thriller

Publié le 13 Novembre 2017

CLONE CONNEXION de Christophe Lambert

Dans un futur proche seuls les déclassés de la technologie continueront à surfer sur l’Internet. Le vrai réseau c’est l’Intersphère, créé par la société Amalgam, un champ d’énergie invisible qui ceinture la terre et où circulent les données. Pour en bénéficier, il faut posséder une connexion cérébrale, autrement dit être un « plugged ». Cependant, l’accès à cette Intersphère nécessite l’intervention d’humains aux capacités spéciales, les connecteurs. L’un d’entre eux, Frédéric Lorca, se voit engager par Amalgam et mène rapidement la grande vie, passant son temps de travail dans un caisson d’isolement et son temps libre auprès de la Jet set. Mais Lorca découvre qu’Amagalm dissimule bien des secrets : contacté par une jeune femme appartenant à une brigade de contrôle éthique, notre héros réalise qu’il est peut-être un clone. Pour en avoir le cœur net, il s’enfuit vers l’Ecosse en compagnie d’une employée d’Amalgam, Sarah Klein. Son objectif ? Demander des comptes au grand patron, Willy Van der Braden, vivant reclus dans son castel des Highlands en véritable Maitre du Haut Château…

Christophe Lambert propose ici un avenir crédible où la fracture technologique s’est élargie au point qu’elle divise l’humanité en deux : d’un côté les « plugged » capables de surfer sur l’Intersphère, de l’autre les laisser pour compte « unplugged » condamnés à la lenteur exaspérante de l’Internet. Si les nantis semblent mener une vie agréable, le monde a poursuivi sa décrépitude : la pollution s’est accrue (les eaux de la Seine sont à ce point polluées qu’y plonger vous tue en quelques secondes), les animaux ont mutés, le tunnel sous la Manche a été détruit par un attentat,… Les véritables dirigeants ne sont plus les hommes politiques mais les patrons de multinationales, à l’image de Van der Braden, mélange (assumé) entre Bill Gates et Ozymandias (des Watchmen). Ce-dernier veut le bien du peuple mais à n’importe quel prix,  ce qui le conduit à transgresser les lois et à se lancer dans le clonage humain, pourtant interdit.

Voici une nouvelle réussite de Lambert dans le domaine de la littérature jeunesse (quoique les adultes y trouveront, eux aussi, largement leur compte) : un mélange de suspense, d’aventures et de questionnements éthiques et philosophiques. Ceux-ci sont dispensés avec efficacité, sans jamais ralentir le rythme de cette course poursuite dans les Highlands. L’auteur se permet également quelques clins d’œil envers son lectorat plus âgés, notamment à son homologue « qui fut acteur au siècle dernier ». Car, comme souvent, Lambert ponctue le récit de références discrètes (Star Wars, le cinéma de Spielberg, etc.). On sent aussi, plus nettement, l’influence de Philip K. Dick et cette intrigue renvoie aux questionnements du Blade Runner Rick Deckard sur sa propre humanité mais aussi, plus généralement, aux intrigues de Dick basées sur des faux semblants et une réalité toujours quelque peu fluctuante. L’interrogation finale du héros en témoigne d’ailleurs : à qui peut on se fier ?  Qui est réellement humain ?

Contrairement à de nombreux romans de SF très épais mais vides, CLONE CONNEXION est un roman aussi court (200 pages) que riche et passionnant. A lire ou relire d’urgence !

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Publié le 20 Octobre 2017

ORIGINE de Dan Brown

ORIGINES constitue la cinquième aventure du professeur de symbologie Robert Langdon, à nouveau embarqué dans une énigme qui menace la stabilité mondiale. Crée en l’an 2000 dans l’efficace ANGES & DEMONS, Langdon acquiert la célébrité suite au triomphe inimaginable de DA VINCI CODE, vendu à ce jour à 86 millions d’exemplaires. Ces deux romans furent adaptés avec succès au grand écran. Par la suite, Dan Brown poursuivit la saga avec LE SYMBOLE PERDU et INFERNO (lui aussi adapté pour le cinéma mais sans guère de réussite au box-office).

Cette cinquième livraison reprend une formule à présent balisée : un « prégénérique » intriguant puis l’introduction de Langdon, à nouveau confronté au mystère. Un de ses anciens étudiant, Edmond Kirsch, a, en effet, rencontré trois délégués du « Parlement des religions » (un rabbin, un archevêque et un imam) pour leur annoncer que ses découvertes allaient remettre en question les fondements de leurs croyances. Athée convaincu, expert futurologue et milliardaire des nouvelles technologies, Kirsch organise, trois jours plus tard, une réunion au musée Guggenheim de Bilbao à laquelle est convié son vieux professeur Robert Langdon. Kirsch promet d’apporter une réponse aux deux questions fondamentales de l’Humanité : « d’où venons-nous et où allons-nous » ce qui, selon lui, conduira inévitablement à la fin des trois grands monothéismes. Mais, avant qu’il ait pu annoncer sa découverte, Kirsch est abattu par un ancien amiral espagnol. Et voici Langdon, accompagné d’Ambra, la directrice du musée (et accessoirement future reine d’Espagne), lancé sur la piste du mot de passe qui permet d’accéder aux découvertes de son élève. Pour l’aider, il peut compter sur Winston, une intelligence artificielle dernier cri, sorte de « Siri ultra améliorée ».

