thriller

Publié le 26 Mai 2017

QUANTUM de Peter Hamilton

L’Anglais Peter Hamilton (né en 1960) s’est fait le spécialiste des space-opéras gigantesques et des récits s’étendant sur des centaines, voire des milliers de pages, comme en témoigne son magnum opus, L’AUBE DE LA NUIT, œuvre fleuve (de plus de six mille pages) divisée en six tomes bien épais et qui serait, de fait, le plus long roman de SF jamais écrit. Hamilton aime les séries et celle de Greg Mandell en constitue une autre, trilogie cyberpunk mêlant science-fiction réaliste, politique fiction et énigme policière. Le premier tome, MINDSTAR, pose les bases d’un univers encore développé dans ce second opus, QUANTUM, situé dans un XXIème siècle dévasté par le réchauffement climatique.

Ancien militaire ayant combattu les djihadistes durant la guerre de Turquie, Greg Mandel travaillait pour la Mindstar, une branche des forces armées britanniques dont les agents disposent de pouvoirs psychiques (empathie, télépathie, préscience, intuition, etc.) augmentés par divers implants neuronaux. L’Angleterre se reconstruit après la période la plus sombre de son histoire : en effet, durant dix ans, le président Armstrong a imposé une infâme dictature socialiste sous l’égide du Parti Socialiste Populaire. Heureusement, aujourd’hui, le parti est tombé suite à un attentat ayant couté la vie à Armstrong. La chute des gauchistes a permis la seconde restauration et l’accession au pouvoir d’un gouvernement capitaliste néo conservateur bien plus apprécié du peuple qui chasse et extermine les derniers sympathisants socialistes. Directrice de la compagnie Event Horizon, la milliardaire Julia Evans fait appel aux services de Mandel pour élucider la mort d’un spécialiste de la physique quantique, Edward Kitchener, vénéré par ses élèves et disciples tel un véritable gourou. Mandel enquête, découvre l’attraction physique exercée par le défunt sur ses étudiantes mais également l’impossibilité apparente de ce crime : personne n’a pu venir de l’extérieur mais tous les suspects semblent innocents, ce que confirment les dons psychiques de Mandel.

QUANTUM est un roman touffu qui brasse de nombreux thèmes (physique quantique, voyages dans le temps, voyages interstellaires, problématique du réchauffement climatique, pouvoirs psy amplifiés par des implants,…) typiques du cyberpunk et qui, associés au contexte politique développé avec une réelle originalité (la suprématie conservatrice et libérale, associé à la toute-puissance des mégacorporations, comme solution après dix ans de tyrannie socialiste), offrent un background fouillé et intéressant à une énigme policière assez classique dans l’esprit des romans de l’âge d’or. Nous ne sommes pas loin des « cosy murder » et des « country house mystery » avec cette investigation menée par un enquêteur perspicace devant élucider le meurtre impossible d’un savant retranché dans un lieu isolé. Pour coller à son époque, l’auteur recourt néanmoins à la technologie et ajoute à son énigme une bonne rasade d’action, en particuliers durant les cent dernières pages, créant ainsi un hybride, ma foi fort efficace, entre le policier d’énigme, le polar hard boiled et la science-fiction politisée.

Certes, on peut regretter quelques longueurs (le bouquin fait quand même 540 pages, à peine une nouvelle selon les standards de son auteur mais un pavé pour la plupart des écrivains de SF), des digressions parfois un brin ennuyeuses ou exagérément étirées (était-il nécessaire de consacrer autant de pages à l’opposition entre la milliardaire Julia Evans et la présentatrice télé qui se moque de ses tenues ?) mais, dans l’ensemble, QUANTUM reste un divertissement bien mené, prenant et réussi dans lequel on ne s’ennuie pas.

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Publié le 24 Avril 2017

TEMPETE POLAIRE de Clive Cussler et Paul Kamprecos

 

Auteur américain, Clive Cussler crée au début des années 70 le personnage de Dirk Pitt, aventurier baroudeur employé par la Numa (l’Agence nationale américaine marine et sous-marine). Série phare du romancier (nous en sommes actuellement à 24 romans), la saga prend de l’ampleur, passant au fil des ans de romans d’aventures maritimes à des techno-thrillers spectaculaires, équivalents littéraires des James Bond cinématographiques mâtinés d’Indiana Jones. A l’orée du vingt-et-unième siècle (Cussler ayant alors 70 ans), il s’associe avec une poignée d’auteurs pour proposer des spin-off basés sur d’autres héros, eux-aussi affiliés à la Numa, comme Kurt Austin ou Juan Cabrillo, lesquels ont à présent vécus une douzaine d’aventures autonomes. Dans la plupart d’entre-elles la menace se fait mondiale et implique souvent un grand méchant mégalomane là aussi fortement influencé par les antagonistes de l’agent 007.

Pour sa sixième apparition (écrite en 2005), Kurt Austin apprend qu’un riche businessman associé à un groupuscule anarchiste radical, les Fils de Lucifer, s’apprête à utiliser les théories d’un génial savant, Lazlo Kovaks (disciple du fameux Nikola Tesla), pour provoquer une inversion des pôles (à la manière du film 2012). Une catastrophe qui, une fois déclenchée, pourrait entrainer la fin du monde. Austin et les autres membres de la Numa

Reprenant une formule à présent bien rodée (un prologue historique, ici situé durant la Seconde Guerre Mondiale, des chapitres courts avec nombreux cliffhangers), TEMPETE POLAIRE n’en dévie pas un instant: le héros sauve le monde, tombe la demoiselle (intelligente, intrépide et « aussi belle que la plus belle des top-modèles ») et les méchants sont punis (le final avec sa catastrophe avortée semble d’ailleurs un rien précipité).

