recueil de nouvelles

Publié le 8 Août 2019

UNIVERS 1985

Joelle Wintrebert est une nouvelle fois aux commandes de cette anthologie annuelle de la science-fiction qui débute logiquement par « le chant des leucocytes », excellent texte de Greg Bear sur un humain « augmenté » par des cellules intelligentes…Il connaitra un destin moins heureux que le super-héros Bloodshoot mais Bear, pour sa part, récoltera le Hugo et le Nebula pour cette novelette ensuite étendue dans le roman LA MUSIQUE DU SANG. Un excellent début.

On poursuit avec le sympathique et référentiel « Partenaires » de Sylvie Lainé avant de prendre la direction du Canada avec Jean-Pierre April et sa « machine à explorer le fiction » suivie par un article sur la SF québécoise. Cette longue nouvelle d’April, plutôt originale (elle devait l’être encore davantage en 1985), imagine les liens entre la fiction et la réalité dans une ambiance cyberpunk réussie. L’article, pour sa part, date forcément mais reste pertinent pour découvrir quelques noms d’écrivains canadiens ayant (ou pas) traversé l’Océan (et les années).

« La géométrie narrative » d’Hilbert Schenck offre un intéressant exercice de style qui brouille sans cesse la « fiction » et le « réalité » à la manière d’un anneau de Moebius par le biais d’un récit se repliant finalement sur lui-même. Hilbert Schenck (1926 – 2013) étant un quasi inconnu (seulement cinq de ses nouvelles furent traduites en français) voici une bonne occasion de goûter à sa prose.

Après le « Matin de sang » de Vincent Ronovsky et le « Lune Bleue » de Connie Willis (ensuite republié dans le recueil LES VEILLEURS DU FEU), Ian Watson livre un curieux « L’élargissement du monde » dans lequel il revient sur la façon dont les moyens de communication ont « rapetissé » le monde. Mais que se passerait-il si, par réaction, la Terre s’élargissait au point que l’Australie et l’Angleterre soient, par exemple, distantes d’un million de kilomètres ? La nouvelle est courte (une quinzaine de pages)… dommage, on eut aimé la voir développée…pourquoi pas sous la forme d’un roman ? Brian Stableford, auteur des LOUPS GAROUS DE LONDRES propose ensuite un panorama instructif de la SF anglaise de 1964 à 1984, revenant forcément sur le New World et opposant « Star Trek » à « Doctor Who ».

Michael Swanwick livre avec « Ginungagap » un texte très réussi sur la confrontation de l’Homme et d’une race arachnoïde par-delà les trous noirs qui permettent leur rencontre.  Swanwick, un peu perdu de vue aujourd’hui, était alors une étoile montante de la SF : il récolta pas moins de cinq Hugo pour ses textes courts et le Nebula pour son roman STATION DES PROFONDEURS. En une quarantaine de pages « Ginungagap » démontre toutes ses qualités : psychologie fouillée, structure élaborée, rebondissements, extrapolations scientifiques, etc.

James Tiptree Jr convainc moins avec « Larmes d’étoiles », un texte cependant intéressant sur le choc des cultures entre les Humains et des extraterrestres qui, après s’être révoltés, finissent par adopter les pires travers de l’Humanité. Un peu longuet mais la conclusion, pourtant d’une grande simplicité, reste très réussie.

La suite verse dans l’iconoclaste avec « La planète Ours voleur » de R.A. Lafferty et « Un goût de cornichon dans le plan de la matrice » de Pierre Stolze (devenu un chroniqueur récurent de Bifrost), délire sur le Bouddhisme que l’on pourrait résumer par « les religions sont parfois paradoxales » et on ajoute un article au titre amusant : « quand on aime la vie on lit de la SF » de Pascal J. Thomas. Emmanuel Jouanne & Jean-Pierre Vernay dans « Les jours d’été » traitent de voyage temporel, d’art et d’immortalité avant que Michel Lamart ne propose « Quelques pièges à lumière ».

