TROIE TOME 1: LE SEIGNEUR DE L'ARC D'ARGENT de David Gemmell

Publié le 3 Juin 2024

TROIE TOME 1: LE SEIGNEUR DE L'ARC D'ARGENT de David Gemmell

David Gemmell nous a quitté voici déjà pas mal d’années et c’est peu dire qu’il manque à la Fantasy. Heureusement il nous laisse une œuvre imposante riche en réussites exceptionnelles. Avec son ultime trilogie, consacrée à la chute de Troie, l’auteur retourne en quelques sortes aux éléments ayant assuré le succès de son premier grand cycle sur Alexandre, le LION DE MACEDOINE. Nous sommes donc en pleine Fantasy « historique » quoique légendaire et les éléments fantastiques y sont quasi inexistant, exceptés les prophéties de la petite Cassandre. Et les exploits d’Ulysse ? Les affabulations d’un « roi laid » qui distrait son équipage en racontant des contes incroyables. Il n’est qu’un des nombreux personnages de cette histoire, aux côtés de la princesse Andromaque, d’Hélicon (alias Enée) de Dardanie, du roi Priam, de l’Egyptien en exil Gershom, etc.

La guerre se prépare, se devine, s’envisage mais elle est encore loin, le monde méditerranéen étant séparé en deux : d’un côté Agamemnon, le roi de Mycènes possédant une puissante armée, de l’autre Priam dans sa cité réputée imprenable, aux hautes murailles protégées par une flotte maritime sans pareille.

David Gemmell se débarrasse donc de tout son attirail de Fantasy pour ne garder qu’un récit historique où les Hommes sont responsables de leurs actes et de leurs décisions sans pouvoir se cacher derrière une quelconque volonté divine. L’époque est étrange et, souvent, les « héros » se sentent plus proches de leurs supposés ennemis que de leurs amis. Ils doivent prendre des décisions qui ne leur plaisent guère, au nom de l’intérêt ou de la destinée du royaume : mariage arrangé, alliance avec des personnages peu recommandables, retournements de veste,…

Dès lors, Gemmell laisse libre cours à son écriture et on y retrouve son style coutumier mais transposé du merveilleux à l’Histoire (réelle ou non de Troie). Ses personnages agissent de manière souvent héroïque puis s’en étonnent eux-mêmes, se disant qu’ils auraient mieux fait de passer leur chemin ou de détourner le regard. Mais, bien sûr, chez Gemmell ils ne peuvent pas agir hors des codes de l’honneur, de la loi de la Route (qui veut qu’on porte assistance à ses compagnons de voyage, fut-ils des « ennemis ») et des vertus de la camaraderie virile. D’où les habituels dialogues « simplement » philosophiques et cet humanisme chaleureux tempéré par un certain pessimiste nihiliste, l’auteur nous montrant que les héros n’ont souvent d’autres choix que de finalement se dresser contre leurs anciens amis, même s’ils ne le veulent pas. Car même si les dieux sont absents, les principaux personnages sont souvent ballotés par l’Histoire et contraint d’agir contre leurs valeurs au nom d’un intérêt supérieur pas toujours honorable. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de manichéisme : le roman nous présente des gens, tout simplement, avec leurs qualités et leurs défauts, dans une époque troublée où la guerre, la violence, le pillage, le viol et l’esclavage étaient acceptés et considérés comme la norme. Nous ne sommes donc pas dans « Hercule » façon Disney ou dans ces trop nombreuses sagas de fantasy récentes où l’on rencontre uniquement des héroïnes super belles super balèzes super intelligentes. Gemmell c’est une fantasy épique, héroïque mais aussi, parfois, brutale et rentre-dedans à la manière de son ancêtre Robert Howard.

Tout le roman, pourtant copieux, se dévore : sans temps morts, sans descriptions interminables, sans digressions inutiles, il s’étale sur plus de 600 pages et n’a pas une ligne de trop. Un exploit rare en Fantasy. Avec ce premier tome, Gemmell ajoute un nouveau (quasi) chef-d’œuvre à sa bibliographie, à placer entre LE LION DE MACEDOINE et LEGENDE. A l’image du fameux « Pour Sparte ! » de 300, on ressort du bouquin en criant « Pour Troie ! »…et on attend impatiemment la suite.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Fantasy, #David Gemmell

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article