JESSICA JONES: THE PULSE de Brian Michael Bendis
Publié le 25 Janvier 2018
Après le succès d’ALIAS JESSICA JONES, Bendis revient à son personnage fétiche pour une nouvelle série d’aventures plus intimistes que pétaradantes. Si Jessica reste sympathique, sa grossesse la change et la rend beaucoup plus dépendante de son compagnon, Luke Cage (ex Power Man), ce qui modifie radicalement l’orientation de la série. Le ton y est également beaucoup plus léger, une conséquence de l’abandon du label « Max » qui permettait davantage de liberté au niveau des dialogues, de la violence et de la nudité. Certains n’ont d’ailleurs guère apprécié ces changements et THE PULSE a essuyé son lot de critiques, parfois virulentes. Disons-le tout net, cela semble injustifié : certes Bendis ne retrouve pas l’excellence d’ALIAS JESSICA JONES (la série super-héroïque pour ceux qui n’aime pas les séries super-héroïques !) mais THE PULSE demeure un vrai bon moment de lecture et se situe largement au-dessus du tout venant de chez Marvel.
Cette fois, Jessica partage la vedette avec le plus célèbre journaliste du Daily Bugle, Ben Urich (l’homme qui connait l’identité de Daredevil mais refuse de la dévoiler au désespoir de l’irascible J.J.J). Confronté à des ventes qui s’écroulent (« c’est terrible, les gens ne lisent plus, nous sommes la première génération à avoir perdu l’habitude de lire le journal le matin »), le boss du Bugle doit réagir et lance un supplément, « The Pulse », consacré aux super-héros. Urich et Jessica Jones vont s’en charger. L’anti héroïne détective devient donc journaliste, ce qui permet de relancer la machine. Une bonne idée, sauf pour les réfractaires à l’évolution du personnage.
Dans le premier arc, « Thin Air », Jessica enquête sur la mort mystérieuse d’une de ses collègues du Bugle et découvre l’implication de Norman Osborn, alias le Bouffon Vert. Spidey effectue sa petite apparition réglementaire et l’intrigue annonce la suite de l’univers Marvel avec la prise de pouvoir d’Osborn durant le Dark Reign.
Ensuite, un tie-in de la saga « Secret War » envoie la jeune femme à la recherche de Luke, blessé et kidnappé. Iron Fist et l’Hydra seront, eux aussi, de la partie.
« Fear », la dernière histoire, plus intimiste, se consacre à l’accouchement de Jessica, à ses craintes, etc.
Un tie-in correct à HOUSE OF M dans lequel on retrouve Hawkeye et un annual dispensable consacré au mariage de notre couple complètent le sommaire.
Les intrigues sont plaisantes, les personnages attachants et, dans l’ensemble, THE PULSE reste fort agréable quoique cet « ajout » soit en-deçà d’ALIAS JESSICA JONES (devenu un véritable classique de la bande dessinée super-héroïque des années 2000 et une des meilleures livraisons de la Maison des Idées).
Les différentes histoires peuvent également moins facilement s’apprécier de manière indépendante : on sent Bendis tisser sa toile afin d’entremêler les récits appelés à consolider l’univers Marvel du XXIème siècle : il faut au lecteur une certaine connaissance de celui-ci pour apprécier les scénarios proposés, en relation avec HOUSE OF M, SECRET WAR, DARK REIGN, NEW AVENVERS, etc.
Pour beaucoup, THE PULSE fut une déception mais celle-ci doit être relativisée : si ce n’est pas un incontournable comme ALIAS JESSICA JONES cela reste un comic bien écrit, bien dessiné et très plaisant proposé, en outre, dans une édition correcte et à un prix tout doux (17 euros pour 360 pages !). Bref, pas de quoi s’en priver pour les amateurs de ce personnage des plus intéressants.