roman court (novella)

Publié le 28 Septembre 2018

DANS LA MAISON DU VER de George RR Martin

Martin a écrit ce court roman au milieu des années 70. Depuis, sa notoriété s’est incroyablement accrue, ce qui explique de le voir édité chez Pygmalion, dans un format semblable à la collection « Une heure lumière » du Belial. Cependant il est également possible de trouver le texte dans la réédition du recueil LES ROIS DES SABLES.

Le récit, de 135 pages, mélange une fantasy sombre à un fantastique poisseux teinté d’épouvante, dans la tradition des précurseurs que furent Howard et Lovecraft. Nous suivons ainsi le principal protagoniste, Annelyn, dans des cavernes sombres où rodent les grouns. Ce héros, accompagné de ses amis Riess et Groff, va, pour se venger d’une humiliation du Viendard, s’enfoncer dans l’obscurité.

En peu de pages, Martin plante son décor, celui d’une civilisation à l’agonie, un monde malade qui se dirige vers sa fin. L’essentiel du récit sera donc constitué par cette partie de cache-cache dans les souterrains, face à l’inconnu et à l’obscurité. Un thème classique (revisité par des films comme « Alien » ou « The Descent ») qui laisse la part belle à l’atmosphère et à l’angoisse. On note aussi ce culte étrange au Grand Ver, ce monarque marqué par la décadence (un petit côté DUNE peut-être ?) et on se laisse prendre au jeu de cette novella agréable, riche en suspense et en scènes claustrophobes. Une lecture plaisante pour qui souhaite aborder un auteur majeur de l’imaginaire sans en passer par sa monumentale saga du TRONE DE FER.

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Publié le 19 Septembre 2018

L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu
L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu

Dans un proche avenir deux scientifiques, le Chinois Evan Wei et son épouse d’origine japonaise Akemi Kirino, parviennent à mettre au point une machine à voyager dans le temps. Mais ces déplacements temporels sont soumis à diverses restrictions : on ne peut retourner qu’une seule fois à une époque donnée et il est impossible de modifier les événements. Cette invention va notamment permettre à Evan Wei de lever le voile sur certains des plus sombres secrets de l’Histoire. Ainsi, la machine sert à prouver les exactions de l’Unité 731, dirigée par le général Shiro Ishii, à l’encontre des Chinois : expérimentations humaines, tortures, massacres divers. L’Unité 731 est responsable de près d’un demi millions de morts mais le gouvernement japonais ne reconnut son existence, du bout des lèvres, qu’en 2002. Avec la machine à voyager dans le temps plus moyen de nier…Du moins en théorie car, en réalité, la disparition des informations oblige à admettre comme unique vérité le témoignage d'une personne, souvent peu neutre car en lien avec les victimes de ces crimes de guerre. De plus, cela anéantit en quelque sorte certain pans de l'histoire qui ne seront plus jamais accessibles aux « observateurs ». Il faudra dès lors admettre un unique rapport comme vérité. En voulant œuvrer pour le plus grand bien, Evan Wei met ainsi un terme à l’Histoire.

Avec ce court roman, Ken Liu frappait un grand coup et récoltait une pluie de prix dont le Hugo et le Nebula. Sous-titré en anglais « a documentary », la novella, en une centaine de pages, adopte les manières d’un documentaire (ou d’un documenteur) et intègre dans sa narration témoignages, extraits de journaux, sites web, compte rendus divers, sondages ou documents gouvernementaux, associé à des avis de quidams convaincus (ou pas) par le procédé. Tout cela compose une vision à la fois froide et horrible des exactions de l’unité 731. Les amateurs de cinéma déviant se souviennent du très éprouvant « Camp 731 » et de ses diverses suites beaucoup plus outrancières mais la plupart des lecteurs ne connaissent probablement pas cette unité japonaise responsable d’incroyables atrocités durant les années ’30 et ’40.

Ken Liu, en présentant un panel de témoignages de descendants des victimes, interroge rapidement sur les notions de neutralité historique. L’invention du voyage temporel, supposé rendre la vérité accessible à tous, rend au contraire les témoignages recueillis sujets à caution et, rapidement, des voix dissidentes ou carrément négationnistes s’élèvent.

