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Publié le 2 Janvier 2020

CHRONIQUES DU PETIT PEUPLE d'Arthur Machen

Arthur Machen (1863-1947) était un écrivain loué par Lovecraft et ce-dernier s’inspira largement de ses techniques narratives pour ses propres nouvelles consacrées à Cthulhu. Aujourd’hui, Machen s’avère hélas quelque peu oublié quoique LE GRAND DIEU PAN reste un classique souvent réédité. Machen écrivit aussi l’histoire « The Bowmen » à l’origine de la célèbre légende des Anges de Mons, une fiction considérée à présent, par beaucoup, comme un fait historique. Un glissement du mythe à la réalité qui lui inspire le très plaisant « Sortis de terre » et ses étranges rumeurs.

Ses CHRONIQUES DU PETIT PEUPLE permettent de découvrir et surtout d’approfondir son œuvre. Ces contes, fantastiques et teintés d’une épouvante subtile, bénéficient d’une écriture fine et ciselée, très moderne finalement, sans les lourdeurs qu’a pu avoir Lovecraft justement. A la lecture de « L’Histoire du cachet noir » et « la pyramide de feu », on comprend rapidement l’influence qu’a pu avoir Machen sur le père de Cthulhu. Dans les deux cas nous assistons à la mise en place progressive d’un véritable puzzle dans lequel chaque pièce s’imbrique pour former un tableau effrayant invitant le lecteur à prendre conscience de l’influence du Petit Peuple. Laquelle transparait aussi dans « La main rouge » et l’angoissant « Substitution » au sujet des Changelins.

Car chez Machen, les fées et leurs semblables (lutins, elfes et autres) sont loin des bienveillantes créatures habituellement croisés dans la Fantasy et les régions d’Angleterre où elles se cachent (mais l’imprudent peut les découvrir, généralement en empruntant un sentier arboré) recèlent bien des dangers. Les jeunes filles disparaissent, les petites filles sont inconscientes du Mal tapi dans les forêts et les bébés sont remplacés dans leur berceau par d’horribles métamorphes…Les nouvelles, quoiqu’indépendantes, se ressemblent par leur construction et leur thème, à savoir la survivance, dans les campagnes anglaises, de créatures légendaires et maléfiques et toutes aboutissent, à la manière d’un puzzle, à l’acceptation, par le lecteur, de la réalité de ces mythes britanniques ancestraux. Encore une fois la comparaison avec Lovecraft se montre pertinente…chez l’un le Petit Peuple, chez l’autre les Grands Anciens mais, dans les deux cas, l’existence d’un monde horrifique et dangereux caché aux yeux des hommes de notre temps et dont la découverte les plonge dans l’épouvante voire dans la folie.

Avec son écriture parfaitement maitrisée et son art du récit ponctué de réflexions quasiment philosophiques sur le sens du Mal (comme en témoigne le long dialogue ouvrant « Le peuple blanc ») voici un incontournable du fantastique à l’ancienne…toujours pertinent après plus d’un siècle ! Une belle découverte.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Horreur, #Golden Age, #Recueil de nouvelles

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Publié le 3 Décembre 2019

CELUI QUI MURMURE de John Dickson Carr

Cette enquête de Gideon Fell se classe sans hésitation possible parmi les meilleurs romans de « meurtre impossible » écrits pas le spécialiste John Dickson Carr. En novembre 2019 il a été voté « meilleur livre de Carr » sur le site Classic Mystery Novel du Puzzle Doctor. Une bonne occasion de relire cet incontournable.

Le professeur Rigaud a jadis été témoin, près de Chartres, d’une scène impensable. Après avoir assisté à une violente dispute entre un père et son fils, Rigaud éloigne le jeune homme, Harry Brooks, et laisse son paternel au sommet d’une tour médiévale. Or celui-ci est retrouvé peu après tué par sa canne épée alors que personne n’a pu s’approcher de la victime. Après la seconde guerre mondiale l’affaire ressurgit lorsque Rigaud la raconte durant un diner. Gidéon Fell devra, des années après les faits, expliquer ce meurtre.

