Publié le 4 Janvier 2019
Si aujourd’hui George R.R. Martin semble indissociable de sa saga du TRONE DE FER, il ne faut pas négliger ses œuvres antérieures. Il est d’ailleurs quelque peu surprenant que Martin soit apprécié pour ce roman interminable alors qu’il a surtout brillé par ses qualités de nouvelliste. Et ce dès le début des années 70 puisqu’il obtient son premier Hugo, du meilleur roman court, pour « Une chanson pour Lya » en 1975. Le recueil qui inclut ce texte gagne, pour sa part, le Locus en 1977. Devenu écrivain à plein temps, Martin écrit de nombreuses nouvelles de qualité. Ce recueil obtient à nouveau le Locus en 1982. Il comporte surtout deux récits extraordinaires et fort justement primés : « Les rois des sables » (Hugo, Nebula et Locus de la meilleure nouvelle longue excusez du peu !) et « Par la croix et le dragon » (Hugo et Locus de la meilleure nouvelle).
« Les rois des sables » (adapté à la télévision pour AU DELA DU REEL L’AVENTURE CONTINUE) décrit les aventures de Simon, passionnés par les « bestioles exotiques ». Il achète pour son terrarium quatre races de « rois des sables », des sortes d’insectes extraterrestres évolués pour lesquels il va jouer à dieu. Il les affame pour les forcer à guerroyer, se réjouit lorsqu’ils s’entretuent, apprécient les statues à son effigies,…Mais les rois des sables ne risquent-ils pas de se détourner de ce dieu cruel ? En dépit de son côté un poil linéaire et d’une chute relativement prévisible, la nouvelle emporte l’adhésion et mérite tous les éloges reçus, un véritable classique de la science-fiction !
« Par la croix et le dragon » est un fantastique récit spéculatif très cynique à l’égard des religions : un inquisiteur se voit chargé de détruire une étrange hérésie développée par une secte ayant déifié Judas et l’ayant transformé en héros d’une bible revisitée où s’affronte des dragons. Une analyse très bien ficelée du besoin irrépressible des Hommes de trouver dans la religion une réponse à leurs interrogations.
Autre réussite, « la dame des étoiles » qui transpose un univers très romans noirs à la David Goodis dans un contexte science-fictionnel : putes (pas toujours au grand cœur), mac lâche, brigands,…tous vivent leur vie misérable dans cette histoire « sans héros » où les dialogues, façon novlange, sont remplis de néologismes pourtant immédiatement compréhensibles.
« Vifs amis » est également une histoire d’amour impossible revisité par la SF et constitue une jolie petite histoire. Les deux dernières, « La cité de pierre » et « Aprevères » sont moins convaincantes et manquent d’un petit quelque chose pour s’élever au-delà de la moyenne. Cependant, elles se laissent lire.
La réédition en 2013 du recueil compte une longue novella, DANS LA MAISON DU VER que Pygmalion a également édité en mai 2017 sous la forme d’un petit roman indépendant…au prix fort. Bref, autant se replonger dans ce recueil très fréquentables dont au moins deux textes sont des incontournables de l’auteur.