POUR UNE POIGNEE DE NANARS de Michel Pagel

Publié le 27 Décembre 2021

POUR UNE POIGNEE DE NANARS de Michel Pagel

Les livres sur le nanar se sont multipliés ces dernières années. Pour le meilleur et pour le pire. Le pire c’est bien évidemment l’école Forestier, celle où on se moque de tout, surtout de ce que le peuple aime, pour bien montrer sa supériorité sur ces imbéciles qui regardent « Rocky », « Top Gun » ou « Angélique ». Une école où tous les films « populaires » deviennent des nanars pour permettre à l’auteur de caser ses jeux de mots foireux et de mettre en valeur sa mégalomanie de gardien du bon goût. On peut préférer l’école Nanarland, qui ne lésine certes pas sur les moqueries mais avec davantage de mesure.

Et puis il y a Michel Pagel ! Ce-dernier nous prévient d’entrée qu’il va se moquer gentiment de certains films mais jamais de ceux qui les ont réalisés, souvent avec sincérité et bonne foi. Pagel ne regarde pas de haut son sujet mais rend ses chroniques toujours amusantes. Des critiques rédigées d’ailleurs au tout début du Net, voici une vingtaine d’années, lorsque le nanar n’était pas encore tendance. D’où un amusement certain à lire ces résumés complètement loufoques. L’auteur survole des films anciens ou (relativement) récents avec quelques incontournables comme « Ator l’invincible » (une Heroic Fantasy fauchée mais divertissante de Joe d’Amato), « Witch Academy » de Fred Olen Ray (un réalisateur très cool pour qui le terme nanar semble avoir été inventé), l’antique « Mesa of lost women », l’hallucinant « Blood Freak » ou la version d’Albert Pyum du « Captain America ». Et bien d’autres, à découvrir (ou pas).

Contrairement aux démolisseurs de films qui déblatèrent sur le nanar entre deux productions respectables, Pagel aime sincèrement ces petites bisseries kitsch, fauchées, ringardes mais enthousiastes et, parfois, enthousiasmantes. Aussi mauvais que soient certaines des œuvres répertoriées (aucune n’ayant marqué la grande histoire du cinéma), Pagel donne envie de les voir et de s’amuser à leur vision. Bref de passer un bon moment et de rire avec les films, plutôt que du film lui-même. En ses temps de cinéma formaté où la moindre outrance se voit dénoncée comme une atteinte au bon goût et où la moindre pique humoristique est soumise à l’esprit censeur de soi-disant « éveillés » (qui feraient mieux de retourner dormir), ce genre de productions hors normes fait, finalement, un bien fou.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Cinéma, #Essai

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