Avec ce texte, Ken Liu frappe très fort mais s’abstient de jugement véritable, en véritable ordonnateur de ce documentaire historique il livre des informations et ouvre des pistes de réflexions. Bref, en une centaine de pages le romancier livre un véritable classique instantané et fait mieux que bien des pensums beaucoup plus longs. Un tour de force !

L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu
L'HOMME QUI MIT FIN A L'HISTOIRE de Ken Liu

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Publié le 29 Août 2018

AUX ARMES D'ORTOG de Kurt Steiner

Originellement publié au Fleuve Noir (en 1960) et maintes fois réédité depuis, AUX ARMES D’ORTOG s’est imposé comme un classique de la science-fiction française. Soixante ans plus tard, le bouquin tient encore joliment la route par son mélange de SF, de planet opéra et de space opéra teinté de Fantasy.

Nous sommes au XXXème siècle, dans une galaxie dévastée par une Guerre Bleue ayant fait trente milliards de victimes. Sur une Terre ravagée, un nouveau mal frappe l’humanité dont l’espérance de vie se réduit chaque année davantage. Après la mort de son père, le berge Dal Ortog se rebelle et décide ni plus ni moins d’œuvrer pour sauver les Hommes. Pour cela il doit subir diverses épreuves et devenir Chevaliers-Nautes…

Kurt Steiner propose un roman très enlevé, ramassé en 160 pages, ce qui l’oblige à maintenir un rythme rapide et à ne jamais trainé en route. Animaux fabuleux, extraterrestres variés, rayons mortels, combats, chevaliers futuristes,…l’auteur mélange le décorum néo féodal de la Fantasy avec la technologie avancée de la science-fiction, aboutissant à une décoction très plaisante. On note aussi une belle idée avec cette opposition entre les défaitistes (pour la plupart des prêtres) qui veulent laisser l’humanité s’éteindre et les optimistes soucieux de sauver, coûte que coûte, les Hommes.

Alors, évidemment, AUX ARMES D’ORTOG semblera un peu daté aujourd’hui et certaines péripéties risque de paraitre clichées mais, dans l’ensemble, le tout demeure divertissement et offre même, en prime, une pointe de réflexion quelque peu philosophique ce qui n’est pas si mal pour un petit bouquin publié au Fleuve Noir voici six décennies.

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Publié le 13 Août 2018

LE CHOIX de Paul J. McAuley

Courte novella (environ 80 pages) couronnée en 2012 par le prix Sturgeon, LE CHOIX constitue une œuvre plaisante et d’accès aisé, à la lecture fluide et à la thématique intéressante.

Nous suivons les aventures de deux amis dans un monde dévasté par les changements climatiques, l’augmentation de la température et la montée des eaux. Lucas vit avec sa mère, bloggeuse et activiste écologiste minée par la maladie. Damian, de son côté, vit avec son père, un éleveur de crevettes colérique. Dans ce monde à la dérive, les extraterrestres, pourtant, ont pris contact avec l’humanité. Un de leur vaisseau, surnommé un Dragon, tombe non loin de Norfolk. Lucas et Damian décident de s’y rendre et de remonter le fleuve sur un petit esquif afin de se frotter à la technologie des visiteurs de l’espace.

En peu de pages, Paul J. McAuley injecte une bonne dose de sense of wonder dans un récit dystopique, confrontant l’émerveillement de nos jeunes héros à la technologie extraterrestre mais, aussi, à un monde en pleine déliquescence. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une sorte de conte moral dans lequel des individus aux caractères opposés vont devoir prendre des décisions aux conséquences importantes. LE CHOIX constitue donc un récit initiatique et traite, en quelque sorte, du passage à l’âge adulte à la suite d’événements tragiques. Si le propos est différent, le ton empreint de mélancolie rappelle, parfois, le film STAND BY ME, lui-même adapté d’une novella de Stephen King, dans le périple de ces deux jeunes à la rencontre de l’étrange et de leur destinée.