Environ 200 pages ! Carr ne traine pas en route mais développe néanmoins une atmosphère intéressante dans un climat de peur surnaturelle. La caractérisation des personnages se montre, elle aussi, de qualité, avec de beaux portraits, plus développés que de coutume. La période choisie est particulièrement charnière dans le roman policier puisque la Seconde Guerre Mondiale marque généralement la fin ou du moins le déclin du roman d’énigme classique. Carr n’élude pas la guerre et ses conséquences mais propose un crime mystérieux commis avant celle-ci mais résolu plusieurs années après, au lendemain de la fin du conflit.

L’énigme, pour sa part, s’avère rondement menée. Si l’identité de l’assassin et la méthode utilisée ne surprendront pas l’amateur de « crime impossible » (en appliquant la célèbre maxime de Sherlock il n’existe pratiquement qu’une seule solution possible), les détails s’emboitent admirablement et chaque point de détail se voit au final expliqué avec bonheur. De plus, le romancier garde un atout dans la manche sous la forme d’une révélation fracassante que peu de lecteur auront vu venir. Un classique incontournable qui mérite sa place dans toutes les listes recensant les meilleurs policiers d’énigme de l’âge d’or.

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Publié le 22 Novembre 2019

L'HORREUR DANS LE CIMETIERRE de H.P. Lovecraft et autres

Après L’HORREUR DANS LE MUSEE voici le deuxième tome de cette série reprenant les « révisions » et autres « collaborations » de Lovecraft. Le sujet est abordé par une préface d’August Derleth suivi d’un très intéressant article de Francis Lacassin : « H.P. Lovecraft : « nègre » littéraire ou accoucheur de talent ?. Le même Lacassin fournit d’ailleurs en fin de volume une bibliographie de ses revisions (aujourd’hui toutes disponibles en français)

Le corps du recueil se compose d’une sympathique nouvelle d’Hazel Heald qui lui donne son titre, « L’horreur dans le cimetière ». Pa la suite, Hazel Heald (1896 – 1961) a admis que Lovecraft « l’a aidée pour ses histoires et a véritablement réécrit des paragraphes entiers. Il critiquait les alinéas les uns après les autres, notait au crayon des remarques marginales et les faisait ensuite réécrire jusqu’à ce qu’ils lui plaisent ». Les « révisions » effectuées par Lovecraft se montrent d’ailleurs de plus en plus importantes : si les premières histoires nécessitent une révision moins radicales et peuvent se contenter des conseils de l’écrivain de Providence (par exemple dans « L’homme de pierre » et « L’Horreur dans le cimetière »), les suivantes (« L’horreur dans le musée » et « Surgi du fond des siècles ») constituent de véritables collaborations, Lovecraft y apportant ses thématiques familières et de nombreux emprunts au Mythe de Cthulhu. En ce qui concerne le très divertissant et quasi parodique « La mort ailée », dernière « collaboration » entre Heald et Lovecraft, ce-dernier avoue, dans une lettre à August Derleth, qu’il en a écrit au moins 90%. Nous sommes donc loin d’un simple travail de correction !

Zealia Bishop est une autre romancière aidée par Lovecraft : « j’avais appris de lui les principes fondamentaux de la technique de l’écriture. Ma dette à son égard est considérable. Je considère que cela a été un grand bonheur d’avoir été au nombre de ses corresponds amicaux et de ses élèves ». Quoique sa production personnelle relève de la littérature romantique, Zealia Bishop est aujourd’hui essentiellement connue pour les trois révisions effectuées par Lovecraft. Ce-dernier détaille la genèse du plutôt réussi « La malédiction de Yig » en affirmant qu’il s’agit pratiquement d’une « composition originale du fait que tout ce dont je disposais était un ensemble de notes ». Il ajoute « toute l’intrigue et les motivations sont de moi, j’ai inventé le dieu-serpent, la malédiction, le prologue et l’épilogue,… ». Lovecraft récidiva avec « La chevelure de la Méduse » (qui a pris un bon coup de vieux et dont les aspects racistes n’aident guère à la reconnaissance de HPL) et surtout le roman « Le Tertre » à l’indéniable efficacité dans sa description d’un  monde souterrain niché sous un tertre maudit. Lovecraft a d’ailleurs confié à Clark Ashton Smith (auquel il emprunte la divinité batracienne Tsathoggua) qu’il a composé « une histoire originale à partir d’un simple photographe, pas même le germe d’une intrigue ». Lovecraft ajoute que l’idée initiale (« une histoire de tertre hanté par une paire d’Indiens fantômes ») serait « insupportablement fade et plate », d’où son idée d’y inclure les expéditions espagnoles de Coronado, le monde souterrain et la présence de Tsathoggua. Le résultat se révèle une belle réussite pour les amateurs de mondes perdus.  

