uchronie

Publié le 23 Juillet 2021

VERSAILLES OF THE DEAD - TOME 1 de Kumiko Suekane

Nouvelle série manga, VERSAILLES OF THE DEAD démarre de belle manière avec son thème uchronique (assez proche de la piteuse série Netflix « La révolution ») : quelque temps avant la Révolution, Marie Antoinette est conduite à Versailles pour devenir reine de France. Attaquée par des zombies, elle est décapitée et seul son frère jumeau, Albert, survit. Ce-dernier décide de prendre sa place et de vivre dans le luxe à la Cour. Toutefois, il apparait rapidement qu’Albert est plus qu’un homme : il ne peut mourir, comme en témoigne sa survie après une agression au cours de laquelle il est transpercé par une épée.

Mené tambour battant, ce premier tome ne nous laisse guère le temps de souffler : en dix pages le monde est défini, Albert prend la place de la Dauphine et l’histoire continue sur ses rails divergents. Pourquoi Albert joue-t-il ce rôle ? Qui est-il réellement ? Comment a pris naissance cette épidémie de non-morts ? Nous ne le saurons pas au terme de ces premiers chapitres qui proposent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.

En un peu moins de deux cents pages, l’auteur livre donc un récit touffu (presque trop !) qui mélange fantastique et histoire, avec magouilles politiques, jeux de pouvoir (notamment par Madame du Barry) et quelques touches plus légères, quasiment humoristiques, lorsque Albert voisine les belles dames de la Cour et découvre les fastes de Versailles.

Les zombies, eux, sont présents et confirment le côté uchronique de l’intrigue mais sans qu’ils deviennent envahissant. Un point positif à une époque où les morts vivants ont un peu trop tendance à être cuisinés à toutes les sauces.

Niveau dessin, ce manga est également très réussi avec des traits certes typiques du genre mais fins et précis. Les visages sont joliment dépeints, les proportions impeccables, les décors attrayants et montrent l’application de l’auteur qui ne s’est pas contenté d’arrière-plans hâtivement brossés mais a, au contraire, soigné la présentation et le décorum.

En résumé, ce premier volume très satisfaisant et intriguant donne envie de connaitre la suite, d’autant que la saga complète sera bouclée en cinq tomes, ce qui devrait éviter tout délayage inutile. Conseillé !

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Historique, #Horreur, #Uchronie, #Manga

Repost0

Publié le 5 Juillet 2020

LES DERNIERS JOURS DU PARADIS de Robert Charles Wilson

Robert Charles Wilson s’est imposé comme un des maitres de la science-fiction du XXième siècle. Il semble avoir digéré aussi bien les auteurs classiques que les petits nouveaux portés sur la hard-science ou la spéculation anticipative. Ses romans combinent en quelques sortes le meilleur de ces mondes : intrigue très solide, personnages intéressants, fonds scientifiques pointu mais abordable, sense of wonder et conséquences bien étayées des prémices souvent vertigineuses. SPIN (récompensé par le Hugo), l’hallucinant LES CHRONOLITHES, le superbe A TRAVERS TEMPS, l’efficace BLIND LAKE,…que du bonheur pour l’amateur ! Malheureusement, LES DERNIERS JOURS DU PARADIS, ne se hisse pas à la même hauteur que les titres précités. Il s’agit d’un roman nettement plus mineur et plus faible. Pourtant, la « recette » de Robert Charles Wilson semble cuisinée avec les mêmes ingrédients.

Le point de départ, tout d’abord, interpelle : nous sommes en 2014, dans un monde uchronique vivant dans une paix mondiale (certes relative) depuis un siècle. L’Amérique s’apprête à célébrer l’Armistice de 1914 qui a mis fin à toutes les guerres. Mais quelques scientifiques triés sur le volet et appartenant à une mystérieuse Correspondance Society, soupçonne la vérité : la radiosphère entourant la terre est, en réalité, un être vivant symbiotique (ou parasitaire, le débat reste ouvert) baptisé hypercolonie ayant mené l’humanité à la paix…Mais dans quel but ? L’hypercolonie dépêche des êtres artificiels, dit simulacres, pour supprimer les savants s’approchant trop près de la vérité. Cassie, dont les parents ont jadis été tués, doit fuir les « sims » avec une poignée d’individus connaissant la réalité concernant l’hypercolonie. Mais fuir vers où ?

