golden age

Publié le 2 Novembre 2020

UN BEL ENDROIT PRIVE de Ellery Queen

Pour sa dernière enquête et le dernier roman piloté par les deux cousins derrière le pseudonyme, Ellery Queen quitte la scène avec les honneurs bien que le livre ne soit pas à la hauteur des grands classiques des années ’30.

Nino Importuna, très riche et superstitieux vieillard obsédé par le chiffre 9, est assassiné lors du cinquième anniversaire de son mariage avec Virginia Whyte, très jeune et très belle demoiselle sur laquelle les soupçons se portent immédiatement, d’autant qu’on murmure qu’elle a une aventure avec Peter Ennis, le secrétaire de son époux décédé. Cependant Ellery Queen pense que la solution de l’énigme est plus complexe et qu’il pourra la trouver en résolvant différents indices liés au fameux « 9 ». Pour Ellery, comme pour le lecteur, il importe d’isoler le véritable indice dissimulé dans une floppée d’informations bizarres qui confèrent au roman son côté quelque peu déjanté et outrancier.

Assez amusante, l’intrigue parait néanmoins « capilotractée » à plaisir, transformant un scénario basique en une succession de saynètes étranges liées au chiffre 9. Ellery Queen renoue avec la manière de procéder de ses romans des années ’30 construits autour d’un puzzle en apparence fantastique mais que le détective finit par rendre logique. Ici, avouons-le, la construction reste habile mais nécessite une bonne dose de suspension d’incrédulité et les mécanismes coincent parfois sur les détails assemblés de manière un peu trop artificiels pour convaincre. Le casting de protagonistes se montre, heureusement, intéressant et ils sont tous « vivants » et bien typés, ce qui compense leur nombre restreint. D’où un whodunit finalement rudimentaire puisque le nombre de suspects se limite à 2 ou 3.

Pas grave, en dépit de ses bémols, le tout reste divertissant, la pagination restreinte permettant un rythme soutenu aidé par des dialogues agréables. Quelques notes humoristiques frisent l’autoparodie, les auteurs affirmant à demi-mot, mais à plusieurs reprises, que les indices et autres trucs utilisés par l’assassin auraient fonctionné dans un roman policier des années ’30 mais n’ont plus leur place à la fin des sixties.

Quoiqu’il en soit, UN BEL ENDROIT PRIVE demeure très sympathique et se lit pratiquement d’une traite, sans ennui et parfois avec une relative jubilation qui rappelle les hauts faits d’arme du duo. Si la transposition des principes du whodunit de la fin des 30’s en plein Summer of Love 30 ans plus tard parait quelque peu anachronique, le roman reste certainement plus réussi que les œuvres de fin de carrière de ses rivaux Agatha Christie et John Dickson Carr. Plaisant et distrayant, ce qui est l’essentiel pour ce genre de romans.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Whodunit

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Publié le 25 Septembre 2020

UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE de John Dickson Carr

Carr semble ici s’offrir une petite récréation, loin de ses puzzles policiers les plus élaborés, en optant pour un point de départ saugrenu. Un homme, Clarke, achète une maison réputée hantée dans le seul but d’y organiser des « fantômes party ». Il convoque ainsi plusieurs personnes, convaincus ou sceptiques, à le rejoindre dans sa demeure. Mais le divertissement apparemment inoffensif dérape lorsqu’un révolver bondit du mur où il était accroché et tire sur un invité. Le Dr Fell devra résoudre l’énigme…

Ce whodunit écrit en 1940 est léger et s’apparente à une sorte de comédie macabre dans l’esprit de très vieux films comme THE BAT : on y trouve des cachettes secrètes, des inventions diaboliques pour supprimer d’innocentes victimes, des (faux) fantômes et de vrais crimes. Le tout dans une ambiance plaisamment désuète que l’auteur lui-même semble aborder avec un mélange de respect et de second degré, comme s’il n’était pas dupe de son intrigue et de ses mécanismes peu vraisemblables mais qu’il cherchait, malgré tout, à l’aborder avec sérieux et professionnalisme.

Les personnages sont, pour la plupart, seulement esquissés et seul le Dr Fell lui-même (déjà vu dans une dizaine d’aventures) sort réellement du lot. Comme souvent avec Carr, le suspense est parfois entretenu de manière un peu artificielle par des interruptions durant les explications ou des secrets gardés par l’un ou l’autre protagoniste et qui empêchent l’avancée de l’enquête.

Le crime impossible en lui-même est habile même si la résolution très « gadget » peut décevoir ; l’élaboration de la méthode reste toutefois crédible et moins « capilotractée » que dans bien des « meurtres en chambre close ».