Alors qu’il tentait toujours de donner à ses révisions une réelle qualité, Lovecraft baisse les bras devant « Le dernier examen » d’Adolpho De Castro qu’il juge « illisible » et « détestable ». En dépit d’un mois de travail, rien ne peut sauver le texte. Lovecraft acceptera pourtant de réviser, en 1930, « L’Exécuteur des hautes œuvres ». Pas très palpitant non plus.

Toujours modeste, Lovecraft refusait souvent, parfois même devant l’évidence, la paternité des textes révisés. Ainsi, en dépit des nombreuses retouches, suggestions et corrections qu’il fait subir aux « Deux bouteilles noires » de Wilfrid Blanch Talman il n’estime pas « sa participation suffisante pour mériter le titre de co-auteur » et incite Talman à « publier l’histoire sous votre seul nom ».

August Derleth reconnaissait le caractère forcément inégal de ces « révisions » mais ajoutaient que les meilleures d’entre elles étaient « certainement d’assez bonne qualité pour figurer parmi les histoires de Lovecraft » avant de conclure avec logique que « Lovecraft était responsable de ce qu’il y avait de plus digne d’être retenu » dans ces contes. Nous pouvons d’ailleurs ajouter que tous les écrivains « aidés » par Lovecraft sont aujourd’hui tombés dans l’oubli et que « leurs » uniques nouvelles encore publiées sont justement celles sur lesquelles Lovecraft a posé le stylo. 

Un recueil plus intéressant et historique que réellement transcendant mais qui saura satisfaire les complétistes de Lovecraft.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 7 Novembre 2019

LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L'INCONNUE de Howard Philip Lovecraft

Cette novella (également connue, lors de sa première publication française, sous le titre de « A la recherche de Kadath ») constitue le point culminant du « cycle des rêves », un ensemble de textes écrits par Lovecraft entre sa première période (celle des « histoires macabres » proches de Poe) et la fin de sa vie, époque à laquelle il s’intéresse au Mythe de Cthulhu. Ici, ce texte énumère les périples conduisant Randolph Carter jusqu’au légendaire Plateau de Leng, à la recherche de la merveilleuse cité de Kadath. On retrouve ce protagoniste dans trois autres nouvelles : « Le témoignage de Randolph Carter », « La clé d’argent » et, finalement, « A travers les portes de la clé d’argent » écrit en collaboration avec E. Hoffman Price en 1933. Ces quatre nouvelles furent rassemblées dans l’indispensable recueil, sans équivalent en langue anglaise, « Démons et merveilles » publié en France en 1955. Ces récits, maintes fois réédités et retraduits par la suite, demeurent la porte d’entrée idéale pour découvrir le versant onirique de Lovecraft ; une sorte de réécriture de « l’Odyssée » d’Homère à laquelle se mêlent les contes orientaux des « Milles et une nuit ».

