BATMAN REBIRTH TOME 10: CAUCHEMARS de Tom Kings
Publié le 20 Août 2021
En 168 pages, ce tome qui comprend sept épisodes (Batman #61-63, #66-69) rassemble l’arc « Cauchemars », un récit assez particulier composés de textes pratiquement indépendants. Ceux-ci font suite à l’annulation du mariage de Bruce Wayne avec Selina alias Catwoman. Tom King se charge du scénario global qui, de prime abord, parait déstabilisant.
Dans le premier épisode, « Vraiment d’un seul coup », le scénariste imagine une uchronie : Bruce Wayne voit ses parents assassinés mais il existe déjà un Batman. Celui-ci va se charger de traquer le meurtrier. La conclusion n’en est pas moins cauchemardesque pour le petit Bruce.
La suite confronte Batman à Pyg dans une histoire aux graphismes très particuliers et colorés qui provoqueront l’adhésion ou le rejet sans condition. La fin nous dévoile une partie de la vérité : il s’agit d’une « métaphore, un mythe, un conte…un rêve ».
Ensuite Batman rencontre John Constantine tandis qu’il revit une partie de sa relation avec une Catwoman finalement abattue par un sniper.
La rencontre entre Batman et Cat’ est une nouvelle fois au centre du récit suivant, durant un long interrogatoire façon polar entre Selina et The Question.
Détour par le « film muet » pour la suite, une très longue poursuite entre Batman et un Joker assimilé au Coyote des dessins animés qui déclare simplement « bip bip ». Le tout illustre le mouvement perpétuel des deux ennemis se courant inlassablement après sans jamais pouvoir sortir du statu quo.
L’arc s’achève de manière plus humoristique puisque Selina et Lois Lane profitent d’un diner entre Bruce et Superman pour investir la Forteresse de Solitude au cours d’une soirée bien arrosée. La morale en est finalement simple, et sous-tend tout le récit : sans ennemi à combattre, Batman est inutile. Batman doit être Batman. Et le plus grand cauchemar de Bruce serait un monde pacifié dans lequel le Chevalier Noir n’aurait plus de raison d’être. On n’imagine donc pas Batman heureux…
Tom King arrive ici au terme (ou du moins à « un » terme) de son exploration de la psychologie et des névroses de Batman. C’est donc un arc important qui permet de préparer la suite mais qui peut déstabiliser par son côté « puzzle » et son intrigue éclatée. Cette dernière n’est amenée à ne faire réellement sens que si le lecteur l’envisage dans sa globalité. Elle gagne donc à être ainsi rassemblée en volume et à se lire d’une traite, les passages plus faibles étant compensés par les plus réussis.