roman court (novella)

Publié le 5 Juillet 2019

BOB MORANE Vs L’OMBRE JAUNE : DOUBLE DOSE D’AVENTURES d'Henri VernesBOB MORANE Vs L’OMBRE JAUNE : DOUBLE DOSE D’AVENTURES d'Henri Vernes

Les deux premiers romans de l'intégrale "L'Ombre Jaune 2"

L’HERITAGE DE L’OMBRE JAUNE

Se replonger dans un Bob Morane passé quarante ans c’est l’assurance de retrouver une partie de son adolescence. En effet, ce qui est bien avec Bob Morane c'est l’assurance d’y retrouver toutes les conventions (les mauvaises langues disent clichés mais ils ne savent pas ce qu’ils perdent! ) du roman d'aventures : complot diabolique, super-méchant développant une étrange relation de respect / aversion pour son adversaire, intrigues farfelues qui dérapent régulièrement dans le fantastique, belle demoiselle mystérieuse, inventions délirantes détaillées avec un luxe de détail qui les rendraient presque crédibles, etc. Ajoutez à cela un cliffhanger toutes les quinze pages (soit une montée d'adrénaline typique de la littérature populaire qui conclut chaque chapitre afin de donner envie de voir ou lire la suite) et un rythme soutenu qui maintient l’attention et vous obtenez tous les ingrédients nécessaires à un vrai divertissement sans temps morts capable de vous dépayser pour deux bonnes heures par une chaude après-midi d’été. Bien sûr, n'espérez pas y trouvez de réflexions philosophiques pointues mais ne méprisons pas la littérature d’évasion, souvent plus intéressante et sympathique que certaines briques indigestes pondues par des auteurs en vue. Alors que ces derniers croient proposer de l'art en diluant leur récit sur des centaines de pages où ils ne se passent strictement rien Henri Vernes nous donne du rythme et de l’action. Que se passerait-il si l’héroïque Bob Morane entrait en possession des ressources de son terrible ennemi Mr Ming, dit l’Ombre Jaune ? Pour le savoir il suffit de se replonger dans cette centaine de pages rapidement lues qui procure un plaisir instantané, légal et sans risque. Alors pourquoi se priver ?

LES GUERRIERS DE L’OMBRE JAUNE

Bob Morane, l’Ombre Jaune,…Que dire de plus? Cette histoire on l’a déjà lu dix, vingt, trente fois (selon son degré de “finitude” envers l’Aventurier. Et pourtant on prend encore plaisir à suivre, durant deux heures, les démêlées de Bob et de Monsieur Ming. Ce-dernier dispose cette fois d’une nouvelle armée de guerriers, des combattants atteints d’une maladie mortelle jadis cryogénisés. A présent « décongelés » et guéris ils viennent grossir les rangs des suppôts de l’Ombre Jaune.

Capturés, Bob et Bill sont promis à un sort similaire après un lavage de cerveau mais l’intervention opportune de Tania permet à nos héros de triompher de leur éternelle Nemesis.

Henri Vernes anticipe ici la mode des « zombies » en lançant des êtres ressuscités et fanatisés aux trousses de notre héros. La première partie, faite de mystère et d’un siège en règle de la demeure où Bob et Bill se sont réfugiés reste la plus prenante. La suite se montre plus convenue : Mr Ming explique son plan, ne supprime pas nos héros (ce serait trop facile) et finit par être vaincu…du moins provisoirement.

Rien de bien neuf mais un petit bouquin sympathique et enlevé qui permet de se détendre durant deux heures.

BOB MORANE Vs L’OMBRE JAUNE : DOUBLE DOSE D’AVENTURES d'Henri Vernes

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Publié le 4 Juillet 2019

DEFAILLANCES SYSTEMES (JOURNAL D'UN ASSASYNTH TOME 1) de Martha Wells

Voici une novella de science-fiction multi primée, premier volume d’une saga, par une auteur oeuvrant habituellement dans la Fantasy.

Un androïde de sécurité de genre indéterminé (on n’échappe pas au ridicule « iel », heureusement utilisé avec parcimonie… toutefois lire cette stupidité d’écriture inclusive donne déjà envie de refermer le livre) se révolte et nous suivons ses aventures, racontées à la première personne, entre visionnage de séries télévisées et missions de sécurité. Bref, une intrigue classique, pour ne pas dire simple que Martha Wells saupoudre de considérations sur l’éveil à la conscience de son / sa « robot tueur » (en réalité la chose est en partie composée de matériel biologique cloné et se définit elle-même du bien trouvé « AssaSynth »). Après avoir accédé à 35 000 heures de divertissement humain sous forme de musique, séries, livres, films, etc., notre AssaSynth accède à « l’humanité » et entretient dès lors des rapports ambigus avec les humains.

