LES YEUX DE L'OMBRE JAUNE (BOB MORANE) d'Henri Vernes
Publié le 5 Mai 2017
Les « Bob Morane » mettant en scène l’Ombre Jaune sont souvent à la fois les plus divertissants et les plus frustrants. Divertissants car ces aventures sont celles qui se rapprochent le plus du « pulp » à la DOC SAVAGE, FANTOMAS ou FU MANCHU dont ils reprennent avec bonheur tous les clichés, certes surannés mais toujours plaisants. De la littérature de consommation courante à base de méchant mégalomane, de jeune fille en détresse et d’inventions délirantes. Cependant, les « Ombre Jaune » s’avèrent également frustrants car les contraintes inhérentes à la série (le nombre de pages restreints, le souci de rester dans une optique très familiale au niveau de la violence) obligent Vernes à limiter le développement de l’intrigue, laquelle devient, dès lors, très schématique. Ne pouvant se permettre de trainer en route, l’auteur amorce son récit par une situation mystérieuse auquel seront confrontés nos amis Morane et Ballantine. Très vite les deux amis soupçonnent l’Ombre Jaune et, oh surprise, celui-ci s’avère effectivement coupable. Après quelques péripéties, l’une ou l’autre bagarre et course-poursuite, Morane triomphe du cruel Oriental, généralement en recevant l’aide bienvenue de Tania Orloff, la nièce de Mr Ming partagée entre sa loyauté envers tonton et son amour platonique pour Bob.
Dans le cas des YEUX DE L’OMBRE JAUNE, une demoiselle en détresse, Martine, est traquée, dans un Londres forcément brumeux, par un étrange humanoïde dont les yeux lancent des rayons mortels. Secourue par Morane, la jeune fille révèle que son père, un spécialiste du laser, a disparu. L’Aventurier, accompagné de Ballantine, se retrouve ensuite dans un château médiéval auvergnat et découvre rapidement l’implication de Monsieur Ming, alias l’Ombre Jaune, dans un sinistre plan visant à créer une arme mortelle. Heureusement, Tania Orloff, que Bob persiste à considérer comme une « petite fille » viendra à la rescousse pour déjouer les projets de domination planétaire de son oncle.
L’intrigue, très classique et linéaire, n’est pas inintéressante mais Vernes doit avancer à la vitesse d’un supersonique pour la caser dans le nombre de pages impartis (moins de 150). Pas de place au doute (seul l’Ombre Jaune peut avoir élaboré un tel plan de conquête !), peu de développement des personnages (exceptés quelques phrases échangées, en fin de volume, entre Bob et Tania) et peu de surprise quoique le roman ne soit jamais ennuyeux. A la fois qualité et défaut, le rythme soutenu assure un divertissement bien ficelé et divertissant, une lecture idéale pour les jeunes adolescents (et ceux qui le sont resté).
Pour l’anecdote, le roman fut adapté en bande dessinée dans une version remaniée sous le titre LES YEUX DU BROUILLARD (Miss Ylang Ylang y remplaçant Mr Ming) et cette bande dessinée fut elle-même convertie en roman (également sous le titre LES YEUX DU BROUILLARD), aboutissant à une sorte de remake du titre qui nous occupe.