uchronie

Publié le 6 Septembre 2018

ORAGES EN TERRE DE FRANCE de Michel Pagel

Publié au Fleuve Noir cette uchronie se déroule dans un monde proche du notre mais dans lequel la Guerre de 100 ans s’est prolongée au point de devenir la Guerre de 1000 ans…

Les oppositions entre la France et l’Angleterre, essentiellement basées sur la religion, répercutent les positions divergentes du Pape et de l’archevêque de Canterbury. En dépit du véto religieux un jeune scientifique aide un vieil inventeur à fabriquer des machines volantes. Le télé évangéliste Frédéric d’Arles anime l’émission la plus regardée de la télévision, « Confessions directes », mais sa notoriété finit par devenir gênante pour les hautes instances qui délèguent une tentatrice pour le conduire au péché. Pendant ce temps, sur le front, des machines ressuscitent brièvement les morts pour alimenter en zombies les armées qui s’entretuent depuis un millénaire.

Si les quatre histoires proposées sont intéressantes, la dernière est sans doute la plus réussie. Elle aurait d’ailleurs pu se voir décliner en roman : on y croise des Français, des Anglais, une aristocrate zombifiée membre de l’Internationale Athée, deux psychopathes, des débrouillards du marché noir, etc.

En peu de pages, Michel Pagel propose quatre récits qui forment un tout cohérent mais, collection « anticipation » oblige, ne peuvent développer réellement un background pourtant très réussi. Ainsi, le lecteur apprend que si la seconde guerre mondiale a bien eu lieu, la révolution française a avorté et la monarchie s’est maintenue. De son côté, la technologie s’avère différente et pourtant proche de celle développée dans notre réalité. Certains choix sont d’ailleurs peu expliqués : si on admet l’interdit frappant les avions, difficile d’accepter que les chefs religieux autorisent le rappel des morts à la vie pour combattre. Mais ce ne sont que des broutilles, le roman (ou les quatre nouvelles imbriquées) étant très efficace et démontrant une réelle originalité, d’une part en raison de la « divergence historique » choisie (cela change des victoires nazies uchroniques) et d’autre part car l’auteur choisit de s’intéresser davantage aux petites gens (soldats, scientifiques, etc.) plutôt qu’aux puissants.

De la belle uchronie !

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Publié le 2 Novembre 2017

STAR TREK - LA CROISEE DES TEMPS de Della Van Hise

Ce roman « Star Trek » propose une altération de l’Histoire telle que nous la connaissons, conséquence des manigances des Romuliens. Cela aboutit à une Seconde Histoire, un univers parallèle dans lequel bien des personnes éprouvent un étrange sentiment de dysharmonie, conséquence d’une vie non vécue. En effet, les Romuliens n’ont jamais pu vaincre la Fédération. Par un voyage temporel ils vont altérer le continuum tout en plaçant leur propre flotte en hyper espace afin d’être immunisé contre les modifications engendrées par la Seconde Histoire. Ils tuent trois scientifiques et aboutissent à la non-création du Starfleet que nous connaissons. Pourtant cette idée semble trop forte pour être éradiquée. En affaiblissant les Terriens, ils laissent le champ libre aux Vulcains qui sont, à présent, l’espèce dominante. Le Capitaine Spock commande le Shikhar (L’Enterprise de cette nouvelle réalité) et Kirk, un simple enseigne, est sous ses ordres. Toutefois des actes inconsidérés entrainent l’univers vers la destruction. Spock et Kirk doivent dès lors agir de concert pour rétablir la première ligne temporelle avant qu’il ne soit trop tard.

On le sait, dans ce genre de série tirée d’une licence à succès on trouve, obligatoirement, à boire et à manger. On sait également que, même si on aime retrouver des personnages connus et appréciés, les chances de tomber sur un roman médiocre sont nettement supérieures à celles de tomber sur un classique méconnu. LA CROISEE DES TEMPS constitue donc une excellente surprise qui, à l’image du formidable PRIME DIRECTIVE, exploite à merveille l’univers « Star Trek ». Le scénario se révèle tortueux (« Les complexités de l’altération temporelle sont vraiment paradoxales. ») mais bien mené, riche en péripétie et même saupoudré d’un humour bienvenu. Ainsi, un des protagonistes s’adresse à Kirk en lui donnant une tunique de soie bleu : « vous vivrez plus longtemps comme ça Jim. Sur ce vaisseau il n’est pas très intelligent de porter une tunique rouge lorsque vous faites partie d’une patrouille d’intervention ». Evidemment, le roman ayant été écrit au milieu des années ’80 certaines remarques donnent le sourire, comme ces ordinateurs du XXIIIème siècle fonctionnant à l’aide de cassette. Mais passons…