L’ensemble a plu et a récolté une tripotée de prix (Hugo, Nebula, Locus) dans la catégorie du « roman court ». Pourtant, rien de tout cela ne s’avère franchement original. BLADE RUNNER (le livre et plus encore le film), l’excellent DES LARMES SOUS LA PLUIE (inspiré du précédent), les animés « Ghost in the Shell », le récent LE RGEARD de Ken Liu, voire l’émouvant classique L’HOMME BICENTENAIRE d’Asimov (et d’autres récits sur les robots) et bien d’autres ont abordés ces thématiques tout aussi finement, voire de manière bien plus intéressante.

Que reste t’il à apprécier dans ce court roman? Certainement pas l’univers, très classique avec son mélange de politique fiction à tendance sociale typique du (post ?) cyberpunk : compagnies toutes puissantes, hybrides de robots et d’humains, etc. Les contraintes de pagination empêchent l’auteur de développer ce monde pour se focaliser sur l’intrigue proprement dite. Cette dernière reprend le modèle du thriller d’action / polar hard boiled / espionnage typique d’une littérature de l’imaginaire post William Gibson. Le style, lui, n’a rien de remarquable, ni en bien ni en mal, il s’avère tout à fait correct et permet une lecture rapide : en effet, en dépit d’un récit pas franchement passionnant, ces 150 pages sans aspérité se lisent sans trop d’ennui. On peut cependant reprocher le ton froid, voire plat, utilisé par Martha Wells mais celui-ci s’explique par la narration effectuée par un être artificiel.

En résumé, DEFAILLANCES SYSTEMES m’a semblé banal et, sans être désagréable, ce roman court ne propose rien de suffisamment original ou mémorable pour s’élever au-dessus d’une honnête moyenne. La dernière partie, pourtant plus axée sur l’action, m’a même semblé pénible. Bref, j’avais hâte d’en terminer, ce qui, pour un bouquin aussi court, se montre problématique.

Dès lors la pluie de prix récoltés outre Atlantique laisse rêveur. A moins d’estimer qu’un personnage principal « gender fluid » sous la plume d’une écrivaine soit suffisamment dans l’air du temps « politiquement correct » pour avoir convaincu un large public.

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Publié le 27 Juin 2019

LE VOL DU DRAGON d'Anne McCaffrey

Premier roman publié (en 1968 !) dans la très longue saga de Pern, LE VOL DU DRAGON s’apparente à un fix-up de quatre novellas, certaines précédemment publiées en revue: « La Quête du Weyr », « Le Vol du Dragon », « Poussières » et « Le Froid Interstitie » qui établissent l’univers de Pern. Un début en fanfare puisque « La Quête du Weyr » obtint le Hugo du meilleur roman court tandis que « Le Vol du Dragon » gagnait pour sa part le Nebula l’année suivante.

Le monde de Pern est défini comme de la « science-fantasy » néologisme assez barbare de prime abord mais finalement parlant puisque nous sommes dans un univers proche du médiéval fantastique à ceci près que la magie y est remplacée par la science, laquelle a permis de créer, par mutations, des êtres fantastiques. Capables de cracher du feu, de se téléporter et liés télépathiquement à leur maitre humain ces monstres fabuleux sont surnommés, par analogie avec les créatures légendaires, des dragons.

Dans « La Quête du Weyr » un chevalier-dragon recherche une jeune femme afin de la recruter pour devenir une dame du Weyr, télépathiquement liée à une reine dragon nouvellement née. Lessa sera ainsi désignée pour ce rôle et, par la suite, nous suivrons sa vie avec son dragon, Ramoth, et divers combats contre les menaçants Fils qui menace régulièrement Pern.

Par la suite on apprendra comment les dragons peuvent également voyager dans le temps afin de réorganiser les Weyrs et de permettre la défense efficace de Pern face à la menace des Fils. Cette révélation rapproche encore la saga de la science-fiction et change agréablement du pur contexte médiéval de nombreux romans de Fantasy. Et nous verrons quelques combats épiques entre les chevaliers dragons et leurs ennemis, là encore une demande de John W. Campbell qui avait suggéré le voyage temporel.