Trente-cinq après leurs publications, replongez dans ces textes s’avère plaisant et ce recueil, copieux et varié, vaut donc la lecture, en particulier pour les nouvelles de Bear et Swanwick qui en justifient l’achat.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Prix Hugo, #Recueil de nouvelles, #science-fiction, #Cyberpunk

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Publié le 6 Août 2019

LE JARDIN DES SILENCES de Mélanie Fazi

Auteur rare, Mélanie Fazi signe son troisième recueil de nouvelles (on lui doit également deux romans et un récit biographique) qui relèvent d’un fantastique délicat, épuré, dans lequel les protagonistes et leurs émotions se montrent plus importantes que les phénomènes paranormaux rencontrés.

Ecrivant relativement peu (3 ou 4 nouvelles par an), fort occupée par ses activités de traductrice, Mélanie Fazi se revendique de Lisa Tuttle mais on peut également évoquer, en vrac, Stephen King, Graham Joyce, Ray Bradbury, Neil Gaiman, etc.

Les douze textes réunis ici (issus de publications antérieures dans diverses anthologies ou inédits) sont à la fois différents dans leurs thèmes et cohérents dans leur ambiance, conférant une belle homogénéité à un recueil dans lequel le lecteur peut piocher à sa guise. Chacun, évidemment, préférera l’une ou l’autre de ces nouvelles, ce qui est normal pour une telle collection de textes courts mais on pointera cependant quelques réussites incontestables, tout en délicatesse et émotion, comme l’excellente « Le jardin des silences » ou le sublime « Trois renards » qui termine d’excellente manière ce parcours dans l’étrange. Et puis comment ne pas évoquer « Les sœurs de la tarasque », chef d’œuvre de fantasy féminine qui revisite le mythe du dragon d’une manière totalement originale. Ces petits bijoux (de dix à trente pages) se savourent avec un plaisir complet : une écriture fine et précise, des phrases ciselées, un vocabulaire toujours bien choisi sans être excessivement précieux,…Mélanie Fazi possède du métier (sans doute en partie de part, justement, son métier de traductrice) et le talent nécessaire pour que les récits proposés coulent merveilleusement sous sa plume.

A une époque encombrée de pavés fantastique / fantasy délayant leur maigre intrigue sur des pages et des pages (voire des tomes et des tomes !), lire ce recueil constitue une vraie cure de jouvence et une plongée dans un fantastique en demi-teinte, pratiquement accepté et normalisé, où l’on croise des routes qui mènent vers « ailleurs », d’étranges fantômes, des animaux éthérés appréciant la musique et deux contes de Noel à lire au coin du feu.

Vivement conseillé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Recueil de nouvelles

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Publié le 19 Juillet 2019

69 (anthologie SF Q)

Publiée en 2009 pour fêter les quarante ans de la fameuse « année érotique », cette anthologie variée se relit agréablement dix ans plus tard, alors que les médias fêtent les victoires d’Eddy Merckx, l’été psychédélique, Woodstock, la libération sexuelle ou les premiers pas de l’Homme sur la lune. Sous une jolie couverture très pop typique des sixties, Charlotte Volper rassemble ici douze textes de l’imaginaire francophone teintés d’érotisme.

Stéphane Beauverger ouvre le bal avec un plaisant “Eddy Merckx n’est jamais allé à Vérone” qui revient sur cette fameuse année 1969. Pas de science-fiction dans ce récit de littérature générale néanmoins plaisant qui constitue en tout cas une belle introduction à ce recueil.

La suite est diverse avec quelques thématiques classiques mais plutôt bien menées. Evolution de la sexualité grâce à divers « améliorations » façon sex toys futuristes, androïdes de plaisir, cinéma interactif permettant de se replonger au temps de l’empire romain en l’an 69 (ou LXIX pour faire plus local), hantise, succube, vampirisme, sabbat, potion « magique », relations entre hommes et extraterrestres,…

A partir du thème classique du succube (y a t’il thématique plus banale pour un récit érotico fantastique ?), Jean-Marc Ligny livre ainsi un très efficace « Vestiges de l’amour ». Autre thème bateau, les lunettes magiques qui titillent la libido du savant fou du très référentiel et délicieusement désuet « Louise ionisée » de Norbert Merjagnan, auteur de la fameuse saga des TOURS DE SAMARANTE. Toujours délicate, Mélanie Fazi propose un texte de « dresseuse d’automate » subtil et réussi, lauréat du prix Masterton, « Miroir de porcelaine ».