Construit sur la recette familière de l’auteur (et qui, malheureusement, se voit appliquée dans les trois quarts des techno thrillers actuels), ORIGINE est avant tout une course poursuite, pas si éloignée des films d’Hitchcock dans lesquels un quidam se voyait embarqué dans une affaire d’envergure mondiale au risque d’y laisser la vie. Les grandes révélations théologiques tiennent donc lieu de McGuffin et permettent de dérouler un suspense mené à cent à l’heure entrecoupé des habituelles – mais plutôt réussies – digressions de l’auteur sur les religions, l’intelligence artificielle ou l’art contemporain (qu’il ne semble guère apprécié).

Bien sûr, Dan Brown ne serait pas Dan Brown s’il ne recourait pas aux ficelles des sectes, des assassins illuminés croyant servir une juste cause et des collusions entre les différences instances du pouvoir, notamment la religion et la politique. Ici, l’écrivain s’intéresse à une dissidence de l’Eglise catholique lancée en 1978, l’église palmarienne. Son fondateur, proclamé pape sous le nom de Grégoire XVII, récuse l’autorité du Pontife romain et professe une doctrine ultra conservatrice. Par la suite, la secte canonise de nombreuses personnalités (dont Franco). Le roman insiste sur l’oppression exercée à l’encontre des fidèles, le refus des adeptes de « tendre l’autre joue » pour proclamer la loi du talion et l’ambition de mener une guerre sainte totale contre les ennemis du Christ.

L’auteur joue aussi les guides touristiques, notamment à Barcelone, sur les traces de Gaudi avec sa Casa Mila et sa Sagrada Familia. Le roman se voit d’ailleurs rattrapé par l’actualité puisqu’il décrit une Espagne souffrant d’instabilité politique qui s’interroge sur l’abandon de la monarchie. De plus un des personnages a vu sa famille décimée par un attentat anti-chrétien et décide de réagir en menant se propre guerre sainte.

Pour le reste, les grandes révélations annoncées par le héros martyrisé pourraient-elles réellement mettre à bas les religions ? Peu crédible puisque la foi, par définition, est personnelle. Les religions ont toujours réussi à s’adapter, intégrant les découvertes successives pour continuer d’exister en opérant un subtil jeu d’équilibre entre croyance et science. La révélation finale, un peu longuette et fort verbeuse (l’auteur semble vouloir tout expliciter pour ne pas lâcher son lecteur), n’est finalement pas si extraordinaire que ça et on voit mal ce qui empêcherait les religions de rebondir et de continuer à prospérer. Si Brown semble croire au triomphe prochain de la raison et de l’athéisme sur le fondamentalisme religieux l’actualité parait pourtant le démentir. Qu’importe, l’essentiel réside, une fois de plus, dans la capacité d’émerveillement procuré par l’auteur, souvent dénigré et pourtant doté d’un solide métier dans l’art du divertissement et du « page turner ». Une fois de plus, toutes les informations sont d’ailleurs présentées comme authentiques et Brown enrichit la narration d’extraits d’un site web (fictif) conspirationniste afin de relancer l’intérêt.

Bien sûr, Langdon lui-même reste toujours schématique et stéréotypé : son implication véritable est minime, il se contente de courir d’un coin à l’autre de l’Espagne, visite des lieux emblématiques et déchiffre des énigmes. Mais Brown a parfois le sens de la formule : lorsque l’emballement médiatique atteint son plus haut niveau et que l’affaire est suivie par deux cent millions de curieux, il déclare « le reste du globe est devenu le studio d’une émission de téléréalité ».

Comme dans les précédents romans de l’écrivain, le grand jeu de piste finit toutefois par lasser le lecteur, embarqué dans une énième chasse au trésor qui retarde au maximum les révélations attendues depuis les premières pages. Mais on pardonnera ce bémol car, si les recettes sont connues (chapitres très courts, cliffhangers nombreux, retournements de situation, alternance de point de vue), elles demeurent mitonnées avec une efficacité éprouvée qui place Brown, que l’on le veuille ou non, dans le peloton de tête des auteurs de thrillers politico-ésotérico-anticipatifs actuels.

Au final, un bon divertissement.

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Publié le 13 Octobre 2017

L'EXECUTEUR: PLUIE DE COKE A OCEAN BEACH de Frank Dopkine

Si la série de l’Exécuteur fut lancée par Don Pendleton à la fin des années ’60, elle fut poursuivie par la suite par de nombreux auteurs américains restés anonymes, du moins sur la couverture des livres puisque les fans les ont, aujourd’hui, identifiés pour la plupart.

Les choses se compliquent lorsque la série, publiée chez Gérard de Villiers, évolue vers l’aventure guerrière et s’éloigne de ses fondamentaux (une période désignée sous le terme de « guerre à la mafia »). Selon les rumeurs, de Villiers ne souhaite pas voir l’Exécuteur emprunter cette voie, qu’il juge concurrentiel pour son propre SAS.

Quoiqu’il en soit, l’Exécuteur cesse d’être traduit pour être « adapté ». Autrement dit, la plupart des romans soi-disant « traduits » sont, en réalité, directement écrits par des Français, toujours sans les signer. A l’époque, le « roman de gare » se trouve déjà en perte de vitesse et les ventes diminuent, ce qui n’empêche pas la série de se poursuivre de longues années. Elle compte plus de 300 bouquins en français et se poursuit toujours aux Etats-Unis où, en comptant les spin-off, elle approche du millier de livres consacrés à Mack Bolan et ses alliés.

