Publié le 9 Mai 2019

L'HORREUR DU METRO de Thomas F. Monteleone

Thomas Francis Monteleone n’est pas le plus célèbre des romanciers de littérature fantastique mais il bénéficia de l’engouement pour l’horreur en étant édité à quatre reprises dans la collection “J’ai lu Epouvante”. Il reçut aussi le Prix Bram Stocker pour LE SANG DE L’AGNEAU en 1992.

Typique du fantastique horrifique des années ’80, L’HORREUR DU METRO en possède les défauts et les qualités. Pour les réussites citons un rythme soutenu (en dépit de quelques longueurs, les 300 pages auraient sans doute pu être élaguées), une intrigue certes linéaire mais bien construite, cohérente, crédible et efficace, des personnages attachants, des références lovecraftiennes (le Necronomicon, les pierres-étoiles, les goules rodant dans les couloirs du métro, le final cosmique,…), une énigme ancienne (une rame de métro disparue de la circulation au début du XXème siècle) qui soutient le récit et donne envie d’en connaitre les tenants et aboutissants,…On ajoute le mélange de réalisme, d’enquête sordide (avec un mystérieux tueur en série), de descriptions de la vie nocturne new yorkaise et de fantastique « bigger than life ». Ce qui n’est pas si mal.

Au rayon des bémols on pointe par contre le côté très stéréotypé des protagonistes (le flic opiniâtre, la journaliste jeune et jolie, l’expert en occultisme avec ses vieux grimoires, etc.), l’inévitable romance assaisonnée d’une touche d’érotisme (avec la toute aussi inévitable nuit de passion « absolument renversante » où ils atteignent au moins de 8ème ciel), le côté prévisible du récit, les scènes chocs quelques peu plaquées (l’auteur nous présente une poignée d’individus destinés à finir en chair à saucisse) pour fournir le quota de violences sanglantes. Et puis le style relativement passe-partout de Monteleone, fonctionnel mais pas transcendant, le style du « bon faiseur » appliqué mais qui manque un peu de hargne ou de folie pour vraiment plonger le nez dans l’épouvante pure et dure. Ce qui n’était sans doute pas le but de ce roman d’horreur très « grand public » qui vise à donner un petit frisson mais pas à empêcher le lecteur de dormir.

Bref, on pense beaucoup, dans ses défauts comme dans ses qualités, aux romans de James Herbert première manière (façon LES RATS ou FOG), à certains récits de Graham Masterton (ceux rendant un hommage plus ou moins flagrant à HPL) et aux romans (parfois) interchangeables de Dean Koontz dans sa période la plus commerciale (un tiers romance, un tiers thriller, un tiers épouvante). Ou à des films comme C.H.U.D. ou « Le métro de la mort ». Finalement il existe pires références.

En résumé, L’HORREUR DU METRO n’est pas un incontournable (loin de là !) mais demeure un divertissement horrifique très correct et plaisant. Publié par J’ai Lu il aurait pu (amputer d’un tiers et remanié avec davantage de sexe et de sang) finir chez Gore. Dans les limites de ses modestes ambitions, le bouquin de Monteleone permet de passer un bon moment

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Lovecraft, #J'ai lu Epouvante

Repost0

Publié le 8 Mai 2019

100 % STAR WARS TOME 6 : DES REBELLES NAUFRAGES

Star Wars (2015) #33-37 et Annual #3.

Pour sa fin de run, Jason Aaron choisit de se concentrer sur les différents protagonistes de la saga, souvent deux par deux. Nous avons ainsi droit à l’association entre Luke et Leia dans le sans intérêt « Des rebelles naufragés », une intrigue tarabiscotée où s’affrontent Sana et Lando dans le plaisant « Les treize caisses », un retour de Grakkus face à Han Solo avec l’amusant « Passeur de Hutt », un focus sur R2D2 à la recherche de C3PO dans « La revanche de l’astromécano » et enfin le sergent Kreel, chef des Stormtroopers d’élite de l’escadron SCAR pour « Fierté impériale ».

Comme toujours les dessins sont vraiment « spéciaux » : si, dans l’ensemble, ils ne sont pas mauvais (décors, armures, vaisseaux), les visages sont, eux, découpés des films et plaqués sur les dessins (une sorte de rotoscope à l’envers !) pour donner des personnages franchement ratés tant ils sont disgracieux.

