HORDES TOME 1: L'ASCENSION DU SERPENT de Laurent Genefort
Publié le 7 Juin 2019
Laurent Genefort délaisse ici le space-opéra dont il est un des maîtres français pour la fantasy sauvage inspirée, selon les spécialistes, par le manga BERSERK et par les récits de mercenaires sans foi ni loi à la manière du classique de Glen Cook LA COMPAGNIE NOIRE. On a donc reproché au roman son manque d’originalité mais c’est un faux procès : ce type de fantasy n’a pas la vocation d’inventer l’eau chaude mais plutôt d’offrir un divertissement réjouissant au lecteur. D’ailleurs si le roman a été descendu par Bifrost il a été bien plus apprécié par le public et, une fois encore, l’avis de celui-ci me semble plus juste tant L’ASCENSION DU SERPENT se montre efficace, rythmé et bien mené. Le monde n’est guère détaillé ? Qu’importe ! Arrêtons de croire que le seul critère d’appréciation de la Fantasy réside dans la précision de son univers, au risque de subir d’indigeste saga dans lesquelles l’intrigue (lorsqu’il y en a une !) démarre à mi-chemin du troisième tome. Et si la critique positive d’Elbakin pointait comme défaut une pagination restreinte à environ 300 pages par tomes je me permets d’être satisfait de cette longueur très raisonnable qui dégraisse soigneusement l’intrigue pour en garder la moëlle…et rien d’autre !
Dès lors Genefort, proche d’un Gemmell, plonge directement au cœur d’une histoire sanglante et barbare : on y pille, on y viole, on y massacre, sans manichéisme, sans « gentils » et sans « méchants ». Ses héros sont des mercenaires dont la loyauté varie en fonction de la somme payée par leurs employeurs. Ils sont menés par Audric, le « Fléau du démon », surnommé ainsi car il vit en symbiose avec une créature démoniaque. Un jour Audric sauve un jeune villageois, Marween, et l’accueille dans sa compagnie de soudards, autrement dit sa Horde, dont il va gravir les échelons en dépit de l’hostilité d’Umiade, augure et maitresse d’Audric. Allant de succès en succès la Horde du Serpent se voit confier par le duc Coresh la mission de retrouver une devineresse aux pouvoirs imaginables qui pourrait bien tenir dans ses mains le destin du monde.
Classique dans sa Dark Fantasy, L’ASCENSION DU SERPENT n’en demeure pas moins addictif et la science de l’auteur oblige le lecteur à tourner les pages jusqu’à la conclusion…provisoire puisqu’il s’agit du premier volet d’une trilogie. Suivant tour à tour les destins d’Audric et de Marween, le premier s’humanisant au fil du récit tandis que le second perd son innocence et son sens moral, le roman développe également une plus vaste intrigue, laquelle apparait progressivement, avec cette menace démoniaque de plus en plus prégnante.
Si certains protagonistes secondaires auraient mérité d’être plus approfondis, les trois ou quatre personnages principaux se montrent, eux, bien typés et intéressants tandis que la succession de batailles violentes et saignantes à souhait maintient l’attention jusqu’aux dernières pages, assez surprenantes, qui annoncent un second volume encore plus épique et plus ambitieux.
Une très bonne lecture à dévorer d’une traite et qui change agréablement des pavés indigestes de la Fantasy.