LA MALEDICTION DE BETHANY de Robert McCammon
Publié le 11 Décembre 2019
Voici un des premiers romans de Robert McCammon qui deviendra une des valeurs sûres de l’horreur et du fantastique. L’intrigue est relativement classique avec son couple venant s’installer, en compagnie de leur petite fille, dans une petite ville tranquille au nom étrange, Bethany’s Sin. L’homme, Evan, écrivain de son état, y voit une opportunité de rédiger un article et se renseigne sur les origines du patelin. Très vite, bien sûr, il découvre certaines zones d’ombre aidé en cela par ses capacités paranormales de clairvoyance via ses rêves.
Premier bémol : le roman prend un temps certain à assembler les pièces de son puzzle…il faut attendre la moitié du livre (autour de la page 160) pour que la vérité se dévoile. Ce ne serait pas dramatique si la quatrième de couverture ne levait pas tout mystère sur la véritable nature du Mal qui se cache à Bethany…du coup mieux vaut éviter de lire ce résumé pour garder le suspense intact. Heureusement les personnages s’avèrent étoffés et relativement originaux. Bien sûr on n’échappe pas au cliché de l’écrivain s’installant dans un bled perdu pour écrire tranquillement mais son passé traumatisant au Viet Nam et ses talents de prémonitions lui donnent une certaine épaisseur. Dommage que l’épouse paraisse souvent bien stupide dans ses réactions et se refuse, quasiment jusqu’au bout du roman, a accordé foi à ses mises en garde concernant ce village maudit.
Si le roman suit une ligne bien tracée, le Mal qui peuple Bethany s’avère surprenant et rarement utilisé dans la littérature fantastique…ni sorcière ni vampires ni loups-garous mais bien…bon je ne le dirais pas mais c’est étonnant. McCammon aime l’Histoire (comme en témoigne son formidable L’HEURE DU LOUP) et LA MALEDICTION DE BETHANY lui permet donc d’explorer le passé, réel et / ou mythologique pour nourrir son intrigue.
Au final, LA MALEDICTION DE BETHANY constitue une lecture agréable mais pas exceptionnelle : l’auteur a encore des progrès à accomplir pour mieux gérer le rythme, la construction du récit et les relations entre les protagonistes. Néanmoins, c’est loin d’être désagréable. Pour un second roman, écrit à 28 ans, c’est même fort solide et bien des écrivains n’auront pas atteint une telle maitrise après des années de boulot. La dernière partie, plus mouvementée, fonctionne plaisamment et, dans l’ensemble, LA MALEDICTION DE BETHANY reste un honnête divertissement fantastico-horrifique.