Ecrit voici cinquante ans, LE VOL DU DRAGON n’a guère vieilli : une héroïne forte et active, des créatures légendaires, un mélange de politique, d’intrigues de cours et de romance (qui deviendra la norme absolue d’une large part de la production Fantasy), une alternance de l’intimiste et du spectaculaire bien gérée,…Bref une grande réussite et un classique incontournable dans son genre. A lire ou à relire.

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Publié le 26 Juin 2019

FUTURS A BASCULE présenté par Isaac Asimov

Les anthologies ASIMOV PRESENTE rassemble des nouvelles « présentées » par Asimov, en réalité issus de la prestigieuse revue Asimov's Science Fiction (en activité depuis 1977). Ici, nous avons droit à cinq textes, deux nouvelles courtes, deux nouvelles longues et un court roman signé Lucius Shepard.

On entame avec le primé « La révolution des casses noisettes», vainqueur du Prix Asimov et du Hugo, une longue nouvelle (plus de 50 pages) humoristiques et inventives, très plaisante, signée Janet Kagan (1946 – 2008) dont il s’agit malheureusement de l’unique œuvre disponible en français (excepté un roman « Star trek » paru jadis au Fleuve Noir). Une révolution non violente franchement agréable à lire.

Un très bon début pour ce recueil qui embraie avec un texte de Tim Sullivan, « Atlas à 8 heures du mat’ » au sujet de la boucle temporelle qui emporte, chaque jour, le narrateur. Encore un auteur très peu traduit (3 nouvelles traduites chez nous) pour un court texte d’ambiance plutôt intéressant. Richard Paul Russo n’a pas non plus été beaucoup traduit : un texte dans Fiction, un autre dans Bifrost et deux romans (dont le très réputé LA NUIT DES FOUS). Il nous propose ici « Vas-y fonce », un récit de voyage dans des mondes parallèles là aussi assez agréable.

On poursuit avec « Temps mort » et ses abracadabrantes théories sur le voyage temporel assorties de romance (on pense parfois à la très chouette rom-com science-fictionnel « About time »). Le récit fonctionne de belle manière mais peut apparaitre un peu confus au lecteur. Le début semble ainsi un peu long à se mettre en place (voire laborieux) et il faut attendre les dernières pages pour que la construction narrative de Willis se déploie réellement.

Toutefois, la grande réussite de ce recueil reste le formidable « Bernarcle Bill le Spatial » de Lucius Shepard, situé sur une station spatiale loin d’une terre effondrée et dévastée où nous allons, entre autre, rencontrer le simple d’esprit Bernacle Bill et un agent de la sécurité qui tente de le protéger alors que s’installe une secte religieuse dangereuse. Un court roman (une centaine de pages) très efficace récompensé par une kirielle de prix (Asimov, Hugo, Nebula, etc.)

Le texte de Willis fut ensuite repris dans son recueil AUX CONFINS DE L’ETRANGE tandis que celui de Shepard était notamment inclus dans le recueil SOUS DES CIEUX ETRANGERS.

En résumé :

« La révolution des casses noisettes » = 4 étoiles

« Atlas à 8 heures du mat’ », « Vas-y fonce »,  « Temps mort » = 3 étoiles

Bernarcle Bill le Spatial = 5 étoiles

Au final, une anthologie de qualité très agréable à découvrir même si on eut aimé une présentation un peu plus soignée, comme une préface et une petite présentation des différents textes et auteurs choisis. On se consolera avec la qualité des cinq nouvelles proposées.

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Publié le 25 Juin 2019

HELSTRID de Christian Leourier

HELSTRID signe le retour d’un vétéran de la SF française, Christian Leourier, accueilli dans la prestigieuse collection « Une heure lumière » qui rassemble les meilleures novellas (autrement dit les « courts romans ») de l’imaginaire. A l’heure des gros pavés de milliers de pages il est agréable de pouvoir découvrir ces textes à la pagination nettement plus raisonnable (entre 90 et 150 pages) mais souvent tout aussi intéressants et maîtrisés que les interminables sagas. HELSTRID, planet opéra façon survival spatial en témoigne à nouveau.