L’auteur se place ici sous les influences de John Wyndham (en guise de clin d’œil un personnage porte d’ailleurs ce patronyme), Philip K. Dick et autres spécialistes de la SF parano dans laquelle les protagonistes évoluent dans des « mondes truqués ». Le cinéphile peut également, même si la référence fait moins sérieux, évoquer la saga « Terminator » dans cette fuite permanente devant une entité toute puissante qui délègue des simulacres pour assurer sa sécurité. Dès lors, le roman prend des allures de road movie (ou road book ?) puisque les personnages sont perpétuellement en mouvement, poursuivi par les simulacres. Et c’est là que le bouquin montre, hélas, ses limites. Car il n’échappe pas à une réelle monotonie et se montre souvent répétitif. De plus, les enjeux restent souvent limités à quelques personnages et les côtés uchroniques s’avèrent quasiment occultés : nous en apprendrons peu sur ce monde pacifié. Si LES CHRONOLITHES, par exemple, combinait les destins individuels des personnages et des événements grandioses, LES DERNIERS JOURS DU PARADIS parait manque un peu d’ampleur. Ce n’était pas le but rétorqueront les enthousiastes ! Certes, mais la frustration du lecteur est réelle.

Reste heureusement les qualités habituelles du romancier : chapitres courts rondement menés, idée de départ impressionnante, personnages attachants, rythme efficace (en dépit, ici, de quelques longueurs), toile de fond mystérieuse donnant envie de poursuivre la lecture. A tout cela s’ajoute, ici, un hommage à peine voilé à cette SF des sixties qui, du VILLAGE DES DAMNES à L’INVASION DES PROFANATEUR, a beaucoup contribué aux théories paranoïaques et complotistes de ces dernières années. Malheureusement, au fil des pages, l’intérêt s’étiole et le dernier tiers du bouquin manque de mordant pour maintenir l’attention du lecteur. Seul l’épilogue tempère un peu ce jugement sévère.

En résume, un roman potable, avec quelques bonnes idées et l’un ou l’autre passages réussi mais hélas décevant de la part de Robert Charles Wilson. On se consolera avec le suivant…

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Uchronie

Repost0

Publié le 21 Février 2020

VOYAGE - TOME 1 de Stephen Baxter

Quoique divisé en deux tomes pour des questions de longueur, VOYAGE raconte une histoire unique : à la fin du tome 1 il faudra donc impérativement poursuivre la lecture avec le tome 2. Voici donc un très gros pavé de près de 900 pages dans son édition de poche !

VOYAGE inaugure la « trilogie de la NASA » et célèbre les astronautes décidés à explorer, quel que soit le prix à payer, « l’espace, frontière de l’infini ». La science-fiction y est donc minimale une fois le principe de base établi : JFK a réchappé à sa (tentative) d’assassinat à Dallas et les USA n’ont pas abandonné leurs projets de conquête spatiale. Le vol vers Mars, envisagé dès les années ‘60 par la Nasa, n’a pas été mis de côté par Nixon, contrairement aux sondes spatiales inhabitées et à la navette réutilisable.

Nous allons donc suivre la grande aventure de ces héros qui partent vers la planète rouge la tête remplie de la prose de Wells, Clarke, Bradbury, Heinlein et les autres. Baxter choisit deux trames pour illustrer son propos : la première s’intéresse à la réalisation proprement dite du projet avec les magouilles politiques (on parle par exemple de la « marre aux requins de la politique de la Nasa »), les jeux d’influence et de pouvoir, la sélection des astronautes puis leur entrainement, etc. Sans oublier les aspects économiques et le souhait de ménager l’électeur pour qui tout ça ne sert pas à grand-chose, excepté à planter un drapeau sur un tas de poussière à des millions de kilomètres.

