jones puisqu’il finit par découvrir un artefact religieux légendaire convoité par l’Allemagne à des fins de propagande (non il ne s’agit pas du Graal). Les puristes de Conan Doyle risquent par conséquent de tiquer mais le personnage a depuis longtemps perdu sa stature réaliste pour devenir une sorte d’archétype, voire de super-héros, aussi ingénieux que courageux, inégalé dans la déduction et infaillible dans la résolution de mystères souvent aux frontières du réel.

Roman d’aventures policières teinté de références historiques et ésotériques (nous étions alors – en 2009 - en pleine vogue de ce genre de thrillers mystiques ayant assuré le succès de Dan Brown), SHERLOCK HOLMES ET LE MYSTERE DU HAUT KOENIGSBOURG avance jusqu’à sa conclusion sans ennuyer le lecteur, l’auteur agrémentant son récit de touches humoristiques bienvenues et des inévitables références littéraires aux énigmes les plus célèbres résolues par Holmes. Dans la masse des pastiches holmésiens, cette énigme rhénane se révèle au final plutôt convaincante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Aventures, #Sherlock Holmes

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Publié le 1 Juin 2017

ALERTE ROUGE A WASHINGTON de "Don Pendleton"

Crée par Don Pendleton, le vétéran du Viet Nam devenu justicier Mack Bolan eut rapidement une vie propre : après les 38 premiers romans (rassemblés sous la domination de « Guerre à la Mafia »), l’Exécuteur fut repris par de nombreux auteurs qui en firent une sorte de super agent aux services secrets de l’Amérique. Lorsque la nation ne peut agir de manière officielle, elle peut compter sur le Guerrier pour défourailler de la racaille, du petit trafiquant au terroriste international, Bolan ne fait pas dans le détail.

Edité en France par les éditions Gerard De Villiers, « l’homme à la combinaison noire » vécut également des aventures originales qui ne furent pas traduites mais bien entièrement écrites par des romanciers hexagonaux. Souvent non crédités (lorsqu’ils le sont c’est uniquement en tant que « traducteur et adaptateur »), ils s’effacent pudiquement devant la légende (avec ses nombreuses séries dérivées on approche du millier de romans !!!) comme cette ALERTE ROUGE A WASHINGTON plutôt efficace.

Dans cette aventure, l’auteur (donc anonyme) attaque la collusion entre le pouvoir américain et la Mafia, imaginant (peu avant le 11 septembre) une sorte d’énorme complot entre des militaires assoiffés de pouvoir et les organisations maffieuses afin de générer un conflit au Moyen-Orient qui servirait, en quelque sorte, de test grandeur nature pour observer les réactions du monde à une guerre nucléaire localisée. Sympathique et plutôt novateur, cela change agréablement des massacres répétitifs d’amichi d’une ville à l’autre du globe.

Cependant, si l’intrigue se révèle plus consistante que de coutume et constitue un hybride assez réussi entre les deux périodes (polar anti mafieux et action / espionnage pour résumer succinctement) de l’interminable saga (Bolan fait ici la guerre à la Mafia mais il s’associe avec une poignée de militaires vétérans pour débarrasser les hautes sphères politiques de la corruption), avec Mack Bolan, pas de subtilité ni de grande analyse politique, place au nettoyage par le vide. La série n’a jamais fait dans le subtil mais a souvent gardé le cap en jouant sur un rythme frénétique qui multiplie les explosions, fusillades et autres massacres de crapules. Du divertissement très efficace totalement dévoué à la testostérone et à l’hémoglobine sans perdre de temps en considérations psychologiques ni en érotisme (contrairement à ce que veulent faire croire les couvertures françaises). Bref, ça déménage et ça emporte tout sur son passage, avec une écriture très brute et une grande économie de moyens : phrases courtes, chapitres ramassés en quelques pages, nombreux synonymes pour varier les descriptions (un brin répétitives) de mafiosi abattus par notre héros. Des recettes qui doivent autant à la littérature brute de décoffrage de Mickey Spillane qu’aux polars d’action musclés des seventires (genre JUSTICE SAUVAGE ou LA TRAHISON SE PAYE CASH).

Bref, L’EXECUTEUR, en dépit de son aspect ultra codifié (qui, mine de rien, a fini par générer une mythologie sommaire avec son lot de personnages récurrents comme en témoignent ici les nombreuses notes de bas de page renvoyant le lecteur à une aventure antérieure) reste une valeur sûre du roman de gare moderne et une des seules séries de ce style (jadis si populaires) à continuer à perdurer en ce vingt-et-unième siècle. Très plaisant.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Exécuteur, #Gérard de Villiers

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Publié le 19 Mai 2017

CHERRY O CHEZ MAO de Glen Chase

La saga de CHERRY O, alias « Cherry Delight, Sexecutioner » (tout un programme) fut un classique des halls de gare durant les années ’70 au même titre que le similaire O.S.S.E.X. (autrement dit « The Lady from L.u.s.t ».) Ces deux séries étaient écrites respectivement par Glen Chase et Rod Gray. En réalité, un seul homme se dissimulait derrière ses deux pseudonymes : Gardner Fox, personnalité incontournable du comic-book américain.

