LE REPAIRE DU VER BLANC de Bram Stoker

Publié le 10 Janvier 2025

LE REPAIRE DU VER BLANC de Bram Stoker

Dernier roman de Bram Stoker, publié peu avant son décès (survenu en 1912), ce conte macabre s’avère déstabilisant et oscille entre l’échec et la réussite. Les prémices sont intéressantes, quelques idées bien pensées, l’une ou l’autre scène fonctionnent et l’écriture, soignée, rend l’ensemble agréable. Le lecteur passe donc un bon moment car tout « coule bien », aidé il est vrai par une pagination restreinte. Malheureusement, le roman parait également confus, obscur, pour ne pas dire brouillon. Les personnages agissent souvent de manière incohérente et leurs motivations laissent perplexes. Même le thème global du bouquin ne parait pas évident.

Une jeune femme, Arabella, serait en réalité un serpent, ce que soupçonne ses voisins sur des indices disons…légers. Une légende est également évoquée, celle du Ver (autrement dit une créature reptilienne proche du dragon), qui roderait dans une région de Grande-Bretagne. Stoker se base en effet sur la croyance en l’existence d’un « dragon » combattu par un certain John Lambton en 1420. Si celui-ci a vaincu le monstre, une malédiction se serait par la suite abattue sur sa lignée : ses descendants, pendant neuf générations, auraient péri de morts violentes. Le romancier possède un matériel de base prometteur, ce que confirme H.P. Lovecraft dans son étude sur la littérature fantastique. Malheureusement, comme le déclare l’écrivain de Providence, « le développement est ensuite infantile ».

Comment réellement s’intéresser à ce livre qui oscille entre chronique sociale, fantasy fin XIXème, fantastique celtique et épouvante ? A vrai dire on se perd un peu (beaucoup) dans ce récit aux mailles emberlificotées dont le lecteur peine à comprendre les tenants et les aboutissants. Pourtant, si LE REPAIRE DU VER BLANC fut souvent éreinté par la critique, sa lecture n’est pas déplaisante. Le livre, qui reprend une structure proche de DRACULA avec un personnage à la Van Helsing venant sauver une innocente demoiselle de l’influence pernicieuse du Ver, se montre plus décevant que mauvais.

L’ambiance de cette région isolée du nord de l’Angleterre s’avère bien rendue et certains passages en appellent avec bonheur à l’imagination du lecteur. Ce type de récit inspira certainement les meilleures réussites d’Arthur Machen ou Lovecrat mais, quoique raté, LE REPAIRE DU VER BLANC n’est pas déplaisant et se lit avec, au moins, curiosité. Ken Russell en tira une adaptation fidèle à son style : délirant, provocant et aux lisières du ridicule et de la parodie.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Horreur

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article