Publié le 17 Juin 2024
Spécialiste de la Fantasy et de l’horreur lovecraftienne, Karl Edward Wagner, disparu précocement suite à ses excès d’alcool, livre ici un pastiche plaisant de Conan. Pour les puristes, il ne cherche pas à singer Howard mais propose sa version personnelle du barbare. Donc on aime ou pas mais généralement mieux vaut une « réinterprétation » qu’un simple décalque. Nous avons ici une histoire assez touffue, avec de nombreux protagonistes et un côté politique prononcé.
Conan est condamné à la potence après avoir tué un capitaine de la garde. Alors qu’il s’apprête à mourir bravement, le Barbare est sauvé lors d’une mission visant à délivrer ses codétenus. Et voici Conan embarqué, plus ou moins malgré lui, aux côtés des Rebelles de la Rose Blanche, prêt à se joindre à leur insurrection pour renverser un pouvoir corrompu. Il doit aussi s’allier avec un sorcier capable de ramener les morts à la vie…
LA ROUTE DES ROIS voit Conan passer du statut de pirate à celui de général et de possible roi et délivre son lot de batailles, de combats à l’épée et de magie maléfique avec un nécromancien avide de puissance. Mais l’auteur semble surtout intéressé à l’idée de proposer une satire politique qu’il résume en ses mots, à la toute fin : « est ce que l’homme corrompt le pouvoir ou est ce que le pouvoir corrompt les hommes ». Bref, il nous offre une sorte de version heroic fantasy de la FERME DES ANIMAUX d’Orwell : une fois les révolutionnaires au pouvoir ceux-ci se comportent exactement comme les tyrans qu’ils viennent de chasser et si tous les gens du peuple sont égaux certains sont plus égaux que d’autres.
Riches en dialogues travaillés et en intrigues de cour, voici un Conan différent, dans une ambiance d’ailleurs plus « civilisée » que de coutume avec bal masqué et aventures à la Dumas. Un bel hommage avec un style vif et un récit qui avance joliment, entre l’intime et l’épique. Souvent considéré comme un des meilleurs Conan non écrit par Howard, LA ROUTE DES ROIS est effectivement un très bon livre de Fantasy.