Publié le 4 Mai 2017

LA LEGION ECARLATE de Johan Heliot

Né à Besançon en 1970, Johan Heliot se révèle au public avec sa trilogie de la lune dont le premier tome, LA LUNE SEULE LE SAIT, publié en 2000 chez Mnémos obtient le prix Rosny Ainé. Par la suite, Heliot écrit le diptyque FAERIE HACKERS / FAERIE THRILLER et de nombreux romans indépendants tant destinés aux adultes qu’aux adolescents.

Edité dans la collection « Royaumes Perdus » chez Mango, LA LEGION ECARLATE est plutôt destiné aux jeunes lecteurs mais chacun peut y trouver son bonheur. L’intrigue, resserrée sur 176 pages, s’intéresse au destin d’un jeune soldat romain, Marcus Livius Salveris, vivant sous le règne de l’Empereur Trajan. Il accompagne le général Servius Tarsa dans son grand projet : conquérir les terres inconnues se trouvant au-delà de la Grande Mer. Le général voit son armée décimée par une tempête mais s’obstine et débarque au Nouveau Monde : la lutte s’engage entre les légions de Rome et les tribus Peaux-Rouges.

Asterix et Obélix avaient jadis, effectué cette « grande traversée » et Tarzan avait, il y a des décennies, rencontré au fond de l’Afrique des soldats romains. Heliot lui-même, dans son RECONQUERANTS, avait déjà traité du sujet mais, cette fois, il opte pour un récit plus porté sur l’aventure, quelque part entre l’uchronie, la fantasy, le péplum et le western. Le parcours du jeune héros Marcus anticipe ainsi le destin de certains protagonistes du western dit « progressiste », son acceptation au sein de la tribu indienne évoquant le classique UN HOMME NOMME CHEVAL ou le plus récent DANSE AVEC LES LOUPS tandis que les scènes de massacre rappellent SOLDAT BLEU. Face à Marcus se dresse le tyrannique Borsa : celui-ci, après avoir assassiné son général, règne en maitre sur les derniers légionnaires romains abrutis par les drogues. A moitié fou, Borsa s’imagine en véritable César, tel le colonel Kurtz d’APOCALYPSE NOW. Heliot décrit donc l’opposition entre son légionnaire bienveillant et le despote sanguinaire, ajoutant à la transformation psychologique et initiatique de son héros (comme en témoigne l’éprouvante scène de torture visant à l’intégrer à la tribu) une inévitable romance et un soupçon de fantastique par les interventions (authentiques ou imaginaires ?) des anciens dieux Ursus et Corbeau.

Les scènes d’action sont, pour leur part, efficaces et décrivent les manières de combattre des Romains et leurs machines de guerre, notamment les redoutables Scorpions. Pour les curieux un lexique explicatif en fin de volume fournit quelques précisions sur les termes antiques employés.

En dépit d’un déroulement quelque peu prévisible et linéaire, LA LEGION ECARLATE demeure une belle réussite qui se lit pratiquement d’une traite et offre un agréable dépaysement aux amateurs de récit d’aventures historiques teintés de fantastique. Une réussite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Uchronie, #Jeunesse

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Publié le 3 Mai 2017

LE TROISIEME TROU (PERRY MASON) de Erle Stanley Gardner

Créé par Erle Stanley Gardner (1889 – 1970), le personnage de l’avocat enquêteur Perry Mason effectue ses débuts en 1933 avec PERRY MASON SUR LA CORDE RAIDE. Par la suite, sous le pseudonyme d’A.A. Fair, l’écrivain lance une nouvelle série, consacrée aux détectives Cool & Lam. Nouveau succès pour Gardner qui abandonne son métier d’avocat et écrit, chaque année, plusieurs romans policiers jusqu’à son décès. Au final, Perry Mason vivra 82 aventures et Cool & Lam résoudront 29 énigmes.

Dans ce court roman (180 pages dans l’édition originale), Kerry Dutton débarque dans les bureaux de Mason pour avouer un détournement de fonds. Très vite, il apparait que Dutton été animé des meilleures intentions : en effet, le père de l’insouciante Desere Ellis lui avait confié la gestion d’une importante somme d’argent. Or, Desere semble être tombée sous la coupe d’un jeune beatnik désireux d’utiliser la fortune de la demoiselle afin de lancer un nébuleux projet d’aide aux artistes. Amoureux de Desere, Kerry Dutton a voulu l’empêcher de dilapider cet argent et a procédé à différents placements, obtenant au final un joli bénéfice en son nom propre qu’il souhaite laisser à la jeune fille. Une affaire de meurtre, commis près du troisième trou d’un parcours de golf, complique la situation et Mason devra sauver de la mort un Dutton que tout accuse.

Datant des années ’60 (il s’agit d’une des dernières enquêtes de Mason), le bouquin a plutôt bien vieilli, décrivant un milieu de jeunes artistes oisifs voulant utiliser l’argent d’autrui pour leurs combines (« Desere fréquentait surtout des garçons aux cheveux longs et aux ongles sales, des idéalistes d'extrême gauche, qui n'hésitaient pas à piocher dans son argent tout en continuant à la tenir à l'écart. »). Le style de Gardner est, en version originale, parait-il exécrable et il faut, si cela est exact, saluer la traduction de Maurice-Bernard Endrèbe (lui-même romancier et créateur du personnage d’Elvire, la Vieille dame sans merci) qui, dénuée de circonvolution, n’en reste pas moins très efficace et va droit à l’essentiel : peu de description mais beaucoup de dialogues, un peu à la manière d’une pièce de théâtre et, d’ailleurs, les jeux de manches entre avocats ne sont-ils pas les meilleurs héritiers du théâtre classique avec l’unité de lieu (le prétoire), de temps (la durée – courte – du procès) et d’action (qui relève du pur whodunit) ?

Si l’enquête est réussie (quoique les premières pages, assez techniques, peuvent rebuter pour les non familiers des problèmes juridiques), les personnages sont, eux-aussi, intéressants : Perry Mason est aidé de sa secrétaire forcément énamourée (Della Street) et d’un détective qui enquête sur le terrain, Paul Drake. Face à lui, Mason doit compter avec Hamilton Burger (sacré patronyme !) bien décidé à incriminer le pauvre Dutton. Une fois de plus, la vérité sera dévoilée durant les dernières pages, menées à un rythme des plus soutenu et même si l’identité du coupable n’est pas franchement surprenante, la recette fonctionne impeccablement. Un plaisant whodunit, une énigme bien construite, un zeste de romance, une pincée d’humour,…cette première rencontre avec le plus célèbre des avocats s’avère très agréable et donne envie de découvrir d’autres enquêtes de cette longue série. Du divertissement pur (il ne fait pas en attendre de la grande littérature ou une quelconque recherche stylistique) qui se lit quasiment d’une traite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Perry Mason

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