Publié le 7 Mai 2018

ALL STAR BATMAN TOME 1: MON PIRE ENNEMI de Scott Snyder et John Romita Jr

Scott Snyder revient sur le Batman avec une intrigue très basique, une sorte de road « movie » bourrin au possible. Le pitch ? Double Face possède des informations compromettantes sur un grand nombre de personnes. Alors qu’il est transporté par Batman pour un voyage de 800 kilomètres le criminel aux deux visages met un contrat mirobolant sur la Chauve-Souris. Du simple citoyen aux supers vilains les plus divers (Killer Croc, Firefly, Killer Moth, KGBeast, Crotale, King Shark, etc.), chacun se lance à la poursuite du Chevalier Noir. Parallèlement le commissaire Gordon investit le manoir des Wayne avec une escouade de flics, convaincu qu’il va découvrir un grand secret derrière une vieille horloge.

Sans aucune subtilité Snyder aborde la thématique du Bien et du Mal avec la classique opposition entre Batman et Double Face, présentés comme des vieux copains ayant grandis dans deux camps différents. Le Caped Crusader aurait facilement pu emprunter la même voie que l’ancien procureur de Gotham. Et le scénariste rappelle (de manière certes peu crédible) que n’importe qui peut basculer du côté obscur sous la pression des événements. Pour donner un certain dynamisme et un côté moderne à ce récit excessivement simple, Snyder brise la linéarité de l’intrigue en effectuant d’innombrables aller-retour temporels (« deux jours plus tôt », « 48 heures dans le futur », etc.). Cela ne suffit pas à relancer l’intérêt d’une histoire très répétitive où le moindre super vilain (de troisième zone pour la plupart) effectue un petit tour de piste, blesse Batman (qui pisse le sang à chaque case) avant d’être vaincu, souvent bien trop facilement, par un héros apparemment invincible ayant toujours la bonne parade disponible dans son armure.

ALL STAR BATMAN TOME 1: MON PIRE ENNEMI de Scott Snyder et John Romita Jr

Le scénariste joue la carte de la surenchère et, après quelques pages, le moindre péquenot ou la moindre serveuse de bar (tous cachant, bien évidemment, de lourds secrets – hum !) essaie de flinguer le Protecteur de Gotham.

Ces cinq épisodes très feuilletonnesques (avec d’inévitables cliffhangers de fin de chapitre, certains réussis comme l’arrivée de Gordon devant l’entrée de la Batcave, d’autres moins convaincants) se suivent comme un blockbuster relativement agréable mais également totalement oubliable. Reste les dessins efficaces de John Romita Jr qui ne feront pas l’unanimité mais possèdent indéniablement une réelle personnalité, sans que ses planches ne soient formidables pour autant. Disons qu’elles sont à l’image du tome dans son ensemble : correctes mais sans aucune inventivité. On attendait mieux du scénariste et du dessinateur.

En complément, nous trouvons une poignée de back up consacré à l’enquête de Duke Thomas, le nouveau compagnon d’armes du Chevalier Noir, à la poursuite du tueur sadique Zscaz. De bonnes petites histoires destinées à en apprendre davantage sur le dernier side kick en date du Batman.

Quelques tirades bien pensées (« Deviner que Bruce Wayne est Batman n'est pas si difficile. En revanche, Monsieur Bruce a veillé à ce que cela soit impossible à prouver concrètement »), l’un ou l’autre passage potables approfondissant les relations entre Batman et Harvey Dent sauvent les meubles mais l’ensemble n’a guère d’intérêt, y compris pour ceux qui n’en attendent rien d’autres qu’une suite de baston homériques. Pas déplaisant (ça se lit vite et on peut s’amuser du déferlement d’action violente) mais dispensable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Superhéros, #DC, #Batman

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Publié le 4 Mai 2018

2001 ODYSSEE DE L'ESPACE de Arthur C. Clarke

Pour le grand public, 2001 ODYSSEE DE L’ESPACE reste sans doute le plus célèbre roman d’Arthur C. Clarke. Rappelons que Stanley Kubrick souhaitait réaliser un grand film de science-fiction épique et qu’il finit par puiser sa source d’inspiration dans une nouvelle de Clarke, publiée en 1951, « La sentinelle ». A partir de cette base Clarke et Kubrick rédigent un scénario dont l’écrivain tire parallèlement un roman édité peu après la sortie du long-métrage.

Le récit se veut plausible et réaliste quoique l’auteur prévienne dès l’introduction : « il s’agit d’une fiction et la vérité sera bien plus étrange ». Le roman, assez court (188 pages) se divise en six chapitres de longueur à peu près égale. Nous commençons notre voyage aux temps préhistoriques, durant « la nuit ancestrale », où un homme-singe, Guetteur de Lune, entre en contact avec un monolithe transparent qui lui envoie d’étranges images mentales : la frustration apparait dans l’esprit de Guetteur de Lune qui décide d’utiliser des outils pour affronter un léopard puis le chef d’une tribu rivale. L’Homme a appris à maitriser son environnement : il « était maître du monde et il n’était pas sûr de ce qu’il devait faire. Mais il lui viendrait bien une idée ».