L’écriture, pour sa part, est professionnelle, alerte et adopte les techniques classiques du bestseller d’action avec ses personnages nombreux, ses sous-intrigues farfelues (dont la découverte d’une espèce de mammouth nains ayant survécus jusqu’à notre époque dans une cité préhistorique souterraine) et ses chapitres courts (souvent en dessous de dix pages) qui relancent l’intérêt. On peut se demander quelle est la part réelle de Cussler à ce roman (comme à tous ceux écrits en « collaboration ») quoique son nom soit écrit en caractères beaucoup plus gros que celui de Paul Kamprecos, sans doute le véritable auteur.

L’ensemble, entre aventures, science-fiction, récit catastrophe et « espionnage » tient en haleine mais manque un peu d’originalité pour réellement passionner.  Cela reste un bon divertissement typique du style Cussler, capable de plaire aux fans avec ses clins d’œil et « caméos » bien amenés (Dirk Pitt effectue une apparition en fin de récit) sans toutefois totalement les combler. L’aspect répétitif des schémas narratif apparait en effet dans les bouquins publiés depuis le début du XXIème siècle et on n’y retrouve pas l’invention constante des meilleurs Cussler (comme CYCLOPE ou SAHARA).

Toutefois, malgré ces réserves, TEMPETE POLAIRE reste un bon « blockbuster littéraire » qui ne laisse guère le temps de souffler à son lecteur emporté dans une série d’aventures échevelées, entre tourmente océanique et gigantesques vagues scélérates (un phénomène naturel rare mais authentique) menaçant d’engloutir la terre entière.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #Technothriller, #Aventures, #Clive Cussler

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Publié le 21 Avril 2017

DRAGON de Thomas Day

Ayant déjà plus d’une dizaine de romans et pratiquement autant de recueils de nouvelles à son actif, l’excellent Thomas Day inaugure la collection « Une heure lumière » chez Le Belial consacrée à des romans courts (ou novellas comme disent les anglophones) destinés à être lus d’une traite, peut-être pas en une heure mais en une petite soirée. DRAGON compte donc 150 pages bien tassées et évite de se disperser pour proposer un thriller horrifique bien mené.

Nous sommes dans une anticipation proche, à Bangkok. Une dizaine d’années dans l’avenir. Le système politique a changé et, suite à des bouleversements climatiques, la ville est en partie inondée ce qui oblige de s’y déplacer grâce à des jetski. C’est là que surgit un tueur en série surnommé le Dragon. Son but est de débarrasser la Thaïlande des pédophiles, lesquels sont toujours aussi nombreux et protégés par des autorités qui ferment les yeux devant ce lucratif tourisme sexuel. Dragon en massacre donc quelques-uns dans un bordel spécialisé dans la prostitution enfantine, attirant l’attention de Susan, une militante d’une ONG anti-pédophilie. Les forces de l’ordre, de leur côté, confient l’enquête à Tann Ruedpokanon (surnommé Red Pokemon), un inspecteur gay venant de rompre avec Pearl, son / sa petit(e) ami(e) Ladyboy désireux d’être opéré(e). Pour les supérieurs de Tann, la mission est simple et claire : trouver Dragon et le supprimer, sans faire de vagues et sans procès. Bangkok style.

Comme toujours (on pense en particulier à son éprouvant recueil WOMEN IN CHAINS), Day ne lésine pas sur le sordide pour secouer le lecteur, pointant du doigt aussi bien la corruption généralisée permettant à la prostitution enfantine de se développer que les particularités culturelles de l’Asie du Sud-Est qui, pendant des siècles, a admis et même encouragé la pédophilie. Le style de Day reste, pour sa part, percutant, fait de courts chapitres écrits de manière brut, voire brutal, comme en témoigne la scène très gore au cours de laquelle Dragon émascule un policier pédophile.

Si le lecteur se range volontiers dans le camp du tueur en série justicier (dont on nous dévoile la jeunesse traumatisante), Day prend une certaine distance avec les actes commis : la responsable d’ONG qui suggère tout d’abord de lui donner une médaille finit par lui déclarer « vous n’êtes pas la solution ». Qu’importe, Dragon poursuivra sa mission d’extermination…

Contrairement à la plupart des romans de Day, les éléments science-fictionnels et d’anticipation sont, eux, relégués à l’arrière-plan (puisque ce qui se passe en Thaïlande n’intéresse pas le monde, plus soucieux des événements qui se déroulent en Europe… mais dont on ne saura rien) tandis que le fantastique se veut discret avec cette métaphore (?) du dragon vengeur qui possède les hommes pour accomplir sa mission. On eut aimé que Day s’attarde davantage sur la relation unissant l’enquêteur à son ladyboy (un sujet rarement abordé en littérature) mais on apprécie la concision dont il fait preuve pour délivrer un court roman qu’il m’a dédicacé en ses mots : « ça va aller vite, ça va cogner fort et nul n’en sortira indemne ». Un parfait résumé de ce DRAGON pas spécialement plaisant (vu le sujet on s’y attendait) qui se lit sans répit jusqu’à sa conclusion légèrement attendue mais implacable. Et si beaucoup de romans délaient inutilement l’action, on se dit que, dans le cas de Day, une cinquantaine de pages supplémentaires n’auraient pas été de refus pour développer davantage la psychologie du personnage principal ou l’arrière-plan politique (fiction) de cette Thaïlande inondée et pluvieuse. Malgré ces légères réserves DRAGON constitue (encore !) une belle réussite de la part d’un des meilleurs auteurs francophones actuels des littératures de l’imaginaire.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #anticipation, #Thriller

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