Joel Wintrebert, avec le plus long « Camélions » développe en une vingtaine de pages un autre thème récurrent (au moins depuis PJ Farmer) de la « sexe-fiction » avec cette planète étrange et ces unions (contre nature ?) entre une jeune femme et des créatures extraterrestres.

Au final, cette anthologie (parue à la même époque que l’intéressante mais plus inégale COSMIC EROTICA) constitue une jolie réussite allant du fantastique à la science-fiction en passant par l’épouvante et la fantasy, tous les textes étant empreints d’un érotisme allant, pour sa part, du plus délicat au plus cru.

Conseillé.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantastique, #Fantasy, #Recueil de nouvelles, #science-fiction

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Publié le 15 Juillet 2019

AUX CONFINS DE L'ETRANGE de Connie Willis

Sorti dans sa version originale en 1993, ce recueil de Connie Willis (couronné par le Locus) succède aux VEILLEURS DU FEU et rassemble, après une préface de Gardner Gozoi, onze titres assortis, à chaque fois, d’une courte présentation. Nous débutons avec le célèbre « le dernier des Winnebago » lauréat du Nebula, du Hugo et du Prix Asimov dans la catégorie des « romans courts ». Il s’agit d’un texte mélancolique sur la fin d’un monde (le nôtre) plus que sur la fin du monde puisque celle-ci se déroule chaque jour et voit disparaitre diverses espèces. L’auteur effectue ainsi un parallèle entre la fin des caravanes Winnebago, symbole d’une Amérique disons post-soixante-huitarde et l’extinction de certains animaux comme les chiens.

On continue avec une nouvelle récompensée par le Nebula, le Hugo, le Locus et le Asimov (!) : « Même sa majesté », texte humoristique anti féministe écrit par une femme, une belle réussite souvent très drôle.

« Ado » est un autre excellent texte court humoristique, une des histoires les plus mémorables imaginées par Connie Willis au sujet de la censure des œuvres littéraires par diverses associations bien pensantes style Social Justice Warriors et autres abrutis. Immanquable et terriblement actuel.  

Le court roman « Pogrom spatial », récompensée par le prix Asimov, ne m’a pas spécialement convaincu mais n’est pas mauvais pour autant juste (à mon sens) un peu longuet. « Temps mort » et ces abracadabrantes théories sur le voyage temporel assorties de romance (on pense parfois à la très chouette rom-com science-fictionnel « About time ») fonctionne de plus belle manière mais peut apparaitre un peu confuse au lecteur. Le début semble également un peu long à se mettre en place (voire laborieux) et il faut attendre les dernières pages pour que la construction narrative de Willis se déploie réellement.

« A la fin du crétacé » constitue une autre nouvelle humoristique, ou plutôt satirique, qui vise les Universités américaines. Malgré quelques notes amusantes elle risque de laisser sur le carreau les lecteurs moins familiers avec cet univers et apparait comme anecdotique. « Conte d’hiver » et « Hasard », plaisants, pâtissent de la comparaison avec l’excellent « Rick ». Situé dans le cadre de Londres durant le blitz, un univers bien connu de l’écrivaine puisqu’elle le revisitera dans son fameux diptyque BLACK OUT / ALL CLEAR (BLITZ), cette longue nouvelle (80 pages) revisite avec brio un thème classique du fantastique. Prenant son temps pour aborder le « genre », le récit montre que, durant la dernière guerre  mondiale, certains trouvèrent leur vocation, de la jeune fille soudainement entourée de soupirants au sauveteur cachant une créature bien connue du « bestiaire ».

Enfin, « Au Rialto », gagnant du Nebula, termine ce recueil sur une nouvelle note humoristique en effectuant un parallèle entre deux mondes incompréhensibles : la physique quantique et Hollywood. Les théories des physiciens paraissent aussi délirantes que les tentatives d’apprentis réceptionnistes / comédiens de percer dans la cité des Anges. Cette nouvelle, dans lequel le lecteur se sent logiquement perdu, permet de passer un bon moment et termine sur une note positive un recueil forcément inégal mais dans l’ensemble très plaisant. A noter que les trois textes primés se retrouveront logiquement dans l’anthologie « best of » LES VEILLEURS.

