DEMAIN LES CHIENS de Clifford D. Simak
Publié le 21 Avril 2020
Grand classique de la SF, ce recueil « unifié » de nouvelles (ou de « contes ») brosse un tableau de l’avenir de l’Humanité jusqu’au départ de la quasi-totalité des Humains vers Jupiter où, transformés pour s’adapter aux conditions de vie apparemment impossibles, ils accèdent à une vie paradisiaque. Qui va donc hériter de la Terre si ce n’est les Chiens après une série de mutations ?
Bien avant LA PLANETE DES SINGES, Simak envisageait lui aussi que l’Homme finirait par être supplanté comme espèce dominante. Mais, ici, le legs de la Terre aux canidés se fait doucement et au terme de plusieurs milliers d’années. L’auteur en profite pour livrer des réflexions philosophiques (au sens large) pas spécialement optimiste : « pour l’Homme la seule voie menait à l’arc et à la flèche ». Ou, autrement dit, au meurtre, à la guerre et à la bombe atomique. Mélancoliques, les contes proposés (on privilégiera l’édition Omnibus qui offre la version la plus complète en ajoutant un ultime neuvième conte, « Epilogue »), constituent une de ses fameuses « possibles Histoires du futur » prisée des auteurs de SF. Nous suivons également la trajectoire d’une famille, les Webster, qui jouera un rôle majeur dans l’évolution humaine au point que les Chiens finiront par nommer les Hommes des webster (sans majuscule). Simak lie d’ailleurs ces récits relativement indépendants par des commentaires retraçant les querelles d’experts canins qui se demandent si l’Homme a bel et bien existé ou si tout ça ne forme qu’un vaste mythe. Et que dire alors des Fourmis ?
Ecrit à partir de 1944 (pour la première nouvelle, « La cité »), ce recueil / roman reste très moderne et actuel dans ces thèmes. Si certaines avancées technologiques sont forcément battues en brèches, les questionnements de Simak ont, eux, gardés toute leur pertinence : l’Homme va-t-il laisser place à une autre espèce, la Terre berceau sera-t-elle abandonnée pour conquérir l’espace, une société sans guerre ni meurtre est-elle envisageable, que se passerait-il si on réduisant le nombre d’Hommes aux habitants d’un gros village ou si au contraire la surpopulation devenait ingérable…
Dans ce monde menés par les Chiens (qui guident les autres espèces comme les ours ou les loups sur le « bon » chemin) et « surveillé » par des robots (dont beaucoup sont retournés à la vie sauvage faute de maître à servir), l’Homme n’est plus qu’une légende dont les haut-faits sont devenus de simples contes racontés au coin du feu.
Un incontournable ! On peut d’ailleurs se demander combien de romans de SF actuels accuseront aussi bien les années après trois quart de siècle !