Gardner Fox participa, en effet, à la conception de quelques-uns des plus célèbres super-héros de l’éditeur DC Comics, notamment Hawkman, The Flash, Doctor Fate, Batgirl ou encore Sandman, sans oublier la création de la Justice League. On lui doit aussi l’écriture, en 1961, de ce qui reste une des plus célèbres aventures du Flash avec l’excellent « Flash of two worlds » qui introduisait le concept du multivers devenu central au cours des décennies suivantes pour le monde DC. Fox rédigea aussi de nombreuses nouvelles pour les pulps, fut publié par Weird Tales et créa un musculeux émule de Conan en la personne du barbare Kothar.

Est-il donc étonnant de le retrouver à la tête de deux sagas de sexpionnage, autrement dit d’un mélange très roman de gare entre l’espionnage à la James Bond, l’érotisme exotique façon porno chic et une légère science-fiction ponctuée d’une violence décomplexée ? Pas vraiment tant ce sous-genre fut populaire durant les années ’70, résultat conjoint de la libération des mœurs, de l’arrivée du cinéma X et du succès de l’agent 007.

Dans cette nouvelle aventure, Cherry O, agent du SPASM (le Service Spécial anti maffia et anti stupéfiant, rien que ça !) doit retrouver les trois meurtriers d’un agent secret. Si les deux premiers sont facilement éliminés, le dernier se trouve en Chine communiste (horreur !) où il s’associe avec la secte Tongs pour tenter de mettre la main sur le fabuleux trésor du Khan (celui-là même que le Dirk Pitt finira par trouver bien des années plus tard sous la plume de Clive Cussler). Sur place, Cherry O retrouve un autre espion du SPASM, Derek Guyfford, afin de boucler sa mission et de déboucler sa ceinture.

Classique, CHERRY O CHEZ MAO déroule une histoire de traque déjà lue et relue dans le domaine de l’espionnage. Le récit s’avère donc sans surprise mais relativement plaisant dans sa narration très feuilletonesque. Si ce n’est pas vraiment de la grande littérature, on ne voit pas le temps passer et c’est le principal objectif de ce genre de bouquins aussi tassés qu’un bon café (moins de 200 pages) que l’on lisait auparavant le temps d’un trajet de train et aujourd’hui d’une soirée puisque « la littérature de gare n’existe plus : les plus longs voyages durent trois heures et les voyageurs regardent un film sur leur tablette plutôt que d’ouvrir un bouquin ».

Au fil des pages, la Rousse explosive et nymphomane détaille ses turpitudes sexuelles, lesquelles occupent un bon tiers du roman avec toutes les figures imposées : duo, scène saphique, orgie, etc. L’auteur y ajoute un certain humour pince sans rire, une pointe bienvenue d’anticommunisme, un soupçon d’exotisme façon guide touristique et une large rasade de tortures. Un ensemble plaisant, sans prise de tête et finalement assez amusant, beaucoup moins sérieux ou politisé qu’un SAS mais tout aussi divertissant pour les amateurs d’action virile. De là à lire toute la série qui compte trente-sept titres (dont certains ne furent d’ailleurs pas écrits par Fox mais par les « traducteurs » de l’édition française) il y a cependant un pas…

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Espionnage, #Erotique, #Sexpionnage

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Publié le 5 Mai 2017

LES YEUX DE L'OMBRE JAUNE (BOB MORANE) d'Henri Vernes

Les « Bob Morane » mettant en scène l’Ombre Jaune sont souvent à la fois les plus divertissants et les plus frustrants. Divertissants car ces aventures sont celles qui se rapprochent le plus du « pulp » à la DOC SAVAGE, FANTOMAS ou FU MANCHU dont ils reprennent avec bonheur tous les clichés, certes surannés mais toujours plaisants. De la littérature de consommation courante à base de méchant mégalomane, de jeune fille en détresse et d’inventions délirantes. Cependant, les « Ombre Jaune » s’avèrent également frustrants car les contraintes inhérentes à la série (le nombre de pages restreints, le souci de rester dans une optique très familiale au niveau de la violence) obligent Vernes à limiter le développement de l’intrigue, laquelle devient, dès lors, très schématique. Ne pouvant se permettre de trainer en route, l’auteur amorce son récit par une situation mystérieuse auquel seront confrontés nos amis Morane et Ballantine. Très vite les deux amis soupçonnent l’Ombre Jaune et, oh surprise, celui-ci s’avère effectivement coupable. Après quelques péripéties, l’une ou l’autre bagarre et course-poursuite, Morane triomphe du cruel Oriental, généralement en recevant l’aide bienvenue de Tania Orloff, la nièce de Mr Ming partagée entre sa loyauté envers tonton et son amour platonique pour Bob.

