LA SAISON DE LA SORCIERE de Roland C. Wagner
Publié le 23 Février 2022
Roland C. Wagner fut une plume majeure de la SF française à qui on doit, notamment, la très chouette série policière d’anticipation « Les futurs mystères de Paris ». LA SAISON DE LA SORCIERE s’annonce donc sous les meilleurs auspices et se dévoile sous une magnifique couverture sur laquelle une sorcière est poursuivie par des avions de chasse. Le verso, tout aussi enthousiasmant, nous annonce un récit déjanté dans lequel se croisent agents du gouvernement, magiciens et créatures géantes (ptérodactyles, kaiju,…) venant détruire des monuments emblématiques comme la Tour Eiffel. Bref, le lecteur s’attend à un mélange d’urban fantasy, de délires proches des bandes dessinées à la Adelle-Blanc-Sec et de blockbuster à la GODZILLA. Hélas on déchante rapidement tant Wagner s’éloigne de ce postulat pour verser dans une satire politique assez indigeste et convenue.
Manifestement écrit dans la foulée du 11 septembre, le roman traduit les peurs sécuritaires post attentat et imagine un monde uchronique dictatorial dans lequel les Etats-Unis (pardon, les U$A – bonjour la finesse) ont envahi la France. Des petits voyous de banlieues s’érigent alors, presque par hasard, comme les terroristes libérateurs de la nation sous couvert d’une pseudo armée clandestine. Et la ligne narrative consacrée aux attentats magiques et aux sorcières ? Elle intéresse beaucoup moins l’auteur que sa satire politique à gros sabots. On se demande d’ailleurs quel est le but premier d’un roman qui ne semble avoir été écrit que pour envoyer des piques régulières envers les USA et leurs méthodes de « lutte contre la Terreur ». Les USA c’est le Mal, la France c’est pas bien, l’Europe guère mieux. Des pays pas gentils qui exploitent le reste du monde.
Finalement, le bouquin (pourtant couronné par les prix Rosny Ainé et Bob Morane) peine à convaincre et l’amateur qui espérait une fantasy déjantée se retrouve avec un pamphlet politique anarcho gauchiste (beurk) tirant à boulet rouge sur l’impérialisme américain et le capitalisme. Bref les pires travers de la science-fiction française engagée (forcément toute à gauche) : courage camarade le matin du grand soir n’est pas encore venu mais grâce à la repentance perpétuelle, le triomphe du communisme se rapproche. Le tout s’avère pénible mais heureusement en partie sauvé par une pagination réduite (220 pages) et quelques notes d’humour qui parviennent à alléger un récit bien médiocre. C’est peu mais ça pourra divertir les derniers hippies du Larzac, les Parisiens qui fréquentent la fête de l’Huma, les électeurs de Mélanchon ou les adeptes des merdes Woke, cancel culture et pardonnez nous on a été très vilain blablabla. Les autres peuvent s’abstenir et espérer qu’un jour la science-fiction française en termine enfin avec sa crise d’adolescente et se débarrasse de cette idéologie gauchiste complètement obsolète, manichéenne et ridicule.