100 % STAR WARS TOME 6 : DES REBELLES NAUFRAGES

Les scenarios, eux, restent dans la lignée des précédents arcs narratifs: c’est pas mal, divertissant mais sans enjeu ni véritable intérêt. En fait, tout ça rappelle les STAR WARS CLASSICS d’il y a 40 ans: les dessinateurs ne semblent pas savoir où va la saga (ou ils s’en fichent) donc ils sont incapables d’élaborer des intrigues d’ampleur et se contentent de suivre la petite vie des rebelles sans se soucier d’un plan global. De plus, Aaron pense manifestement que voir nos héros à l’oeuvre suffit à maintenir l’intérêt du lecteur qui assiste à une suite de petites escarmouches sans conséquences entre l’Empire et les rebelles. Parfois c’est chouette, parfois c’est médiocre, parfois c’est drôle,…dans tous les cas on reste dans le statu quo en évitant grandement d’avancer…on finit même par ne plus trop savoir à quelle époque de la chronologie officielle ces histoires se situent tant elles pourraient (quasiment) se dérouler n’importe quand entre « Rogue One » et « Le Réveil de la Force », puisqu’elles n’ont, en réalité, aucune incidence sur la timeline globale de la saga.

On ajoute deux récits courts parfaitement dispensables pour boucler le sommaire de ce recueil pas spécialement mauvais (les récits sont courts et donc on ne s’y ennuie pas) mais tellement anecdotique qu’il sera réservé aux seuls complétistes.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Space Opera, #Star Wars, #science-fiction

Repost0

Publié le 7 Mai 2019

LE MONSTRE DES EGOUTS (L'AGENCE PENDERGAST TOME 2) de Christophe Lambert

Le petit voleur des rues Sean a été recruté dans l’agence Pendergast pour lutter contre les forces paranormales qui menacent le monde en ce XIXème siècle finissant. Suite à différentes disparitions dans les égouts new-yorkais, Sean va mener l’enquête en compagnie de Célia, Joe l’Indien, l’agent britannique James Barrie et la fée lumineuse Clodette.

Cette deuxième enquête (pas encore lu la première mais cela ne pose pas de vrais problèmes) de l’Agence Pendergast se révèle très sympathique. L’idée de base n’est certes pas la plus originale qui soit (on pense à une version jeunesse du très inégal Club Van Helsing) mais permet de nombreuses aventures. De plus, elle offre un cadre suffisamment original pour être exploré à plusieurs reprises et l’époque choisie (la fin du XIXème siècle) reste toujours intéressante car elle marqua la naissance de bien des mythes fondateurs du fantastique (Sherlock Holmes, Dracula, etc.).

Entre enquête et fantasy, Christophe Lambert nous embarque dans les égouts New Yorkais pour une virée parmi les crocodiles géants (clin d’œil à la célèbre légende urbaine agrémentée d’un petit côté C.H.U.D. mais adapté évidemment aux enfants) en compagnie de personnages attachants, du jeune voleur débrouillard Sean à Joe l’Indien (échappé de chez Mark Twain) en passant par la séduisante Celia et James Barrie, créateur de Peter Pan recyclé ici en agent secret de sa majesté précurseur de James Bond. D’ailleurs la fine équipe à droit à une visite au pays des gadgets imaginés par un Q d’antan.

Bref, comme toujours, Lambert offre à ses lecteurs plus âgés quelques clins d’œil et autres références amusantes sans être envahissantes. On en retrouve dans les péripéties (la rivalité des Nains et des Trolls date d’une sombre histoire d’anneau unique, la « philosophie » de Sherlock Holmes concernant l’impossible et l’improbable est mise à contribution), les noms des personnages (Mitril, Gwar,…) ou les mots de passe choisis (Niarlatotep, Balrog). Le final, pour sa part, n’explique pas tous les évènements afin de laisser la porte ouverte à une suite dans laquelle, apparemment, nous pourrons retrouver un personnage bien connu de la littérature fantastique.

