DIRTY WEEK END de Helen Zahavi
Publié le 27 Juin 2022
Travailleuse du sexe d’une vingtaine d’années, Bella est harcelée par un type, Tom, qui s’amuse à lui passer des appels téléphoniques obscènes avant de l’agresser dans un parc. Devant l’impuissance et l’indifférence de la police, Bella décide de réagir. Elle s’introduit dans l’appartement du harceleur et lui fracasse la tête à coups de marteau. L’acte, libérateur, la pousse à s’acheter une arme. Un week-end sauvage débute, scandé par les meurtres d’une poignée d’hommes qui croisent le chemin de la justicière.
Premier roman d’Helen Zahavi, DIRTY WEEK END fut violemment attaqué par la critique. Le Sunday Times suggéra même que l’autrice était folle. De son côté, Salma Rushdie n’apprécia guère ce livre « immoral ». Une députée britannique milita même pour son interdiction, ce qui lui valut son petit succès de scandale, aucun autre roman n’ayant, depuis, subi pareil sort. Le bouquin était « malsain », « dangereux » et surtout (horreur pour les fragiles !) « réactionnaire ». Bref, il n’était « pas bien ». Bizarrement, depuis, il est vu comme une métaphore féministe qui annonce metoo. Bref, il est devenu « bien ». On le reprend même comme lecture indispensable pour comprendre notre époque. Comme disait MC Claude, « les temps changent ».
Bref, à l’époque, le roman était plutôt voué aux gémonies et condamné à brûler avec son autrice. D’ailleurs, la polémique ne se calma pas lorsque, deux ans plus tard, Zahavi signa le scénario de son adaptation cinématographique. En plus sous la caméra de Michael « Un justicier dans la ville » Winner, pas spécialement en odeur de sainteté chez la critique bien-pensante. Vous savez celle qui regarde ce genre de film la pince à linge sur le nez et se demande quel nouvel synonyme à facho elle va pouvoir placer dans son compte-rendu. Comme dit précédemment, depuis le roman a été adoubé par le féminisme contemporain radical (pléonasme). Le film, lui, a plus ou moins sombré dans l’oubli.
Dans son œuvre, Zahavi n’y va pas par quatre chemins : tous les mecs sont des ordures, pas l’un pour rattraper l’autre. People = shit ! Et la seule solution pour les pauvres femmes exploitées consiste à les abattre sans pitié. Bref, DIRTY WEEK END se montre extrême et violent mais, finalement, divertit comme un bon film d’auto justice ou un « rape and revenge ». Car, au-delà du style (phrases courtes, rythme nerveux, écriture hachée, redondances volontaires) que l’on pourrait qualifierait volontiers d’« élaboré dans son relâchement » (ou de relâcher dans sa recherche), le livre avance rapidement. En deux-cents et quelques pages pas le temps de s’ennuyer. Pas vraiment le temps pour un pamphlet non plus, ni de véritables introspections psychologiques. Tant mieux ! L’intrigue, basique et efficace, se suffit à elle-même. L’héroïne se confronte à la violence constante du mâle et y réagit par une violence encore supérieure. Du coup ça charcle. Glorification de la violence, de la loi du talion et de la justice expéditive renchérissent les critiques coincés. Bof ! Rien de bien neuf en réalité, juste l’équivalent littéraire de films comme « L’ange de la vengeance » ou « I spit on your grave », mètre / maitres étalons du rape and revenge cinématographique. Mais le tout s’avère bien emballé et efficace, rythmé, brutal, sanglant et nerveux.
Un roman en réalité nettement plus proche du « bis brutal » que du manifeste féministe socio-politique engagé qu’on nous en vend aujourd’hui. Et, en réalité, c’est bien mieux comme ça ! Le lecteur passe un bon moment et l’intrigue évolue de « Run ! Bitch run ! » à « Tue ! Salope tue ! ». Energique et fun.