Direction donc la planète Helstrid et ses conditions climatiques plus qu’inhospitalières : vent très violents, atmosphère irrespirable, température glaciale,…Mais l’Homme est décidé à exploiter ses ressources et des prospecteurs y partent donc et aboutissent sur Helstrid au terme d’un long voyage en hibernation. Une manière commode, pour certains, de laisser leur passé derrière eux à l’image de Vic qui tente de surmonter un chagrin d’amour. Le jeune homme se retrouve ainsi dans une sorte de camion d’exploitation supervisé par l’Intelligence Artificielle Anne-Marie. Hélas, sur le chemin du retour, le voyage normalement sans histoire devient une véritable lutte pour la survie en milieu hostile.

Leourier a débuté avec LES MONTAGNES DU SOLEIL, édité chez Robert Laffont en 1972, déjà un « planet opera » tout comme ce HELSTRID, roman d’aventures spatiales teinté de hard science ou, du moins, scientifiquement plus rigoureux que la plupart des romans de ce style. L’intrigue, assez simple, laisse la part belle à l’aventures proprement dite (et à la manière dont le héros va tenter de survivre dans un environnement très hostile) tout en proposant des réflexions sur la mortalité, le travail de deuil (un voyage de 25 ans en hibernation est ici envisage comme le meilleur moyen d’oublier un chagrin d’amour) et les rapports entre l’Homme et l’Intelligence Artificielle.

Par son cadre, ce court roman fait parfois penser au film « Seul sur Mars » ou à la série télévisée « Lost In Space » (dans son incarnation de 2018) en jouant sur l’ingéniosité humaine pour se sortir d’une situation apparemment sans espoir. Une jolie réussite qui offre ce qu’on attend de cette collection : deux petites heures (ou une seule pour les lecteurs allant à la vitesse de la lumière) de divertissement intelligent.

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Publié le 21 Juin 2019

CE QUE DISENT LES MORTS de Philip K. Dick

Datée de 1967, cette longue nouvelle se base sur un postulat original très ingénieux (et typiquement Dickien) : la semi-vie. Autrement dit la prolongation de l’existence par une sorte d’hibernation permettant de ramener, pour un court moment, les défunts à la vie pendant des années. Enfin, tant que les héritiers paient les frais de cet « entretien ». Le riche Louis Sarapis, ancien businessman, vit ainsi une pseudo existence et continue à influencer son entourage qui aurait bien aimé en être débarrassé. Surtout que Louis prend des décisions surprenantes, souhaitent que sa fille droguée lui succède et que son ami Gam soit élu président. Or, de manière incompréhensible, Louis peut à présent utiliser tous les canaux de communication pour imposer ses vues : à la télé, au téléphone, partout, tout le temps, le monde entend sa voix. Mais doit-on toujours écouter ce que disent les morts ?

Si l’évolution politique et technologique peut sembler datée (télégramme, Union soviétique,…), les thématiques restent intéressantes et pertinentes. Dick les développera d’ailleurs peu après dans son chef d’œuvre, UBIK, dont cette novella apparait comme un brouillon plutôt réussi. L’écriture se montre efficace, l’univers (excepté les notes surannées déjà mentionnées) crédible et les personnages originaux. On aurait toutefois aimé que l’auteur creuse davantage leur personnalité mais, dans les limites d’un texte relativement court (une centaine de pages), l’ensemble tient la route. Finalement, le principal regret réside dans un final un peu trop explicatif et rationaliste qui revisite l’intrigue sous l’angle d’un complot certes en phase avec les théories conspirationnistes chères à Dick mais ici moins convaincant que les hypothèses précédemment évoquées dans le récit.

Malgré ce bémol, une très plaisante manière d’occuper une heure de son temps et de découvrir un auteur majeur de la science-fiction.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Roman court (novella), #science-fiction, #Philip K. Dick

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Publié le 20 Juin 2019

HPL / CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C. Wagner

Ce petit recueil comprend deux textes de Roland C. Wagner. Le premier, « HPL », se veut la biographie fictive et uchronique de Lovecraft, lequel vient de décéder à l’âge respectable de 101 ans. Wagner nous dresse donc un résumé de la carrière et de la vie de cet HPL (1890-1991), ses romans les plus célèbres, ses revirement politiques, etc. En une petite trentaine de pages (auquel s’ajoute la version traduite en anglais), Wagner réussit son pari d’offrir au reclus un hommage facétieux, distancié mais respectueux récompensé par le prix Rosny Ainé de la meilleure nouvelle en 1997.

