AETERNIA, TOME 1 : LA MARCHE DU PROPHÈTE de Gabriel Katz
Publié le 9 Juillet 2020
Démarrant très classiquement, ce roman nous présente un champion des arènes désireux de partir à la retraite pour gouter à la vie de famille. Leth Marek quitte donc Morgoth, ville « barbare », pour la cultivée cité de Kyrenia, siège du culte de la Grande Déesse et de son temple. Seulement voilà, sa famille et ses amis vont être massacrés sur la route et Marek va devoir à nouveau se servir de son immense hache. Dans le même temps, Varian, jeune candidat à la prêtrise encore naïf et bercé d’illusions, va se trouver au cœur des machinations politico-religieuses de la grande ville…et en tirer partie pour tenter de s’octroyer le pouvoir suprême.
Avec AETERNIA nous naviguons dans une fantasy épique et quelque peu « grim » portée sur les épaules musclées d’un valeureux guerrier qui sent pourtant l’âge commencer à faire son œuvre. Bref, nous sommes sur les terres de DRUSS LA LEGENDE et autre combattant légendaire. On retrouve d’ailleurs certaines des qualités du regretté Gemmell (ceux qui n’aiment pas ce style peuvent donc passer leur tour) avec des personnages bien campés, à la fois « bigger than life » et finalement très humains, des dialogues qui sonnent justes dans leur simplicité imprégnés d’un bon sens pertinent (une sorte de philosophie de la vie à destination des non-philosophes), une histoire classique mais qui offre quelques développements intéressants, un rythme soutenu, un monde proche du notre dans lequel on s’enfonce facilement, plusieurs retournements de situation et une révélation finale surprenante qui reprend les principes du cliffhanger en attendant le deuxième volume. Et, comme pour Gemmell, un style simple mais efficace, adapté à un récit destiné aux grands adolescents (et aussi aux plus âgés !) qui ne s’offusquent pas d’une certaine dose de cruautés et de violences.
Les aspects fantasy les plus classiques (magie et créatures surnaturelles) s’avèrent absents et AETERNIA élabore, par conséquent, un univers nettement plus proche du nôtre : excepté les lieux, il s’agit quasiment d’un roman historique, d’autant que le monde décrit reste assez proche de la fin de l’Empire Romain. L’originalité vient donc des luttes entre deux religions antagonistes dont les adeptes, comme toujours, semblent persuadés de détenir l’unique vérité. D’un côté la Grande Déesse, de l’autre Ochin. Au milieu, beaucoup de victimes innocentes, d’hérétiques et d’exaltés, les deux camps comptant davantage d’intégristes que de modérés. Pas de bons, pas de mauvais, les deux ne valent pas grand-chose et n’hésitent pas à recourir à la manipulation pour s’imposer. Et même les jeunes prêtres idéalistes abandonnent rapidement leurs illusions. De leur côté, Leth Marek et son pote surnommé Le Danseur, autre guerrier d’élite, vont se retrouver au centre de ces coups politiques tordus et devoir manier la hache pour s’en sortir indemnes.
En résumé, ce premier tome d’AETERNIA s’avère très plaisant et fort bien mené. Sa conclusion surprenante invite, pour sa part, le lecteur à poursuivre l’aventure avec le second et dernier tome. Une jolie petite réussite pour un auteur déjà confirmé de la Fantasy francophone.