Outre Gérard Cambri (connu pour son coup de gueule contre l’éditeur), Frank Dopkine, vieux routier de la littérature populaire croisés à la Brigandine, fut un des pourvoyeurs de ces romans « Exécuteur » officiellement toujours attribués à un Don Pendleton pourtant décédé.

PLUIE DE COKE A OCEAN BEACH revient donc au classique affrontement de l’implacable Mack Bolan contre la Mafia. Cependant, le Guerrier (ou la Grande Pute comme le surnomme affectueusement les » pourris ») y a un temps de présence plus restreint que de coutume. Voici, en effet, Bolan embarqué, une fois de plus, dans une guerre de gangs, les anciens mafiosi se voyant dessouder par de nouveaux venus aux dents longues. Le tout se déroule dans le milieu du surf, avec les habituels passages d’action, les explosions de bateaux, les enlèvements et autres tortures.

Tout cela est certes convenu mais donne au lecteur ce qu’il est venu chercher, à savoir une bonne dose d’action et de violences plutôt agréablement troussée (pour ce genre de bouquin). Ce n’est certes pas de la grande littérature mais l’écriture est efficace et l’intrigue un peu plus solide que les sempiternels massacre de mafieux auquel l’Exécuteur nous a habitué.

Les amateurs de ce justicier impitoyable passeront donc un bon moment sous cette PLUIE DE COKE plutôt plaisante.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Roman de gare, #Thriller, #Gérard de Villiers, #Exécuteur

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Publié le 11 Octobre 2017

T-REX de Douglas Preston

Prologue. 1972. L’expédition Apollo 17 ramène de la lune des échantillons de roche qui finissent par disparaitre, mystérieusement « égarés ». Trois décennies plus tard, Marston Weathers est abattu, au Nouveau Mexique, par un tueur à gages, Jimson Maddox. Avant de mourir, l’agonisant confie à un certain Tom Broadbent un carnet, rédigé en code, qu’il destine à sa fille, Robbie. N’ayant guère confiance dans la police, Tom s’adresse à un personnage improbable comme il n’en existe que dans les romans : Wyman Ford, ancien expert en décryptage de codes secrets reconverti moine dans un monastère perdu. Mais Maddox cherche, lui aussi, à mettre la main sur le fameux carnet.

Spécialiste du techno-thriller, Douglas Preston est fréquemment associé à Lincoln Child, notamment pour la très réussie série consacrée à Pendergast. Il a également écrit, seul, une poignée de romans dans un style similaire et qui démontrent son solide métier de « page turner ». Les chapitres sont très courts (généralement 3 ou 4 pages) et donc fort nombreux (une centaine pour un total de 500 pages) : ils nous baladent avec une science éprouvée entre les principaux protagonistes, tous assez peu vraisemblables mais bien typés. Tom Broadbent, apparu dans CODEX, le précédent bouquin de Preston rassemble ainsi toutes les qualités du pur héros de roman, aussi riche qu’honnête, prêt à tout risquer pour tenir la promesse faite à un inconnu agonisant. Jimson Maddox est un tueur à gages sadique traditionnel qui ne tarde pas à enlever l’épouse du héros, bien décidé à la violer. Le moine ancien de la CIA, Wyman Ford, aussi original que peu crédible, reviendra dans plusieurs romans ultérieurs de Preston. Nous trouvons également l’assistante en mal de reconnaissance d’un paléontologue et un scientifique désireux de s’emparer du squelette d’un tyrannosaure.

Le roman alterne donc les points de vue des protagonistes afin de maintenir l’intérêt et l’auteur n’hésite pas à proposer de nombreux (petits) cliffhangers qui relancent régulièrement la machine. Pourtant, le tout ne parait pas franchement original : T-REX s’inscrit dans la tradition du techno-thriller littéraire à grand spectacle qui mélange joyeusement aventures et action avec une pointe d’espionnage et une dose de science-fiction. Un style popularisé, entre autre, par Clive Cussler, Michael Crichton ou Tom Clancy et depuis repris par bien des auteurs américains, Dan Brown en tête. Preston accommode efficacement sa tambouille sans éviter les nombreux clichés.  Malgré la couverture et l’accroche prometteuse (« mort il y a soixante-cinq millions d’années il peut encore tuer ») qui annonçait une sorte de JURASSIC PARK le lecteur ne verra jamais le tyrannosaure en action, il faudra se contenter de son squelette. On peut donc avoir l’impression de s’être fait avoir jusqu’à l’os, d’autant que les descriptions de l’animal régulièrement dispensées par l’auteur tiennent finalement de l’anecdote et n’auront aucune incidence sur l’intrigue.

La courte poursuite voulue haletante, l’intervention de militaires au service du gouvernement désireux d’étouffer l’affaire, la révélation finale, l’enlèvement de l’héroïne,…Rien de bien neuf, que du déjà lu et relu avec néanmoins une impression générale d’efficacité : T-REX se lit donc très rapidement mais ne peut échapper au syndrome de la grenouille se prenant pour le bœuf. Autrement dit, tout cela ressemble fort à un de ses petits bouquins de gare qui pullulait dans les années ‘70 et ‘80 sauf qu’ici l’auteur se prend davantage au sérieux et s’étend sur 500 pages (au lieu de 200) pour boucler son intrigue. De plus, à force de surenchère dans le dernier acte la crédibilité, déjà entamée, en prend un coup et les personnages sont définitivement trop stéréotypés et manichéens pour que l’on puisse douter une seule seconde de la fin.