On enchaine avec une novella jadis éditée chez Les Trois Souhaits (et précédemment dans le recueil FUTURS ANTERIEURS), « celui qui bâve et qui glougloute », un texte purement steampunk débridé avec toutes les caractéristiques du genre : univers foisonnant, aspect fun, intertextualité assumée, etc. On y croise Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kit Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. L’intrigue ? Les Indiens reçoivent l’aide inattendue de créatures venues d’ailleurs dans leur lutte contre les Visages Pâles. Du coup ça défouraille dans l’Ouest et on y cherche le Necronomicon (à ne lire que défoncé à l’opium sous peine de perdre la raison) pour contrer cette invasion déjantée. On s’amuse beaucoup durant ces 90 pages menées tambour battant (et on aurait aimé que Wagner développe cet univers sur un roman entier…hélas ce n’est plus possible aujourd’hui).

Bref, voici deux hommages semi parodiques réjouissants à lire d’une traite et compléter par une courte interview d’époque avec l’auteur qui explique sa démarche. Recommandé.

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Publié le 19 Juin 2019

L'HOMME VARIABLE de Philip K. Dick

Ce recueil spécifiquement français (l’édition américaine comprend des nouvelles supplémentaires) rassemble trois longues nouvelles ou romans courts. Nous débutons avec « L’homme variable », proche des thèmes développés par Van Vogt. L’intrigue débute au cœur d’une guerre larvée entre les Terriens et les Centauriens. Des ordinateurs calculent quasi en temps réel les chances de voir l’un des deux camps remportés le conflit. Mais un homme ramené accidentellement du passé introduit une variable imprévisible dans les calculs. Un thème assez fascinant mais pas très crédible dans lequel on retrouve bien les manières de Van Vogt dont Dick semble s’inspirer avec cet humain ordinaire qui change sans le vouloir l’avenir de l’humanité. Un peu long, pas très vraisemblable mais plaisant et plutôt convaincant dans sa construction jusqu’au dénouement final réussi.

« Seconde variété », pour sa part, s’avère très efficace en dépit d’un dénouement linéaire et d’un twist prévisible. Mais, encore une fois, les prémices sont excellentes : après une guerre totale entre la Russie et les Etats-Unis apparaissent des robots meurtriers à l’apparence anodine, soldat blessé ou gamin avec son nounours, qui massacrent les derniers survivants. Nous sommes en pleine SF parano cette fois typiquement dickienne pour un récit très prenant adapté avec plus de bonne volonté que de moyen dans le très sympathique « Planète hurlante »

Enfin, « Rapport minoritaire » est sans doute le plus connu de trois récits grâce à l’excellente adaptation signée par Spielberg. Encore une fois, du grand Dick, du pur Dick avec cette agence chargée, grâce aux prédictions de trois mutants télépathes, de prévenir les crimes avant qu’ils soient commis. Mais un jour Anderton, le préfet de cette police « pré crime », reçoit un rapport l’avertissant qu’il va assassiner un certain Kaplan. Anderton, persuadé d’être victime d’un complot, s’enfuit…

Un texte un peu daté mais plaisant et deux incontestables réussites, bref un recueil incontournable.

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Publié le 11 Juin 2019

LA MORT DU CAPITAINE FUTUR d'Allen Steele

Auteur quasiment inconnu dans nos contrées, Allen Steele, né en 1958, n’a vu aucun de ses romans traduits chez nous. Il a pourtant gagné le Locus pour son roman ORBITAL DECAY et obtenu deux fois le Hugo dans la catégorie « roman court » sans oublier pas moins de six prix Asimov pour des nouvelles (ou novellas). Pour le découvrir en français il faut fouiller les revues, comme par exemple dans ce N°16 de Bifrost qui nous offre l’intégralité de son court roman LA MORT DU CAPITAINE FUTUR, hommage distancé, ironique mais également respectueux à la création d’Edmond Hamilton, le célèbre Capitaine Futur, autrement dit Capitaine Flam.

L’intrigue se rapproche, forcément, du space opéra d’antan mais opte pour une voie plus humoristique et cynique sans toutefois sombrer dans la parodie.

