LE SOUS-MARIN DE LA DERNIERE CHANCE de Patrick Robinson
Publié le 15 Décembre 2017
Patrick Robinson se lance, à la fin des années ’90, sur le marché du techno thriller maritime et militariste, suivant ainsi les pas de Tom Clancy, Michael DiMercurio ou Clive Cussler. Après NIMITZ en 1997 voici donc la deuxième aventure de l’Amiral Morgan. Nous sommes, comme avec les auteurs précités, dans une sorte d’univers alternatif, une histoire parallèle située dans un très proche futur, ce qui permet évidemment de s’affranchir d’un complet réalisme pour embrasser une anticipation spéculative basée sur le principe du « et si on disait que ».
Et que dit on cette fois ? L’auteur imagine l’acquisition, par la Chine, d’une dizaine de sous-marins de classe « Kilo », de petits engins quelque peu déclassés mais cependant silencieux et capables, à eux seuls, de « tenir » la mer aux environs de Taiwan et, par conséquent, de renverser l’équilibre des forces dans cette partie du monde. Les Américains décident donc de couler les « Kilo » en se disant que personne n’y trouvera rien à redire et que détruire sans la moindre provocation ni raison deux poignées de navires chinois ne provoquera aucune répercussion. Bien sûr, comme Robinson, quoique britannique, salue la bannière étoilée matin et soir ce plan hautement peu crédible fonctionne…Comme il s’agit d’une « opération noire » chacun regarde ailleurs et fait semblant de ne pas voir à quel point les actes américains constituent une déclaration de guerre qui, dans la réalité, pourrait tout droit mener à un affrontement mondial entre la Russie, les USA et la Chine. Mais les Chinois sont surtout, on le sait, préoccupé de ne pas perdre la face donc ils laissent couler (au propre comme au figuré).
En dépit d’une intrigue peu vraisemblable, LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE se veut précis au point de vue technique et militaire. L’auteur, d’abord journaliste sportif, trouve sa voie en rédigeant une biographie de Sandy Woodward, chef de guerre anglais lors du conflit des Malouines. Patrick Robinson plonge alors (hum !) dans le thriller militariste : il rédige une quinzaine de romans maritimes (la moitié ont été traduits) et d’autres récits guerriers, notamment LE SURVIVANT qui donne au cinéma « Du sang et des larmes » de Peter Berg.
Avec LE SOUS MARIN DE LA DERNIERE CHANCE, le lecteur n’échappe pas au jargon technique et au blabla, lequel parasite quelque peu l’action sans que cela soit réellement problématique. Les moins férus de tactiques militaires pourront se contenter de survoler certains passages rébarbatifs pour se concentrer sur l’action et l’aventure. Malheureusement celle-ci est incroyablement verbeuse. Alors que le roman débute de manière agréable la suite s’enlise rapidement en dépit des commentaires élogieux de Sandy Woodward, lequel affirme que le livre « se lit d’une traite » et qu’il est à la fois clair, documenté et passionnant.
On peut ne pas être d’accord. Certes, à la manière d’un James Bond, le romancier nous emmène sur le vaste monde, de Washington à la Russie en passant par la Chine ou le cercle polaire. Certes quelques passages surnagent et réactivent l’intérêt défaillant du lecteur. Mais que de longueurs, que de situations étirées au-delà des limites acceptables, que de palabres entre personnages caricaturaux et inintéressants. Le tout pourrait néanmoins divertir à la manière d’un blockbuster des années 80 (dans le genre des production Cannon) si Robinson se souciait davantage de divertir au lieu d’engluer son intrigue au rythme léthargique. Et puis plus de cinq cent pages est-ce bien raisonnable ? La moitié aurait sans doute suffit. L’honnêteté me pousse d’ailleurs à dire qu’après avoir péniblement lu 250 pages le bouquin m’est littéralement tombé des mains. Soporifique !
Si l’idée de base semblait prometteuse et la perspective d’un techno thriller maritime avait suffi à motiver l’achat je crains que Robinson ne rejoigne DiMercurio sur ma liste des auteurs imbuvables. Rendez-moi Cussler !