La seconde ligne narrative prend place à bord de la fusée Arès ave le quotidien des astronautes finalement choisis pour ce voyage de deux ans (avec seulement un petit mois sur la planète rouge…mais ce premier tome ne nous permet pas encore de nous y poser).

VOYAGE pourrait sans doute donner lieu à une bonne série TV tant Baxter en reprend les éléments clés (avant que ceux-ci ne deviennent la norme scénaristique) : vaste intrigue générale et multitude de petites sous-intrigues, plus personnelles, avec le parcours des différents protagonistes.

Beaucoup de personnages sont ainsi conviés à l’aventure : astronautes, responsables de projet, scientifiques, ingénieurs, etc. On s’y perd parfois et certains passages, très techniques (mais parfaitement abordables contrairement à d’autres romans hard-science où interviennent des notions très pointues), peuvent ennuyer un brin par leur jargon et leur précision maniaque sur chaque détail du projet, accompagnés de nécessaires mais parfois lourdes notes de bas de page.  

L’auteur de focalise davantage sur ces trois astronautes : Phil Stone, Ralph Gershon et Natalie York. Avec quelques classiques de la narration pour compenser le côté très froid et documentaire du récit : les relations extraconjugales et les hésitations sentimentales de son héroïne, Natalie York, géologue décidé coute que coute à poser le pied sur Mars même si elle doit, pour cela, sacrifier dix ans de sa vie. On comprend aussi les difficultés quotidiennes de la vie d’un astronaute : chaque petits gestes devient une bataille à mener (prendre sa douche, manger, aller aux toilettes, dormir,…). Ca ne donne pas franchement envie de s’embarquer et Baxter, bien qu’épaté par l’entreprise titanesque décrite, semble questionner la futilité d’un tel vol habité. Il faut attendre près de 400 pages pour que la tension monte d’un cran avec les défaillances d’une capsule Apollo N. Le roman prend alors, durant quelques dizaines de pages, les allures d’un récit catastrophe à la « Apollo 13 » (ou aux « Naufragés de l’espace » pour les plus vieux)

Linéaire dans son déroulement (en dépit des deux époques envisagées), VOYAGE convie le sense of wonder pour une expédition réaliste qui pourrait constituer la suite du grand film « L’étoffe des héros ». On peut cependant estimer que le roman aurait gagné à se voir élaguer d’une bonne centaine de pages pour le rendre plus digeste.

En dépit d’évidentes longueurs et de scènes un brin fastidieuses (un défaut aggravé par le côté technique des descriptions, associé à un style d’écriture purement fonctionnel), ce premier tome s’avère suffisamment intéressant pour donner envie de poursuivre le voyage. Peut-être pas vers l’infini et au-delà mais au moins jusqu’aux montagnes martiennes…et au tome 2.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Hard Science, #anticipation, #Uchronie, #science-fiction

Repost0

Publié le 10 Janvier 2020

ROSEE DE FEU de Xavier Mauméjean

Etrange roman que ce ROSEE DE FEU, écrit par un Mauméjean féru d’histoire. Le romancier s’attaque ici à la guerre du pacifique et décrit les défaites successives des Japonais après leurs premières victoires, notamment à Pearl Harbour. Les Nippons ont alors recours aux kamikazes, ces fameux pilotes lancés dans des missions suicides pour tenter de couler les navires américains.

Xavier Mauméjean aurait pu tirer de cette fascinante histoire un roman historique « de guerre » traditionnel sur le sens du sacrificie mais il a choisi une approche différente. Le romancier livre, en effet, une étrange uchronie et remplace les avions japonais par des dragons. Ce sera, étrangement, le seul élément fantasy introduit dans l’histoire (ou l’Histoire), d’ailleurs assez peu développé quoique l’auteur s’attarde sur le lien qui unit les créatures à leur pilote, un peu à la manière de la BALLADE DE PERN. On aurait aimé davantage de divergence entre cette Histoire et la notre suite à la présence des dragons mais, dans l’ensemble, il n’y a pas d’altérations majeures.