Le récit, alerte, fonctionne joliment en dépit de quelques longueurs (nous sommes dans le format « super Star Trek » soit un peu plus de 300 pages) et prend le temps nécessaire pour approfondir la relation d’amitié entre Kirk et Spock qui semble destinée à se perpétuer quels que soient les univers. Autre idée novatrice, le continuum lutte pour rétablir la ligne temporelle antérieure, idée reprise dans le 22 11 63 de Stephen King dans lequel le temps devient lui-même un antagoniste des personnages. Ici les héros, « déracinés temporels » sombrent peu à peu dans la folie.

Divertissant, bien mené et intelligent dans sa gestion des paradoxes temporelles, servis par une écriture efficace qui parvient à caractériser avec brio des personnages bien connus, LA CROISEE DES TEMPS constitue en résumé une belle réussite dans la masse (immense) des romans inspirés par la célèbre série.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Uchronie, #Star Trek

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Publié le 3 Juillet 2017

UNIVERSE X d'Alex Ross, Jim Krueger et Doug Braithwaite.

Après le succès de l’excellent KINGDOM COME pour DC Comics, Alex Ross imagine, en 1997, le futur forcément dystopique de l’univers Marvel, un monde dans lequel tous les individus, affectés par les brumes terratogènes libérées par Flèche Noire et les Inhumains, ont acquis des super pouvoirs. Pour réaliser cela, Flèche Noir a rendu aveugle Uatu, le Gardien de la Terre, et ce-dernier se voit forcé de choisir comme remplacement le robot vivant X 51, alias Machine Man.

Que deviennent les autres personnages bien connus ? Captain America quitte les Avengers, Spiderman prend sa retraite, Namor tue la Torche, Susan Richards meurt en compagnie du Dr Fatalis. Reed, pour sa part, s’exile en Latverie où il prend la place laissée vacante par son ennemi.

L’Homme Absorbant, le plus dangereux super vilain de cet univers, est détruit par la Vision tandis que Galactus arrive sur Terre pour dévorer un œuf implanté par les Célestes au cœur de la planète. Il est finalement révélé que Galactus n’est autre que Franklin Richards…

L’intrigue d’UNIVERSE X peut débuter, alors que des perturbations climatiques sans précédents ont tués des millions de personnes. Une secte d’adeptes fanatiques de l’Homme Absorbant rassemble également les membres épars du criminel décédé afin de le ramener à la vie et de détruire les torches créées par Richards afin de débarrasser l’atmosphère des brumes terratogènes et rendre leur humanité aux peuples de la Terre. Mais le veulent-ils ? Pendant ce temps Mar-Vell (autrement dit Captain Marvel) se réincarne sous la forme d’un enfant sur lequel veille un Captain America désabusé.

Bien que la trilogie EARTH X / UNIVERSE X / PARADISE X ait été, au départ, envisagé comme le futur « officiel » de l’univers Marvel, les révélations successives sur la destinée des principaux personnages ont conduit à ce qu’elle soit rétroactivement retirée de la continuité. La saga doit donc s’envisager comme une histoire alternative, un présent possible mais différent, similaire aux Elsewhere de la Distinguée Concurrence.

UNIVERSE X s’étend donc sur plus de 700 pages bien tassées, assez pauvres en action puisque largement consacrées aux dialogues entre le Gardien et Machine Man, ce qui donne un récit très bavard voulu philosophique, adulte et intelligent. Malheureusement, l’impression dominante reste souvent l’ennui devant ces dizaines de pages de développement parfois abscons agrémentés d’appendices littéraires (deux ou trois pages de textes concluent chaque chapitres, censés clarifier le récit, elles le rendent en réalité encore moins compréhensible). L’intrigue reste nébuleuse, confuse, brouillonne. Elle se veut ambitieuse, brasse des dizaines de héros (certains connus d’autres complètement obscurs), les réinvente dans des versions altérées (Thor est devenu une femme suite aux manipulations de Loki, Hulk et Bruce Banner sont dissociés, la fille de Peter Parker a fusionné avec Venom), se déplace de notre monde à un au-delà très guerrier où s’affrontent héros et vilains, imagine des réalités alternatives dans lesquelles Franklin Richards est Galactus et où Mephisto (le Diable ?) a transformé Kurt Wagner en Belasco.