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Publié le 8 Juillet 2019

LES CONTES DE LA FEE VERTE de PoppY Z. Brite

Les nouvelles de Poppy Z. Brite tournent souvent autour des mêmes thématiques : perversions, homosexualité débridée, violence, glauque, gothisme, noirceur, sadomasochisme… Si elle / il recourt aux créatures légendaires de la bit-lit (vampires en tête), Poppy préfère jouer la carte de l’horreur extrême, pas question donc de se laisser aller à un romantisme malvenu ou à décrire les dessous de dentelles de ses héroïnes. On y retrouve, à chaque fois, un mélange d’exotisme poisseux qui pue la sueur rance, le sexe et la mort (avec pour décor la Nouvelle Orléans ou Calcutta) et d’érotisme hard. Bien sûr, toutes ses nouvelles ne sont pas également réussies mais cette appréciation est, de toutes façons, purement personnelle. Pour ma part j’en ai apprécié certaines tandis que d’autres m’ont laissé dubitatif.

« Anges » et ses siamois incomplets depuis leur séparation (une sorte de variation sur le thème du très gore long-métrage « Basket Case ») constitue une belle réussite. On en retrouve les protagonistes dans la plus quelconque « Prise de tête à New York ».

« Sa bouche aura le goût de la fée verte » constitue un hommage à un classique de Lovecraft, « le molosse », revisité de manière bien plus brutal et (homo)érotique.

La courte « Xénophobie » et l’étrange « musique en option pour voix et piano » s’avèrent également intéressantes mais la plus percutante des histoires reste sans doute « La sixième sentinelle ». Une histoire d’amour avec corps putréfié, jeune gothique strip teaseuse et suicidaire, fantôme aux desseins pervers,…

La très brutale « Paternité » et la nauséeuse « Calcutta, seigneur des nerfs” fonctionnent agréablement dans leur regirstre, la seconde ne racontant pas grand chose mais bénéficiant d’une belle ambiance grâce à des phrases aussi radicales et bizarrement poétiques que celle-ci: "Le monde est une putain et Calcutta est sa chatte. Quand le monde s'accroupit et écarte les jambes, c'est Calcutta que l'on découvre, ce sexe moite d'où s'élèvent mille odeurs aussi exquises que nauséabondes."

Encore une fois nous ne sommes pas chez Harlequin comme en témoigne cet autre court extrait : « Nous attachions leurs poignets et leurs chevilles avec des dentelles noires, nous lubrifiions et pénétrions leurs moindres orifices, nous leur procurions des plaisirs qui leur faisaient honte. Je me souviens de Félicia, une beauté aux cheveux mauves, qui parvint à un orgasme sanglotant, sauvage, grâce à la langue râpeuse d'un chien errant ».

Cependant, on peut se lasser de la similitude des thèmes abordés et des obsessions de Poppy Z. Brite, de son attrait pour les homos gothiques sado masos plus ou moins tarés ou de ses fins ouvertes qui laissent un goût d’inachevé. On peut néanmoins apprécier la qualité de sa plume, qui oscille entre un fantastique poétique à l’ancienne et une méticulosité dans les descriptions croustillantes n’ayant rien à envier aux plus violents pornocrates. Bref, une série de nouvelles enivrantes comme un grand verre d’absinthe qui devraient satisfaire les amateurs d’horreur érotiques loin de la mièvrerie de bien des auteurs actuels du fantastique. Et ce en dépit d’une poignée de textes pas vraiment convaincants.

Ce recueil, originellement publié en 1993, reste donc une bonne porte d’entrée dans l’univers de Poppy Z. Brite. Les curieux iront ensuite s’abreuver de SANG D’ENCRE et AMES PERDUES, les plus pervers apprécieront ses deux anthologies EROS VAMPIRE et les plus endurcis tenteront LE CORPS EXQUIS, sans doute un des romans les plus « jusqu’au boutiste » de ces dernières décennies.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Erotique, #Fantastique, #Gore, #Horreur, #Recueil de nouvelles, #Splatterpunk

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Publié le 28 Juin 2019

ALTERNATIVE ROCK (collectif)

Ce recueil de cinq nouvelles constitue une version actualisée du précédent ROCK & ROLL ALTITUDE. Trois récits sont communs mais ALTERNATIVE ROCK en ajoute deux autres, signés Stephen Baxter et Ian R. McLeod. Ce qui rend le voyage plus cohérent thématiquement puisqu’il débute et se termine avec les Fab Four.

