J'AURAI TA PEAU de Mickey Spillane

Publié le 12 Décembre 2019

J'AURAI TA PEAU de Mickey Spillane

Ecrit juste après la Seconde Guerre Mondiale, ce roman a lancé la carrière de Mickey Spillane, à son époque le plus gros vendeur de bouquin des USA (« il n’avait d’autre concurrent que lui-même » a-t-on même dit). Après avoir scénarisé des comics pour Marvel (comme Captain America), Spillane se lance dans le pulp et, à même pas 30 ans, crée le personnage emblématique de Mike Hammer dont le patronyme laisse deviner les méthodes musclées. C’est d’ailleurs le grand intérêt des romans de Spillane tant Hammer incarne le stéréotype du héros viril, raciste, sexiste et macho comme on n’en fait plus (pratiquement un James Bond ou un SAS avant l’heure). L’oppose d’un héros politiquement correct d’aujourd’hui.

Mike méprise les gays (« pédales ») et les minorités (divisées entre les « bâtards jaunes » et les « nègres », mais les femmes adorent. D’ailleurs, elles se jettent toutes à ses pieds et Hammer les fait toutes craquer : sa secrétaire ultra canon se désespère de le mettre dans son lit (Miss Moneypenny ?), deux jumelles dont une nymphomane insatiable s’offrent à lui (mais devant cette avance « trop facile », Hammer passe son tour) et une psychiatre chaude comme la braise lui fait immédiatement des propositions indécentes. « Entourée d’homme sans virilité elle aspirait à un vrai homme ». Mike souhaite d’ailleurs l’épouser : elle devra bien sûr arrêter de travailler et rester à la maison pour qu’il sache toujours où la trouver et notre demoiselle qui n’en peut plus (Mike refuse de coucher avec elle avant le mariage !) réclame à grand cri sa bague ! Même lorsque Mike prend un raccourci par le parc, il croise des nurses qui lui adressent « un sourire plein d’espoir ». Son enquête s’interrompt donc régulièrement le temps de satisfaire ses dames.

Au rayon enquête et détection, Hammer ne la joue pas non plus Hercule ou Sherlock, préférant laisser parler ses poings et y aller franco niveau menaces, intimidations et coups et blessures. Pas question de chercher des indices et on le trouvera plus volontiers le 45 en main que la loupe.

Il faut dire que Mike a des raisons d’être en rogne car Jack, son meilleur copain, vient d’être assassiné. Un brave type ce Jack, il aurait même donné son bras pour Mike, d’ailleurs il l’avait fait au sens propre en s’embrochant sur une baïonnette destinée à notre héros durant la guerre. Ca forge une amitié, dur comme l’acier (ou la bite à Hammer). Du coup Mike veut coincer le meurtrier avant les flics, pas question que l’assassin se retrouve en cabane ou même sur la chaise, Mike veut le voir souffrir un maximum avant de l’abattre comme un chien. Mike est « le juge, le juré et l’exécuteur » et rien ni personne ne l’arrêtera dans sa mission. Pendant ce temps les morts s’accumulent…

J’AURAI TA PEAU (un titre presque aussi réussi que le « I, The Jury » original) constitue une bonne cure pour se laver du polar actuel à prétentions sociales. Ici le lecteur plonge dans le « pulp hard boiled » originel dans le style de Raymond Chandler mais en plus percutant, en plus série B avec tout ce que cela implique de machisme satisfait, de vulgarité assumée et de violences gratuites. Mike Hammer annonce à la fois James Bond, un justicier dans la ville, l’Exécuteur et l’Inspecteur Harry. Bref, comme disait l’autre « c’est du brutal ». Rafraichissant, plaisant et hautement divertissant.

Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Roman de gare, #Polar, #Whodunit

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