Bref, T-REX s’impose comme un divertissement correct (quoique longuet) mais qui manque vraiment d’originalité, de suspense ou même d’une certaine hargne tant l’ensemble prend soin de rester très grand public, y compris lors des scènes violentes.

Si le livre « fait le job », il ne peut prétendre dépasser la moyenne des (trop nombreux) bouquins d’aventures de ce style.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #science-fiction, #Aventures, #Thriller, #Technothriller, #Douglas Preston

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Publié le 22 Septembre 2017

LE MERCENAIRE - LA LOI DU SILENCE d'Axel Kilgore (Jerry Ahern)

Jerry Ahern (1946 – 2012), surtout connu pour avoir lancé la saga du SURVIVANT et, par conséquent, toute une littérature post apocalyptique et survivaliste, a également publié, sous le génial pseudonyme d’Axel Kilgore, une vingtaine de romans consacrés à Hank Frost, dit le Mercenaire. Ressemblant à un pirate avec son bandeau noir qui lui couvre l’œil, Frost n’est ni aussi impitoyable que l’Exécuteur ni aussi drôle que l’Implacable mais on sent Kilgore sous l’influence de ces séries à succès.

Dans cette septième aventure, Hank Frost doit protéger une jeune femme ayant décidé de témoigner contre des grands pontes de la Mafia. Evidemment, cela va lui attirer de nombreux ennuis et Hank devra la protéger de (très) près durant un voyage qui la verra régulièrement menacée par des tueurs pas gentils du tout.

Série plaisante mais assez routinière, LE MERCENAIRE (réédité ensuite sous l’appellation de « Hank le mercenaire ») constitue une classique « men’s adventure ». Autrement dit, le roman est court (un peu plus de 200 pages), rythmé, découpé en brefs chapitres et linéaire.

Cette aventure reprend un schéma des plus convenus qui a déjà servi à de nombreux romans de gare mais également à des kilos de séries B d’action, citons simplement pour le plaisir le trop décrié et pourtant ultra divertissant COBRA. Une demoiselle, forcément jeune et jolie, menacée, un baroudeur chargé de la protéger : dues rebondissements prévisibles (en particuliers les trahisons de l’un ou l’autre), deux ou trois passages érotiques entre la belle et la brute, des scènes d’action violentes, etc.

Rien de bien neuf mais un indéniable savoir-faire dans le registre du roman de gare, vite écrit, vite lu, vite oublié mais plaisant sur le moment. Jerry Ahern possède du métier et ne se fiche pas du public : si le récit est sans surprise (on note pas mal de similitudes avec l’époque « guerre à la mafia » de L’EXECUTEUR) il offre au lecteur exactement ce qu’il est venu chercher, à savoir trois heures de divertissement mêlant avec efficacité sexe et violence.

Pas grand-chose d’autre à dire sur ce roman sans prétention (auquel on peut préférer le plus énergique et original LE COMMANDO DU QUATRIEME REICH dans la même série) mais, dans ce genre de littérature, LE MERCENAIRE reste une valeur sûre. Ces petits bouquins besogneux encombraient jadis les présentoirs des supermarchés mais, aseptisation oblige, ne peuvent plus se dénicher, aujourd’hui, qu’au fond des caisses poussiéreuses des brocantes. Bizarrement, le temps s’est montré clément et ils ont, à présent, gagné un réel charme nostalgique.

Pas indispensable mais, si on cherche un roman « viril » et rondement mené, il y a bien pire que cette LOI DU SILENCE.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Aventures, #Roman de gare, #Thriller, #Gérard de Villiers, #Jerry Ahern

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Publié le 2 Août 2017

TITANIC 2012 de Christophe Lambert

Publié à la fin du XXème siècle puis réédité en 2012 (l’auteur s’en amuse d’ailleurs : d’anticipatif le roman devient le récit d’une Histoire parallèle avant que le temps ne le transforme inévitablement en uchronie), TITANIC 2012 constitue un récit très divertissant inspiré (surprise ?) par la tragédie du Titanic. Cette dernière a nourri bien des œuvres de fiction : en littérature citons l’excellent policier de John Dickson Carr, LE NAUFRAGE DU TITANIC et le « blockbuster » de Clive Cussler RENFLOUEZ LE TITANIC (malheureusement très médiocrement adapté à l’écran). Profitons de cette chronique pour signaler également LES MEURTRES DU TITANIC de Max Allan Collins donnant la vedette à Jacques Futrelle, écrivain américain créateur d’un émule de Sherlock Holmes surnommé « La machine à penser » menant l’enquête sur le Titanic, navire sur lequel Futrelle trouva réellement la mort. Au cinéma, la superproduction de James Cameron et le plus ancien mais minutieux « Atlantique Latitude 41° » de Roy Ward Baker demeurent les longs-métrages de référence.

