Publié le 4 Juin 2018
Alexandra Coin écrit des romans seule (ENTRAVES) ou avec son compagnon Erik Kwapinski. LA VOIE DU TALION se consacre à un soldat français de retour du front, Fabrice. Celui-ci a servi en Afghanistan et en est revenu dans un sale état. Tireur d’élite, le jeune homme se sent responsable de la mort d’un de ses amis : suite à un tir raté un de ses potes a été abattu par un Afghan.
Rentré en France, Fabrice retrouve sa femme avocate et carriériste, Céline, laquelle a depuis peu une nouvelle meilleure amie, la très belle psy Cassandre avec laquelle elle découvre le monde friqué de la jet-set cannoise. Fabrice, pour sa part, n’apprécie guère et la situation du couple se détériore d’autan que l’ancien sniper se laisse aller à l’auto mutilation et abuse de la bouteille. Il supporte de plus en plus difficilement les remarques futiles ou carrément critiques à son égard des nouvelles connaissances de son épouse. Du coup le militaire s’isole, souffre d’agoraphobie et trouve finalement refuge dans les montagnes où il vit en ermite. Là, notre dépressif porte secours à une jeune femme en détresse, Zoé. Le soldat et la jeune femme discutent et sympathisent. Mais une question se pose : qu’est réellement devenue son épouse Céline, soi-disant disparue ?
Thriller psychologique aussi manipulateur que son anti héroïne, la femme fatale Cassandre, LA VOIE DU TALION prend le temps de brosser une série de personnages intéressants aux motivations fouillées. Le roman adopte également une construction efficace en multipliant les flash backs, ce qui brise la linéarité du récit pour le transformer en un puzzle dans lequel le lecteur, du moins au début, se trouve aussi perdu que son ancien militaire dépressif. Avec sa violence sous-jacente, ses fausses pistes nombreuses et son érotisme discret mais bien présent le roman rappelle quelque peu le style des giallo italiens ou des thrillers sexy américains des années 70 et 80 et un léger effluve de « Basic Instinct » ou « Last Seduction » imprègne le récit.
Aux côtés de Fabrice nous découvrons également Taisho, un Japonais forcément zen et au code moral strict, partagé entre les arts martiaux et la dégustation rituelle du thé. Un rôle qui eut convenu au Laurence Fishburne période « Matrix » par exemple.
LA VOIE DU TALION s’impose donc comme un thriller solide dont l’intrigue se referme habilement sur le lecteur lors d’un dernier acte violent où s’assume pleinement la vengeance promise par le titre tout en laissant la porte ouverte à une séquelle, KIAÏ, parue en juin 2018.