LA MOITIE D'UN MONDE (LA MER ECLATEE TOME 2) de Joe Abercrombie
Publié le 13 Juillet 2020
Deuxième volet de la trilogie de « La mer éclatée », cette séquelle de LA MOITIE D’UN ROI s’éloigne quelque peu du personnage principal du premier tome, Yarvi (lequel reste présent mais de manière plus secondaire), pour suivre le destin d’une nouvelle héroïne, Epine. Celle-ci veut devenir une guerrière ce qui n’est guère courant (ni bien accepté) pour une fille. Malheureusement, au cours d’un entrainement, elle tue accidentellement un de ses camarades. La voilà condamnée à mort ! C’est Yarvi qui la sauvera. Bien sûr, la jeune fille, aussi peu féminine que possible, connaitra bien des aventures et rencontrera même l’amour auprès du timide Brand.
Les premiers chapitres de LA MOITIE D’UN MONDE déstabilisent quelque peu le lecteur cherchant à savoir ce qu’il est advenu de Yarvi. En effet, Abercrombie se focalise surtout sur un nouveau personnage, Epine, tandis que Yarvi se voit relégué au second plan : cette fois il a surtout un rôle politique de « manipulateur ». Il tire les ficelles de manière cynique, jouant adroitement de ses influences pour arriver à ses fins, mais laisse Epine mener l’action.
L’intrigue de vengeance simple et efficace de LA MOITIE D’UN ROI se développe ici pour prendre une ampleur bien plus importante : la trame reste classique avec ses différents royaumes qui s’affrontent, oscillant entre la Paix et la Guerre, tandis que le tout puissant et avide Haut Roi menace tout un chacun. Il faudra donc ruser pour établir les alliances nécessaires et pouvoir passer au-dessus des vieilles rancœurs afin de s’unir contre le péril commun. Epine et Brand seront, évidemment, les instruments de ce plan ourdi par Yarvi.
Moins surprenant que le premier tome mais plus élaboré au niveau de l’intrigue globale, LA MOITIE D’UN MONDE monte en puissance : si les premiers chapitres peuvent quelque peu décevoir, la suite du roman finit par emporter l’enthousiasme. A mi-parcours, le bouquin est définitivement sur ses (bons) rails et Abercrombie, par des chapitres très courts, maintient le suspense et augmente l’intérêt jusqu’à l’attendu mais fort réussi combat final. Le style est toujours pertinent, épique et pourtant simple, plein de considérations sur le sens de la vie, de l’héroïsme, de la guerre nécessaire et de la paix souhaitée. L’influence de Gemmell s’avère importante mais bien digérée, ce qui rend le roman fort plaisant. Orienté « young adult » (mais avec toutefois un peu de sexe et pas mal de violence, loin des bouquins jeunesses d’antan), cette trilogie se révèle pour l’instant une grande réussite…ne reste plus, à présent, qu’à en découvrir le dernier tome qui s’annonce évidemment « bigger than life ».