De son côté, Christophe Lambert imagine un complexe hôtelier construit au fond des eaux, Le Cœur de l’Océan, projet mégalomane du milliardaire Murray Hamilton. Celui-ci a, en partie, restauré l’épave du Titanic et, pour le centenaire du naufrage, convie de nombreux invités dont quelques célébrités comme Leonardo DiCaprio, Stephen King et Stirling Silliphant, âgé de 109 ans et dernier survivant du désastre. Les mesures de sécurité sont, normalement, parfaites et doivent empêcher tout problème lors de l’inauguration. Seule l’océanographe Katherine Wells ne partage pas l’enthousiasme général et soupçonne les responsables de la sécurité d’avoir quelque peu rogné sur le budget, ce qui pourrait entrainer de terribles conséquences lors du passage prochain d’un puissant cyclone. Elle tente de convaincre un agent d’assurance, Paul Lomat, du danger. Mais un tueur à gages est envoyé sur leurs traces. Tout ce petit monde se retrouve au Cœur de l’océan pour la grande soirée d’inauguration…

Ce bon thriller maritime reprend le schéma éprouvé du « cinéma catastrophe » des années ’70 (« L’aventure du Poséidon » vient immédiatement à l’esprit) en débutant par une rapide présentation des protagonistes suivi de leurs vaines tentatives pour éviter le désastre. Le dernier tiers du roman, consacré à la catastrophe proprement dite, accélère le rythme déjà soutenu (une alternance de chapitres courts fort efficaces) jusqu’au final quelque peu inattendu (on eut aimé le voir plus développé) et la confrontation entre les « bons » et les « méchants ». Si le récit est forcément prévisible (une fois encore l’auteur en est pleinement conscient et s’en amuse : pourquoi allez voir un film comme « Titanic » dont tout le monde connait la fin ?), il évite l’écueil de la linéarité en multipliant les points de vue et les personnages. Ces derniers sont intéressants quoique les héros (l’océanographe et l’agent d’assurance auquel on ajoutera le fils du concepteur du complexe aquatique) se révèlent moins intéressants que le tueur à gage fatigué engagé pour les supprimer et tenté par l’accomplissement d’une bonne action susceptible d’effacer sa lourde ardoise. Enfin, le personnage de Silliphant, dernier survivant de la catastrophe pressentant un nouvel accident mais acceptant de participer à cette « mascarade » pour aider son petit-fils, s’avère, lui-aussi, joliment brossé. Là encore on eut apprécié davantage de développement mais cela aurait peut-être nuit à l’implacable avancée d’une intrigue qui ne laisse guère au lecteur le temps de souffler.

De manière ludique, Christophe Lambert ajoute à son roman quelques clins d’œil à destination des initiés. Ainsi un groupe musical se nomme IG 88 and the Assassination Droids et deux de ses membres, cinéphiles avertis, discutent des mérites respectifs de « Meteor » et « Tremblement de terre » ou de l’implication réelle d’Irwin Allen dans la réussite de « La Tour infernale ». L’auteur énonce également les trois principales règles pour survivre à une catastrophe, la plus importante étant évidemment de rester près du chien (à défaut un chat ou, éventuellement, un enfant peuvent s’y substituer) puisqu’il est bien connu que les canidés s’en sortent toujours. Le romancier nomme également l’unique survivant du Titanic Stirling Silliphant en référence au célèbre scénariste responsable de quelques classiques comme « La tour infernale », « L’aventure du Poséidon » ou « L’inévitable catastrophe ». Dans le même esprit le milliardaire entêté ayant bâti le Cœur de l’Océan se nomme Murray Hamilton, tout comme l’acteur qui joue le maire obstiné refusant la fermeture des plages des « Dents de la mer ». De petits clins d’œil sympathiques qui rendent très divertissant ce bouquin rondement mené sur 250 pages bien tassées auxquels Christophe Lambert ajoute quelques notes, références et pistes de réflexion pour son public, jeune et moins jeune.

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Publié le 26 Juillet 2017

Mr MERCEDES de Stephen King

 

L’Amérique des années 2010…un pays en pleine crise. Des centaines de chômeurs désespérés se pressent devant les portes du City Center pour arriver les premiers à l’ouverture de la grande foire de l’emploi qui leur permettra, peut-être, de décrocher un job. Certains poireautent durant toute la nuit. Lorsque pointe l’aube, un type surgit dans une Mercedes grise. Il fonce dans la foule, fait huit morts et bien davantage de blessés. Pas de mobile si ce n’est l’envie de tuer. Pas d’indice. Pas de piste. Le tueur, surnommé Mr Mercedes, ne sera jamais appréhendé. Il se nomme en réalité Brady Hartsfield, un jeune passionné d’informatique cumulant deux emplois : réparateur dans un magasin d’électronique durement touché par la crise et vendeur de glaces dans sa petite camionnette. Très pratique pour espionner les gens car, franchement, qui se soucie du marchand de glace ? Brady vit toujours chez sa mère, une alcoolique avec laquelle il entretient une relation trouble, pour ne pas dire incestueuse. Plus jeune il s’est déjà débarrassé de son petit frère handicapé. La tuerie du City Center a suffi à canaliser sa rage et il ne compte pas récidiver. Du moins cherche-t-il à s’en convaincre. 

Bill Hodges, de son côté, est un officier de police récemment retraité qui songe au suicide en se gavant de télévision. Il a la satisfaction du devoir accompli même si, forcément, il a dû quitter la police en laissant quelques affaires en suspens. Comme celle du tueur à la Mercedes, par exemple.