Nous allons ensuite rencontrer le Dr Heywood Floyd en route pour la base lunaire Clavius, placée en quarantaine suite à une probable épidémie. En réalité, cette mise au secret est justifiée par une découverte au centre du cratère Tycho dénommé AMT 1 (pour Anomalie Magnétique de Tycho N°1) : un monolithe noir parallélépipédique dont les dimensions obéissent très exactement au rapport 1 / 4 / 9 (le carré des 3 premiers nombres premiers). L’Homme vient de découvrir la preuve de l’existence d’une vie extraterrestre et l’objet lance un flux d’énergie en direction des étoiles.

Toutes les analyses, toutes les tentatives pour déterminer l'origine ou la nature de cet « objet » se sont révélées infructueuses. Aucune des hypothèses faites à son sujet n’est totalement satisfaisante. C’est un mystère total. Mais des certitudes existent : le monolithe n’est pas d’origine humaine et il a été enfoui il y a trois millions d’années. Lorsque Floyd se rend sur place pour le voir de ses propres yeux, il ne peut rien conclure d’autre.

Quelques temps plus tard un voyage spatial « entre les planètes » est organisé : la vie routinière de David Bowman et Frank Poole est perturbée par la rébellion de l’ordinateur de bord Carl 9000, normalement incapable de la moindre erreur. Après avoir « accidentellement » tué Poole et les trois membres de l’équipage encore en hibernation, l’ordinateur est déconnecté par Bowman. Celui-ci continuera son voyage vers Saturne et franchira la « Porte des Etoiles » pour aboutir à un autre monde en ne laissant à la Terre, en guise d’ultime message, qu’un mystérieux « Oh ! Mon Dieu ! C’est plein d’étoiles ! »

Si le roman et le film sont similaires (il existe de menues différences mais celles-ci sont insignifiantes sur le déroulement du récit), le livre se montre plus explicatif que sa version cinématographique, offrant quelques réponses supplémentaires à ceux qui trouvaient la réalisation de Kubrick trop absconse. Toutefois, 2001 (le livre) se montre un peu trop descriptif pour que l’ennui ne pointe pas à l’une ou l’autre reprise, surtout lorsqu’on a vu (et revu) son adaptation cinématographique. Il constitue cependant un honnête complément au long métrage dont il éclaire certaines zones d’ombre pour les plus cartésiens. Mais, d’un point de vue purement littéraire, nous sommes loin des plus grandes réussites de Clarke et de l’émerveillement suscité par ses classiques comme, par exemple, RENDEZ VOUS AVEC RAMA. A découvrir néanmoins pour les amateurs de science-fiction qui voudront prolonger le voyage avec ses trois suites qualitativement supérieures.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Arthur C. Clarke

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Publié le 2 Mai 2018

UN CORBILLARD CHASSE L'AUTRE d'Edmund Crispin

Edmund Crispin est un spécialiste du roman policier encore trop méconnu dans nos contrées. Il fut également (et surtout) un compositeur de musique de films, assorti d’un critique littéraire et d’un scénariste. En 1944 il publie l’excellent PRÉLUDE ET MORT D'ISOLDE où apparait le détective Fen. Celui-ci reviendra dans une dizaine d’enquêtes, toutes inédites en français à l’exception de ce UN CORBILLARD CHASSE L’AUTRE, y compris son fameux « The Moving Toyshop » considéré comme un classique du crime impossible.

Peu après la Seconde Guerre Mondiale, Gervase Fen, spécialiste en littérature, professeur à Oxford et criminologue amateur, se voit convié par les studios hollywoodiens à conseiller les producteurs d’une prochaine biographie d’Alexander Pope. Lorsqu’une petite starlette, Gloria, se suicide en se jetant d’un pont, Fen se demande si cette mort ne dissimule pas une sinistre vérité. Des soupçons confirmés après l’empoisonnement d’un caméraman qui aurait entretenu une liaison avec la défunte. Avec l’aide de l’inspecteur Humbleby, Fen mène l’enquête.

Crispin connaissait évidemment parfaitement le milieu du cinéma anglais, qu’il décrit de manière très vive avec son style personnel : vocabulaire recherché, phrases joliment élaborées et humour satirique très présent. Cela confère une indéniable originalité à ce roman à la construction sinon classique (le suicide d’une jeune femme entraine une vengeance implacable) qui n’évite pas certaines facilités, en particuliers un climax quelque peu expédié et un coupable surgit de nulle part (ou plutôt des premières pages du roman puisqu’il n’apparait plus par la suite). Toutefois, le roman s’avère très court, fort rythmé, ponctué de scènes efficaces (une course poursuite entre la demoiselle en détresse, le détective et le tueur dans les méandres d’un labyrinthe végétal) et se montre constamment plaisant et divertissant sans se prendre trop au sérieux. Un fort sympathique moment de lecture pour les amateurs de whodunit.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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