Si LE MONSTRE DES EGOUTS se destine essentiellement à un public jeune (le cœur de cible semble être les 8 – 10 ans qui pourront se faire un peu peur sans toutefois se donner des cauchemars), l’ouvrage reste plaisant pour les plus âgés grâce à son rythme soutenu, ses nombreuses péripéties et ses touches d’humour efficace. Un bon divertissement.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 6 Mai 2019

GRAVE SUR CHROME de William Gibson

Dans ce recueil de nouvelles nous retrouvons neuf textes qui firent la gloire de William Gibson et lancèrent la vague cyberpunk. A chaque fois, le lecteur embarque par conséquent dans un monde déprimant, bouffé par la technologie envahissante, dans lequel les individus, perpétuellement connectés, s’amusent à modifier leur corps par des implants et se shootent quasi en permanence. Les gouvernements ont capitulé et le pouvoir est tombé aux mains des megacorporations ultra capitalistes. Bienvenue dans la dystopie ultra-connectée du XXIème siècle.

Gibson avait démontré ses capacités de visionnaires dans ces récits (écrits avant l’avènement d’Internet) et, à l’époque, ils avaient fait l’effet d’une véritable bombe, comparable à la « new wave » de la décennie précédente, dans le petit monde de la SF. Qu’en reste-t’il aujourd’hui ? Des récits toujours intéressants, toujours actuels, pas toujours facile d’accès (non pas à cause de leur thématique - finalement très abordable - mais plutôt du style de Gibson parfois aride) mais que l’on relit avec intérêt. « Johnny Mnemonic », typique de l’auteur, reste un classique, tout comme « Fragment de rose en hologramme ». Plus original, « le genre intégré » ajoute à l’ambiance cyberpunk un climat poisseux et un fantastique quasi lovecraftien pour une fiction « weird » réussie. On continue avec « Hinterland » et « Etoile rouge blanche orbite » (pour ma part) moins convaincants.

Co-écrite avec Michael Swanwick, « Duel aérien » fonctionne de belle manière quoique son cadre (voulu futuriste) ait pris un coup de vieux (lunapark, jeu de simulation de combat,…disquettes !).

« Gravé sur chrome » reste probablement la meilleure nouvelle du recueil et un parfait témoignage du courant cyberpunk avec tous les ingrédients indispensables : affrontements de hackers dans le cyberspace, mur de glace protégeant les corporations des intrusions intempestives et trame générale inspirée par le polar hard boiled mais revisitée dans un cadre anticipatif très sombre aux influences nipponnes plus ou moins affirmées.

Aujourd’hui, le cyberpunk semble quelque peu délaissé au profit d’une littérature plus centrée sur l’évasion (steampunk, urban fantasy, etc.). Sans doute parce que la réalité a tellement rattrapé les « élucubrations » des romanciers du genre que ces intrigues n’apparaissent pratiquement plus comme de la science-fiction mais s’apparente aujourd’hui quasiment à de la chronique sociale d’un monde agonisant.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 3 Mai 2019

LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU - TOME 1: L'APPEL DE CTHULHU de Lovecraft & Derleth

Considéré comme le « continuateur officiel » des légendes imaginées par Lovecraft, August Derleth a proposé de nombreux pastiches de HPL dans divers recueils d’intérêt divers. Il dirige cette fois une anthologie où se retrouvent les épigones les plus fameux de Lovecraft. Après une introduction générale sur le sujet, Derleth débute ses légendes avec le texte fondateur de Lovecraft, « L’appel de Cthulhu » qui reste un de ses meilleurs et qui a véritablement lancé tout ce qui va suivre : romans, nouvelles, jeux de cartes, jeux de rôles, jeux de plateau, films, etc.

On commence cet héritage littéraire avec deux bonnes histoires signées Clark Aston Smith, « Talion » et « Ubbo-Sathla », deux très estimables contributions à l’univers de Lovecraft, tout comme « La pierre noire » de Robert Howard. On peut faire beaucoup de reproches au créateur de Conan mais il possédait réellement un style épique, évocateur, puissant (quoique simple) qui transcendait ses sujets pour donner d’excellents récits (un peu comme Gemmell).

« Les chiens de Tindalos » est un classique, un incontournables, déjà publié maintes fois aussi s’attardera t’on davantage sur l’autre contribution de Frank Belknap Long, « les mangeuses d’espace », hélas moins convaincant mais cependant agréable.