Spoiler:

Jaloux des honneurs reçus par l’ancien flic, Brady vient le narguer, d’abord par lettre puis en lui donnant rendez-vous sur un réseau social privé, le Parapluie bleu de Debbie. Après avoir demandé conseil à un de ses rares amis, le jeune Noir Jerome Robinson qui s’y connait en nouvelles technologies, Bill accepte le défi de Mr Mercedes. Il remet ainsi en cause la thèse officielle concernant Olivia Trelawney, propriétaire de la Mercedes ayant servi au massacre. Rongée par la culpabilité, Olivia s’était suicidée après avoir entendu les voix de ses victimes mais Bill découvre qu’elle a été poussée à se donner la mort par le sadique

Ragaillardi par son enquête, Bill décide de traquer Mr Mercedes. De son côté, Brady veut se faire exploser durant un concert du boys band ‘Round here auquel assisteront la mère et la sœur de Jerome Robinson.

Mr MERCEDES de Stephen King

Récompensé par le Edgar Award décerné par les « Mystery Writers of America », MR MERCEDES a été décrit par Stephen King comme son premier « hard boiled detective novel ». On y retrouve, en effet, le personnage classique de l’ancien flic : actif durant sa carrière, honoré lors de sa pension, il se retrouve une fois à la retraite désœuvré et incapable de trouver un sens à sa vie. Affalé devant la télé, son révolver à portée de la main pour en finir le jour où il ne pourra plus supporter son existence, il va replonger et devenir un « tonton », autrement dit un ancien policier qui, retiré du service actif, continue à poursuivre les criminels. Aidé par son jeune ami Jérome, spécialiste de l’informatique, le vieux flic se lance sur les traces d’un maniaque adepte du meurtre de masse.

Durant 670 pages, Stephen King, de manière très efficace, alterne les points de vue des deux antagonistes : il passe de l’officier Hodges au redoutable Mr Mercedes en une suite de chapitres très courts qui confèrent un rythme haletant au roman en dépit de sa longueur et de quelques digressions typiques du romancier. En conteur hors pair possédant un incroyable métier (MR MERCEDES constitue son 62ème roman !), le King brosse un portrait psychologique très vraisemblable du héros et de son adversaire. Tous deux s’émancipent rapidement des clichés pour devenir parfaitement crédibles, de même que les personnages secondaires, du jeune Noir très intelligent qui s’amuse à parler « p’tit nègre » à la quadragénaire névrosée trouvant dans cette traque manière à échapper à sa mère dominatrice. Si les rebondissements ne sont pas très nombreux, certains sont réellement surprenants et le suspense, lui, est constant jusqu’à un troisième acte mené tambour battant, véritable course contre la montre visant à stopper le dingue muni d’une ceinture d’explosif en plein concert d’un boys band à minettes.

Et puis, bien sûr, Stephen King n’a rien perdu de son talent d’écrivain et sa prose, quoique certains continuent à la dénigrer, possède une force évocatrice indéniable tant le bonhomme a le sens de la formule impeccable, de la métaphore percutante et de la citation bien trouvée. En dépit du caractère réaliste, brutal et terriblement contemporain du récit (débuté peu avant les attentats de Boston), MR MERCEDES garde pourtant un côté optimiste réjouissant accentué par quelques références aux œuvres antérieures de King et de nombreuses touches d’humour.

Une éclatante réussite.

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Thriller, #Stephen King

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Publié le 5 Juin 2017

TUER MA SOLITUDE de Dorothy B. Hughes

La collection « Un mystère » fut longtemps considérée comme le parent pauvre de la Série Noire. C’est, entre autre, ce que nous rappelle la préface de « Polar années 50 », gros volume Omnibus comprenant 8 romans dont TUER MA SOLITUDE, datant de 1947. Si le principal protagoniste est un tueur en série, nous sommes loin de la plupart des titres actuels sur le sujet : ici, le héros, Dick Steele, est un pauvre type fraichement revenu à la vie civile (l’action se situe deux ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale) et installé en Californie dans un appartement qu’il sous-loue à son pote Mel, parti vivre à Rio. Oisif, Steele affirme écrire un roman policier et se renseigne auprès d’un de ses amis, Brub, un inspecteur à la criminelle, sur les méthodes d’enquête. Il se montre particulièrement intéressé par un serial killer surnommé Jack l’Etrangleur qui sévit dans la région et tue, chaque mois, une jeune femme. Bien vite, le lecteur comprend que Dick Steele (un nom qui sonne comme celui d’un espion de série B…ou d’un acteur porno) est, en réalité, cet Etrangleur que traque Brub. Bien qu’il ne puisse oublier une femme qu’il a jadis connu en Angleterre, Brucie, Dick noue cependant une relation avec sa voisine, une belle rousse prénommée Linda. Mais la situation se détériore…

L’identité de l’assassin étant rapidement dévoilée, TUER MA SOLITUDE ne joue pas la carte du whodunit mais bien du suspense et du thriller psychologique. Le roman se place ainsi résolument aux côtés de son tueur en série, pas spécialement intelligent ou machiavélique mais prudent et méticuleux. Il compte d’ailleurs sur la banalité de son apparence pour passer au travers des mailles de la police et, effectivement, les témoins ne peuvent identifier de type tellement ordinaire que nul ne le remarque. Futé, Steele prend soin de fréquenter un inspecteur de police afin d’être tenu au courant des derniers évènements, des développements de l’enquête et des preuves susceptibles de l’incriminer (la poussière de sa voiture ou les traces de pneu par exemple).

