Publié le 9 Mai 2020

ILS SONT REVENUS de G.J Arnaud

Dans ce pur bouquin populaire, Arnaud convoque les alchimistes de Prague en quête de la vie éternelle, des tortionnaires nazis (qui sont donc revenus !), la légende du Juif Errant, les homoncules, le Golem et les enquêteurs du BURAS, branche d’investigations spécialisées dans le surnaturel, précurseur des X-Files.

Nous avons donc un trio de SS revenant, dans le Prague de 1972, semer la terreur parmi la population juive et, plus spécifiquement, les survivants des camps de concentration. Marianna Staker voit ainsi ses parents enlevés par l’Obersturmfürher Ranke, mystérieusement disparu trente ans plus tôt. Est-ce le véritable SS, son fils, son fantôme ou autre chose encore ? Le Bureau Universel de Recherche des Anomalies Scientifiques, préalablement croisé dans le très réussi DOSSIER ATREE du même Arnaud, délègue un de ses enquêteurs à Prague, ville des légendes et de l’alchimie où l’antisémitisme ressurgit également.

Le roman fonctionne excellement dans sa première partie, mystérieuse et inquiétante, moins bien dans sa seconde, qui mêle mythes juifs, science-fiction, alchimie, catalepsie et recherches paranormales avec un détour par un camp de concentration recréé dans les entrailles de Prague. Cependant, ILS SONT REVENUS reste un plaisant roman fantastique, sorte de thriller d’angoisse qui se paie en outre un détour dans les souterrains de la ville pour de belles scènes de suspense. Bref, une bonne petite réussite, divertissante et de lecture aisée.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantastique, #Horreur, #Roman de gare, #Fleuve Noir Angoisse

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Publié le 6 Mai 2020

LE SORCIER DE TERREMER d'Ursula K. Le Guin

Publié en 1968, LE SORCIER DE TERREMER s’est rapidement imposé comme un classique incontournable de la Fantasy et l’ensemble du cycle « Terremer » squatte encore aujourd’hui les listes de plus belles sagas de ce genre littéraire. Attention cependant à ceux qui aborderaient cette œuvre en pensant retrouver la fougue du TRONE DE FER, la barbarie de CONAN, la flamboyance désespérance d’ELRIC ou le côté épique du SEIGNEUR DES ANNEAUX…Nous ne nageons pas ici dans les mêmes eaux ! L’univers de Le Guin est apaisé, contemplatif et sa fantasy (tout comme sa science-fiction) ne peut guère se voir accorder l’adjectif « héroïque ». Le lecteur aura certes droit à un combat contre un dragon, une aventure dans des contrées merveilleuses et un affrontement avec une maléfique « ombre » éveillée par le jeune magicien mais nous sommes loin du bruit et de la fureur devenus les standards de la fantasy actuelle, surtout dans sa version la plus commerciale et prisé.

Peut-être est-ce dû à l’époque de sa rédaction mais LE SORCIER DE TERREMER s’inscrit davantage dans la lignée des classiques fondateurs (BILBO LE HOBBIT bien sûr mais aussi NARNIA ou LA FILLE DU ROI DES ELFES de Lord Dunsany) en décrivant minutieusement un monde original (composé d’une multitude d’île) et un système de magie basé sur « le vrai nom des choses ». Le Guin imagine les prémices de son univers dans deux nouvelles datées de 1964, « la règle des noms » et « le mot de la déliason ».

Sur la demande de son éditeur d’écrire un « roman pour les adolescents », Le Guin développe son monde maritime dans LE SORCIER DE TERREMER, un livre qui s’appuie sur les codes du « récit d’apprentissage » et du « passage à l’âge adulte » en suivant un apprenti sorcier, Ged l’Epervier. Imprégné de philosophie, de pensée taoiste, de croyances primitives, de mythologie amérindienne, LE SORCIER DE TERREMER s’est depuis imposé comme un des romans majeurs de la Fantasy que l’on retrouve fréquemment cité aux côtés du SEIGNEUR DES ANNEAUX, de HARRY POTTER, de L’ASSASSIN ROYAL ou des cycles d’ELRIC et de CONAN, preuve de la diversité d’une littérature trop souvent résumée à ses lieux-communs.

En résumé une lecture un peu ardue parfois (nous sommes loin de la « big commercial fantasy » écrit au kilomètre et lue en une soirée) mais intéressante, novatrice et souvent efficace pour qui ne recherche pas un simple délassement facile mais plutôt un récit travaillé et plus profond que la moyenne du genre. A découvrir.  