Au-delà de cet aspect fantastique, beaucoup de faits historiques sont donc présents et peu (ou pas) romancés, certains connus, d’autres nettement moins. Le livre revient ainsi sur l’anecdote du soldat ne sachant pas que la guerre est terminée depuis des décennies. Mauméjean décrit aussi le massacre de Nankin (immortalisé au cinéma dans « City of life and death » mais aussi dans le très déviant « Black Sun »), les exactions de la fameuse Unité 731 (vue dans les films d’exploitations « Men behind the sun »), la création des kamikazes, etc. Les grandes figures historiques de l’époque répondent également présentes à côté de personnages fictifs, ROSEE DE FEU suivant les points de vue de trois protagonistes principaux : un jeune soldat idéaliste qui découvre la guerre dans toute sa violence, son jeune frère, resté au pays et plein d’admiration pour lui et, enfin, un gradé qui lance le projet kamikaze. Ils représentent, comme nous le dit l’auteur dans la postface, les trois éléments (terre, air, feu), rejoints par le quatrième (l’eau) à la toute fin du roman, en signe d’harmonie retrouvée.

L’inclusion des éléments fantasy dans ROSEE DE FEU produit, au final, une impression étrange. D’un côté le lecteur peut les trouver superflus. De l’autre, il peut aussi avouer que sans la présence de dragons sur la magnifique couverture il serait passé à côté d’un roman historique instructif et réussi. A découvrir en sachant à quoi s’attendre…

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Fantasy, #Historique, #science-fiction, #Uchronie

Repost0

Publié le 29 Août 2019

L'EMPIRE ELECTRIQUE de Victor Fleury

Cet épais (et très beau) volume rassemble six longues nouvelles (voire des novellas) toutes situées dans un monde uchronique d’inspiration steampunk (l’auteur lui préfère le terme « voltapunk » puisque l’électricité remplace la vapeur). La France domine le monde sous la direction de Napoleon qui a établi sa capitale à Lyon et impose sa loi grâce aux merveilles de l’électricité domptées par le génial inventeur Victor Frankenstein.

Nouveau venu, Victor Fleury livre ici une authentique fanfiction en maniant avec dextérité l’art délicat du crossover littéraire. On pense à quelques prédécesseurs talentueux comme Xavier Mauméjean (et son LORD KRAVEN), Alan Moore (et ses GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES), Philip José Farmer (et ses TARZAN) ou encore, peut-être le titre le plus proche dans l’esprit, ANNO DRACULA de Kim Newman. Car l’écrivain emprunte à une vingtaine d’auteurs leurs personnages les plus emblématiques et les faits se croiser au gré de son imagination débordante. Ainsi dans « Le Gambit du détective », le fameux Sherlock Holmes, emprisonné pour activité anti-impériales est tiré du bagne pour aider la police à coffrer un redoutable et insaisissable criminel. Il croisera même la route d’un étrange voyageur équipé d’une curieuse machine imaginée par H.G. Wells.

La seconde histoire se révèle un peu moins originale mais tout aussi plaisante en revisitant le mythe de Frankenstein via la vie mouvementée de son petit-fils, Marc, médecin au service de l’Empereur qui croisera la route de la célèbre créature. Et qui rencontrera même, au final, un enthousiaste épigone créé par HP Lovecraft mais n’en disons pas davantage.

Dans le troisième récit nous partons dans le bayou avec le héros masqué Zorro, bien vieillissant mais encore capable d’exploits grâce à une armure de combat conçue par Loveless (des « Mystères de l’Ouest »). Il va aborder, en pleine révolte d’esclave, un homme destiné à finir sa vie la main tranchée et le visage dévoré par des abeilles. Les fans de Clive Barker comprendront.