Dans le cas des YEUX DE L’OMBRE JAUNE, une demoiselle en détresse, Martine, est traquée, dans un Londres forcément brumeux, par un étrange humanoïde dont les yeux lancent des rayons mortels. Secourue par Morane, la jeune fille révèle que son père, un spécialiste du laser, a disparu. L’Aventurier, accompagné de Ballantine, se retrouve ensuite dans un château médiéval auvergnat et découvre rapidement l’implication de Monsieur Ming, alias l’Ombre Jaune, dans un sinistre plan visant à créer une arme mortelle. Heureusement, Tania Orloff, que Bob persiste à considérer comme une « petite fille » viendra à la rescousse pour déjouer les projets de domination planétaire de son oncle.

L’intrigue, très classique et linéaire, n’est pas inintéressante mais Vernes doit avancer à la vitesse d’un supersonique pour la caser dans le nombre de pages impartis (moins de 150). Pas de place au doute (seul l’Ombre Jaune peut avoir élaboré un tel plan de conquête !), peu de développement des personnages (exceptés quelques phrases échangées, en fin de volume, entre Bob et Tania) et peu de surprise quoique le roman ne soit jamais ennuyeux. A la fois qualité et défaut, le rythme soutenu assure un divertissement bien ficelé et divertissant, une lecture idéale pour les jeunes adolescents (et ceux qui le sont resté).

Pour l’anecdote, le roman fut adapté en bande dessinée dans une version remaniée sous le titre LES YEUX DU BROUILLARD (Miss Ylang Ylang y remplaçant Mr Ming) et cette bande dessinée fut elle-même convertie en roman (également sous le titre LES YEUX DU BROUILLARD), aboutissant à une sorte de remake du titre qui nous occupe.

LES YEUX DE L'OMBRE JAUNE (BOB MORANE) d'Henri Vernes

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Rédigé par hellrick

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Publié le 4 Mai 2017

LA LEGION ECARLATE de Johan Heliot

Né à Besançon en 1970, Johan Heliot se révèle au public avec sa trilogie de la lune dont le premier tome, LA LUNE SEULE LE SAIT, publié en 2000 chez Mnémos obtient le prix Rosny Ainé. Par la suite, Heliot écrit le diptyque FAERIE HACKERS / FAERIE THRILLER et de nombreux romans indépendants tant destinés aux adultes qu’aux adolescents.

Edité dans la collection « Royaumes Perdus » chez Mango, LA LEGION ECARLATE est plutôt destiné aux jeunes lecteurs mais chacun peut y trouver son bonheur. L’intrigue, resserrée sur 176 pages, s’intéresse au destin d’un jeune soldat romain, Marcus Livius Salveris, vivant sous le règne de l’Empereur Trajan. Il accompagne le général Servius Tarsa dans son grand projet : conquérir les terres inconnues se trouvant au-delà de la Grande Mer. Le général voit son armée décimée par une tempête mais s’obstine et débarque au Nouveau Monde : la lutte s’engage entre les légions de Rome et les tribus Peaux-Rouges.

Asterix et Obélix avaient jadis, effectué cette « grande traversée » et Tarzan avait, il y a des décennies, rencontré au fond de l’Afrique des soldats romains. Heliot lui-même, dans son RECONQUERANTS, avait déjà traité du sujet mais, cette fois, il opte pour un récit plus porté sur l’aventure, quelque part entre l’uchronie, la fantasy, le péplum et le western. Le parcours du jeune héros Marcus anticipe ainsi le destin de certains protagonistes du western dit « progressiste », son acceptation au sein de la tribu indienne évoquant le classique UN HOMME NOMME CHEVAL ou le plus récent DANSE AVEC LES LOUPS tandis que les scènes de massacre rappellent SOLDAT BLEU. Face à Marcus se dresse le tyrannique Borsa : celui-ci, après avoir assassiné son général, règne en maitre sur les derniers légionnaires romains abrutis par les drogues. A moitié fou, Borsa s’imagine en véritable César, tel le colonel Kurtz d’APOCALYPSE NOW. Heliot décrit donc l’opposition entre son légionnaire bienveillant et le despote sanguinaire, ajoutant à la transformation psychologique et initiatique de son héros (comme en témoigne l’éprouvante scène de torture visant à l’intégrer à la tribu) une inévitable romance et un soupçon de fantastique par les interventions (authentiques ou imaginaires ?) des anciens dieux Ursus et Corbeau.