Dans l’urgence Rohr Furland s’embarque à bord d’un vaisseau spatial piloté par un type à moitié cinglé, obèse, crasseux et surtout passionné par la science-fiction du début du XXème siècle. Le bonhomme assume d’ailleurs l’identité d’un des plus fameux héros de ces romans pulp, le valeureux Capitaine Futur qui porte secours à la veuve et l’orphelin dans son vaisseau, le Comet, en compagnie de son fier équipage composé de vaillants Futuristes. Lorsqu’il reçoit un appel de détresse, le Capitaine Futur n’hésite pas et plonge à l’aventure…au risque de se confronter aux dangers de la réalité.

Bien mené, très divertissant, LA MORT DU CAPITAINE FUTUR paie son hommage à la science-fiction de grand-papa en mêlant aventures spatiales et émotion lors d’un final quelque peu attendu mais très efficace. Dans ce joyeux hommage à l’aventure spatiale teinté de réflexion « meta » une fois de plus la morale reste inchangée : au risque d’être déçu mieux vaut souvent « imprimer la légende » plutôt que la réalité. Classique mais efficace, Allen Steele réussit à passionner et amuser son lecteur durant une centaine de pages et s’il n’a peut-être pas livré un chef d’œuvre incontournable, il nous donne un récit alerte et agréable.

Sans doute pas au niveau de certains classiques récompensé par le Hugo mais certainement plus réussi, honnête et plaisant que des textes plus récents et imbuvables (au hasard le similaire REDSHIRTS de Scalzi, hommage désastreux à Star Trek). Loin de se moquer des ancêtres, Steele donne en outre l’envie de se replonger dans les aventures du Capitaine Futur…qui sont à présent disponibles au Belial.

Recommandé !

LA MORT DU CAPITAINE FUTUR d'Allen Steele

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Publié le 22 Mai 2019

SKIN TRADE de George R.R. Matin

Forcément, au début des années 2000, le phénomène “Game of Thrones” a poussé les éditeurs à publier des titres encore inédits de George R.R. Martin comme ce SKIN TRADE pourtant lauréat du World Fantasy Award 1989. Un quart de siècle plus tard, le (court) roman débarque chez nous précédé de l’inévitable mention « par l’auteur du TRONE DE FER » et ce même si nous sommes dans un tout autre registre, bien loin de la Fantasy politique de Westeros. L’intrigue est classique: Willie Flambeaux découvre le meurtre d’une jeune femme dans des circonstances étranges. Il confie l’affaire à la détective privée Randi Wade qui s’aperçoit rapidement que les meurtriers ne sont peut-être pas tout à fait humains…

Petit roman concis et efficace, SKIN TRADE revisite le mythe du métamorphe, du change-forme,…bref du loup-garou au travers d’un récit mêlant fantastique, polar et horreur. Avec son héroïne bad-ass et son acolyte lycanthrope, le récit s’apparente quelque peu à de la bit-lit avant l’heure et, quoique le mélange de genre ne soit pas nouveau, Martin parvient à une fusion plaisante entre l’enquête policière et les passages plus portés sur l’épouvante. Bien sûr, tout n’est pas parfait : en dépit de sa brièveté on sent parfois certaines baisses de rythmes, quelques passages pas franchement aboutis et un scénario à la fois prévisible (jusque dans ses twists) et pas toujours cohérent ou crédible. On peut également penser que le livre aurait mérité soit davantage de concisions, soit au contraire davantage de développements (l’univers possède une certaine richesse à peine effleurée)

Enfin, on peut s’interroger sur le World Fantasy récolté par le bouquin. Un prix à la fois attirant (choisir des livres primés n’est pas une si mauvaise option vu la masse de publication actuelle) et décevant (car SKIN TRADE est certes un bon petit bouquin de polar pulp horrifico-fantastique mais il ne méritait peut-être pas un tel honneur).

Toutefois, le style de Martin (simple et efficace, c’est déjà beaucoup dans ce genre de romans voir certaines horreurs mal torchées publiées dernièrement dans le registre de l’« urban fantasy »), le rythme globalement soutenu, les passages plus glauques (ou l’expression « changeurs de peau » prend tout son sens), les quelques touches d’humour assez noirs et les rapports intéressants entre les deux principaux protagonistes rendent la lecture de SKIN TRADE agréable. On passera donc un meilleur moment qu’avec (au hasard…car il y a bien pire hélas) le tome 78 d’Anita Blake ou de Riley Jenson.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur, #Polar, #Roman court (novella)

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