LES INDISCRETIONS D'HERCULE POIROT d'Agatha Christie
Publié le 9 Février 2018
Le riche Richard Abernethie meurt subitement d’une crise cardiaque. Ses parents se réunissent pour la lecture du testament et tout se passe très correctement à l’exception d’une remarque étrange de la fantasque Tante Cora qui déclare « Il a été assassiné, n’est-ce pas ? ». Nul ne prend ses dires très au sérieux mais le lendemain la tantine est découverte tuée à coups de hachette. Difficile, cette fois, de prétendre qu’il s’agit d’une mort accidentelle, ce qui relance la thèse de l’assassinat de Richard. A Hercule Poirot, convoqué par l’avoué et ami du défunt Mr Entwhistle, de démêler cette affaire.
Comme tous les Christie post Seconde Guerre Mondiale, LES INDISCRETIONS D’HERCULE POIROT agrémente l’intrigue policière de considérations plus sociales. L’auteur décrit ici un « vieux monde » à l’agonie, celui de ses premiers livres, avec ses riches familles, ses demeures majestueuses et ses domestiques serviables. Mais les temps changent : la maison familiale, Enderby, va être vendue, les biens du patriarche décédé disséminés entre ses héritiers tandis que les jeunes s’insurgent devant « l’exploitation » imposée au personnel domestique ou prennent le parti des criminels, envisagés comme des figures romantiques. Ces personnes de bonne famille vont jusqu’à se disputer pour savoir à qui reviendra la table en malachite du défunt. « Le temps des belles maisons était révolu », se désole ces anciens riches à présents fauchés comme les blés. Le progrès est passé par là, « la faute au gouvernement travailliste, à ces hypocrites de crypto socialistes ». Jadis prospères, nos aristocrates désargentés éprouvent même quelques difficultés à dissimuler à quel point le décès du patriarche survient à point nommé, permettant de renflouer des caisses en ayant bien besoin.
Absent durant la première partie du roman, le Belge à moustaches débarque caché sous un pseudonyme et prétendant – horreur – appartenir à une organisation désireuse d’acheter la propriété pour la transformer en hébergement pour réfugiés. Il use d’un anglais approximatif qui lui permet de fureter un peu partout sans que les suspects se méfient. De toutes manières ces petits jeunes ne le connaissent pas :
« C’est drôle que je n’aie encore jamais entendu parler de vous.
- Ce n’est pas drôle, répondit Poirot avec sévérité. C’est lamentable ! Hélas ! l’éducation n’est plus ce qu’elle était. »
L’intrigue progresse de manière classique, avec l’interrogatoire des suspects, la tentative de meurtre de la dame de compagnie, les révélations successives et, bien sûr, la confrontation finale durant laquelle Poirot dévoile la clé du mystère.
Dans l’ensemble, un bon cru.