Publiée de manière posthume par Arkham House en 1943 et longtemps négligée, LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE constitue aujourd’hui un des récits les plus célébrés de l’auteur, réussissant à combiner une fantasy onirique et merveilleuse à un fantastique plus sombre et horrifique. Double littéraire de Lovecraft, Randolph Carter s’y enfonce dans les royaumes du rêve pour découvrir la légendaire Kadath. Mais Nyarlathotep, le Chaos rampant, multiplie les obstacles pour l’arrêter. Carter va ainsi croiser différentes peuplades, des êtres étranges comme des vampires ou les fameuses Maigres Bêtes de la nuit. La route est longue jusqu’à la ville merveilleuse, tout comme elle sera longue pour les Hobbits s’en allant au Mont du Destin, pour le Guerrier Eternel recherchant Tanelorn ou pour Roland désireux de trouver sa Tour Sombre. Bref, Lovecraft inaugure pratiquement la « dark fantasy à quête » dans ce court roman qui, au départ, peut sembler austère. Pas de dialogues, beaucoup de descriptions, voilà le programme de ce récit dans lequel le ressenti parait plus important que la narration proprement dite, parfois décousue. En effet, Lovecraft aura rarement été aussi hyperbolique dans l’utilisation des termes évocateurs. Dès les premières pages, l’écrivain nous convie « dans cet ultime abîme du plus grand désordre où les chimères et les blasphèmes sont le centre de toute infinité », là où « Azathoth se goinfre au milieu des battements sourds et insensés d’abominables tambours et des faibles lamentations monotones d’exécrables flutes ». L’écrivain multiplie les adjectifs : tout est « horrible », « monstrueux », « obscène », « blasphémateur », etc. Son style emphatique trouve ici son apogée, à la plus grande joie des laudateurs de l’écrivain et à la consternation de ses critiques. Quoiqu’il en soit, Lovecraft reprend des éléments de divers récits antérieurs : la ville d’Ulthar où les félidés sont sacrés, l’Anglais Kuranès régnant avec nostalgie sur la cité merveilleuse de Celephaïs, les divinités Nyarlatothep et Azathot, les Grands Anciens, les Manuscrits Pnakotiques et le Necronomicon, etc. Une véritable synthèse de ses thématiques revisitées durant une aventure épique, véritable Odyssée inspirée des grands auteurs mythologiques. Une réussite exceptionnelle, plus proche de la poésie en prose que d’un véritable roman. Parfois ardu mais doté d’une force d’évocation exceptionnelle LA QUETE ONIRIQUE DE KADATH L’INCONNUE multiplie les images fulgurantes.

Le lecteur intéressé poursuivra son exploration des contrées du rêve avec quelques nouvelles très réussies comme « Les chats d’Ulthar », « Le témoignage de Randolph Carter » ou « La clé d’argent » qui nous conte les entreprises d’un Carter vieilli pour redécouvrir le chemin des univers oniriques. Les passionnés se procureront également le magnifique « Kadath, guide de la cité inconnue » dans lequel quatre nouvelles voisinent avec de nombreuses illustrations pour proposer une véritable cartographie de l’imaginaire lovecraftien. 

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Publié le 29 Octobre 2019

MEURTRE A L'ANGLAISE de Cyril Hare

Cyril Hare (1950 – 1957) a écrit en 1951 ce roman policier (volontairement) très classique qui s’apparente à un pastiche distancé des grands whodunit de l’Age d’or.

Comme les maitres du roman d’énigme, Hare convoque une série de protagonistes très typés pour un réveillon de Noël placé sous le signe du meurtre. Seul un écrivain britannique pouvait, en effet, proposer un tel nombre de personnages inconciliables et les réunir dans une même demeure à l’invitation du patriarche agonisant qui tient, pour son dernier Noël, à rassembler la famille autour de son lit de mort. Nous avons donc le professeur Wenceslaus Bottwink, expert de la constitution anglaise mais étranger et juif ce qui le rend suspect auprès des autres invités. Lord Warbeck qui garde la chambre pour raison de santé et ne passera pas l’hiver. Son fidèle majordome Briggs amateur de porto et très attaché aux convenances. Sir Julius, homme politique fort à gauche et Robert, homme politique fort à droite accessoirement membre actif de la ligue fasciste anglaise. Et enfin Madame Carstairs et Lady Camilla un peu perdues dans ce monde masculin. Lorsqu’on porte le traditionnel toast de Noël le très éméché Robert s’effondre. Non pas ivre mort mais bien mort tout court. Les invités doivent dès lors imaginer l’impossible : un Anglais aurait commis un meurtre ! Heureusement un policier, dépêché dans la propriété pour protéger Sir Julius, se trouve déjà présent pour mener l’enquête alors que les conditions météo obligent toute la maisonnée à rester enfermée.

MEURTRE A L’ANGLAISE constitue un roman relativement court (220 pages) à l’image de nombreux whodunit de l’Age d’or. Sa construction s’avère d’ailleurs identique : une présentation des personnages dans la première moitié, un crime à mi-parcours et ensuite l’enquête. Comme le temps (et la Seconde Guerre Mondiale) a passé, l’auteur s’intéresse aux changements sociétaux avec ces nobles quasi ruinés qui se désolent de devoir abandonner leurs propriétés familiales mais y restent attachés, tout comme ces domestiques peut-être encore plus engoncés dans les traditions que leur « maître ».