Dans l’ensemble, UN FANTÔME PEUT EN CACHER UN AUTRE s’avère un petit whodunit (il est court et se lit vite !) divertissant que peu de lecteurs risquent d’inclure dans leur « best of » ce Carr ou du « Crime impossible » mais qui procure néanmoins une distraction bienvenue aux amateurs de policiers à l’ancienne.

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Publié le 14 Août 2020

POISON VIOLENT de Dorothy Sayers

Publié en 1930, au début de la carrière de Sayers, POISON VIOLENT voit le raffiné détective occasionnel Lord Peter tombait amoureux d’une certaine Harriet Vane, une écrivaine de 29 ans spécialisée dans le roman policier. Or, cette dernière est accusée d’avoir empoisonné son amant à l’arsenic et risque la peine capitale. Lord Peter décide donc d’enquêter afin d’innocenter la suspecte bien que tout la désigne comme la seule coupable possible.

Si l’intrigue s’avère quelque peu légère (l’identité du meurtrier et ses motivations sont transparentes, la méthode pour commettre le crime est plus ingénieuse par contre même si, aujourd’hui, le monde médical réfuterait probablement le procédé), le roman reste très plaisant et pétillant.

Lord Peter est un enquêteur plein d’entrain et de vitalité, un aristocrate dandy quelque peu décadent bien aidé dans ses enquêtes par son inséparable et sagace domestique. Le récit avance donc à bon rythme, avec un humour anglais des plus appréciable, en dépit d’une certaine baisse de rythme dans sa partie centrale. Heureusement ce « ventre mou » n’atténue guère le plaisir ressenti à la lecture de ce whodunit de bonne cuvée où brille surtout la caractérisation réussie des principaux protagonistes. Sayers s’est inspirée de sa propre expérience de « l’amour libre » (hors mariage donc) pour dépeindre la relation entre Vane et son amant empoisonné, un sujet évidemment tabou à l’époque et qui ajoute un côté social intéressant à l’intrigue en l’inscrivant clairement dans son époque, à savoir l’entre deux guerres.

Ce cinquième roman de la série « Lord Peter » constitue donc un agréable divertissement et possède, grâce à l’arrivée de Harriet Vane qui deviendra un personnage incontournable de la série, un côté historique indéniable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Whodunit, #Golden Age

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Publié le 6 Août 2020

L'EPOUSE MAL REVEILLEE de Erle Stanley Gardner

Et voici de nouveau Perry Mason occupait sur une complexe affaire ! Les bases juridiques sont d’ailleurs assez complexes à appréhender (bon, le droit c’est jamais facile) mais l’intrigue, elle, reste basique : Scott Shelby a décidé de réaliser une bonne affaire immobilière au détriment d’un millionnaire. Ce-dernier l’invite cependant sur son bateau afin d’en discuter. Perry Mason, intéressé à l’affaire, se retrouve également présent à cette petite ballade fluviale normalement sans histoire. Or Shelby tombe à l’eau, apparemment abattu d’une balle de révolver. Son corps disparait dans l’eau tandis que son épouse est surprise une arme à la main. Perry Mason flaire une entourloupe : pour lui Shelby a maquillé sa mort dans le but de disparaitre avec sa maitresse. Il enquête avec sa secrétaire Della Street et son ami le détective Paul Drake. Le trio semble sur une bonne piste mais celle-ci, au final, ne mène nulle part, si ce n’est à accuser une jeune femme d’être la maitresse et complice de Shelby. Cette dernière contre-attaque et réclame à Mason 250 000 dollars de dommages et intérêts…

Encore un récit plaisant concocté par un romancier étiqueté « de gare » et qui, pourtant, s’était attiré les louanges de Raymond Chandler en son temps. Et c’est vrai que Gardner possède une forme de génie, celle de toujours donner envie de continuer la lecture : chapitres ultra courts, prédominance des dialogues, format resserré (moins de 200 pages), rebondissements nombreux,… la forme ne change guère d’un bouquin à l’autre : une première partie consacrée à présenter l’affaire, une deuxième à l’enquête et un troisième acte au tribunal où notre détective / avocat favori se lance dans ses effets de manche coutumiers interrompus de vigoureuses « objection votre honneur ! ».