Pour la quatrième histoire direction l’Australie aux côtés de Gavroche, décidé à s’évader, en compagnie de Cosette, d’un bagne dirigé par une sorte d’ordinateur voltaïque animé de sinistres intentions. Un récit très prenant avec son côté roman feuilleton assumé et sa manière de revisiter les lieux communs du steampunk de manière originale en s’appuyant sur la tradition littéraire française.

Dans « Les Eventreurs » nous irons traquer Jack The Ripper en compagnie de John Watson associé au gentleman cambrioleur Arsène Lupin décidé à empêcher les sinistres expériences médicales du Dr Moreau.

Enfin, la dernière intrigue, plus courte (50 pages), nous emmène « à la poursuite du Nautilus » et d’un capitaine Nemo qui ira au bout de l’océan se confronter à une gigantesque baleine blanche.

Cet épais recueil réinvente habilement le steampunk en changeant la géographie du récit (Lyon plutôt que Londres en « capitale mondiale ») et les divergentes uchroniques, optant pour l’électricité plutôt que la vapeur. Style alerte, rythme soutenu, lecture agréable (on peut lire cet EMPIRE ELECTRIQUE d’une traite ou nouvelle par nouvelle), vocabulaire un brin précieux,…Tout cela est très plaisant bien que l’on puisse y trouver l’un ou l’autre défauts (un côté un peu prévisible dans les récits et leurs conclusions, une orgie de références certes ludiques mais qui donnent parfois une impression de trop plein). Il s’agit néanmoins d’une œuvre fort réussie qui réinvente avec brio la littérature populaire et qui offre un véritable plaisir de lecture dans la lignée des classiques LES VOIES D’ANUBIS ou ANNO DRACULA. Et on poursuivra l’exploration de cet univers « voltaïque » avec la suite, L’HOMME ELECTRIQUE.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 21 Août 2019

GUIDE DES GENRES ET SOUS GENRES DE L’IMAGINAIRE d'Apophis

Ce guide, disponible gratuitement en ebook, constitue la version remaniée de treize articles parus sur le blog d’Apophis. Le bonhomme s’est donc lancé dans un projet un peu fou : créer une taxonomie des littératures de l’imaginaire cohérente et érudite en environ 200 pages. Pari un peu fou car selon les pays les définitions varient…et les spécialistes éprouvent également les pires difficultés à s’accorder. Mais ce n’est pas grave car l’important est de permettre aux lecteurs débutants d’avoir un panorama des littératures de l’imaginaire.

Tout d’abord, Apophis distingue science-fiction, fantastique et fantasy en utilisant la « parabole du chat » pour expliquer clairement aux néophytes ce que sont ces genres majeurs de l’imaginaire. Jusque là tout est simple et abordable par tous.

La suite se montre plus pointue et s’adresse davantage aux connaisseurs ou à ceux qui souhaitent élargir leur horizon. On explore ainsi les différentes branches de la fantasy (high, heroic, grim,…), de la SF (militaire, anticipation, space opera, etc.). On aborde aussi les récents développements de la Fantasy qui viennent (enfin !) mettre un peu de nouveauté dans un genre dominé par le médiéval fantastique d’inspiration européenne en situant leur intrigue dans des époques différentes (renaissance par exemple) ou dans des contrées peu communes (Afrique, Inde,…réelle ou fantasmée voire imaginaire).

Les innombrables dérivés du « punk » littéraire sont évidemment couverts : l’ancêtre cyberpunk, le très riche et populaire steampunk, les émergeants biopunk, nanopunk, solarpunk, etc.

A chaque fois Apophis aborde le sous-genre en donnant ses principales caractéristiques : sciences dures vs sciences molles, complexité des personnages, richesses de l’écriture, ancrage spatio temporel, etc.