Auteur de nombreux romans d’énigme (dont peu furent traduits), Cyril Hare propose ici un divertissement ludique qui frôle le pastiche en égrenant les conventions du genre. Les dialogues sont souvent savoureux et les interventions, mi-ironiques mi-traditionnalistes, du majordome toujours pertinentes et amusantes. La clé de l’énigme réside dans une obscure loi anglaise ce qui explique le côté définitivement « so british » des crimes…car, comme dans tout bon whodunit, l’assassin va récidiver et, par là même, diminuer le nombre de suspects.

Du très plaisant policier qui donne envie de lire davantage de romans de cet auteur méconnu.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 16 Octobre 2019

LE MYSTERE DE LA CLE de Patricia Wentworth

Huitième aventure pour l’infatigable Miss Silver, la très tranquille détective imaginée par Patricia Wentworth…quatre ans avant la très similaire Miss Marple. Comme souvent la vieille dame n’intervient qu’à mi-parcours et la première partie du roman nous montre la vie quotidienne des différents personnages alors que s’achève la Second Guerre Mondiale. Mais très vite un premier meurtre survient. Dans l’église d’un petit village, le réfugié juif Michael Harsch est découvert mort d’un coup de révolver après avoir terminé une invention révolutionnaire, un explosif capable d’accélérer la défaite nazie. L’enquête conclut au suicide : ayant achevé son œuvre et ayant perdu sa femme et sa fille, Harsch a décidé d’en finir. Cependant Sir George Rendel trouve cette mort suspecte et envoie le major Garth Albany investiguer. Sur place, les soupçons se portent rapidement sur Evan Madoc, un collègue scientifique du défunt doté d’un très sale caractère. Mais on compte également Medora Brown, une femme au comportement suspect, un Allemand naturalisé forcément soupçonné de sympathie envers l’ennemi et quelques autres protagonistes pas très net. L’inspecteur Lamb puis Miss Silver viendront résoudre le mystère…

Voici un « cosy mystery » anglais typique et d’un grand classicisme, mélange de whodunit et d’étude de caractères avec l’inévitable dose de romance (habituelle chez Wentworth) et un côté espionnage plus prononcé que de coutume puisque LE MYSTERE DE LA CLE se déroule à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le nombre de suspects relativement restreint rend la lecture aisée et évite de se perdre dans une multitude de protagonistes permettant de « noyer le poisson » du soupçon. Ici nous n’avons qu’une demi-douzaine de coupables potentiels mais l’enquête reste plaisante, la plume de Wentworth vive et non dénuée d’humour et le tout fonctionne parfaitement. Un divertissement gentiment suranné mais du meilleur tonneau à déguster au coin du feu avec un bon whisky.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit, #Patricia Wentworth

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Publié le 30 Août 2019

NIGHT OCEAN d'Howard P. Lovecraft

Ce recueil édité en 1986, sans équivalent en langue anglaise, s’apparente à une collection de « fond de tiroirs » mais reste intéressant pour l’inconditionnel de Lovecraft qui y trouvera de nombreuses curiosités jusque là difficilement accessibles. Sunand Tryambak Joshi, considéré comme le plus grand spécialiste mondial de HPL, offre donc une introduction explicative concernant Lovecraft avant une série de récits d’intérêt divers. De nombreux textes constituent des collaborations : Robert H. Barlow et HPL proposent ainsi l’atmosphérique « L’Océan de la nuit » ainsi que « Bataille au fond des siècles » et « Cosmos effondrés ». Ce-dernier constitue une autre curiosité littéraire bâtie sur le principe du cadavre exquis, Robert H. Barlow et HPL ayant alterné les paragraphes (sous le pseudonyme commun de Hammond Eggleston). Sur le même principe, « Le défi d’outre-espace » mérite l’attention par sa collaboration exceptionnelle entre HPL, Catherine L. Moore, Abraham Merritt, Robert E. Howard et Frank Belknap Long. Toutefois, tout cela n’est pas franchement transcendant.

Henry S. Whitehead propose « Piège », un court récit science-fictionnel, aujourd’hui très classique (mais probablement original à l’époque de sa rédaction) sur un étrange miroir maudit (de Loki) et sur la possibilité de s’y retrouver coincer. Pas mal.