Gardner se sert de sa propre expérience juridique pour cuisiner ses récits et livre une nouvelle fois un roman divertissant, facile, bien rythmé et efficace, avec suffisamment de twists pour maintenir l’intérêt jusqu’à sa conclusion. Bref, de la bonne vieille littérature estivale à savourer sur la plage ou dans son jardin.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Policier, #Roman de gare, #Whodunit

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Publié le 23 Juin 2020

DOC SAVAGE: L'OASIS PERDUE de Kenneth Robeson (Lester Dent)

Sixième roman de la grande saga de Doc Savage, L’OASiS PERDUE se montre particulièrement efficace et distrayant.

Ecrit en 1933, il combine tous les ingrédients nécessaires à un bon « pulp » : de méchants criminels ayant réduits quelques infortunés en esclavage pour exploiter une mine de diamants, des dirigeables, des chauve-souris vampires géantes aux dents empoisonnées (!) utilisées comme instruments de mort, une expédition dans la jungle, des plantes carnivores,… Les recettes sont typiques de l’époque et rappellent également les serials : si un personnage tombe d’un immeuble on apprend deux pages plus tard qu’il s’agissait d’un mannequin hâtivement confectionné (aucune vraisemblance n’étant requise) et si l’hélicoptère des héros est détruit, le chapitre suivant nous révèle qu’ils s’en étaient inexplicablement échappés ! Et, bien sûr, si un compagnon de Doc est empoisonné par les méchants, l’Homme de Bronze analyse immédiatement la substance mortelle et élabore, avec les moyens du bord, un antidote. Plus fort que McGyver, Rambo et James Bond réunis !

Comme toujours, les capacités exceptionnelles de Doc Savage, véritable super-héros invincible et même prototype des « super slip » des comics (d’ailleurs il se balade, dans les premiers chapitres, seulement vêtu d’un slip de bain !) éclipse totalement ses cinq compagnons réduits au rôle de sidekicks humoristiques. Dommage car ces derniers possédaient un réel potentiel. Mais qu’importe, lire ou relire Doc Savage reste l’assurance de deux ou trois heures d’évasion pure dans un mélange totalement invraisemblable mais réjouissant de polar, d’action, d’aventure, de fantastique et de science-fiction. Hautement divertissant !

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Publié le 22 Mai 2020

LES MEILLEURS RECITS DE WEIRD TALES VOLUME 3 de Jacques Sadoul

Dernière anthologie de Sadoul consacrée à Weird Tales, ce volume aborde la période sans doute la moins glorieuse du magazine, après son âge d’or évoqué dans le volume 2. Les grands noms sont cependant toujours de la partie : Henry Kuttner (deux fois… dont le lovecraftien « L’Hydre » qui convoque les Grands Anciens), Robert Bloch, Clark Ashton Smith,…

Catherine L. Moore nous offre également une nouvelle aventure de son héros Northwest Smith co-écrite avec le collectionneur fou de la science-fiction, Forrest J. Ackerman. Sympathique.

Moins connu, David H. Keller (redécouvert avec son recueil de nouvelles LA CHOSE DANS LA CAVE) propose une plaisante histoire avec « La déesse de Zion » dont le héros a vécu une extraordinaire aventure sept siècles plus tôt. Assez classique mais intéressant.

Robert Barbour Johnson, totalement oublié, nous offre avec « Tout au fond » un excellent pastiche lovecraftien (dans lequel Lovecraft est cité en tant qu’initié de connaissances interdites…un rôle qui lui sera, par la suite, souvent réservé dans les « pastiches » de Cthulhu) au sujet de goules rodant dans les souterrains du métro (on pense, sur le même thème, à une nouvelle de Clive Barker ou au plaisant roman L’HORREUR DU METRO). Une très bonne lecture !

Seabury Quinn, le plus prolifique et populaire des auteurs de Weird Tales (plus de 500 nouvelles à son actif !) revient avec « Routes » (qui, pour une fois, n’a pas pour héros son détective de l’étrange Jules de Grandin). On a déjà mentionné tout le mal que Lovecraft disait à propos de Quinn. Disons donc que, comme pas mal de récit de l’âge d’or, ses nouvelles ont connu trois stades : d’abord encensées par le public puis massacrées par la critique (qui n’y voyait que ringardises abrutissantes) avant, à nouveau, d’être appréciées par un public certes non dupe de leur qualité mais content d’y retrouver la fougue et l’inventivité (confinant souvent au n’importe quoi) du pulp. Son histoire, divisée en trois parties, se montre plutôt inventive et réussie quoique le twist se devine à des kilomètres (sans que cela nuise réellement à l’ensemble). Très plaisant.

Fritz Leiber boucle le bouquin avec une angoissante histoire brodant sur le thème de la vie antérieure avec ce personnage entrant peu à peu dans la peau de son oncle, un ancien flic qui cachait de sombres secrets. Brillant et fort adroitement mené.