Tout cela donne parfois l’impression de vouloir couper les cheveux en quatre (ce n’est pas la faute de l’auteur mais bien des romanciers eux-mêmes souvent contents de catégoriser leur œuvre dans un nouveau sous-genre dont ils seraient l’unique représentant…comme le superbe EMPIRE ELECTRIQUE qui se définit comme « Voltapunk ») mais les listes de lecture proposées s’avèrent bien pratiques. D’une part elles aident à situer un sous-genre en proposant des titres connus et, d’autres part, elles offrent une multitude de pistes de lecture pour ceuw qui souhaitent approfondir la « fantasy à mousquets inspirées des TROIS MOUSQUETAIRES » ou « la science-fiction de terre mourante ».

En résumé un guide pratique, complet, ludique et gratuit…Que demander de plus ?

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 29 Juillet 2019

LE GUIDE DE L'UCHRONIE de Bertrand Campeis & Karine Gobled

L’uchronie est il un genre en tant que tel ou une variante de la science-fiction ? En tout cas il connait actuellement un regain de popularité, ne serait-ce que par son versant steampunk. Mais il existe depuis l’Antiquité et depuis que des Hommes se sont demandé ce qui se serait passé « si… ». A ce petit jeu on connait les classiques : « et si l’Empire romain n’était pas tombé », « et si la peste avait décimé entièrement l’Europe » et, forcément, la tarte à la crème du genre, le fameux « et si Hitler avait gagné la guerre ».

Nous avons droit, avec ce guide simple et pratique, a une partie théorique qui tente d’expliquer les caractéristiques du genre et revient sur les divers points de divergence entre notre Histoire officielle et celle, officieuse, que l’on trouve dans les romans uchroniques. L’auteur détaille aussi différentes variantes comme l’uchronie personnelle, l’uchronie dans les œuvres de fiction (on se souvient des comics Marvel « Et si… »), l’histoire alternative, etc. Tout cela se trouve enrichi de nombreux entretiens pertinents avec des écrivains (Silverberg, Jo Walton, Richard D. Nolane, etc.), des historiens, etc.

Evidemment le gros morceau de ce guide consiste en une longue liste de romans et nouvelles qui tournent autour de l’uchronie. On y trouvera à boire et à manger mais, à chaque fois, le bouquin est présenté en quelques lignes suivi d’un avis et de pistes de lecture supplémentaires ce qui permet de se constituer des « Pile A Lire ». Alors non, tout n’y est pas. Mais il y a suffisamment d’idées lectures pour occuper un gros lecteur pendant de très nombreuses soirées et, à moins d’être un incollable absolu, le GUIDE donne la possibilité de combler ses lacunes, de découvrir des classiques et d’emprunter quelques chemins de traverse à travers des titres moins connus.

Ces petits guides ne visent jamais à l’exhaustivité mais se veulent un parcours global qui envisage un sujet sous ses différentes formes donc inutile de râler car tel jeu, tel série, tel BD, n’y figure pas. Les auteurs n’ont aucune prétention encyclopédique : en moins de 400 pages ce serait absolument impossible. Si la littéraire se taille la part du lion il est toutefois agréable de voir figurer le manga, la musique, les comics, les jeux de rôles et de plateau, le cinéma, les séries télévisées, etc. Certes de manière succincte mais cela ouvre déjà suffisamment de pistes pour occuper le curieux pendant de longues années. Bref, pari gagné pour ce GUIDE DE L’UCHRONIE.

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Uchronie, #science-fiction, #Guide

Repost0

Publié le 28 Juin 2019

ALTERNATIVE ROCK (collectif)

Ce recueil de cinq nouvelles constitue une version actualisée du précédent ROCK & ROLL ALTITUDE. Trois récits sont communs mais ALTERNATIVE ROCK en ajoute deux autres, signés Stephen Baxter et Ian R. McLeod. Ce qui rend le voyage plus cohérent thématiquement puisqu’il débute et se termine avec les Fab Four.