Bien ficelé, très abordable (y compris pour les réfractaires à la SF), LE CHOIX s’impose comme une belle réussite où les relations entre les personnages prédominent. Toutefois, l’auteur ne néglige pas le contexte apocalyptique et la description d’un environnement écologique et sociétal en plein effondrement. Encore un très bon choix effectué par les éditions Le Belial pour leur indispensable collection « Une heure lumière ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Roman court (novella)

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Publié le 8 Août 2018

MEURTRES A 30 000 KM / S. de Christiphe Lambert

A bord du Space Beagle II voyage une poignée d’astronaute qui ramènent des échantillons de vie extraterrestre. Malheureusement, les caissons d’hibernations sont détruits, condamnant les membres d’équipage à des décennies d’enfermement avant de revenir sur Terre. Une seule personne pourra être cryogénisée et bénéficier, une fois revenue sur notre planète, d’une existence « normale »…Plusieurs accidents mortels suspects se produisent également, amenant la jeune Alexia, 13 ans, à soupçonner qu’un assassin mystérieux s’en prend aux membres du vaisseau. Avec l’aide de son très sophistiqué robot Puck, la jeune fille mène l’enquête.

En mélangeant enquête policière en vase clos et science-fiction, saupoudré d’humour, Christophe Lambert livre un récit « jeunesse » efficace et plaisant. L’écrivain ne renie aucunement ses influences : Alien (ce que démontre les patronymes des protagonistes), LES 10 PETITS NEGRES, le recueil LA FAUNE DE L’ESPACE d’Alfred Van Vogt (où apparait le Space Buggle et qui inspira justement « Alien »), 2001 pour le premier « incident » d’un astronaute dans l’espace, Star Wars (dont les suites – encore virtuelle à l’époque de sa rédaction - seront gentiment égratignées),…Autant de clins d’œil qui amuseront les plus âgés.

Vingt ans plus tard, Christophe Lambert publiera une nouvelle version, plus courte et remaniée, qui en rajoute une couche (ironique) sur Star Wars et Harry Potter. L’auteur en profite également pour remettre au goût du jour ses références aux grands poètes du XXIème siècle : la bien oubliée Géraldine (« Bouge ton attitude efface tes certitudes ») y est remplacée par Maitre Gims (qui, on l’espère, sera tout aussi oublié en 2038).

Comme toujours, Lambert nous offre un divertissement de qualité que peuvent apprécier tant les enfants (à partir de 9 – 10 ans sans doute) que les adultes.

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Publié le 7 Août 2018

REMAKE de Connie Willis

Dans un futur proche, à Hollywood, une jeune femme, Alis, rêve de participer à des comédies musicales, à danser et faire des claquettes. Mais les temps ont changés et Hollywood ne produit plus de nouveautés depuis longtemps. On se contente de remakes infographiques. On prend des vieux films, on les digitalise, on les traficote,…Les stars d’antan sont de plus en plus starifiées, Marylin Monroe tourne plein de « nouveaux » films et y donne la réplique à Chaplin, Tom Cruise ou River Phoenix. A condition bien sûr que les avocats des défunts parviennent à s’entendre.

Tom est un de ses spécialistes du remake. Il accepte aussi un boulot bien payé qui consiste à nettoyer toutes ces vieilleries de leur contenus offensants. On coupe les scènes où l’on voit des gens fumer, prendre de la drogue, boire de l’alcool. La pression des groupes de vertu est si forte…Un jour, en visionnant un Fred Astaire datant de 1949, Tom tombe sur Alis. Impossible ? Peut-être pas…

De cette love story classique entre une apprentie actrice et un « censeur virtuel », Connie Willis tire une œuvre très originale et pétrie de références cinématographiques. L’opposition entre la vie dépravée des protagonistes (toujours vautrés dans le sexe, la drogue et l’alcool) et leur boulot de censure (la moindre allusion à ces substances doit être éliminées des films) parait quelque peu excessive mais, au final, l’actualité récente dans le domaine du politiquement correct confère à ce REMAKE (écrit en 1994) une portée prophétique indéniable.

Stars d’antan digitalisée, acteurs virtuels, programmes informatiques, logiciel de montages, effets spéciaux et, bien sûr, copyright (bonjour le pognon !) permettent toutes les innovations et la sortie de nouveaux films qui ne sont, en réalité, que des remakes / relectures modifiés d’anciennes productions complètement oubliées et que plus personne ne regarde. Hollywood applique simplement au média cinéma le principe du sampling musical au point de créer des « œuvres originales » à partir d’éléments épars, collant le visage de la maitresse d’un producteur en vogue sur une comédienne de jadis ou faisant se rencontrer les idoles d’antan pour la plus grande joie des touristes qui viennent ensuite visiter l’usine à rêves.