En résumé, si ce troisième volet ne se montre pas aussi glorieux que ses deux prédécesseurs, il reste une très agréable anthologie fantastico-horrifique pour les amateurs.

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Publié le 16 Mai 2020

LE MANOIR DES ROSES - L'EPOPEE FANTASTIQUE

Publié une première fois en 1978, voici une anthologie de la Fantasy qui trouva, originellement, sa place dans la fameuse collection du « Livre d’Or de la science-fiction », véritable mine de textes rares et de nouvelles primées à même de satisfaire tous les amateurs de récits courts.

Avec ce « best of » édité bien avant l’explosion commerciale de la Fantasy, nous retrouvons évidemment des histoires fondatrices comme celles de Lord Dunsany, Hannes Bok ou Clark Ashton Smith, sans oublier quelques poésies signées de Robert E. Howard, William Morris et Mervyn Peake.

Effectuons un bond avec le très plaisant et humoristique « Les 17 vierges », lauréat du Prix Jupiter, signé Jack Vance et consacré à son fameux anti-héros Cugel l’astucieux. On retrouve également l’inévitable Ursula K. LeGuin avec « La boite d’ombre » et, pour rester dans les plumes féminines, Tanith Lee avec « La trêve » et Andre Norton, bien plus célèbre aux USA qu’en Europe, avec « Le forgeur de rêves ».

En dépit d’une réputation pas toujours flatteuse, Lin Carter offre une nouvelle bien ficelée avec « Les dieux de Niom Parma » au sujet d’un dieu allant s’égarer chez les humains pour y vivre une existence simple.

Enfin, Thomas Burnett Swann, auteur de la réputée « Trilogie du Minotaure », clôt cette anthologie avec la novella qui lui donne son titre, « Le manoir des roses ». Avec un style riche et imagé, l’auteur nous propulse dans un Moyen-âge légèrement alternatif où rode la magie. Nous accompagnons ainsi deux adolescents, l’un fils de chatelain, l’autre manant, décidés à partir en croisade à Jérusalem et rencontrant sur leur chemin une jeune fille, Ruth, qu’ils assimilent à un ange puis soupçonnent d’être une Mandragore, créature magique prenant la place des humains. Le trio poursuit ensuite son voyage jusqu’au mystérieux manoir des roses habité par une étrange femme. Un court roman (environ 80 pages) réussi et original, aux personnages fort bien campés et à l’ambiance prenante et subtile, bref hautement recommandé !

LE MANOIR DES ROSES, en dépit du côté forcément inégal des textes choisis, offre un joli panorama de la Fantasy des origines aux années 70, avant la grande vague commerciale du genre. A l’heure où la plupart des écrivains ne conçoivent plus leurs récits que sous forme de trilogie de centaines de pages, se replonger dans ces nouvelles s’avère fort agréable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantasy, #Golden Age, #Recueil de nouvelles, #Roman court (novella)

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Publié le 28 Avril 2020

QUAND LES TENEBRES VIENDRONT d'Isaac Asimov

La longue nouvelle qui donne son titre à ce recueil, écrite en 1941, reste une des plus connues et célébrées de la science-fiction, souvent considérée comme la meilleure d’Asimov et même une des 2 ou 3 meilleures nouvelles de SF de tous les temps. Inutile donc de s’appesantir sur cette exceptionnelle réussite d’une très grande originalité thématique et qui se déploie jusqu’à sa chute vertigineuse. Ceux qui l’on déjà lu dans une des nombreuses publications l’ayant republiée la relirons avec plaisir, ceux qui ne la connaissent pas vont découvrir un joyau de la science-fiction.

« Les taches vertes », au sujet d’une race extra-terrestre parasitaire, s’avère plus classique mais reste une belle réussite, agréable et rythmée jusqu’à sa conclusion.

« Hôtesse » se montre également très originale avec cette rencontre entre deux terriens et un émissaire extraterrestre venu se renseigner sur les particularités de l’Humanité tandis que toutes les autres espèces intelligentes connues développent une « mort par inhibition » qui, lorsqu’elle se déclenche, les tue en une année. Mais la résistance des Humains au phénomène a une explication qui pourrait conduire à un conflit galactique.

Soucieux de traiter de l’énergie atomique dont on venait de mesurer le potentiel destructeur, « Y a-t-il un homme en incubation… » s’intéresse à la problématique de l’attaque et la défense, les deux devant fatalement s’équilibrer pour maintenir un équilibre guerrier acceptable…avec la découverte de la bombe atomique il importe donc de finaliser un champ de force atomique capable de s’en protéger.

