LA MORT INVISIBLE de Richard Laymon
Publié le 18 Mai 2018
Publié chez Gore, ce roman du spécialiste Richard Laymon se veut une relecture rentre-dedans du classique L’HOMME INVISIBLE version serial killer violeur. Bref, ça annonce un film comme L’HOMME SANS OMBRE ou même les invisibles perversions du Manara du PARFUM DE L’INVISIBLE sans que cela soit fondamentalement passionnant. Cependant, le roman a probablement beaucoup souffert lors de sa traduction / adaptation car l’édition originale annonce 266 pages, soit pratiquement le double de cette version française confuse et brouillonne.
L’intrigue se montre ainsi touffue : d’un côté un homme invisible terrorise un petit bled et commet de nombreuses agressions : il tue un homme et son chient, décapite une femme, viole la journaliste locale à plusieurs reprises, etc. Une première ligne narrative bien hargneuse, typique de la collection Gore, avec son lot de passages sanglants et son érotisme malsain. De l’autre côté, un second récit - en apparence indépendant - se consacre à un détective privé chargé de sauver une jeune fille tombée dans les mains d’une secte de tarés très portés sur la sexualité dirigée par la sorcière Laveda. Les deux récits finissent bien sûr par se rejoindre d’une manière quelque peu forcée, pour ne pas dire artificielle.
Apparemment la secte est d’ailleurs très puissante, ce que le roman ne montre jamais très clairement, et l’impression de contrôle absolu exercée par ses adeptes ne transparait pas vraiment non plus. LA MORT INVISIBLE mélange donc culte maléfique, infiltration gouvernementale par les forces obscures, homme invisible sanguinaire, etc. dans un récit qui adopte les codes d’un vieux polar avec son détective désabusé tentant de survivre à tous ces événements bizarres.
En dépit de ses défauts flagrants, LA MORT INVISIBLE se déroule sur un rythme enlevé qui aide à faire accepter au lecteur le caractère schématique des protagonistes, les passages ridicules (les haricots magiques – ceux de Jack ? – qui confèrent son invisibilité au méchant) et le manque de liant d’une histoire essentiellement basée sur les effets chocs dispensés à intervalles réguliers.
Si le roman se lit sans déplaisir (sa courte pagination évite au lecteur de s’y ennuyer) le tout peine à atteindre la moyenne : les prémices intéressantes n’aboutissent à rien et LA MORT INVISIBLE perd rapidement son intérêt au fil d’un déroulement à la fois invraisemblable et prévisible. Richard Laymon nous ayant habitué à mieux on passera rapidement sur ce semi-ratage.