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

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Publié le 5 Mai 2020

L'ETOILE DU MATIN de David Gemmell

Encore un pur roman « David Gemmell » avec toutes les qualités et les quelques défauts qui en faisait un auteur phare de la Fantasy au style immédiatement reconnaissable. Malgré le côté très classique de ses intrigues, les bouquins de Gemmell étaient, en effet, bourré d’énergie et d’enthousiasme, avec des personnages certes un peu schématique mais souvent bien typés en quelques traits. Ses dialogues, également, étaient efficaces et possédaient une véracité et un naturel rares dans la Fantasy. L’ETOILE DU MATIN constitue ainsi une bonne synthèse de la méthode « Gemmell » : un parfum historique prononcé, des actes de bravoures, un homme élevé au rang de mythe sans le vouloir (tout comme Druss), des récits et autres prophéties qui se transforment au fil du temps, un côté violent et brutal (« grim » dirait on actuellement) mais aussi profondément épique qui culmine dans des combats façon « blockbuster ». Ca parait simple mais quand tout est, comme ici, aussi bien mitonné, difficile de faire la fine bouche.

Ici, dans un monde disons anglosaxon imaginaire avec ses highlanders et ses Angostins, le barde Owen Odell nous conte les aventures de Jarek Mace bandit de grand chemin loin d’être héroïque ou recommandable mais qui, au fil des pages, deviendra, un peu malgré lui, un véritable héros, surnommé Etoile du Matin, sorte de conquérant à la Robin des Bois destiné à renverser l’oppression et à combattre le retour des redoutables Rois Vampyres. Personnages ambivalent et véritablement humain loin des grands héros légendaires à la blancheur immaculée, Jarek Mace ne perd jamais une occasion de séduire une femme, de voler un ennemi (voire un ami), de filouter son monde et de s’en tirer par une cabriole. Son « biographe » officiel, le barde Odell va nous permettre de mieux le connaitre en décrivant l’homme derrière le mythe.

Le roman se déploie peu à peu et si les premières pages sont moins enthousiasmantes que la moyenne des « Gemmell », L’ETOILE DU MATIN prend sa véritable ampleur dans sa seconde partie avec un scénario plus élaboré et travaillé que de coutume, distillant de nombreuses révélations jusqu’aux coups de théâtre fort bien amenés des derniers chapitres. Là, toute la destinée de l’Etoile du Matin sera révélée pour un affrontement classique mais toujours impeccablement négocié entre les forces du Bien et du Mal.

Sans être le meilleur livre de son auteur, L’ETOILE DU MATIN constitue un excellent divertissement de Fantasy et l’assurance d’un complet délassement pour les amateurs d’aventures héroïques.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy

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Publié le 4 Mai 2020

L'AMOUR VOUS CONNAISSEZ? d'Isaac Asimov

Voici le deuxième recueil des nouvelles d’Asimov paru en France au début des années ’70 et qui correspondait à une partie (un tiers) du gros recueil américain « Nightfall and other stories ».

Les deux premières, « Vide-C » et « En une juste cause… » traitent du thème classique de l’affrontement entre les Terriens et des extraterrestres belliqueux. Deux manières différentes d’approcher cette thématique traditionnelles et deux façons opposées d’imaginer la victoire des Terriens.

« Et si… » constitue une petite nouvelle humoristique sur le thème de l’amour, des mondes parallèles et des événements pouvant mener à un certain choix…ou à un autre. Thème encore une fois classique du changement infime qui modifie radicalement la vie d’un couple…ou pas ? Tout rentrera t’il en ordre à la fin ? Un récit amusant.

« Sally » anticipe les voitures autonomes et également la nouvelle de Stephen King qui conduira au film « Maximum Overdrive ». Une façon originale d’évoquer la fameuse révolte des robots (ou des machines) souvent abordée par la science-fiction. Une des meilleures réussites du recueil.

Autre récit concernant la « révolte des machines », « Personne ici sauf… » traite de la construction d’un ordinateur et de sa prise de puissance, contrariée par deux informaticiens.

Dans le monde futuriste de « Quelle belle journée » (qui anticipe des romans d’Asimov comme FACE AUX FEUX DU SOLEIL), le monde s’est replié sur lui-même et les individus ne supportent plus l’idée de sortir à l’extérieur de leurs habitations ultra sécurisées. Les seuls déplacements tolérés se font au moyen de « portes », sorte de passages permettant la téléportation. Mais un jeune garçon, sans doute inadapté, commence à sortir se balader dans la nature…après tout c’est une belle journée.

Enfin, « L’amour vous connaissez » qui donne son titre au recueil a été écrit en réaction à une parodie de la science-fiction proposée par Playboy inspirée par un éphémère magasine des années ’40, Marvel Science Stories, qui publiait des nouvelles de SF « sexy » (selon les standards de l’époque). Playboy proposa, en 1960, un article sur le sujet intitulé « Girls of the Slime God », ce qui amena finalement Asimov a proposé sa propre satire. Belle réussite pour cette histoire de deux extraterrestres enlevant au hasard un homme et une femme pour les forcer à procréer avec des résultats inattendus.

Au final, une plaisante anthologie qui, en sept nouvelles et 250 pages, offre un bel aperçu du talent d’Asimov et montre qu’au-delà de son aspect sérieux, le bon docteur avait également un solide sens de l’humour.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Isaac Asimov, #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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