Tout cela démontre un réel foisonnement imaginatif, parfois mégalomane dans sa volonté d’offrir une vision définitive de l’univers Marvel futur, mais n’évite pas un côté hautement rébarbatif pour ne pas dire indigeste sur la longueur. Il est difficile de se passionner pour cette intrigue trop vaste et trop embrouillée pour ne pas en décrocher lorsqu’on se rend compte que les auteurs ne vont nulle part. A moins d’avoir une connaissance encyclopédique de l’univers Marvel cette suite de vignettes d’un intérêt très variable semblera donc peu engageante quoique certaines surnagent, notamment celle consacré à un Magneto privé de ses pouvoirs et asservi par le Crapaud. Les dessins (sans égaler ceux d’Alex Ross qui se charge uniquement des couvertures, de quelques illustrations et de l’idée de base) s’avèrent très corrects et évitent le rejet total de cette vaste épopée plus prometteuse sur le papier que concluante dans sa réalisation.

Que l’on aime ou pas UNIVERSE X nous sommes forcé d’admettre que la série, par sa démesure, son ambition et son écriture très littéraire, tranche avec le tout venant du comic super héroïque et s’impose comme une date importante de la bande dessinée américaine. Les enthousiastes parleront sans doute d’une œuvre foisonnante, les déçus d’un gros foutoir et d’une accumulation de bonnes idées mal exploitées. Décevant mais pas inintéressant, au final, même si, pour être honnête, se taper les 700 pages quasi d’une traite n’est sans doute pas une bonne idée, le tout étant, il faut l’avouer, assez imbuvable.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Comic Book, #Uchronie, #Alex Ross, #Marvel Comics

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Publié le 4 Mai 2017

LA LEGION ECARLATE de Johan Heliot

Né à Besançon en 1970, Johan Heliot se révèle au public avec sa trilogie de la lune dont le premier tome, LA LUNE SEULE LE SAIT, publié en 2000 chez Mnémos obtient le prix Rosny Ainé. Par la suite, Heliot écrit le diptyque FAERIE HACKERS / FAERIE THRILLER et de nombreux romans indépendants tant destinés aux adultes qu’aux adolescents.

Edité dans la collection « Royaumes Perdus » chez Mango, LA LEGION ECARLATE est plutôt destiné aux jeunes lecteurs mais chacun peut y trouver son bonheur. L’intrigue, resserrée sur 176 pages, s’intéresse au destin d’un jeune soldat romain, Marcus Livius Salveris, vivant sous le règne de l’Empereur Trajan. Il accompagne le général Servius Tarsa dans son grand projet : conquérir les terres inconnues se trouvant au-delà de la Grande Mer. Le général voit son armée décimée par une tempête mais s’obstine et débarque au Nouveau Monde : la lutte s’engage entre les légions de Rome et les tribus Peaux-Rouges.

Asterix et Obélix avaient jadis, effectué cette « grande traversée » et Tarzan avait, il y a des décennies, rencontré au fond de l’Afrique des soldats romains. Heliot lui-même, dans son RECONQUERANTS, avait déjà traité du sujet mais, cette fois, il opte pour un récit plus porté sur l’aventure, quelque part entre l’uchronie, la fantasy, le péplum et le western. Le parcours du jeune héros Marcus anticipe ainsi le destin de certains protagonistes du western dit « progressiste », son acceptation au sein de la tribu indienne évoquant le classique UN HOMME NOMME CHEVAL ou le plus récent DANSE AVEC LES LOUPS tandis que les scènes de massacre rappellent SOLDAT BLEU. Face à Marcus se dresse le tyrannique Borsa : celui-ci, après avoir assassiné son général, règne en maitre sur les derniers légionnaires romains abrutis par les drogues. A moitié fou, Borsa s’imagine en véritable César, tel le colonel Kurtz d’APOCALYPSE NOW. Heliot décrit donc l’opposition entre son légionnaire bienveillant et le despote sanguinaire, ajoutant à la transformation psychologique et initiatique de son héros (comme en témoigne l’éprouvante scène de torture visant à l’intégrer à la tribu) une inévitable romance et un soupçon de fantastique par les interventions (authentiques ou imaginaires ?) des anciens dieux Ursus et Corbeau.

Les scènes d’action sont, pour leur part, efficaces et décrivent les manières de combattre des Romains et leurs machines de guerre, notamment les redoutables Scorpions. Pour les curieux un lexique explicatif en fin de volume fournit quelques précisions sur les termes antiques employés.

En dépit d’un déroulement quelque peu prévisible et linéaire, LA LEGION ECARLATE demeure une belle réussite qui se lit pratiquement d’une traite et offre un agréable dépaysement aux amateurs de récit d’aventures historiques teintés de fantastique. Une réussite !

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Historique, #Uchronie, #Jeunesse

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