Voici un récit habile, bien mené et rythmé (le roman, très court, ne traine guère en route malgré les passages plus introspectifs plongeant dans la psyché du criminel) dont Nicolas Ray tira un excellent film, LE VIOLENT, en donnant à Bogart le rôle de  Steele.  Toutefois, les différences sont nombreuses entre le roman et son adaptation (l’une, en particulier, s’avère fondamentale) et même ceux qui connaissent la version filmée seront intéressés par ce suspense adroit et efficace.

La collection « Un mystère » fut longtemps considérée comme le parent pauvre de la Série Noire. C’est, entre autre, ce que nous rappelle la préface de « Polar années 50 », gros volume Omnibus comprenant 8 romans dont TUER MA SOLITUDE, datant de 1947. Si le principal protagoniste est un tueur en série, nous sommes loin de la plupart des titres actuels sur le sujet : ici, le héros, Dick Steele, est un pauvre type fraichement revenu à la vie civile (l’action se situe deux ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale) et installé en Californie dans un appartement qu’il sous-loue à son pote Mel, parti vivre à Rio. Oisif, Steele affirme écrire un roman policier et se renseigne auprès d’un de ses amis, Brub, un inspecteur à la criminelle, sur les méthodes d’enquête. Il se montre particulièrement intéressé par un serial killer surnommé Jack l’Etrangleur qui sévit dans la région et tue, chaque mois, une jeune femme. Bien vite, le lecteur comprend que Dick Steele (un nom qui sonne comme celui d’un espion de série B…ou d’un acteur porno) est, en réalité, cet Etrangleur que traque Brub. Bien qu’il ne puisse oublier une femme qu’il a jadis connu en Angleterre, Brucie, Dick noue cependant une relation avec sa voisine, une belle rousse prénommée Linda. Mais la situation se détériore…

TUER MA SOLITUDE de Dorothy B. Hughes

L’identité de l’assassin étant rapidement dévoilée, TUER MA SOLITUDE ne joue pas la carte du whodunit mais bien du suspense et du thriller psychologique. Le roman se place ainsi résolument aux côtés de son tueur en série, pas spécialement intelligent ou machiavélique mais prudent et méticuleux. Il compte d’ailleurs sur la banalité de son apparence pour passer au travers des mailles de la police et, effectivement, les témoins ne peuvent identifier de type tellement ordinaire que nul ne le remarque. Futé, Steele prend soin de fréquenter un inspecteur de police afin d’être tenu au courant des derniers évènements, des développements de l’enquête et des preuves susceptibles de l’incriminer (la poussière de sa voiture ou les traces de pneu par exemple).

Voici un récit habile, bien mené et rythmé (le roman, très court, ne traine guère en route malgré les passages plus introspectifs plongeant dans la psyché du criminel) dont Nicolas Ray tira un excellent film, LE VIOLENT, en donnant à Bogart le rôle de  Steele.  Toutefois, les différences sont nombreuses entre le roman et son adaptation (l’une, en particulier, s’avère fondamentale) et même ceux qui connaissent la version filmée seront intéressés par ce suspense adroit et efficace.

TUER MA SOLITUDE de Dorothy B. Hughes

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Policier, #Thriller, #Polar, #Polar Années 50

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Publié le 26 Mai 2017

QUANTUM de Peter Hamilton

L’Anglais Peter Hamilton (né en 1960) s’est fait le spécialiste des space-opéras gigantesques et des récits s’étendant sur des centaines, voire des milliers de pages, comme en témoigne son magnum opus, L’AUBE DE LA NUIT, œuvre fleuve (de plus de six mille pages) divisée en six tomes bien épais et qui serait, de fait, le plus long roman de SF jamais écrit. Hamilton aime les séries et celle de Greg Mandell en constitue une autre, trilogie cyberpunk mêlant science-fiction réaliste, politique fiction et énigme policière. Le premier tome, MINDSTAR, pose les bases d’un univers encore développé dans ce second opus, QUANTUM, situé dans un XXIème siècle dévasté par le réchauffement climatique.

Ancien militaire ayant combattu les djihadistes durant la guerre de Turquie, Greg Mandel travaillait pour la Mindstar, une branche des forces armées britanniques dont les agents disposent de pouvoirs psychiques (empathie, télépathie, préscience, intuition, etc.) augmentés par divers implants neuronaux. L’Angleterre se reconstruit après la période la plus sombre de son histoire : en effet, durant dix ans, le président Armstrong a imposé une infâme dictature socialiste sous l’égide du Parti Socialiste Populaire. Heureusement, aujourd’hui, le parti est tombé suite à un attentat ayant couté la vie à Armstrong. La chute des gauchistes a permis la seconde restauration et l’accession au pouvoir d’un gouvernement capitaliste néo conservateur bien plus apprécié du peuple qui chasse et extermine les derniers sympathisants socialistes. Directrice de la compagnie Event Horizon, la milliardaire Julia Evans fait appel aux services de Mandel pour élucider la mort d’un spécialiste de la physique quantique, Edward Kitchener, vénéré par ses élèves et disciples tel un véritable gourou. Mandel enquête, découvre l’attraction physique exercée par le défunt sur ses étudiantes mais également l’impossibilité apparente de ce crime : personne n’a pu venir de l’extérieur mais tous les suspects semblent innocents, ce que confirment les dons psychiques de Mandel.

