L'ABOMINATION DU LAC de Joseph A. Citro
Publié le 20 Mai 2020
Le roman, écrit au tout début des années 90, reprend toutes les conventions des bouquins d’horreur de série B de la décennie précédente. Harryson, un jeune homme un peu paumé ne sachant pas trop quoi faire de son existence, décide, sur un coup de tête, de partir à la recherche de « Champ », monstre légendaire proche de son cousin du Loch Ness qui vivrait dans un grand lac du Vermont. Harryson s’installe donc dans une maison prêtée par un de ses vieux amis d’université (ça tombe bien vu qu’il n’a pas beaucoup de pognon) et s’improvise crypto zoologiste. Notre brave gars commence à interroger les gens du patelin, en particulier un vieil expert local en légendes (toujours pratique !) puis tombe amoureux, en une après-midi, de la nouvelle et forcément super séduisante institutrice fraichement débarquée de la ville. Cette dernière s’attire parallèlement les regards du bouseux alcoolique et violeur de la région et le lecteur devine que tout ça va mal finir. Harryson en apprend également davantage sur sa maison, potentiellement hantée, qui serait la cachette du trésor d’un pirate. Un ancien monastère où se déroulait des rites de sorcellerie, un cimetière indien et une vieille femme maléfique dotée de pouvoirs magiques complètent l’intrigue.
Joseph A. Citro, dont c’est l’unique roman traduit chez nous, livre un bouquin plutôt plaisant et relativement surprenant. On s’attend à une histoire de grosse bête (façon téléfilm Syfy du genre « Loch Ness Terror ») mais en réalité le lecteur se voit balader gentiment entre fantastique rural et thriller mystérieux. Nous avons une galerie de personnages très typées mais plaisants, un cadre sympathique (les îles du Vermont), une histoire « vraie » (celle du fameux monstre), des légendes locales, des clichés très 80’s, un héros un peu fade et sa nouvelle conquête, deux gamins (façon STAND BY ME) confrontés à l’horreur… L’auteur reprend les méthodes de Stephen King pour décrire ses protagonistes et saupoudre le tout d’un côté lovecraftien agréable (quelques décennies avant que ce ne soit à la mode). Le style du bonhomme s’avère d’ailleurs efficace, même si ce n’est pas de la grande littérature et qu’il s’agit d’un premier roman, les bonnes ficelles sont bien usitées et l’alternance des points de vue au travers de courts chapitres donne du rythme à un ensemble suffisamment court (300 pages) pour ne pas ennuyer.
Les amateurs de fantastique horrifique d’antan peuvent donc se risquer avec un certain plaisir à cette lecture estimable.