Les scènes d’action sont, pour leur part, efficaces et décrivent les manières de combattre des Romains et leurs machines de guerre, notamment les redoutables Scorpions. Pour les curieux un lexique explicatif en fin de volume fournit quelques précisions sur les termes antiques employés.

En dépit d’un déroulement quelque peu prévisible et linéaire, LA LEGION ECARLATE demeure une belle réussite qui se lit pratiquement d’une traite et offre un agréable dépaysement aux amateurs de récit d’aventures historiques teintés de fantastique. Une réussite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Uchronie, #Jeunesse

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Publié le 29 Avril 2017

L'IMPLACABLE: FATALE FINALE de Richard Sapir & Warren Murphy

Les années ’70 furent sans doute les plus favorables aux « romans d’aventures pour hommes » (men’ss adventure novels en anglais dans le texte), de courts récits (entre 200 et 250 pages généralement) centrés sur les exploits d’un héros viril sauvant le monde et tombant les filles. Ces épigones de James Bond se nommaient l’Exécuteur Mack Bolan, le Pénétrateur Mark Hardin ou S.A.S le Prince Malko. Parmi bien d’autres ayant sombrés dans l’oubli.

Crée en 1971 par Richard Sapir et Warren Murphy, Remo Williams, dit l’Implacable, s’inscrit dans cette lignée mais ses aventures sont plus portées sur le second degré que celles de ses concurrents. Elles sont également souvent empreintes d’un côté fantastique ou science-fictionnelle délirant hérité des romans pulp des précédentes décennies. Si la violence y est très présente (quoique plus cartoonesque que sadique), l’érotisme se montre par contre quasi absent. La série compte aujourd’hui plus de 150 romans (elle se poursuit encore malgré le décès de ses deux créateurs), auxquels s’ajoutent plusieurs comics (chez Marvel), un film plutôt divertissant dans les limites de ses ambitions (REMO SANS ARME ET DANGEREUX tourné en 1985) et un épisode-pilote pour une série télé avortée en 1988.

L’intrigue générale (telle que résumée dans le premier bouquin, IMPLACABLEMENT VOTRE puis à nouveau dans le reboot LA FIN DU COMMENCEMENT) suit les pas d’un jeune policier, Remo Williams, exécuté sur la chaise électrique pour un meurtre dont il est innocent. En réalité, Remo est engagé pour rejoindre une organisation secrète, Cure, dirigée par Harold Smith, afin de protéger les Etats-Unis contre des menaces qui ne peuvent être combattues de manière légale. Remo sera donc formé aux disciplines de combat par un Coréen, Chiun, grand maitre de Sinanju, petit village dont sont originaire tous les arts martiaux.

L’originalité de L’IMPLACABLE réside dans l’antagonisme entre Remo, fier représentant de l’Occident bouffeur de hamburgers, et Chiun, défenseur des valeurs orientales dont la seule faiblesse réside dans son addiction aux séries télévisées à l’eau-de-rose et en particulier au soap hospitalier « Quand tourne les planètes », unique contribution valable, selon lui, de l’Occident à la culture mondiale.

Dans ce FATALE FINALE nous assistons à une série d’attaques commises à l’encontre de Remo, ce qui le laisse gravement blessé. Pendant ce temps, Chiun retourner à Sinanju afin de défendre son village contre des militaires agressifs. La situation se complique lorsque l’ancien élève de Chiun vient lui contester son titre de Maitre de Sinanju…Les deux disciples devront en découdre.

Moins porté sur l’humour que la moyenne de la série, FATALE FINALE n’en demeure pas moins un excellent bouquin, d’ailleurs hautement apprécié par les fans de Remo, puisqu’il nous permet de découvrir enfin le village de Sinanju, la Perle de l’Orient. L’émotion domine (étonnant pour ce genre de romans « de gare ») et développe la relation entre Chiun et Remo jusqu’au duel final, dans un esprit très seventies, entre kung fu de série B et western spaghetti. Le roman aurait d’ailleurs donné un film très efficace (avis auc cinéastes !) avec quelques passages spectaculaires, notamment lorsque Chiun se bat à mains nues contre un tank. Tout l’excès de la littérature populaire résumé en une scène mémorable !

Une très belle réussite pour cette série culte (de toute manière nous sommes rarement déçu à la lecture d’un IMPLACABLE, des récits toujours enlevés, inventifs et amusants) quoique ce ne soit définitivement pas un titre « traditionnel » de la saga. A découvrir.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #implacable, #Aventures, #Roman de gare

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