LA FEMME DE PAPIER de Françoise Rey
Publié le 5 Novembre 2022
LA FEMME DE PAPIER est le premier roman de Françoise Rey, une professeur qui, à la suite de divers problèmes personnels, se tourne, à 35 ans, vers la littérature érotique, voire carrément pornographique. Depuis, elle est considérée comme « la grande dame de l’érotisme » en raison du caractère très littéraire de son œuvre.
Revenons à LA FEMME DE PAPIER : l’intrigue est minimale, typique du roman érotique : une femme raconte, à la première personne, ses aventures sexuelles avec son amant. Un classique de la romance mom porn puisque, durant près de 200 pages, le lecteur aura droit à de nombreuses variations sexuelles. Car le livre est cependant plus intéressant que les bluettes gnan gnan gentiment SM à la CINQUAND NUANCES DE GREY. Les fantasmes de Françoise Rey sont plus variés et inventifs : la narratrice se fait lécher par un petit chaton, plusieurs passages jouent sur le viol consenti, etc.
Le voyeurisme et l’exhibitionnisme sont également fort présent, notamment via une scène de sexe dans une maison de retraite devant un vieillard en bout de course. D’autres passages racontent masturbation diverses, triolisme, etc. Le passage le plus drôle reste « l’accouchement » scatologique imposé par notre jeune femme à un client lorsqu’elle se prostitue pour exciter son amant. Elle lève aussi un jeune homme dans un bar, se soumet à l’intromission d’un paquet de crayons, participe à des accouplement divers (notamment avec un travesti), etc. Bref, c’est plus varié qu’un porno de Marc Dorcel.
La principale qualité du récit reste toutefois cette forme épistolaire et cette plume vivante, qui joue de la métaphore ou se montre crue, avec des touches d’humour bienvenue. Les situations sont souvent excessives, déjantées et décalées, bref pas toujours crédibles ni même réaliste. Ce procédé inscrit le roman davantage dans le porno que dans l’érotisme, sans beaucoup de préliminaires mais avec pas mal de fantaisie.
LA FEMME DE PAPIER propose donc un peu moins de 200 pages de sexe pur et dur : à l’exception des dernières pages plus « apaisée, l’auteur ne parle que de cul, quasiment non-stop. Finalement, on perd le compte des frasques sexuelles de notre auteur chaude comme une baraque à frites. Le tout se distingue surtout par sa réussite littéraire qui élève ce roman au-dessus des vraies / fausses confessions style Média 1000. Mais, à la fin, on peut se sentir aussi un peu lassé devant ce qui relève surtout de l’exercice de style autocentré. Sauf qu’à tout prendre les aventures osées de Françoise Rey restent plus amusantes que les déballages de linges sales familiaux si prisés des « grands écrivains parigos ».