Stephen Baxter, avec le « 12ème album » quitte la hard science pour la spéculation uchronique : dans un univers parallèle les Beatles ne se sont pas séparés après « let it be » mais ont proposé un douzième album que deux fans de musique écoutent religieusement dans un gigantesque transatlantique qui, lui non plus, n’a pas connu un sort sinistre. Une vingtaine de pages érudites, amusantes et référentielles.

On poursuit avec « en tournée » du trio Jack M. Dann, Gardner Dozois et Michael Swanwick originellement parue dans Penthouse en 1981. On y découvre une étrange ville ayant organisé un concert dans lequel se succèdent Elvis, Buddy Holly et Janis Joplin. Un thème proche du futur « Un groupe d’enfer » de Stephen King.

« Elvis le rouge » constitue une autre uchronie signée Walter Jon Williams au sujet d’un célèbre chanteur qui refuse d’intégrer l’armée, fuit en Europe, se fait oublier, devient l’idole de la nouvelle génération (Beatles, Stones,…) et finit par adhérer au Parti avant de devenir militant gauchiste et de rencontrer Luther King à Memphis. Un texte très réussi jusqu’à sa conclusion un peu attendue mais cependant efficace.

Le célèbre « Un chanteur mort » de Michael Moorcock fut déjà maintes fois publié : dans Rock&Folk, dans le LIVRE D’OR consacré à l’écrivain, dans l’anthologie GALAXIES INTERIEURES et dans le recueil DEJEUNER D’AFFAIRE AVEC L’ANTECHRIST. Le chanteur mort en question c’est le messianique Jimi Hendrix témoin de la mort de l’utopie flower power dans un récit intéressant mais que l’on eut aimé voir davantage développé.

Enfin, Ian R. McLeod propose « Snodgrass » au sujet d’un John Lennon quincagénaire et aigri ayant quitté les Beatles après un désaccord avec leur producteur qui refusent qu’ils enregistrent « Love me do ». Stuart Sutcliffe, pour sa part, n’a pas quitté le groupe (et n’est pas mort) et, trente ans après leurs premiers succès, les Beatles (groupe célèbre mais loin d’être incontournable « c’est pas les Stones ») continuent à attirer les foules avec leur « greatest hits tour ». L’occasion pour un John Lennon chômeur et sans avenir d’aller assister à leur concert. Un récit agréable, plutôt bien imaginé, avec forcément pas mal de références musicales, mais qui se termine un peu en queue de poisson.

Homogène en qualité (toutes les nouvelles sont bonnes même si aucune ne se révèlent exceptionnelles) et en longueurs (une trentaine de pages environ, excepté celle de Ian R. McLeod deux fois plus longue) et agrémentées de notes explicatives et instructives, voici cinq récits d’uchronie rock & roll savoureux à déguster sans modération.

 

Voir les commentaires

Rédigé par hellrick

Publié dans #Fantastique, #Recueil de nouvelles, #Uchronie, #science-fiction

Repost0

Publié le 20 Juin 2019

HPL / CELUI QUI BAVE ET QUI GLOUGLOUTE de Roland C. Wagner

Ce petit recueil comprend deux textes de Roland C. Wagner. Le premier, « HPL », se veut la biographie fictive et uchronique de Lovecraft, lequel vient de décéder à l’âge respectable de 101 ans. Wagner nous dresse donc un résumé de la carrière et de la vie de cet HPL (1890-1991), ses romans les plus célèbres, ses revirement politiques, etc. En une petite trentaine de pages (auquel s’ajoute la version traduite en anglais), Wagner réussit son pari d’offrir au reclus un hommage facétieux, distancié mais respectueux récompensé par le prix Rosny Ainé de la meilleure nouvelle en 1997.