Lauréate du Locus (dans la catégorie « roman court »), Willis prouve avec cette histoire à la pagination restreinte (200 pages) qu’elle peut livrer de grandes réussites sans s’appesantir sur des centaines de pages (défaut principal de ses titres les plus connus comme SANS PARLER DU CHIEN ou LE GRAND LIVRE).

Une excellente lecture (nominé pour le Hugo) qui combine tous les éléments de la bonne science-fiction : univers spéculatif à la fois différent et très proche du notre, humour, références, intrigue intelligente et conclusion donnant volontiers une coloration merveilleuse (dans le sens du sense of wonder anglo saxon) à une dystopie cyberpunk de haut vol. Chaudement recommandé !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #anticipation, #Cyberpunk, #Roman court (novella)

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Publié le 30 Juillet 2018

POUMON VERT de Ian R. MacLeod

Cette novella publiée dans la fameuse collection « Une heure lumière » s’avère assez déstabilisante et difficile d’accès. Finaliste du Hugo et du Prix Sturgeon, lauréat du Prix Asimov, POUMON VERT nous emmène dans un univers à l’indéniable originalité pour suivre la destinée de l’adolescente Jalila et de ses trois mères. La société, en effet, y est entièrement féminine et d’inspiration musulmane. Dans la ville côtière d’Al Janb où s’installe la jeune femme tout semble étrange. Si elle tombe amoureuse (du moins le crois t’elle) de Nayra, une belle demoiselle, Jalila rencontre également deux êtres bizarres…des hommes !

Le récit, long d’environ 120 pages, nous plonge directement dans une ambiance quelque peu féérique, un monde de femmes (et donc, forcément, d’amour féminines) moyen orientale, une sorte d’Orient fantasmé et merveilleux. Nous plongeons ainsi dans un conte des milles et une nuit version futuriste et saphique.

En dépit de son côté un peu ardu, POUMON VERT possède donc ce fameux sense of wonder cher aux auteurs d’antan avec cette découverte d’un univers complètement différent du notre. Malheureusement, Ian McLeod ne s’attarde guère sur certains éléments…ainsi le « poumon vert » qui donne son titre à ce court roman reste mystérieux, de même que l’organisation globale de cette société matriarcale à l’extrême. L’histoire parle aussi de voyages spatiaux rendus possibles par les Tariquas, capable de courber l’espace, mais, une fois encore, ce ne sera qu’aborder par l’auteur.

Ce-dernier utilise une écriture « plus qu’inclusive » puisque le féminin prime sur tout, un homme et une femme sont donc dénommés globalement par un « elles » et non un « ils ». Quelque peu déstabilisant au départ mais après quelques pages, le lecteur ne prend plus attention à cette grammaire particulière qui parait aller de soi.

Cependant, en dépit de ses qualités et de son originalité indéniable, POUMON VERT se montre, au final, très descriptif et peine quelque peu à passionner. Le texte, humaniste et philosophique, avance sur un rythme lent, quasiment dénué d’action, pour proposer une réflexion spirituelle et religieuse intéressante qui, néanmoins, peut laisser les moins réceptifs sur le bord du chemin.

Bref, un titre intéressant mais clivant : POUMON VERT risque de diviser les lecteurs entre les enthousiastes et les réfractaires. Une curiosité.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Roman court (novella)

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Publié le 27 Juillet 2018

LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN de Nancy Kress

Nancy Kress (à qui on doit l’excellente trilogie de space opéra dite  des « probabilités ») reçut, en 2009, le prix Hugo dans la catégorie du « roman court » pour ce récit original situé dans une maison de retraite où vivote Henry Erdmann, physicien brillant de 90 ans qui donne encore quelques courts à l’université. Après avoir survécu à une attaque cardiaque le scientifique constate que d’autres pensionnaires, tous très âgés, ont vécu des phénomènes similaires associés à des événements inexplicables. Sa jeune amie et aide-soignante, Carry Vesey, tente d’aider le nonagénaire. Parallèlement, l’ancien compagnon de Carry, devenu agressif, voir menaçant, succombe à une inexplicable (mais providentielle) crise cardiaque. Erdmann soupçonne les patients de la maison de retraite d’avoir développé des pouvoirs psychiques et une sorte de conscience collective. Ils seraient donc responsables de la mort du compagnon de Carry ainsi que du crash d’un avion.