Derleth lui-même s’invite deux fois au sommaire avec « L’habitant de l’ombre » et « Au-delà du seuil »…Le problème de Derleth est qu’il a rarement apporté un regard neuf sur le mythe (excepté sa vision plus chrétienne d’un combat cosmique du Bien contre le Mal) et que ces récits semblent tous bâtis sur le même modèle : grimoires maléfiques, héritages diaboliques, litanies de citations et références,… Ajoutons toutefois que Derleth fait de Lovecraft lui-même un initié et de ses œuvres des histoires authentiques, clin d’œil sympathique quoique parfois un peu plaqué sur ses nouvelles en guise de « caution ». Ce n’est pas désagréable, voire plutôt plaisant, mais au final on a peu l’impression de lire toujours la même chose. Mieux vaut donc ne pas en abuser.

Enfin, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Un classique des « à la manière de HPL » et une excellente réussite.

Au final, voici un recueil plutôt convaincant avec quelques belles réussites (Bloch, Howard, « les chiens de Tindalos », Lovecraft lui-même évidemment), deux textes efficaces de Clark Asthton Smith, un correct « les mangeuses d’espace » et deux récits très moyens mais pas désagréables de Derleth. Pour les amateurs c’est donc tout à fait recommandable.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

Repost0

Publié le 2 Mai 2019

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES - TOME 2

Ce second recueil consacré à la revue « Weird Tales » couvre une période plus restreinte (cinq ans). Après une petite introduction, Jacques Sadoul nous propose « La mort d’Ilalotha » de Clark Ashton Smith (ensuite repris dans son HISTOIRE DE LA SCIENCE-FICTION) et une nouvelle d’Hazel Heald et Lovecraft, « Hors du temps » (alias « Surgi du fond des siècles ») tirée de L’HORREUR DANS LE MUSEE. Lovecraft lui-même est au sommaire avec son poème « Psychompopos ».

J.Paul Suter, inconnu au bataillon, propose de son côté un plaisant « Le juge suprème » tandis d’Edmond Hamilton, vétéran du space opera, livre le très court « Les graines d’ailleurs » sur le thème des « belles plantes »…au sens propre.

En disciple de Lovecraft, Robert Bloch amuse avec « le rodeur des étoiles », également connu sous le titre « le tueur stellaire » ou « le visiteur venu des étoiles ». Ce récit hommage est devenu un classique des « à la manière de HPL » puisqu’on le retrouve au sommaire de HUIT HISTOIRES DE CTHULHU, LEGENDES DU MYTHE DE CTHULHU, L’APPEL DE CTHULHU, LES MYSTERES DU VER, LES YEUX DE LA MOMIE et dans l’Omnibus consacré à Lovecraft.

Autre classique incontournable, « La citadelle écarlate » constitue une des nombreuses aventures de Conan signées par Robert E. Howard. On la retrouvera dans les recueils CONAN L’USURPATEUR, LA GRANDE ANTHOLOGIE DE LA FANTASY, CONAN LE CIMERRIEN et, pour les plus fortunés, la monumentale INTEGRALE CONAN. Nous sommes dans la Fantasy épique, hargneuse, sanglante et barbare de bonne facture.

Seabury Quinn, auteur phare de Weird Tales, propose pour sa part une nouvelle enquête de Jules de Grandin, détective du surnaturel, dans le sympathique « La farce de Warburg Tantavul qui, bien que complètement suranné, se lit avec plaisir, par la barbe d’un bouc vert !

Autre réussite, cette fois du complètement oublié, David H. Keller, « le chat tigre » s’avère par contre un récit d’horreur étonnamment moderne rédigé par un écrivain déjà présent au sommaire de la précédente anthologie « Weird Tales » et dont on aimerait pouvoir lire d’autres récits.

Un peu en deçà du premier recueil, ces MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES TOME 2 demeurent hautement recommandables pour les amateurs d’imaginaire rétro qui y trouveront du fantastique, de la science-fiction, de l’épouvante, de la fantasy et du policier surnaturel. Que demandez de plus ?

Voir les commentaires

Repost0