QUANTUM est un roman touffu qui brasse de nombreux thèmes (physique quantique, voyages dans le temps, voyages interstellaires, problématique du réchauffement climatique, pouvoirs psy amplifiés par des implants,…) typiques du cyberpunk et qui, associés au contexte politique développé avec une réelle originalité (la suprématie conservatrice et libérale, associé à la toute-puissance des mégacorporations, comme solution après dix ans de tyrannie socialiste), offrent un background fouillé et intéressant à une énigme policière assez classique dans l’esprit des romans de l’âge d’or. Nous ne sommes pas loin des « cosy murder » et des « country house mystery » avec cette investigation menée par un enquêteur perspicace devant élucider le meurtre impossible d’un savant retranché dans un lieu isolé. Pour coller à son époque, l’auteur recourt néanmoins à la technologie et ajoute à son énigme une bonne rasade d’action, en particuliers durant les cent dernières pages, créant ainsi un hybride, ma foi fort efficace, entre le policier d’énigme, le polar hard boiled et la science-fiction politisée.

Certes, on peut regretter quelques longueurs (le bouquin fait quand même 540 pages, à peine une nouvelle selon les standards de son auteur mais un pavé pour la plupart des écrivains de SF), des digressions parfois un brin ennuyeuses ou exagérément étirées (était-il nécessaire de consacrer autant de pages à l’opposition entre la milliardaire Julia Evans et la présentatrice télé qui se moque de ses tenues ?) mais, dans l’ensemble, QUANTUM reste un divertissement bien mené, prenant et réussi dans lequel on ne s’ennuie pas.

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Publié le 24 Avril 2017

TEMPETE POLAIRE de Clive Cussler et Paul Kamprecos

 

Auteur américain, Clive Cussler crée au début des années 70 le personnage de Dirk Pitt, aventurier baroudeur employé par la Numa (l’Agence nationale américaine marine et sous-marine). Série phare du romancier (nous en sommes actuellement à 24 romans), la saga prend de l’ampleur, passant au fil des ans de romans d’aventures maritimes à des techno-thrillers spectaculaires, équivalents littéraires des James Bond cinématographiques mâtinés d’Indiana Jones. A l’orée du vingt-et-unième siècle (Cussler ayant alors 70 ans), il s’associe avec une poignée d’auteurs pour proposer des spin-off basés sur d’autres héros, eux-aussi affiliés à la Numa, comme Kurt Austin ou Juan Cabrillo, lesquels ont à présent vécus une douzaine d’aventures autonomes. Dans la plupart d’entre-elles la menace se fait mondiale et implique souvent un grand méchant mégalomane là aussi fortement influencé par les antagonistes de l’agent 007.

Pour sa sixième apparition (écrite en 2005), Kurt Austin apprend qu’un riche businessman associé à un groupuscule anarchiste radical, les Fils de Lucifer, s’apprête à utiliser les théories d’un génial savant, Lazlo Kovaks (disciple du fameux Nikola Tesla), pour provoquer une inversion des pôles (à la manière du film 2012). Une catastrophe qui, une fois déclenchée, pourrait entrainer la fin du monde. Austin et les autres membres de la Numa

Reprenant une formule à présent bien rodée (un prologue historique, ici situé durant la Seconde Guerre Mondiale, des chapitres courts avec nombreux cliffhangers), TEMPETE POLAIRE n’en dévie pas un instant: le héros sauve le monde, tombe la demoiselle (intelligente, intrépide et « aussi belle que la plus belle des top-modèles ») et les méchants sont punis (le final avec sa catastrophe avortée semble d’ailleurs un rien précipité).

L’écriture, pour sa part, est professionnelle, alerte et adopte les techniques classiques du bestseller d’action avec ses personnages nombreux, ses sous-intrigues farfelues (dont la découverte d’une espèce de mammouth nains ayant survécus jusqu’à notre époque dans une cité préhistorique souterraine) et ses chapitres courts (souvent en dessous de dix pages) qui relancent l’intérêt. On peut se demander quelle est la part réelle de Cussler à ce roman (comme à tous ceux écrits en « collaboration ») quoique son nom soit écrit en caractères beaucoup plus gros que celui de Paul Kamprecos, sans doute le véritable auteur.

L’ensemble, entre aventures, science-fiction, récit catastrophe et « espionnage » tient en haleine mais manque un peu d’originalité pour réellement passionner.  Cela reste un bon divertissement typique du style Cussler, capable de plaire aux fans avec ses clins d’œil et « caméos » bien amenés (Dirk Pitt effectue une apparition en fin de récit) sans toutefois totalement les combler. L’aspect répétitif des schémas narratif apparait en effet dans les bouquins publiés depuis le début du XXIème siècle et on n’y retrouve pas l’invention constante des meilleurs Cussler (comme CYCLOPE ou SAHARA).

Toutefois, malgré ces réserves, TEMPETE POLAIRE reste un bon « blockbuster littéraire » qui ne laisse guère le temps de souffler à son lecteur emporté dans une série d’aventures échevelées, entre tourmente océanique et gigantesques vagues scélérates (un phénomène naturel rare mais authentique) menaçant d’engloutir la terre entière.

 

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Rédigé par hellrick

Publié dans #Thriller, #Technothriller, #Aventures, #Clive Cussler

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