Premier roman que Christian Vila a donné à la collection Gore, CLIP DE SANG est également le plus classique et le plus basique, loin de l’épouvante apocalyptique de L’OCEAN CANNIBALE ou du glauque LA MORT NOIRE. Nous sommes ici dans une intrigue simple, efficace et linéaire, pas toujours très crédible ni surprenante mais amusante comme pouvait l’être une série B des années 80. Epoque oblige, Vila joue sur l’esthétique heavy metal et l’imagerie satanique en suivant le groupe Jack The Knife and the Rippers avant leur concert au Zenith de Paris. Le groupe traine une image sulfureuse encore accentuée par la mort récente, violente et mystérieuse de leur bassiste.
Pigiste au journal musical Skull, Pat Camino voit dans la prestation du groupe l’occasion de prendre du galon. Il parvient à décrocher une interview et rencontre les musiciens. Nous avons Jack The Knife, chanteur et bassiste fondu de satanisme, Max Krass, batteur parano complètement à la masse, et Johnny Dark, guitariste prodige prenant tout ce fatras démoniaque à la rigolade. Cependant, une sorcière, Ishtar, va aider Jack à accomplir ses sombres projets. Après le sacrifice d’une groupie durant le tournage d’un clip, elle invoque la Bête, un démon sanguinaire qui possède Pat et lui fait commettre une série de crimes. La bonne sorcière Esther et l’inspecteur Chipalon (qui reviendra dans LA MORT NOIRE) vont s’opposer aux forces du mal.
Sans prétention, CLIP DE SANG constiue un pur Gore de série B, à l’image des nombreux petits films sortis durant les années ’80 qui jouaient sur le mariage horreur / metal : « Rock N Roll Nightmare », « Terror On Tour », « Black Roses », « Trick or treat », « Hard rock zombies », « Rocktober Blood », « Blood Tracks », « Slaughterhouse Rock », « Slumber Party Massacre 3 »,... Le sujet était définitivement dans l’air du temps, avant que MTV cesse d’être une chaine musicale et que rap et autre electrodanse ne s’imposent sur les ondes. Ces films, tout comme CLIP DE SANG, s’inspiraient des frasques de Venom ou des mises en scènes guerrières de ManOwar, sans oublier les ancêtres Kiss et Alice Cooper. Bref, c’était le bon temps et CLIP DE SANG apparait aujourd’hui, nostalgie oblige, sans doute plus distrayant qu’en 1986.
Le bouquin de Vila surfe donc sur cette vague, sans beaucoup s’intéresser à ses personnages (à vrai dire on éprouve souvent quelques difficultés à comprendre leurs actions et motivations) et les péripéties sont parfois téléphonées. On peine ainsi à les trouver crédibles à l’image de ce nain – baptisé Gore – allant tout droit dans la gueule du loup…ou les bras de la sorcière. Le récit en lui-même se montre très classique avec son quidam précipité dans l’horreur et son enquête policière rudimentaire afin de lier les événements disparates survenant durant 150 pages menées à bride abattues.
Pas un grand bouquin, ni même un grand Gore, mais l’assurance d’un divertissement plaisant pour les amateurs d’horreur sanglante, d’érotisme (pas mal de scènes chaudes typiques des auteurs français de la collection) et de musique bruyante. Y a pire moyen de tuer deux heures de son temps mais sinon il reste Joséphine ange gardien.