Une courte nouvelle (« Taches vertes ») et trois novellas d’environ soixante pages forment donc un excellent recueil de 220 pages de haute qualité. Quatre textes qui datent des années 40 au début des années 5O et qui, globalement, non pas pris une ride. Bonne pioche pour les fans du Docteur Isaac !

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Publié le 1 Avril 2020

LA MOISSON ROUGE de Dashiell Hammett

Grand classique du roman policier « noir » tendance « gangsters », LA MOISSON ROUGE fait aujourd’hui figure d’incontournable largement apprécié. On peut donc se permettre quelques critiques en guise de bémol. Tout d’abord l’intrigue est fort complexe et tortueuse avec un grand nombre de personnages qui se croisent, se recroisent, s’associent, se trahissent, s’entretuent, etc. Pas évident de s’y retrouver, seul le héros parait capable de suivre les méandres d’une enquête alambiquée à souhait, l’énigme reste d’ailleurs réduite et on devine que Hammett, sans doute en réaction au whodunit alors en vogue dans le policier, ne se soucie guère de préciser « qui a fait quoi » ou même « qui a tué qui ».

Autre bémol, peut-être dû à la traduction : le vocabulaire argotique et les tournures de phrases très « old school » rend la lecture un brin fastidieuse aujourd’hui. Il aurait sans doute fallu opter pour une traduction révisée et moins marquée par les ans, telle celle proposée en 2008…Tant pis, j’ai opté pour la version « historique » du bouquin, certes charmante par ses termes rétro mais cependant fatigante sur la longueur.

Enfin, le roman semble moins intéressant dans son dernier tiers, normalement l’apothéose en policier  / polar avec une multiplication des tueries et autres guerres de gangs un brin lassantes (le héros comptabilise 16 meurtres à quelques chapitres de la fin !) qui finit par diluer la réussite de la première moitié.

Cependant, LA MOISSON ROUGE demeure un roman intéressant et plutôt plaisant par sa simplicité même qui deviendra archétypale dans le polar « hard boiled » : un détective anonyme narrant l’intrigue entre deux rencontres avec une femme fatale et quelques verres d’alcool, un refus du manichéisme (en fait tout le monde est pourri, le héros y compris), une suite d’entourloupes plus ou moins farfelues (le passage où le héros démonte la combine d’un match de boxe truqué s’avère savoureux) et une volonté de notre personnage principal de nettoyer (par le vide et à la sulfateuse) cette petite ville crasseuse et corrompue dans une véritable « moisson de sang ».

Malgré son âge et les bémols précédemment cités, une lecture instructive et quasiment nécessaire pour les amateurs de romans « noirs ».

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Golden Age, #Polar

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Publié le 25 Mars 2020

LE GRAND DIEU PAN d'Arthur Machen

Arthur Machen n’est pas seulement l’inventeur des fameux « Anges de Mons », c’est aussi un grand spécialiste des croyances et mythes celtiques, très à l’aise avec le « Petit peuple », autrement dit les fées, lutins et autres farfadets… beaucoup plus inquiétants chez lui que dans nos contes de fées actuels.

Classique du fantastique ayant notamment beaucoup influencé Lovecraft, en particulier dans sa manière d’aborder l’horreur à la manière d’une enquête policière aux révélations successives, LE GRAND DIEU PAN est un court roman datant de 1890. A l’époque décrié par la critique (toujours clairvoyante n’est-ce pas), il s’est imposé depuis comme un incontournables de l’épouvante gothique et une date clé du genre à l’instar de DRACULA. Dans ce récit, il est question d’une jeune femme, Mary, devenue folle après avoir vu le dieu Pan, et qui va exercer son influence néfaste, à la manière d’une succube, sur différents gentlemen. N’en disons pas plus, le bouquin est court, se lit en deux heures, et mérite la découverte par le curieux !

D’une lecture aisée en dépit de tournures de phrases quelque peu archaïques, d’une construction typique de son époques et d’un vocabulaire légèrement suranné, LE GRAND DIEU PAN n’effraie plus mais garde intact son pouvoir de fascination. En une centaine de pages, Machen nous permet de découvrir le côté obscur du monde, ces régions où subsistent les pouvoirs antiques et les ancestrales divinités païennes. Ainsi que ces cultes encore rendus par des adeptes fervents à des entités ayant existés bien avant la chrétienté et continuant à exercer leur puissance sur le monde. Les Grands Anciens ne sont pas loin…

Une agréable lecture à découvrir impérativement pour les amateurs de fantastique classique. 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Golden Age, #Horreur, #Lovecraft, #Roman court (novella)

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