LES OCEANS DU CIEL de Kurt Steiner
Publié le 9 Mars 2018
André Ruellan (1922 – 2016) alias Kurt Steiner fut un pilier incontournable du Fleuve Noir et un grand romancier populaire qui oeuvra énormément pour les collections Anticipation et Angoisse, sans oublier un dernier tour de piste chez Gore avec GRAND GUIGNOL 36 – 88. On lui doit aussi plusieurs scénarios pour Alan Jessua (« les chiens », « Paradis pour tous »), Jean-Pierre Mocky (« Divine enfant », etc.) et même…Pierre Richard (« Le distrait »). Steiner s’illustra souvent dans le registre du space opera, comme en témoigne ces OCEANS DU CIEL plutôt agréables à parcourir.
A la suite d’une banale querelle, Tiphaine, commandant corsaire, se retrouve à lutter contre le tueur professionnel Roland 42. Les autorités acceptent de fermer les yeux à conditions que les belligérants partent en mission pour évaluer la situation entre Arcturus et Denébola et découvrir pourquoi les vaisseaux spatiaux de la République Stellaire disparaissent dans ce secteur particulier de la galaxie. La mission de Tiphaine le mène jusqu’à la mystérieuse planète Eralbée et ses redoutables araignées tueuses…
« Ils nous voulaient vivants et ne savaient pas que nous les voulions morts » ! Les terriens défendent chèrement leur peau dans ce récit épique (pourtant condensé sur 150 pages) qui rappellent les meilleures histoires de pirates d’antan. Sauf que ces corsaires d’un genre nouveau parcourent à présent non plus les sept mers mais bien les immensités glacées de l’espace, ces vastes océans du ciel, où se rencontrent des extraterrestres étranges combattus à coups d’armes hautement sophistiquées.
Voici du bon space opéra à l’ancienne (mais encore tout à fait lisible aujourd’hui) qui privilégie l’action échevelée (peut-être un peu trop, l’auteur a le souci de créer un ensemble cohérent mais dans lequel il n’est pas toujours aisé de se retrouver), les rencontres avec des formes de vie (souvent hostiles) étonnantes et les idées originales, comme ces belles extraterrestres qui se reproduisent en…toussant. Steiner laisse peu de place à la psychologie ou aux palabres et le rythme, élevé, permet de ne pas s’ennuyer quoiqu’on n’échappe pas à certains clichés comme cette supériorité des Terriens, lesquels résolvent tous les problèmes et empêchent un conflit galactique. Ce sont les plus beaux, les plus forts, les plus malins,…et à la fin la belle princesse extraterrestre tombe même dans les bras virils du héros. Ne soyons pas trop sévères, ces clichés se retrouvaient chez les plus grands (Hamilton, Vance,…) ou dans les séries télé comme « Star Trek ». A vrai dire on est même assez proche de « Star Wars » qui ne sortira, pourtant, que dix ans après la rédaction de ce roman dans lequel on assiste également à quelques morceaux de bravoure comme un affrontement entre les Terriens et des araignées directement inspirés par STARSHIP TROOPERS. Si la seconde partie du roman se montre moins convaincante que les débuts (l’auteur, pressé par le temps et la pagination devant avancer un peu trop rapidement vers sa conclusion un brin expédiée), LES OCEANS DU CIEL reste un très honnête space opera à la française.