En 150 pages, Nancy Kress mélange divers genres : une louche de science-fiction, une autre de thriller, une bonne dose de drame, une rasade de fantastique, une pincée d’angoisse, pas mal d’humour…Le résultat, étonnant et prenant, repose essentiellement sur la caractérisation soignée des principaux protagonistes, bien typés et attachants en dépit de la brièveté du récit.

Pour les plus bisseux, on retrouve dans LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN un petit côté « Bubba Ho-tep » avec beaucoup de tendresse pour les personnages rencontrés au fil des pages. On peut également songer au très plaisant « Cocoon ». Si tout ce qui concerne les protagonistes et leurs petits tracas se montre fort réussi, l’aspect science-fictionnel, par contre, semble quelque peu plaqué, en particulier durant les derniers chapitres. Ces-derniers, un peu expédié, auraient gagné à se montrer soit plus mystérieux (quitte à ne pas répondre aux interrogations posées par les cent premières pages) soit plus travaillés et vertigineux. L’auteur ne parait pas avoir pleinement exploré les possibilités de son sujet, du moins dans le domaine purement spéculatif. Mais ce n’était sans doute pas là l’essentiel du propos pour Nancy Kress. En effet, celle-ci, dans son précédent L’UNE REVE ET L’AUTRE PAS, se souciait davantage de son récit « terre à terre » et des relations entre les personnages que des aspects les plus fantastiques de l’intrigue.

Malgré ces légers bémols, LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN,  lauréat du Hugo dans la catégorie « roman court », s’impose comme une très plaisante lecture pour explorer les côtés les plus « humains » et humaniste de la science-fiction. Encore une belle réussite dans la collection « une heure lumière ».

LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN de Nancy Kress

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Fantastique, #Roman court (novella)

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Publié le 3 Avril 2018

LE VOLCRYN de George R.R. Martin

Avant d’obtenir gloire et fortune avec sa saga du TRONE DE FER, George R.R. Martin était déjà un écrivain réputé, spécialisé dans la nouvelle et le roman court (ce qui, aujourd’hui, peut surprendre). Il a ainsi obtenu quatre fois le Hugo (deux fois pour des nouvelles, deux fois pour des novellas), seize (!!!) fois le Locus (pour des nouvelles, novella, romans, anthologies, etc.), deux fois le Nebula, deux fois le World Fantasy, etc. Bref, une riche carrière loin de Port Real récemment mise en lumière par le très épais recueil R.R.ETROSPECTIVE. L’indispensable SCIENCE-FICTIONNAIRE de Stan Barets affirmait même que Martin touchait à l’excellence dans les textes courts…c’était avant les 2345 tomes de sa saga fétiche.

Originellement écrite en 1980 sous la forme d’une novella de 23 000 mots, le VOLCRYN fut allongé l’année suivante pour atteindre 30 000 mots, Martin pouvant dès lors donner davantage d’épaisseur aux personnages secondaires du récits. Nominé pour le Hugo, le roman court gagna le prix Locus ainsi que le prix des lecteurs de la revue Analog. Des récompenses méritées.

En 160 pages, Martin nous conte le récit d’une poignée d’astronaute embarqués à bord du vaisseau spatial Armageddon pour aller à la rencontre des Volcryn, une mystérieuse race extraterrestre parcourant l’espace depuis des millénaires. Cependant, à bord du vaisseau, la tension grimpe rapidement : des faits étranges surviennent, des morts endeuillent le voyage et chacun s’interroge sur la réelle nature du commandant, Royd Eris, qui refuse de se montrer physiquement et n’interagit que via son hologramme.

