LE MANGEUR D'ÂME d'Alexis Laipsker
Publié le 25 Avril 2024
Alors que l’adaptation cinématographique nous arrive, petit coup de projecteur sur cet intéressant thriller. Tout d’abord il s’agit d’un énième roman français à base de serial killer, un de ces thrillers tentés / teintés par un soupçon de fantastique (légende, phénomènes supposés surnaturels) et teintés d’horreur. Une spécialité de Chattam et quelques autres, dont les ancêtres américains à la Dean Koontz. Mais LE MANGEUR D’AME, en dépit de certains défauts, ne démérite pas face à ces glorieux concurrents.
Tout d’abord le cadre montagnard est bien rendu, cela change des grandes villes et rend plus crédible l’irruption du fantastique avec cette légende du Mangeur d’âme. Nous sommes dans le proverbial village tranquille, typique de la France où le temps semble presque arrêté et où tout le monde se connait. Lorsque des enlèvements d’enfants et des meurtres impossibles se produisent, on évoque l’influence du diable. Elisabeth Guardiano, chargée de l’enquête sur les crimes, se retrouve à faire équipe avec Frank de Roland, fonceur et énergique gendarme sur la piste du kidnappeur d’enfants…
L’intrigue est rythmée, bien menée, avec un sens consommé du suspense et un côté page-turner assumé quoique certains rebondissements paraissent capilotractés.
SEMI SPOILER
(surligner le texte pour le lire)
Le dénouement, de son côté, parait un peu trop facile, trop classique et prévisible. Décidément les Français ont du mal avec le fantastique, il faut toujours qu’ils rationalisent le récit dans le dernier chapitre. C’est dommage, l’auteur annonçait du fantastique, de l’horreur, de l’apocalypse, de la possession diabolique, bref, la satanique panique totale. L’explication ne peut donc que décevoir par son évidence.
FIN SPOILER
On note aussi une parade amoureuse assez envahissante entre les deux héros des forces de l’ordre qui génère pas mal de longueurs durant la première moitié du roman. Enfin, on remarque une tendance à des dialogues pas toujours très réussis ni naturels.
Malgré ces défauts, LE MANGEUR D’AME demeure un polar efficace, globalement prenant et efficace, qui assure un bon moment d’évasion. On en attendait sans doute davantage de la part du nouveau proclamé « nouveau roi du thriller francophone », mais cette lecture reste agréable.