Stephen Baxter, avec le « 12ème album » quitte la hard science pour la spéculation uchronique : dans un univers parallèle les Beatles ne se sont pas séparés après « let it be » mais ont proposé un douzième album que deux fans de musique écoutent religieusement dans un gigantesque transatlantique qui, lui non plus, n’a pas connu un sort sinistre. Une vingtaine de pages érudites, amusantes et référentielles.

On poursuit avec « en tournée » du trio Jack M. Dann, Gardner Dozois et Michael Swanwick originellement parue dans Penthouse en 1981. On y découvre une étrange ville ayant organisé un concert dans lequel se succèdent Elvis, Buddy Holly et Janis Joplin. Un thème proche du futur « Un groupe d’enfer » de Stephen King.

« Elvis le rouge » constitue une autre uchronie signée Walter Jon Williams au sujet d’un célèbre chanteur qui refuse d’intégrer l’armée, fuit en Europe, se fait oublier, devient l’idole de la nouvelle génération (Beatles, Stones,…) et finit par adhérer au Parti avant de devenir militant gauchiste et de rencontrer Luther King à Memphis. Un texte très réussi jusqu’à sa conclusion un peu attendue mais cependant efficace.

Le célèbre « Un chanteur mort » de Michael Moorcock fut déjà maintes fois publié : dans Rock&Folk, dans le LIVRE D’OR consacré à l’écrivain, dans l’anthologie GALAXIES INTERIEURES et dans le recueil DEJEUNER D’AFFAIRE AVEC L’ANTECHRIST. Le chanteur mort en question c’est le messianique Jimi Hendrix témoin de la mort de l’utopie flower power dans un récit intéressant mais que l’on eut aimé voir davantage développé.

Enfin, Ian R. McLeod propose « Snodgrass » au sujet d’un John Lennon quincagénaire et aigri ayant quitté les Beatles après un désaccord avec leur producteur qui refusent qu’ils enregistrent « Love me do ». Stuart Sutcliffe, pour sa part, n’a pas quitté le groupe (et n’est pas mort) et, trente ans après leurs premiers succès, les Beatles (groupe célèbre mais loin d’être incontournable « c’est pas les Stones ») continuent à attirer les foules avec leur « greatest hits tour ». L’occasion pour un John Lennon chômeur et sans avenir d’aller assister à leur concert. Un récit agréable, plutôt bien imaginé, avec forcément pas mal de références musicales, mais qui se termine un peu en queue de poisson.

Homogène en qualité (toutes les nouvelles sont bonnes même si aucune ne se révèlent exceptionnelles) et en longueurs (une trentaine de pages environ, excepté celle de Ian R. McLeod deux fois plus longue) et agrémentées de notes explicatives et instructives, voici cinq récits d’uchronie rock & roll savoureux à déguster sans modération.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

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Publié le 27 Juin 2019

LE VOL DU DRAGON d'Anne McCaffrey

Premier roman publié (en 1968 !) dans la très longue saga de Pern, LE VOL DU DRAGON s’apparente à un fix-up de quatre novellas, certaines précédemment publiées en revue: « La Quête du Weyr », « Le Vol du Dragon », « Poussières » et « Le Froid Interstitie » qui établissent l’univers de Pern. Un début en fanfare puisque « La Quête du Weyr » obtint le Hugo du meilleur roman court tandis que « Le Vol du Dragon » gagnait pour sa part le Nebula l’année suivante.

Le monde de Pern est défini comme de la « science-fantasy » néologisme assez barbare de prime abord mais finalement parlant puisque nous sommes dans un univers proche du médiéval fantastique à ceci près que la magie y est remplacée par la science, laquelle a permis de créer, par mutations, des êtres fantastiques. Capables de cracher du feu, de se téléporter et liés télépathiquement à leur maitre humain ces monstres fabuleux sont surnommés, par analogie avec les créatures légendaires, des dragons.

