HANTISES de John Saul
Publié le 15 Décembre 2020
Kevin a coupé complètement les ponts avec sa mère, la très acariâtre Helena Devereaux. Il ne l’a plus vu depuis une vingtaine d’années et n’est plus retourné, non plus, dans la propriété familiale. Mais Helena, mourante, demande à Kevin de venir la voir une dernière fois. Alors, accompagné de sa femme et ses enfants, Kevin se rend dans la vaste demeure. Il ignore que même après son décès Helena souhaite le maintenir sous son emprise…Ce qui avait commencé comme de longues vacances d’été afin de se ressourcer dans la maison de sa jeunesse tourne rapidement au cauchemar pour Kevin.
Valeur sûre du fantastique et de l’épouvante, abondamment publié dans les collections phares du genre durant les années ‘80/’90, John Saul propose ici un thriller fantastico horrifique bien troussé même s’il n’est pas follement original. Le roman prend son temps pour installer son atmosphère, qui est celle d’une ancienne plantation de coton tenue par des esclavagistes, cernée par la plage mais aussi par des marécages où rodent crotales et crocodiles.
La principale réussite de HANTISES réside d’ailleurs dans ce climat poisseux, cette culpabilité larvée, ces protagonistes bourrés de regrets ou de remords, écrasés par le poids du passé. D’où quelques passages effectifs et une série de personnages plutôt bien troussés et parfois originaux (la vieille fille vivant à côté de sa mère agonisante en dispensant des cours de danses aux adolescentes locales reste la plus réussie et « vivante ») qui compensent, en partie, l’aspect très prévisible du récit. Il n’y a, en effet, guère de surprise durant le roman mais celui-ci avance à un rythme relativement enlevé et les 280 pages se lisent donc sans ennui. Le dernier acte parait même un peu précipité et l’auteur pousse souvent trop loin la suspension d’incrédulité pour emporter l’adhésion mais, dans l’ensemble, HANTISES reste appréciable à l’image d’une série B d’horreur des années ‘80. L’écriture, simple mais bien rodée, constitue un autre point positif quoiqu’on eut aimé davantage de folie et de scènes plus marquantes, bref davantage de piment à ajouter dans un plat un peu trop fade.
En résumé un honnête petit bouquin d’ambiance qui ne révolutionnera aucunement le genre et ne surprendra aucunement les afficionados mais se laisse lire sans déplaisir. HANTISES plaira probablement davantage au « grand public » qu’aux lecteurs voraces de fantastiques et d’épouvante (qui se retrouveront en terrain balisé) mais reste un divertissement tout à fait acceptable.