LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN de Nancy Kress
Publié le 27 Juillet 2018
Nancy Kress (à qui on doit l’excellente trilogie de space opéra dite des « probabilités ») reçut, en 2009, le prix Hugo dans la catégorie du « roman court » pour ce récit original situé dans une maison de retraite où vivote Henry Erdmann, physicien brillant de 90 ans qui donne encore quelques courts à l’université. Après avoir survécu à une attaque cardiaque le scientifique constate que d’autres pensionnaires, tous très âgés, ont vécu des phénomènes similaires associés à des événements inexplicables. Sa jeune amie et aide-soignante, Carry Vesey, tente d’aider le nonagénaire. Parallèlement, l’ancien compagnon de Carry, devenu agressif, voir menaçant, succombe à une inexplicable (mais providentielle) crise cardiaque. Erdmann soupçonne les patients de la maison de retraite d’avoir développé des pouvoirs psychiques et une sorte de conscience collective. Ils seraient donc responsables de la mort du compagnon de Carry ainsi que du crash d’un avion.
En 150 pages, Nancy Kress mélange divers genres : une louche de science-fiction, une autre de thriller, une bonne dose de drame, une rasade de fantastique, une pincée d’angoisse, pas mal d’humour…Le résultat, étonnant et prenant, repose essentiellement sur la caractérisation soignée des principaux protagonistes, bien typés et attachants en dépit de la brièveté du récit.
Pour les plus bisseux, on retrouve dans LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN un petit côté « Bubba Ho-tep » avec beaucoup de tendresse pour les personnages rencontrés au fil des pages. On peut également songer au très plaisant « Cocoon ». Si tout ce qui concerne les protagonistes et leurs petits tracas se montre fort réussi, l’aspect science-fictionnel, par contre, semble quelque peu plaqué, en particulier durant les derniers chapitres. Ces-derniers, un peu expédié, auraient gagné à se montrer soit plus mystérieux (quitte à ne pas répondre aux interrogations posées par les cent premières pages) soit plus travaillés et vertigineux. L’auteur ne parait pas avoir pleinement exploré les possibilités de son sujet, du moins dans le domaine purement spéculatif. Mais ce n’était sans doute pas là l’essentiel du propos pour Nancy Kress. En effet, celle-ci, dans son précédent L’UNE REVE ET L’AUTRE PAS, se souciait davantage de son récit « terre à terre » et des relations entre les personnages que des aspects les plus fantastiques de l’intrigue.
Malgré ces légers bémols, LE NEXUS DU DOCTEUR ERDMANN, lauréat du Hugo dans la catégorie « roman court », s’impose comme une très plaisante lecture pour explorer les côtés les plus « humains » et humaniste de la science-fiction. Encore une belle réussite dans la collection « une heure lumière ».