Voici un petit roman d’aventures spatiales fort plaisant et teinté d’angoisse : l’intrigue, guère originale, fonctionne cependant efficacement : les personnages sont bien typés (quoique sans développements trop pesants), le rythme est alerte, les rebondissements nombreux et tout cela rappelle les meilleurs récits de l’âge d’or, lorsque les romanciers de SF se préoccupaient davantage d’efficacité et moins de longues explications pseudoscientifiques. L’univers reste donc crédible mais ne s’embarrasse pas de fatigantes descriptions façon « hard science », les protagonistes sont brossés de manière succincte mais mémorables et l’auteur joue la carte du huis-clos façon « maison hantée » en enfermant ses héros avec une intelligence « artificielle » (n’en disons pas plus) menaçante. Martin retrouve ici le sense of wonder originel en détaillant ce périple spatial à la rencontre d’une forme de vie totalement différente de l’humanité dont, au final, nous n’apprendrons pas grand-chose car l’intérêt est ailleurs. L’auteur assume ses influences (en particulier la partie centrale de « 2001 Odyssée de l’espace » et, plus lointainement, « Alien »), annonce quelques réussites de la SF cinématographique comme « Event Horizon » et offre au lecteur une bonne soirée de divertissement. Pas de raison de s’en priver pour les fans de science-fiction et les curieux décidés à découvrir la partie immergée de « l’iceberg » Martin.

A noter qu’il existe une (peu réputée) adaptation cinématographique tournée en 1987 et que, dans un futur proche, la novella devrait donner lieu à une série télé chez Syfy.

LE VOLCRYN de George R.R. Martin

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Roman court (novella), #Prix Loucs

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Publié le 29 Mars 2018

UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr
UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr

Ce court roman a été écrit par Alice Shelton sous son pseudonyme de James Tiptree Jr et a obtenu le Prix Hugo dans cette catégorie « novella » en 1974.

L’intrigue, située dans un futur crédible prend place dans une société entièrement contrôlée par les multinationales mais ayant banni l’envahissante publicité d’antan. Cependant les grandes compagnies n’ont pas tardé à réagir en multipliant les « placements de produits » assurés par des célébrités diverses. Après une tentative de suicide, la jeune Philadelphia Burke, 17 ans et souffrant d’une maladie dégénérative sévère, est choisie pour « incarner » une célébrité fabriquée, la superbe Delphi. Cette jeune femme parfaite conçue en laboratoire est une enveloppe « vide » sans esprit ni émotion. Burke va lui donner « vie » en la contrôlant à distance, telle une simple marionnette, pour en faire l’absolu fantasme et objet d’adoration du monde. Stratégiquement placée sur le tournage d’un documentaire, Delphi y fait sensation et, aussitôt repérée, devient une star internationale. Elle tourne rapidement dans des feuilletons télévisés à succès dans lesquels elle impose ses choix (en réalité ceux dictés par les multinationales) et encourage les spectateurs à consommer certains produits bien précis. Mais, sur un tournage, le riche Paul Isham tombe amoureux de Delphi, ignorant qu’elle n’est qu’une enveloppe physique pour la pauvre Phil.  

Récit très cynique (le lecteur est souvent moqué ou qualifié de « zombie ») décrivant une dystopie réaliste, UNE FILLE BRANCHEE constitue une indéniable réussite de la science-fiction spéculative. Le monde de demain, dans lequel des « célébrités » fabriquées de toutes pièces possèdent un pouvoir décisionnel immense et dont le moindre choix vestimentaire (ou autre) se voit imité par des cohortes de spectateurs passifs semble, en 2018, encore bien plus crédible qu’en 1974. Encore plus lorsqu’on apprend qu’un tweet de Kylie Jenner, considérée avec ses 95 millions d’abonnés comme une des personnalités les plus influentes du monde aurait fait chuter l’action Snapchat d’un milliard de dollar. Bref, le règne des personnes « célèbres parce qu’elles sont célèbres ».

UNE FILLE BRANCHEE est donc un grand texte totalement visionnaire et excellement mené, à découvrir, en français, dans LE LIVRE D’OR DE JAMES TIPTREE Jr.

Enfin, signalons que la novella a été adaptée à la télévision dans le cadre de la série « Welcome to Paradox ».

UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr
UNE FILLE BRANCHEE de James Tiptree Jr

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Prix Hugo, #Roman court (novella)

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