Les autres textes se caractérisent par leur brièveté, certains ne faisant que deux pages (« Souvenir ») tandis que les plus longs comme « Le peuple ancien » s’étendent sur une douzaine. On retient aussi la fameuse « Histoire du Necronomicon » véritable pierre sur lequel s’est construit le mythe de Cthulhu et quelques récits mineurs mais plaisants comme « Les chats d’Ulthar » ou « Nyarlathotep »

Enfin, « Le livre de raison » consiste en une suite de notes brèves et d’idées de nouvelles rédigées par Lovecraft : 45 pages susceptibles d’inspirer les épigones du maitre (ils ne se sont pas privés pour y puiser, en particulier Derleth, justifiant ainsi de prétendues « collaborations » posthumes) et quelques conseils pour écrire du fantastique.

Pour le grand public, NIGHT OCEAN risque de paraitre anecdotique voire d’un intérêt discutable : peu de textes vraiment majeurs et beaucoup de fragments ou de récits inachevés qui font office de documents ou de testaments. Pour les inconditionnels de Lovecraft, par contre, ce recueil se montre indispensable afin de mieux cerner la variété des thèmes abordés par l’écrivain : fantastique, horreur, fantasy, science-fiction, humour, histoire, essai, etc.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Fantasy, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Recueil de nouvelles

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Publié le 23 Août 2019

SONYA LA ROUSSE de Robert E. Howard

Ce recueil rassemble trois longues nouvelles de Robert E. Howard dans un registre tenant bien davantage du récit « historique » et de « cape et épée » que de la Fantasy ayant rendu célèbre l’écrivain.

La première, « Sonya la rouge » (alias « L’ombre du vautour » dans les recueils plus récents…cette manie des éditeurs de changer des titres pourtant bien connus) se déroule à Vienne, en 1529, alors que la ville est assiégée par les troupes de Soliman. On y découvre une héroïne de poigne, la célèbre Red Sonja, popularisée par le comic et le cinéma (dans le plaisant et pas si mauvais qu’on l’a prétendu « Kalidor », revoyez le en blu ray ça reste un divertissement agréable) mais ici restituée dans la vision d’Howard, en réalité très éloignée de l’Amazone en slip popularisée par la bande dessinée. L’intrigue est classique, avec sa ville assiégée et ses combattants qui tentent de repousser les assauts d’un adversaire apparemment invincible mais on passe un bon moment devant le souffle épique de ces soixante pages de bruit et de fureur bien tassées.

La suite, « le Lion de Tibériade », se montre également réussi avec sa vengeance murement préparée, sa cruauté et son efficacité.

Peut-être le meilleur des trois récits, « Les cavaliers de l’Armageddon » (ou « les cavaliers de la tempête ») conte les aventures de Cahal Ruadh, ancien roi irlandais échouée aux abords de Jérusalem. Devant la menace d’une horde barbare déferlant vers la ville sainte il va unifier pour un temps les chrétiens et les musulmans.

A la manière des feuilletonnistes et des romanciers à la Dumas, Howard se soucie moins de vérité historique que de présenter un cadre crédible pour conter ses récits enlevés, violents et peuplés de personnages haut en couleur, souvent tour à tour héroïque et salauds, emportés dans le tourbillon de l’Histoire. Dépaysant et divertissant à souhait.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Historique, #Fantasy, #Golden Age

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Publié le 21 Août 2019

GUIDE DES GENRES ET SOUS GENRES DE L’IMAGINAIRE d'Apophis

Ce guide, disponible gratuitement en ebook, constitue la version remaniée de treize articles parus sur le blog d’Apophis. Le bonhomme s’est donc lancé dans un projet un peu fou : créer une taxonomie des littératures de l’imaginaire cohérente et érudite en environ 200 pages. Pari un peu fou car selon les pays les définitions varient…et les spécialistes éprouvent également les pires difficultés à s’accorder. Mais ce n’est pas grave car l’important est de permettre aux lecteurs débutants d’avoir un panorama des littératures de l’imaginaire.

Tout d’abord, Apophis distingue science-fiction, fantastique et fantasy en utilisant la « parabole du chat » pour expliquer clairement aux néophytes ce que sont ces genres majeurs de l’imaginaire. Jusque là tout est simple et abordable par tous.