Dans « La Quête du Weyr » un chevalier-dragon recherche une jeune femme afin de la recruter pour devenir une dame du Weyr, télépathiquement liée à une reine dragon nouvellement née. Lessa sera ainsi désignée pour ce rôle et, par la suite, nous suivrons sa vie avec son dragon, Ramoth, et divers combats contre les menaçants Fils qui menace régulièrement Pern.

Par la suite on apprendra comment les dragons peuvent également voyager dans le temps afin de réorganiser les Weyrs et de permettre la défense efficace de Pern face à la menace des Fils. Cette révélation rapproche encore la saga de la science-fiction et change agréablement du pur contexte médiéval de nombreux romans de Fantasy. Et nous verrons quelques combats épiques entre les chevaliers dragons et leurs ennemis, là encore une demande de John W. Campbell qui avait suggéré le voyage temporel.

Ecrit voici cinquante ans, LE VOL DU DRAGON n’a guère vieilli : une héroïne forte et active, des créatures légendaires, un mélange de politique, d’intrigues de cours et de romance (qui deviendra la norme absolue d’une large part de la production Fantasy), une alternance de l’intimiste et du spectaculaire bien gérée,…Bref une grande réussite et un classique incontournable dans son genre. A lire ou à relire.

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Publié le 26 Juin 2019

FUTURS A BASCULE présenté par Isaac Asimov

Les anthologies ASIMOV PRESENTE rassemble des nouvelles « présentées » par Asimov, en réalité issus de la prestigieuse revue Asimov's Science Fiction (en activité depuis 1977). Ici, nous avons droit à cinq textes, deux nouvelles courtes, deux nouvelles longues et un court roman signé Lucius Shepard.

On entame avec le primé « La révolution des casses noisettes», vainqueur du Prix Asimov et du Hugo, une longue nouvelle (plus de 50 pages) humoristiques et inventives, très plaisante, signée Janet Kagan (1946 – 2008) dont il s’agit malheureusement de l’unique œuvre disponible en français (excepté un roman « Star trek » paru jadis au Fleuve Noir). Une révolution non violente franchement agréable à lire.

Un très bon début pour ce recueil qui embraie avec un texte de Tim Sullivan, « Atlas à 8 heures du mat’ » au sujet de la boucle temporelle qui emporte, chaque jour, le narrateur. Encore un auteur très peu traduit (3 nouvelles traduites chez nous) pour un court texte d’ambiance plutôt intéressant. Richard Paul Russo n’a pas non plus été beaucoup traduit : un texte dans Fiction, un autre dans Bifrost et deux romans (dont le très réputé LA NUIT DES FOUS). Il nous propose ici « Vas-y fonce », un récit de voyage dans des mondes parallèles là aussi assez agréable.

On poursuit avec « Temps mort » et ses abracadabrantes théories sur le voyage temporel assorties de romance (on pense parfois à la très chouette rom-com science-fictionnel « About time »). Le récit fonctionne de belle manière mais peut apparaitre un peu confus au lecteur. Le début semble ainsi un peu long à se mettre en place (voire laborieux) et il faut attendre les dernières pages pour que la construction narrative de Willis se déploie réellement.

Toutefois, la grande réussite de ce recueil reste le formidable « Bernarcle Bill le Spatial » de Lucius Shepard, situé sur une station spatiale loin d’une terre effondrée et dévastée où nous allons, entre autre, rencontrer le simple d’esprit Bernacle Bill et un agent de la sécurité qui tente de le protéger alors que s’installe une secte religieuse dangereuse. Un court roman (une centaine de pages) très efficace récompensé par une kirielle de prix (Asimov, Hugo, Nebula, etc.)

Le texte de Willis fut ensuite repris dans son recueil AUX CONFINS DE L’ETRANGE tandis que celui de Shepard était notamment inclus dans le recueil SOUS DES CIEUX ETRANGERS.