On enchaine avec une novella jadis éditée chez Les Trois Souhaits (et précédemment dans le recueil FUTURS ANTERIEURS), « celui qui bâve et qui glougloute », un texte purement steampunk débridé avec toutes les caractéristiques du genre : univers foisonnant, aspect fun, intertextualité assumée, etc. On y croise Nat Pinkerton, Jesse James, le chasseur de prime Kit Carson, Calamity Jane, les Dalton, Buffalo Bill, etc. L’intrigue ? Les Indiens reçoivent l’aide inattendue de créatures venues d’ailleurs dans leur lutte contre les Visages Pâles. Du coup ça défouraille dans l’Ouest et on y cherche le Necronomicon (à ne lire que défoncé à l’opium sous peine de perdre la raison) pour contrer cette invasion déjantée. On s’amuse beaucoup durant ces 90 pages menées tambour battant (et on aurait aimé que Wagner développe cet univers sur un roman entier…hélas ce n’est plus possible aujourd’hui).

Bref, voici deux hommages semi parodiques réjouissants à lire d’une traite et compléter par une courte interview d’époque avec l’auteur qui explique sa démarche. Recommandé.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 14 Avril 2019

UN COUP DE TONNERRE ET AUTRES RECITS SUR LE TEMPS de Ray Bradbury, Octave Beliard et Poul Anderson

Voici un petit recueil facile à lire destiné aux plus jeunes mais également à ceux qui désirent parfaire leurs connaissances de la science-fiction. Trois nouvelles, quelques articles annexes, 150 pages de pur plaisir puisqu’on y trouve deux récits aujourd’hui considérés comme des chefs d’œuvres absolus de la SF. Que demandez de plus ?

Classique du récit de voyage dans le temps et d’Histoire alternée, « Un coup de tonnerre » illustre la fameuse théorie voulant que le battement d’aile d’un papillon puisse déclencher un ouragan. Sauf qu’ici le papillon en question a été écrasé par un voyageur temporel imprudent et les conséquences ne se feront sentir que plusieurs millions d’années plus tard.

« Un passé merveilleux » constitue une véritable curiosité, sorte d’hommage explicite à LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS écrit en 1909 par le Français Octave Beliard et précédemment publié sous le titre des « Aventures d’un voyageur qui explora le temps ». C’est une plaisante nouvelle d’une trentaine de pages, encore très sympathique à lire plus d’un siècle après sa rédaction en dépit d’une chute qui semble à présent convenue. N’empêche, à l’époque, elle devait produire son petit effet et reste suffisamment bien amenée et maitrisée pour fonctionner.

« La patrouille du temps » termine ce petit recueil de 150 pages. C’est évidemment un immense classique, publié et republié maintes et maintes fois dont, dernièrement, dans deux copieux Omnibus qui, en deux tomes, compilent tous les récits (romans et nouvelles) de Poul Anderson consacrés à ces gardiens temporels. La longue nouvelle incluse ici nous montre la première apparition de cette patrouille du temps chargée de veiller à ce que l’Histoire reste sur ses rails. Un thème à présent éculé mais Anderson fut un des premiers à en codifier tous les aspects et à en explorer tous les paradoxes. Notons d’ailleurs qu’Anderson s’oppose à Bradbury (du moins sur le papier) : là où le second défend la thèse du battement d’aile du papillon pouvant infléchir le continuum, le premier professe la relative malléabilité du temps : supprimer une seule personne, y compris un homme politique, ne provoquerait pas de grands remous temporels puisque le continuum rétablirait de lui-même l’équilibre. Néanmoins il est parfois nécessaire d’agir pour éviter des changements trop importants ou imprévus et c’est là qu’apparait la fameuse patrouille. Un récit aujourd’hui très classique (de Bob Morane à « Timecop » en passant par des séries comme « Au cœur du temps », « Continuum » ou « Doctor Who » le sujet a souvent resservi) mais toujours très plaisant et plein de rebondissements.

Ce petit recueil agréable et équilibré (les trois textes sont réussis et adoptent un point de vue différent sur les possibles manipulations temporelles) se complète d’une série de courts articles sur le sujet. Recommandé !

Voir les commentaires

Repost0