La suite se montre plus pointue et s’adresse davantage aux connaisseurs ou à ceux qui souhaitent élargir leur horizon. On explore ainsi les différentes branches de la fantasy (high, heroic, grim,…), de la SF (militaire, anticipation, space opera, etc.). On aborde aussi les récents développements de la Fantasy qui viennent (enfin !) mettre un peu de nouveauté dans un genre dominé par le médiéval fantastique d’inspiration européenne en situant leur intrigue dans des époques différentes (renaissance par exemple) ou dans des contrées peu communes (Afrique, Inde,…réelle ou fantasmée voire imaginaire).

Les innombrables dérivés du « punk » littéraire sont évidemment couverts : l’ancêtre cyberpunk, le très riche et populaire steampunk, les émergeants biopunk, nanopunk, solarpunk, etc.

A chaque fois Apophis aborde le sous-genre en donnant ses principales caractéristiques : sciences dures vs sciences molles, complexité des personnages, richesses de l’écriture, ancrage spatio temporel, etc.

Tout cela donne parfois l’impression de vouloir couper les cheveux en quatre (ce n’est pas la faute de l’auteur mais bien des romanciers eux-mêmes souvent contents de catégoriser leur œuvre dans un nouveau sous-genre dont ils seraient l’unique représentant…comme le superbe EMPIRE ELECTRIQUE qui se définit comme « Voltapunk ») mais les listes de lecture proposées s’avèrent bien pratiques. D’une part elles aident à situer un sous-genre en proposant des titres connus et, d’autres part, elles offrent une multitude de pistes de lecture pour ceuw qui souhaitent approfondir la « fantasy à mousquets inspirées des TROIS MOUSQUETAIRES » ou « la science-fiction de terre mourante ».

En résumé un guide pratique, complet, ludique et gratuit…Que demander de plus ?

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Publié le 11 Juin 2019

LA MORT DU CAPITAINE FUTUR d'Allen Steele

Auteur quasiment inconnu dans nos contrées, Allen Steele, né en 1958, n’a vu aucun de ses romans traduits chez nous. Il a pourtant gagné le Locus pour son roman ORBITAL DECAY et obtenu deux fois le Hugo dans la catégorie « roman court » sans oublier pas moins de six prix Asimov pour des nouvelles (ou novellas). Pour le découvrir en français il faut fouiller les revues, comme par exemple dans ce N°16 de Bifrost qui nous offre l’intégralité de son court roman LA MORT DU CAPITAINE FUTUR, hommage distancé, ironique mais également respectueux à la création d’Edmond Hamilton, le célèbre Capitaine Futur, autrement dit Capitaine Flam.

L’intrigue se rapproche, forcément, du space opéra d’antan mais opte pour une voie plus humoristique et cynique sans toutefois sombrer dans la parodie.

Dans l’urgence Rohr Furland s’embarque à bord d’un vaisseau spatial piloté par un type à moitié cinglé, obèse, crasseux et surtout passionné par la science-fiction du début du XXème siècle. Le bonhomme assume d’ailleurs l’identité d’un des plus fameux héros de ces romans pulp, le valeureux Capitaine Futur qui porte secours à la veuve et l’orphelin dans son vaisseau, le Comet, en compagnie de son fier équipage composé de vaillants Futuristes. Lorsqu’il reçoit un appel de détresse, le Capitaine Futur n’hésite pas et plonge à l’aventure…au risque de se confronter aux dangers de la réalité.

Bien mené, très divertissant, LA MORT DU CAPITAINE FUTUR paie son hommage à la science-fiction de grand-papa en mêlant aventures spatiales et émotion lors d’un final quelque peu attendu mais très efficace. Dans ce joyeux hommage à l’aventure spatiale teinté de réflexion « meta » une fois de plus la morale reste inchangée : au risque d’être déçu mieux vaut souvent « imprimer la légende » plutôt que la réalité. Classique mais efficace, Allen Steele réussit à passionner et amuser son lecteur durant une centaine de pages et s’il n’a peut-être pas livré un chef d’œuvre incontournable, il nous donne un récit alerte et agréable.

Sans doute pas au niveau de certains classiques récompensé par le Hugo mais certainement plus réussi, honnête et plaisant que des textes plus récents et imbuvables (au hasard le similaire REDSHIRTS de Scalzi, hommage désastreux à Star Trek). Loin de se moquer des ancêtres, Steele donne en outre l’envie de se replonger dans les aventures du Capitaine Futur…qui sont à présent disponibles au Belial.

Recommandé !

LA MORT DU CAPITAINE FUTUR d'Allen Steele

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