En résumé :

« La révolution des casses noisettes » = 4 étoiles

« Atlas à 8 heures du mat’ », « Vas-y fonce »,  « Temps mort » = 3 étoiles

Bernarcle Bill le Spatial = 5 étoiles

Au final, une anthologie de qualité très agréable à découvrir même si on eut aimé une présentation un peu plus soignée, comme une préface et une petite présentation des différents textes et auteurs choisis. On se consolera avec la qualité des cinq nouvelles proposées.

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Publié le 20 Juin 2019

HPL / CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C. Wagner

Ce petit recueil comprend deux textes de Roland C. Wagner. Le premier, « HPL », se veut la biographie fictive et uchronique de Lovecraft, lequel vient de décéder à l’âge respectable de 101 ans. Wagner nous dresse donc un résumé de la carrière et de la vie de cet HPL (1890-1991), ses romans les plus célèbres, ses revirement politiques, etc. En une petite trentaine de pages (auquel s’ajoute la version traduite en anglais), Wagner réussit son pari d’offrir au reclus un hommage facétieux, distancié mais respectueux récompensé par le prix Rosny Ainé de la meilleure nouvelle en 1997.

On enchaine avec une novella jadis éditée chez Les Trois Souhaits (et précédemment dans le recueil FUTURS ANTERIEURS), « celui qui bâve et qui glougloute », un texte purement steampunk débridé avec toutes les caractéristiques du genre : univers foisonnant, aspect fun, intertextualité assumée, etc. On y croise Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kit Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. L’intrigue ? Les Indiens reçoivent l’aide inattendue de créatures venues d’ailleurs dans leur lutte contre les Visages Pâles. Du coup ça défouraille dans l’Ouest et on y cherche le Necronomicon (à ne lire que défoncé à l’opium sous peine de perdre la raison) pour contrer cette invasion déjantée. On s’amuse beaucoup durant ces 90 pages menées tambour battant (et on aurait aimé que Wagner développe cet univers sur un roman entier…hélas ce n’est plus possible aujourd’hui).

Bref, voici deux hommages semi parodiques réjouissants à lire d’une traite et compléter par une courte interview d’époque avec l’auteur qui explique sa démarche. Recommandé.

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Publié le 19 Juin 2019

L'HOMME VARIABLE de Philip K. Dick

Ce recueil spécifiquement français (l’édition américaine comprend des nouvelles supplémentaires) rassemble trois longues nouvelles ou romans courts. Nous débutons avec « L’homme variable », proche des thèmes développés par Van Vogt. L’intrigue débute au cœur d’une guerre larvée entre les Terriens et les Centauriens. Des ordinateurs calculent quasi en temps réel les chances de voir l’un des deux camps remportés le conflit. Mais un homme ramené accidentellement du passé introduit une variable imprévisible dans les calculs. Un thème assez fascinant mais pas très crédible dans lequel on retrouve bien les manières de Van Vogt dont Dick semble s’inspirer avec cet humain ordinaire qui change sans le vouloir l’avenir de l’humanité. Un peu long, pas très vraisemblable mais plaisant et plutôt convaincant dans sa construction jusqu’au dénouement final réussi.

« Seconde variété », pour sa part, s’avère très efficace en dépit d’un dénouement linéaire et d’un twist prévisible. Mais, encore une fois, les prémices sont excellentes : après une guerre totale entre la Russie et les Etats-Unis apparaissent des robots meurtriers à l’apparence anodine, soldat blessé ou gamin avec son nounours, qui massacrent les derniers survivants. Nous sommes en pleine SF parano cette fois typiquement dickienne pour un récit très prenant adapté avec plus de bonne volonté que de moyen dans le très sympathique « Planète hurlante »

Enfin, « Rapport minoritaire » est sans doute le plus connu de trois récits grâce à l’excellente adaptation signée par Spielberg. Encore une fois, du grand Dick, du pur Dick avec cette agence chargée, grâce aux prédictions de trois mutants télépathes, de prévenir les crimes avant qu’ils soient commis. Mais un jour Anderton, le préfet de cette police « pré crime », reçoit un rapport l’avertissant qu’il va assassiner un certain Kaplan. Anderton, persuadé d’être victime d’un complot, s’enfuit…

Un texte un peu daté mais plaisant et deux incontestables réussites, bref un recueil incontournable.

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